Categories: Utile

Retraite : un changement fiscal majeur en 2025 pour les frontaliers aux multiples pensions

À partir de septembre 2025, les retraités frontaliers percevant des pensions issues de plusieurs pays vont devoir s’adapter à une réforme fiscale inédite. Ce changement, loin d’être anecdotique, redéfinit la manière dont l’abattement sur les pensions est calculé, avec des conséquences concrètes sur le montant de l’impôt dû. Alors que des milliers de foyers traversent les frontières chaque jour pour vivre ou travailler, cette mesure touche une population souvent méconnue, mais particulièrement sensible aux évolutions législatives. Entre simplification annoncée et craintes légitimes, cette réforme s’inscrit dans une volonté de modernisation du système fiscal français, mais soulève aussi des questions de justice et d’adaptabilité.

Qu’est-ce que cette réforme change concrètement pour les retraités frontaliers ?

Le cœur de la réforme réside dans une modification du mode de calcul de l’abattement fiscal applicable aux pensions perçues à l’étranger. Jusqu’à présent, les retraités résidant en France mais bénéficiant de pensions provenant de plusieurs pays – par exemple la France et la Suisse – pouvaient bénéficier d’un abattement spécifique pour chaque pension, calculé selon les règles bilatérales entre la France et chaque pays concerné. Ce système permettait une optimisation fiscale, notamment lorsque les taux d’abattement variaient d’un pays à l’autre.

Désormais, l’abattement ne sera plus appliqué pension par pension, mais sur la totalité des pensions perçues. Autrement dit, la somme de toutes les pensions – françaises, suisses, allemandes ou autres – sera prise en compte dans un calcul global, auquel s’appliquera un abattement unique. Cette approche vise à harmoniser le traitement fiscal des retraités, quel que soit l’origine géographique de leurs revenus. Le ministère des Finances insiste sur l’objectif d’équité : « Tous les retraités doivent être traités selon des règles claires et cohérentes, sans que la diversité de leurs sources de revenus ne crée d’injustices ou de distorsions. »

Comment cette réforme affecte-t-elle les finances des retraités concernés ?

L’impact financier variera selon les profils, mais il pourrait être significatif pour certains. Les retraités qui bénéficiaient jusqu’alors d’un abattement plus favorable sur une pension étrangère risquent de voir leur assiette imposable augmenter. C’est le cas de ceux qui perçoivent une pension suisse, par exemple, dont l’abattement était jusqu’alors de 30 %, contre 10 % pour certaines pensions françaises.

Prenez l’exemple d’Élise Berthier, 71 ans, ancienne enseignante bilingue ayant travaillé à Genève et à Lyon. Elle perçoit une pension suisse de 2 500 euros mensuels et une pension française de 1 800 euros. Jusqu’en 2024, elle bénéficiait d’un abattement de 30 % sur sa pension suisse (soit 750 euros) et de 10 % sur sa pension française (180 euros), ce qui réduisait considérablement son imposition. Avec le nouveau système, l’abattement sera calculé sur la somme totale de 4 300 euros. Si l’abattement moyen appliqué est de 20 %, cela donne 860 euros. En apparence, le montant semble supérieur, mais en réalité, le calcul global pourrait désavantager ceux dont les pensions étrangères bénéficiaient d’un traitement plus favorable.

« Je n’ai pas l’impression d’être plus riche, mais je sens que je vais payer plus d’impôts, » confie Élise, qui vit à Annemasse, à deux pas de la frontière. « Je ne conteste pas l’idée d’équité, mais on a l’impression que cette réforme pénalise ceux qui ont eu une carrière internationale. »

Pourquoi une telle réforme est-elle mise en place maintenant ?

