Prise En Charge Soins Auditifs Securite Sociale Complementaires 2025
La perte d’audition, qu’elle soit soudaine ou progressive, peut bouleverser le quotidien de ceux qui en sont affectés. Derrière chaque appareil auditif se cache souvent une histoire personnelle, faite d’adaptation, de recherche de solutions et parfois de déceptions face aux limites du système de santé. C’est le cas d’Évelyne, habitante de Cambes-en-Plaine, dans le Calvados, qui, après une radiothérapie pour une tumeur de l’acoustique, s’est retrouvée avec une perte quasi totale de l’audition à une oreille. Malgré son affection de longue durée (ALD) reconnue pour les pathologies auditives, elle s’interroge : pourquoi ne peut-elle pas bénéficier de la prise en charge à 100 % pour ses appareils auditifs ? Cette question, loin d’être isolée, touche à un dispositif de santé publique en pleine mutation : le 100 % Santé. Explications, témoignages et éclairages juridiques pour y voir plus clair.
Depuis 2021, le dispositif 100 % Santé s’inscrit dans une politique de santé publique visant à éliminer les restes à charge pour les soins essentiels. Dans le domaine de l’audition, cela signifie que certaines aides auditives peuvent être entièrement prises en charge, sans frais pour l’assuré. Mais cette gratuité n’est pas automatique : elle dépend de plusieurs conditions.
Le 100 % Santé concerne uniquement les appareils appartenant à des gammes spécifiques, dites remboursables . Ces dispositifs sont homologués par la Haute Autorité de santé et répondent à des critères de performance et de prix plafonnés. En clair, si un patient choisit un appareil plus onéreux ou sortant des gammes conventionnées, il devra supporter la différence de coût.
Par ailleurs, la prise en charge intégrale exige que le patient soit couvert par une complémentaire santé solidaire (CSS) ou par l’aide complémentaire santé (ACS), ou qu’il bénéficie d’une complémentaire santé d’entreprise (mutuelle) adhérente au dispositif 100 % Santé. Sans cette double couverture (Sécurité sociale + mutuelle), le reste à charge peut rester élevé, même pour des appareils de base.
L’accès au 100 % Santé pour les aides auditives repose sur trois piliers : la prescription médicale, le choix d’un appareil conventionné et la possession d’une complémentaire santé adéquate.
Un audioprothésiste doit d’abord établir un bilan auditif complet, suivi d’une ordonnance d’un médecin ORL. Ce dernier détermine le type d’appareil nécessaire en fonction du degré de perte auditive. Ensuite, le patient doit sélectionner un appareil parmi les gammes agréées par l’Assurance maladie. Ces gammes sont divisées en trois catégories (A, B et C), avec des niveaux de performance croissants, mais seules les gammes A et B entrent dans le cadre du 100 % Santé.
Enfin, la complémentaire santé joue un rôle central. Elle doit avoir signé un accord avec l’Assurance maladie pour participer au dispositif. J’ai cru que tout était couvert automatiquement , raconte Thomas, retraité de Rennes. J’ai choisi un appareil en gamme C, un peu plus performant, pensant que mon ALD me protégeait. Erreur : j’ai dû débourser 800 euros.
La reconnaissance d’une affection de longue durée (ALD) est un atout majeur dans le parcours de soins. Elle permet une prise en charge à 100 % des traitements, examens et médicaments directement liés à la maladie. Mais cette couverture totale ne s’étend pas automatiquement à tous les équipements médicaux, notamment les prothèses auditives.
En effet, l’ALD ouvre le droit au remboursement intégral des actes médicaux et des consultations liés à la pathologie, mais les aides auditives relèvent d’un cadre réglementaire distinct. Leur prise en charge dépend du dispositif 100 % Santé, qui, comme expliqué, impose des conditions techniques et financières spécifiques.
Mon ALD a été reconnue après une tumeur de l’acoustique, comme Évelyne , confie Camille, enseignante à Nantes. Pendant des mois, j’ai cru que tout ce qui touchait à mon oreille était pris en charge. Mais quand je suis allée chez l’audioprothésiste, on m’a dit que l’appareil, lui, n’était pas automatiquement gratuit. J’ai été sonnée.
L’Assurance maladie rembourse les aides auditives à hauteur de 60 % du tarif de convention, avec un forfait annuel de 199,71 € par oreille. Le reste est censé être pris en charge par la mutuelle. Sans ALD, ce remboursement est identique. La différence réside donc dans les soins associés : examens, consultations, traitements — mais pas dans les prothèses elles-mêmes.
La radiothérapie, bien qu’essentielle pour traiter certaines tumeurs, peut entraîner des séquelles irréversibles. Dans le cas des tumeurs de l’acoustique, les rayons peuvent endommager le nerf auditif ou l’oreille interne, conduisant à une surdité unilatérale ou bilatérale. Pourtant, cette surdité, même iatrogène (c’est-à-dire provoquée par un traitement), n’ouvre pas de droit spécifique à une prise en charge accrue des appareils.
On soigne le cancer, mais on oublie les conséquences , déplore Évelyne. J’ai tout fait comme il fallait : traitement suivi, bilans réguliers, ALD validée. Mais quand il s’agit d’acheter un appareil, on me dit que ce n’est pas “automatique”. C’est décourageant.
