Retraite Femmes Lecornu 2025
Alors que la France s’apprête à vivre une nouvelle journée de mobilisation sociale le 2 octobre, le Premier ministre Sébastien Lecornu a choisi d’adresser un courrier aux organisations syndicales, dans un contexte tendu marqué par l’opposition persistante à la réforme des retraites. Ce message, révélé par *Le Monde* et consulté par *Ouest-France*, intervient comme une tentative de dialogue, voire d’apaisement, en présentant des mesures ciblées et des pistes de compromis. Mais ces annonces, bien qu’interprétées comme des avancées par certains, suffiront-elles à calmer la grogne sociale ? Entre espoirs concrets et revendications intransigeantes, l’équation reste complexe.
Dans son courrier, Sébastien Lecornu annonce l’inclusion, dans le budget 2026, d’une mesure destinée à améliorer la retraite des femmes. Sans entrer dans les détails techniques, le Premier ministre évoque une avancée issue des discussions du « conclave » sur les retraites, un forum consultatif qui s’était tenu en juin mais avait échoué à aboutir à un consensus. Pourtant, certaines propositions avaient fait l’unanimité, notamment celle concernant les mères de famille.
Cyril Chabanier, président de la CFTC, apporte des précisions : la future mesure pourrait modifier la manière dont est calculée la pension des femmes ayant eu des enfants. Actuellement, la retraite de base est fondée sur les vingt-cinq meilleures années de cotisation. L’idée serait d’exclure une ou deux années de carrière pour les mères, afin de tenir compte des périodes d’interruption liées à la maternité. Ainsi, pour une femme ayant un enfant, la pension serait calculée sur les vingt-quatre meilleures années ; pour celles ayant deux enfants ou plus, sur les vingt-trois meilleures. Un ajustement technique qui, selon Chabanier, pourrait se traduire par une augmentation de plusieurs dizaines d’euros par mois.
Léa Moreau, enseignante en histoire-géographie à Nantes et mère de deux enfants, témoigne : « J’ai mis ma carrière entre parenthèses pendant deux ans, dont un congé parental non indemnisé. Aujourd’hui, je vois que ces années pèsent lourd dans mon futur calcul de retraite. Si cette mesure est adoptée, ce ne sera pas une révolution, mais c’est un pas dans la bonne direction. On reconnaît enfin que les femmes paient un prix dans leur vie professionnelle pour avoir eu des enfants. »
L’inégalité entre les retraites des hommes et des femmes est un fait établi. En 2023, la retraite moyenne des femmes s’élevait à 1 350 euros par mois, contre 1 950 euros pour les hommes, selon la DREES. Ce fossé s’explique par plusieurs facteurs : temps partiel plus fréquent, interruptions de carrière, salaires inférieurs. La réforme des retraites de 2023, en repoussant progressivement l’âge légal de départ à 64 ans, a exacerbé ces inégalités. En effet, bien que les femmes bénéficient de trimestres de majoration pour chaque enfant, ces avantages sont souvent neutralisés par le report de l’âge pivot.
C’est ce paradoxe que tente de corriger la mesure évoquée par Lecornu. En affinant le calcul des meilleures années, on valorise indirectement les parcours professionnels discontinus, typiquement féminins. « Ce n’est pas une compensation complète, mais c’est un signal fort », insiste Chabanier. « Cela montre que l’on peut adapter le système sans remettre en cause son équilibre financier. »
Parallèlement à la question des retraites, le courrier du Premier ministre aborde un autre sujet sensible : l’assurance chômage. Sébastien Lecornu indique son intention de poursuivre les discussions, « notamment autour des ruptures conventionnelles ». Une formulation prudente, mais qui n’échappe pas à l’analyse des syndicats.
« Je comprends cela comme un recentrage », explique Cyril Chabanier. « Son prédécesseur envisageait une réforme très stricte de l’assurance chômage, avec des conditions d’éligibilité plus dures. Là, on semble se diriger vers une approche ciblée, en s’attaquant surtout aux abus potentiels dans les ruptures conventionnelles. »
Les ruptures conventionnelles, introduites en 2008, permettent à un salarié et à son employeur de mettre fin au contrat de travail d’un commun accord, avec une indemnité versée par l’employeur et des droits ouverts à l’assurance chômage. Or, ces dispositifs ont été critiqués pour être parfois utilisés comme des alternatives aux licenciements économiques, voire comme des outils de départ négocié dans des entreprises en difficulté.