Les autorités fiscales justifient ce changement par la nécessité de moderniser un système devenu obsolète face à la mobilité croissante des travailleurs. « Le nombre de retraités frontaliers augmente chaque année, et leurs situations sont de plus en plus complexes, » explique un responsable du centre des finances publiques de Haute-Savoie. « Le système actuel, basé sur des conventions bilatérales datant parfois des années 1960, crée des disparités et des difficultés de compréhension. »

La réforme s’inscrit également dans une logique de lutte contre l’optimisation fiscale excessive. Certains cas, bien que rares, avaient été identifiés où des retraités structuraient délibérément leurs pensions pour maximiser les abattements. Le nouveau mode de calcul vise à limiter ces pratiques, en rendant plus transparent le traitement des revenus internationaux.

Quels sont les défis d’adaptation pour les retraités ?

Le passage à ce nouveau système suppose une révision complète de la planification financière. Beaucoup de retraités, comme Jean Moreau, 68 ans, ancien consultant en gestion d’entreprise entre Lyon et Bâle, n’ont jamais eu à envisager leur fiscalité sous cet angle global. « Pendant des années, j’ai déclaré mes pensions séparément, avec les documents de chaque pays. Maintenant, on me dit que tout est fusionné. C’est plus simple en théorie, mais je ne suis pas sûr que ce soit plus juste en pratique, » témoigne-t-il.

Face à cette incertitude, certains envisagent de consulter des conseillers fiscaux spécialisés dans les questions transfrontalières. « Ce n’est pas une dépense anodine, mais mieux vaut investir quelques centaines d’euros pour éviter des erreurs coûteuses, » ajoute Jean. Il prévoit de rencontrer un expert à Grenoble, recommandé par un ami dans une situation similaire.

Les difficultés ne sont pas uniquement financières. Pour beaucoup, le changement soulève aussi une forme de déception. « On a passé notre vie à naviguer entre deux mondes, à respecter les règles des deux côtés. On pensait que notre situation était reconnue. Cette réforme donne l’impression qu’on est ramenés à un cas standard, alors qu’on n’a jamais été standard, » regrette Élise Berthier.

Quels avantages cette réforme pourrait-elle apporter ?

Malgré les inquiétudes, la réforme promet aussi des bénéfices. Le principal est la simplification des démarches administratives. En unifiant le calcul, les retraités n’auront plus à produire des justificatifs séparés pour chaque pension, ni à jongler avec des formulaires spécifiques à chaque pays. La déclaration devrait devenir plus fluide, intégrée directement dans le système dématérialisé de l’administration fiscale.

Les services fiscaux prévoient également le lancement d’outils en ligne permettant de simuler l’impact de la réforme sur chaque situation individuelle. Une plateforme en test depuis début 2025 devrait être accessible dès juin, avec des modules interactifs, des exemples concrets et des guides personnalisés. « L’objectif est que chaque retraité puisse anticiper son nouvel impôt avant même de déclarer, » précise un porte-parole de la Direction générale des Finances publiques.

Par ailleurs, cette harmonisation pourrait faciliter les échanges avec les administrations étrangères. En standardisant les modalités de calcul, la France pourrait mieux s’aligner sur les évolutions européennes en matière de fiscalité des pensions, ouvrant la voie à des accords plus modernes et plus équitables.

Comment les retraités peuvent-ils se préparer à cette transition ?

La clé du succès réside dans l’anticipation. Les retraités frontaliers sont invités à consulter leurs dossiers fiscaux actuels, à faire le point sur l’origine et le montant de chacune de leurs pensions, et à comprendre comment l’abattement est actuellement appliqué. Une comparaison entre l’ancien et le nouveau système, même approximative, peut permettre d’identifier les risques potentiels.

Des sessions d’information sont également prévues dans les départements frontaliers – Haut-Rhin, Bas-Rhin, Haute-Savoie, Moselle, etc. – à partir du printemps 2025. Animées par des agents des impôts et des experts juridiques, ces réunions visent à répondre aux questions concrètes des retraités. « Nous avons constaté un fort intérêt dès les premières annonces, » indique un organisateur à Mulhouse. « Les gens veulent comprendre, pas seulement subir. »

En parallèle, certains clubs de retraités transfrontaliers ont commencé à échanger entre eux, créant des groupes de discussion pour partager leurs expériences et leurs conseils. C’est le cas du collectif « Retraite sans frontières », fondé à Annecy, qui a déjà réuni une cinquantaine de membres. « On n’a pas tous les mêmes pensions, mais on a les mêmes doutes. Ensemble, on se sent moins isolés, » explique son président, Thierry Lenoir.