Le système français de santé distingue clairement le traitement de la maladie et la compensation des handicaps. Ainsi, une perte auditive liée à un traitement médical est prise en charge comme toute autre perte auditive : selon les règles générales de la sécurité sociale. Il n’existe pas, à ce jour, de dispositif spécifique pour les patients ayant subi des séquelles fonctionnelles après radiothérapie, même si celles-ci sont prévisibles.
Face à ces incohérences perçues, plusieurs pistes existent pour les patients. Tout d’abord, il est crucial de bien s’informer avant de choisir un appareil. Un entretien avec l’audioprothésiste et une vérification auprès de sa mutuelle permettent d’éviter les mauvaises surprises.
Par ailleurs, les patients peuvent demander une expertise auprès de la caisse d’Assurance maladie. Dans certains cas, des dérogations sont possibles, notamment si la perte auditive impacte fortement la qualité de vie ou l’insertion professionnelle. J’ai pu obtenir un forfait supplémentaire car mon métier demandait une bonne audition , explique Julien, technicien en maintenance industrielle. Ce n’était pas automatique, mais avec un dossier bien monté, c’est possible.
Enfin, des aides complémentaires existent. Les personnes en ALD peuvent parfois bénéficier d’aides de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées), notamment si la surdité est sévère et reconnue comme un handicap. Cela peut inclure des aides financières ponctuelles ou l’accès à des équipements spécifiques.
En théorie, oui. En pratique, les écarts persistent. Le dispositif 100 % Santé suppose une égalité d’accès aux soins, mais elle dépend fortement du niveau de couverture complémentaire. Or, les mutuelles les plus complètes, capables de couvrir les appareils en gamme C ou les frais annexes (batteries, entretien), restent souvent inaccessibles aux personnes aux revenus modestes.
J’ai une mutuelle de base, fournie par mon ancien employeur , témoigne Noémie, caissière à Lille. Elle couvre le minimum. Quand je suis allée chercher un appareil, on m’a dit que je devrais payer 300 euros. Pour moi, c’est énorme. J’ai repoussé l’achat de six mois.
Ce constat soulève une question de justice sociale : le 100 % Santé, s’il est un progrès, ne garantit pas l’équité. Les patients les plus vulnérables, souvent ceux qui ont besoin d’aides auditives performantes (par exemple, les seniors vivant seuls), sont aussi ceux qui peinent à franchir le cap du reste à charge, même modeste.
Des voix s’élèvent pour que le 100 % Santé soit élargi à toutes les gammes d’appareils auditifs, ou que l’ALD ouvre automatiquement droit à une prise en charge totale des prothèses. Le Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie a d’ailleurs souligné, dans un rapport récent, la nécessité d’harmoniser les prises en charge des séquelles fonctionnelles après traitements lourds.
Des expérimentations sont en cours dans certaines régions, où des forfaits spécifiques sont testés pour les patients ayant subi des radiothérapies cervico-cérébrales. C’est un pas dans la bonne direction , estime le Dr Léa Fournier, ORL à Bordeaux. Il faut reconnaître que certains traitements sauvent des vies, mais transforment la vie. Et cette transformation mérite une prise en charge à la hauteur de l’impact.
L’Assurance maladie affirme que le 100 % Santé a permis de réduire significativement les restes à charge pour les aides auditives, notamment pour les patients les plus modestes. Toutefois, elle reconnaît que des ajustements sont nécessaires, en particulier pour les cas complexes, comme les surdités post-thérapeutiques.
Oui. Ils sont souvent les premiers interlocuteurs des patients et doivent informer clairement sur les options de prise en charge. Certains, comme celui d’Évelyne, proposent désormais des fiches explicatives et des simulations de coût personnalisées. On ne peut pas laisser les patients dans le flou , insiste Malik Benhaddou, audioprothésiste à Lyon. Notre rôle, c’est aussi de les accompagner dans les démarches administratives.
Le cas d’Évelyne illustre une faille dans un système qui se veut universel : la prise en charge des aides auditives, même après une ALD, reste soumise à des conditions strictes. Le 100 % Santé est un progrès, mais il n’est pas une solution miracle. Il exige une navigation précise entre médecins, audioprothésistes et mutuelles. Pour les patients touchés par des séquelles post-radiothérapie, il est temps que la reconnaissance de leur souffrance fonctionnelle s’accompagne d’une prise en charge à la hauteur de leurs besoins. En attendant, l’information, l’accompagnement et la vigilance restent les meilleurs alliés.
Non. Seuls les appareils des gammes A et B, conventionnés par l’Assurance maladie, sont intégralement pris en charge. Le choix d’un modèle plus performant ou hors gamme implique un reste à charge.
Non. L’ALD permet un remboursement à 100 % des soins liés à la maladie, mais les appareils auditifs relèvent du dispositif 100 % Santé, qui dépend de la mutuelle et du choix de l’appareil.
Oui. Les personnes en situation de handicap peuvent solliciter la MDPH. Des aides ponctuelles ou des forfaits peuvent être accordés, notamment en cas de forte perte d’autonomie.
Il est essentiel de consulter son audioprothésiste et sa mutuelle avant tout achat, de demander un devis détaillé et de vérifier que l’appareil choisi est bien inclus dans le 100 % Santé.
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