Categories: Utile

La Randoligo contre le cancer à Locronan le 12 octobre

Le 12 octobre, les chemins de Locronan, village classé parmi les Plus Beaux de France, vont s’animer d’une énergie singulière. Ce n’est pas seulement le charme millénaire des ruelles de granit qui attirera les visiteurs, mais une cause bien plus profonde : la Randoligo, un événement sportif et solidaire dédié à la lutte contre le cancer du cerveau. Organisée par l’association Oligocyte Bretagne, cette marche et cette course rassemblent chaque année des centaines de participants venus soutenir les patients, les familles et la recherche. Derrière les slogans motivants et les tenues colorées se cache une réalité lourde, souvent méconnue : un cancer qui frappe de jeunes adultes au moment où leur vie s’écrit, et qui demande une mobilisation collective bien au-delà d’un simple dimanche d’automne.

Qu’est-ce que la Randoligo et pourquoi se déroule-t-elle à Locronan ?

La Randoligo est un événement hybride, à mi-chemin entre une randonnée, une course à pied et une mobilisation citoyenne. Ouverte à tous, quelle que soit la forme physique, elle propose plusieurs parcours, allant de 5 à 21 kilomètres, accessibles en marche ou en vélo. Le choix de Locronan n’est pas anodin. Ce petit village breton, niché au cœur du pays Bigouden, incarne un mélange rare de spiritualité, de patrimoine et de nature préservée. Pour les organisateurs, il symbolise un lieu de recueillement et de résilience, des valeurs au cœur de la lutte contre le cancer du cerveau.

Quand on court ou qu’on marche ici, on ressent quelque chose de particulier , témoigne Élodie Kernec, participante depuis la première édition. Il y a une atmosphère à Locronan, comme si les pierres elles-mêmes nous soutenaient. C’est le bon endroit pour porter une cause aussi lourde.

Quel est le lien entre Oligocyte Bretagne et la Randoligo ?

Oligocyte Bretagne est une association créée par des proches de patients atteints de gliomes, des tumeurs cérébrales rares et agressives. Son président, Bernard Léon, a perdu son fils, Théo, à l’âge de 32 ans, après une bataille de trois ans contre un oligodendrogliome. Ce drame familial a été le point de départ d’un engagement sans concession.

Théo était prof d’histoire-géo, il venait d’acheter une maison avec sa compagne, ils parlaient d’avoir un enfant , raconte Bernard Léon, la voix posée mais marquée par l’émotion. Du jour au lendemain, tout s’est effondré. Ce cancer ne laisse aucune place à la douceur. Il détruit lentement, mais sûrement, ce que la vie a de plus précieux : la mémoire, la parole, la personnalité.

Oligocyte Bretagne ne se contente pas d’organiser des événements. Elle finance des projets de recherche, accompagne les patients dans leurs parcours de soins, et milite pour une meilleure reconnaissance de ces maladies orphelines. La Randoligo est devenue, en quelques années, l’un de ses principaux leviers de sensibilisation et de collecte de fonds.

Pourquoi le cancer du cerveau touche-t-il particulièrement les jeunes adultes ?

Contrairement aux idées reçues, le cancer du cerveau n’est pas une maladie exclusivement liée à l’âge. Chaque année, plus de 600 nouveaux cas sont diagnostiqués chez des personnes âgées de 15 à 40 ans. Les gliomes, notamment les oligodendrogliomes et les astrocytomes, sont les plus fréquents dans cette tranche d’âge.

Le Dr Lila Benamor, neuro-oncologue au CHU de Rennes, explique : Ce type de tumeur se développe lentement, souvent sans symptômes flagrants au départ. Les premiers signes — maux de tête, troubles visuels, crises d’épilepsie — sont facilement attribués à d’autres causes. Cela retarde le diagnostic, parfois de plusieurs mois.