Quelles sont les implications à long terme de cette réforme ?

À plus long terme, cette évolution pourrait influencer les choix de résidence des futurs retraités. Certains pourraient être amenés à repenser leur installation en France, notamment s’ils perçoivent des pensions étrangères importantes. « Ce n’est pas une exode, mais une réflexion s’impose, » note Sophie Rambert, économiste spécialisée dans les questions de mobilité. « Si la fiscalité devient moins attractive pour les frontaliers, cela pourrait avoir un effet modéré mais réel sur les dynamiques régionales. »

En revanche, la réforme pourrait aussi encourager une meilleure intégration fiscale européenne. En montrant la voie d’un traitement harmonisé, la France pourrait inciter d’autres pays à revoir leurs propres systèmes, dans une logique de convergence. « Ce n’est pas une révolution, mais c’est un pas vers une fiscalité plus adaptée à la réalité des carrières transnationales, » estime-t-elle.

A retenir

Quels retraités sont concernés par cette réforme ?

Les retraités frontaliers résidant en France et percevant au moins deux pensions provenant de pays différents, dont une au moins d’un pays étranger, sont concernés par le nouveau mode de calcul de l’abattement fiscal à compter de septembre 2025.

Comment sera calculé l’abattement désormais ?

L’abattement ne sera plus appliqué pension par pension, mais sur la somme totale des pensions perçues. Un taux unique ou un taux moyen sera appliqué à l’ensemble des revenus de retraite, selon les règles précisées par l’administration fiscale.

La réforme va-t-elle augmenter l’impôt de tous les retraités concernés ?

Non, l’impact variera selon les situations individuelles. Certains retraités verront leur impôt augmenter, notamment ceux qui bénéficiaient jusqu’alors d’abattements élevés sur leurs pensions étrangères. D’autres, en revanche, pourraient être moins affectés, voire bénéficier d’un traitement plus favorable selon la structure de leurs pensions.

Des outils d’aide à la simulation sont-ils disponibles ?

Oui, l’administration fiscale prévoit de mettre en ligne une plateforme de simulation dès juin 2025, permettant aux retraités de calculer l’impact de la réforme sur leur impôt, en fonction de leurs pensions et de leur situation personnelle.

Faut-il consulter un conseiller fiscal ?

Il est fortement recommandé de consulter un conseiller spécialisé, surtout si votre situation est complexe (plusieurs pensions, pays multiples, biens immobiliers à l’étranger). Un accompagnement personnalisé peut permettre d’anticiper les changements et d’optimiser votre déclaration.

Anita

Recent Posts

Réduction drastique de l’arrosage des jardins dès 2025 : ce que cela change pour vous

À partir d'octobre 2025, les propriétaires devront réduire leur consommation d’eau au jardin sous peine…

2 heures ago

Un fauteuil suspendu Amazon jugé dangereux en 2025 : alerte aux normes de sécurité

Un fauteuil suspendu vendu sur Amazon soulève des inquiétudes sur la sécurité des produits en…

2 heures ago

Ce geste simple pourrait vous faire économiser 160 € sur votre facture d’électricité en 2025

Une étude de RTE alerte : les appareils en veille ou oubliés en marche pourraient…

2 heures ago

Des stores anti-bruit obligatoires sur toutes les terrasses à partir de 2025

À partir d’octobre 2025, les terrasses devront installer des stores homologués anti-bruit pour améliorer le…

2 heures ago

Une cabane pour enfants de Brico Dépôt au cœur d’une polémique sur la sécurité en 2025

Une cabane pour enfants vendue par Brico Dépôt au cœur d'une polémique après des failles…

2 heures ago

Éclairage extérieur : une nouvelle règle s’impose à tous à partir de 2025

À partir d’octobre 2025, une nouvelle loi impose une réduction de l’éclairage extérieur pour lutter…

2 heures ago