Élodie Ferrand, DRH dans une entreprise de logistique à Lyon, confie : « Dans certains cas, les ruptures conventionnelles sont une solution gagnant-gagnant. Mais on a vu des dérives, notamment dans des groupes en restructuration. Si l’État veut encadrer ces pratiques, il faut le faire avec nuance. Sinon, on risque de pénaliser des salariés qui n’ont pas d’autre choix que de partir. »
La réponse est mitigée. Si la CFTC perçoit une volonté de dialogue, d’autres organisations restent sceptiques. La CFDT, par exemple, appelle à une réforme globale de l’assurance chômage, qui prenne en compte la précarité croissante du marché du travail. « On ne peut pas résoudre le financement du régime en ciblant uniquement les ruptures conventionnelles », souligne Thomas Royer, délégué syndical à Toulouse. « Il faut aussi s’interroger sur la durée d’indemnisation, les conditions de recherche d’emploi, ou encore le traitement des travailleurs indépendants. »
Malgré ces signaux positifs, la journée de grève et de manifestation du 2 octobre n’a pas été annulée. Bien au contraire, les syndicats maintiennent leur appel à la mobilisation, dénonçant des mesures insuffisantes. Cyril Chabanier lui-même précise : « L’urgence, ce sont les mesures budgétaires que nous combattons, comme la non-revalorisation des prestations sociales. »
En cause, notamment, le gel du point d’indice pour les fonctionnaires, ou encore la stagnation des allocations familiales et du RSA. Pour les syndicats, ces décisions aggravent le pouvoir d’achat des classes populaires et moyennes, au moment même où l’inflation continue d’affecter le coût de la vie.
À Rennes, où la mobilisation s’annonce particulièrement forte, Samia Benali, secrétaire départementale de la CGT, ne cache pas sa frustration : « On nous parle d’avancées, mais on vit au jour le jour avec des budgets de plus en plus serrés. Une mère isolée avec deux enfants touche à peine 1 200 euros par mois avec le RSA. Et on voudrait qu’elle se réjouisse d’une revalorisation hypothétique de sa retraite dans trente ans ? »
Oui. La position de la CGT reste claire : il faut abroger la réforme des retraites dans son intégralité. Pour cette organisation, aucune mesure correctrice ne peut compenser l’injustice fondamentale du report de l’âge légal. « On ne peut pas dire qu’on veut lutter contre les inégalités tout en imposant un système qui pénalise les plus vulnérables », affirme Samia Benali. « Les travailleurs pénibles, les femmes, les précaires : tous sont perdants. »
Cette intransigeance contraste avec l’approche plus pragmatique de la CFTC ou de la CFDT, qui préfèrent négocier des correctifs plutôt que de tout rejeter. Un clivage syndical qui reflète une division plus large dans la société française sur la manière de répondre à la crise des retraites.
Le courrier de Sébastien Lecornu marque un tournant dans la méthode : celui d’un dialogue rétabli, même prudent. Mais la question du fond demeure. Les mesures évoquées, bien qu’importantes, ne répondent pas à l’ensemble des inquiétudes sociales. Elles apparaissent comme des ajustements techniques dans un système perçu comme injuste par une partie croissante de la population.
Le budget 2026, qui devrait intégrer ces annonces, sera un test décisif. Si les mesures sont bien inscrites, puis adoptées, elles pourraient constituer un premier pas vers une retraite plus équitable. Mais elles devront être accompagnées d’autres réformes, notamment en matière de carrière longue, de reconnaissance des métiers pénibles, ou de valorisation du travail des femmes dans les secteurs sous-évalués comme l’aide à domicile ou l’éducation.
Le message de Sébastien Lecornu aux syndicats n’est ni une capitulation ni un affrontement. C’est un geste de relance du dialogue, dans un contexte où la confrontation sociale menace de s’enliser. La mesure sur les retraites des femmes, si elle est confirmée, pourrait marquer une avancée concrète pour des millions de Françaises. Mais elle ne suffira pas à apaiser la colère sociale si elle reste isolée. L’équation du gouvernement est délicate : répondre aux revendications légitimes sans remettre en cause l’équilibre des finances publiques. Le succès de cette tentative dépendra autant de la précision des mesures que de la sincérité du dialogue à venir.
Le gouvernement envisage de modifier le calcul de la pension des femmes ayant eu des enfants, en tenant compte de leurs interruptions de carrière. La pension serait calculée sur les vingt-quatre meilleures années pour une mère d’un enfant, et sur les vingt-trois meilleures pour deux enfants ou plus.
Elle devrait être inscrite dans le projet de loi de finances pour 2026, mais aucune date précise n’a encore été annoncée. Son adoption dépendra des arbitrages budgétaires et des discussions avec les partenaires sociaux.
Sébastien Lecornu souhaite poursuivre les discussions sur les ruptures conventionnelles, en vue d’un encadrement plus strict. Cette orientation est perçue comme un recentrage par rapport aux projets de réforme plus larges envisagés précédemment.
Les organisations syndicales jugent les mesures insuffisantes face aux difficultés du quotidien, notamment la non-revalorisation des prestations sociales. La CGT, en particulier, exige l’abrogation totale de la réforme des retraites.
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