Le cas de Julien Marzin illustre cette réalité. À 28 ans, ce jeune architecte de Brest commence à avoir des absences lors de réunions. Je perdais le fil de mes phrases, j’oubliais des noms de clients , se souvient-il. On m’a d’abord parlé de stress, de surmenage. Puis, un scanner a révélé une tumeur au lobe temporal gauche. Après une chirurgie lourde, une chimiothérapie et des séances de radiothérapie, Julien participe à la Randoligo chaque année. Courir, c’est prouver que je suis encore là. Que cette maladie ne m’a pas volé tout ce que j’étais.

Quels sont les défis médicaux et humains liés à ces cancers rares ?

Les cancers du cerveau, en particulier les tumeurs gliales, posent des défis uniques. D’abord, leur localisation rend les interventions chirurgicales délicates. Ensuite, la barrière hémato-encéphalique limite l’efficacité des traitements médicamenteux. Enfin, les séquelles neurologiques peuvent être profondes : troubles cognitifs, difficultés motrices, modifications du comportement.

Ce n’est pas seulement un combat contre une tumeur, c’est un combat contre l’isolement , souligne Camille Floc’h, psychologue spécialisée dans l’accompagnement des patients neurologiques. Beaucoup de jeunes se sentent coupés de leur entourage. Leurs amis ne savent pas quoi dire, leurs collègues les évitent. Et pourtant, ils ont besoin d’être vus, entendus, soutenus.

C’est aussi ce que ressent Solène Kerjean, 31 ans, mère de deux enfants, diagnostiquée avec un gliome de grade 2. J’ai dû arrêter mon travail d’enseignante. Mes filles ne comprennent pas pourquoi maman oublie parfois leur prénom. Mon mari fait des efforts, mais il est seul face à tout. Solène participe à la Randoligo non seulement pour soutenir la recherche, mais aussi pour retrouver un peu de lien, de chaleur humaine .

Comment la Randoligo contribue-t-elle concrètement à la recherche ?

Les fonds récoltés lors de la Randoligo sont intégralement reversés à des projets de recherche partenaires d’Oligocyte Bretagne. En 2023, l’association a notamment cofinancé une étude sur l’efficacité d’un nouveau protocole de chimiothérapie ciblée, menée à l’Institut Curie. Elle soutient également des initiatives de cartographie moléculaire des tumeurs, essentielles pour adapter les traitements.

Chaque euro collecté permet d’acheter des réactifs, de payer des heures de séquençage génétique, de financer des bourses pour de jeunes chercheurs , précise Bernard Léon. Ce n’est pas la course elle-même qui guérit, mais elle permet à la science d’avancer.

En 2022, la Randoligo a réuni plus de 15 000 euros. Cette année, l’objectif est de dépasser les 20 000 euros. Ce n’est pas une somme énorme à l’échelle de la recherche médicale, reconnaît le Dr Benamor, mais c’est symbolique. C’est la preuve que des citoyens ordinaires s’engagent. Et ça pousse les institutions à prendre ces maladies au sérieux.

Quel est l’impact humain de cet événement au-delà des chiffres ?

La Randoligo ne se limite pas à la collecte de fonds. C’est aussi un moment de rassemblement, de reconnaissance, de catharsis. Des patients, des proches, des soignants, des bénévoles : tous marchent ensemble, parfois en silence, parfois en discutant, mais toujours dans une même direction.

Ce que j’aime, c’est qu’il n’y a pas de hiérarchie ici , observe Gwenaëlle Le Dantec, bénévole depuis 2021. Tu croises un neurochirurgien en baskets à côté d’un ancien malade en fauteuil roulant, et ils se serrent la main comme des frères.

Pour certains, c’est un hommage. Comme pour Marc Sourd, qui porte chaque année le prénom de sa sœur décédée, inscrit sur son dossard. Elle s’appelait Aurore. Elle avait 34 ans. Elle était comédienne. On dit que le cerveau, c’est l’âme. Quand on perd le cerveau, on perd une partie de l’âme des gens.

Comment participer à la Randoligo 2024 ?

Participer est simple : il suffit de s’inscrire en ligne sur le site d’Oligocyte Bretagne, choisir un parcours (5, 10 ou 21 km), et payer une modeste cotisation (10 euros pour les adultes, gratuite pour les moins de 18 ans). Chaque participant peut aussi créer une page de collecte pour solliciter des dons de son entourage.

Des ateliers d’information sont prévus sur place, avec des stands de neurologie, des témoignages vidéo, et des animations pour les enfants. On veut que ce soit un moment de vie, pas seulement de lutte , insiste Bernard Léon. Il y aura de la musique, de la bonne humeur, mais aussi de la profondeur.

Quel avenir pour la lutte contre les cancers du cerveau ?

L’avenir passe par une meilleure connaissance de ces maladies, un accès équitable aux traitements innovants, et un accompagnement global des patients. Oligocyte Bretagne milite pour que les gliomes soient reconnus comme des maladies rares prioritaires, ce qui permettrait un meilleur financement public.

Des espoirs existent. La médecine personnalisée, basée sur le profil génétique de la tumeur, progresse. Des essais cliniques testent des thérapies ciblées ou immunologiques. Mais ces avancées ne seront possibles qu’avec un soutien constant de la société civile.

On ne guérit pas du cancer du cerveau en un jour , conclut le Dr Benamor. Mais chaque pas, chaque marche, chaque don, chaque témoignage, c’est une pierre dans le mur de la recherche.

Conclusion

La Randoligo, c’est bien plus qu’un événement sportif. C’est un acte de résistance contre l’indifférence, un hommage aux combattants invisibles, un appel à la solidarité. À Locronan, le 12 octobre, chaque foulée portera en elle une histoire, une douleur, un espoir. Et peut-être, un jour, ce sera une de ces foulées qui aura contribué à trouver le traitement qui sauvera une vie. En attendant, il faut marcher. Ensemble.

A retenir

Quand et où a lieu la Randoligo 2024 ?

La Randoligo se déroule le 12 octobre 2024 à Locronan, dans le Finistère. Le départ est donné depuis la place du Champ-de-Foire.

Qui peut participer ?

Tout le monde peut participer, à pied ou à vélo, quel que soit son âge ou son niveau. Des parcours adaptés sont proposés pour les enfants, les personnes à mobilité réduite et les sportifs confirmés.

À quoi servent les fonds collectés ?

Les dons sont intégralement affectés à la recherche sur les cancers du cerveau, notamment les gliomes, et à l’accompagnement des patients et de leurs familles par l’association Oligocyte Bretagne.

Comment s’inscrire ?

L’inscription se fait en ligne via le site officiel d’Oligocyte Bretagne. Une participation symbolique est demandée, et il est possible de créer une page de parrainage pour collecter des dons.

Quel est l’objectif de l’édition 2024 ?

L’objectif est de dépasser les 20 000 euros récoltés, tout en renforçant la visibilité de ces cancers méconnus qui touchent majoritairement les jeunes adultes.

Anita

Recent Posts

Artemis II : ce que l’on sait sur la prochaine mission lunaire de la Nasa en 2026

En février 2026, quatre astronautes embarqueront pour un tour de la Lune lors de la…

2 heures ago

L’astrophysicien Jean-Charles Cuillandre livre ses conseils pour observer le ciel ce week-end

Une passion née de livres, d’images stellaires et de rêves d’enfance. Jean-Charles Cuillandre incarne une…

2 heures ago

Un traqueur GPS à moins de 17 € menace la domination de l’AirTag d’Apple

Un traqueur GPS pas cher et ultra-efficace pour ne plus perdre ses affaires ? Le…

2 heures ago

Un médecin à portée de main : le dispositif qui révolutionne l’accès aux soins en Bretagne

En Bretagne, deux villages testent un nouveau dispositif pour lutter contre les déserts médicaux :…

2 heures ago

Des molécules essentielles à la vie détectées sur une lune de Saturne

Des molécules organiques complexes, précurseurs de la vie, détectées dans les geysers d’Encelade grâce à…

2 heures ago

Une université normande crée du cartilage humain à partir d’une pomme

Des chercheurs français ont créé du cartilage humain fonctionnel à partir de pommes décellularisées, une…

2 heures ago