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Retraite : les nouvelles règles de l’Agirc-Arrco bouleversent les pensions en 2025 — ce que cela change pour vous

Alors que la France s’interroge de plus en plus sur l’avenir de son système de retraite, les nouvelles conventions de l’Agirc-Arrco, signées pour la période 2023-2027, marquent un tournant dans l’organisation des régimes complémentaires. Ces accords, négociés entre partenaires sociaux, visent à assurer la viabilité financière d’un système sous pression face au vieillissement de la population et aux incertitudes économiques. Mais derrière les chiffres et les mécanismes techniques, ce sont des vies qui sont impactées. À travers le récit de Michel Dupont, cadre retraité de 65 ans, et d’autres témoins, cet article explore les changements concrets, leurs effets sur les pensions, et les stratégies adoptées par les Français pour s’adapter à ce nouveau paysage.

Quelles sont les principales modifications apportées par les nouvelles conventions Agirc-Arrco ?

Les conventions Agirc-Arrco 2023-2027 s’inscrivent dans une logique de stabilisation financière. Leur objectif principal est d’éviter un déficit structurel croissant dans les régimes de retraite complémentaire des cadres (Agirc) et des non-cadres (Arrco), désormais fusionnés. L’un des piliers de ces accords repose sur une hausse progressive des taux de cotisation salariale et patronale. Cette augmentation, étalée sur plusieurs années, vise à renflouer les caisses sans provoquer de choc immédiat sur le pouvoir d’achat des actifs.

Par ailleurs, les modalités de calcul des points de retraite complémentaire ont été revues. Le coefficient de revalorisation des points, longtemps indexé sur les salaires, évolue désormais selon un mécanisme plus complexe, prenant en compte à la fois l’inflation et la performance financière du régime. Cette modification suscite des inquiétudes, car elle introduit une forme de déconnexion entre la croissance des salaires et celle des pensions.

Enfin, les conditions d’acquisition du taux plein pour les retraites complémentaires sont ajustées. Si l’âge légal reste fixé à 64 ans, le nombre de trimestres requis pour bénéficier de l’intégralité des droits est repoussé, ce qui pousse certains travailleurs à prolonger leur activité ou à accepter des pensions réduites.

Comment ces changements affectent-ils le calcul des pensions ?

Le système de points reste central dans le calcul des pensions Agirc-Arrco. Chaque euro cotisé permet d’acquérir un certain nombre de points, dont la valeur est réévaluée annuellement. Avec les nouvelles conventions, cette valeur de point est désormais soumise à un plafond de revalorisation, même en période d’inflation forte. En 2023, par exemple, la revalorisation a été limitée à 3,5 %, alors que l’inflation dépassait 5 %. Pour les retraités, cela signifie une perte de pouvoir d’achat progressive, même si les pensions augmentent en valeur nominale.

Michel Dupont, ancien responsable logistique dans une entreprise de transport, a vu sa pension complémentaire augmenter de 3,2 % en 2024. « Sur mon relevé, ça semble correct, mais quand je compare avec mes factures d’électricité ou de courses, je me rends compte que je dépense plus que l’année dernière. Cette indexation partielle, c’est une forme de baisse déguisée », analyse-t-il, un café à la main dans son appartement de Nantes.

Quel est l’impact sur les retraités actuels ?

Pour les personnes déjà à la retraite, les effets des nouvelles conventions se traduisent principalement par une revalorisation inégale des pensions. Contrairement au régime de base, qui garantit une revalorisation systématique au moins égale à l’inflation, le régime complémentaire dispose d’une marge de manœuvre. Cette flexibilité, bien qu’utile pour la stabilité financière du système, pèse directement sur le quotidien des retraités.

Les ménages modestes, dont les pensions complémentaires représentent une part significative du revenu total, sont particulièrement touchés. C’est le cas de Sophie Lemaire, 68 ans, ancienne secrétaire médicale, qui perçoit 950 euros mensuels de retraite complémentaire. « C’est presque la moitié de mes revenus. Si cette somme stagne ou augmente moins que les prix, je dois choisir entre chauffer mon logement ou remplir mon frigo », témoigne-t-elle, les yeux rivés sur son relevé bancaire.

Les bénéficiaires de pensions élevées, souvent issus de hautes responsabilités, constatent eux aussi un ralentissement de la progression de leurs revenus, mais disposent généralement de plus de marges de manœuvre grâce à des placements ou des retraites supplémentaires.

Les promesses d’équité sont-elles tenues ?

Les partenaires sociaux ont insisté sur la volonté de préserver l’équité entre générations. Selon eux, les hausses de cotisations et les ajustements de revalorisation permettent d’éviter un transfert excessif de la charge financière sur les actifs d’aujourd’hui. Mais cette équité perçue est fragile.

Michel Dupont, qui a cotisé pendant 43 ans, s’interroge : « J’ai travaillé toute ma vie en pensant que le système serait là pour moi. Aujourd’hui, on me dit que les règles changent parce que les comptes ne sont pas équilibrés. Mais qui a décidé de ces déséquilibres ? Pas nous, les salariés. »

Cette perception d’injustice traverse les générations. Les jeunes actifs, comme Thomas Berthier, 32 ans, ingénieur en transition énergétique, voient dans ces réformes un signal négatif : « Je cotise de plus en plus, pour un système dont on ne me garantit pas le retour. À ce rythme, je ne serai jamais sûr d’avoir une retraite décente. »

Comment les futurs retraités s’adaptent-ils ?

Face à l’incertitude, de plus en plus de travailleurs anticipent. Les simulations personnalisées proposées par l’Agirc-Arrco connaissent un pic d’utilisation. Ces outils permettent d’estimer l’impact des nouvelles règles sur la future pension, en fonction du salaire, du nombre de points accumulés, et du projet de départ à la retraite.

Élodie Marchand, 52 ans, directrice commerciale dans une PME lyonnaise, a réalisé une simulation en début d’année. « Le résultat m’a fait froid dans le dos. Je devais partir à 64 ans pour avoir un taux plein, mais avec les nouvelles règles, il me manquera 8 % de points. Soit je travaille deux ans de plus, soit j’accepte une baisse de revenus. »

Elle a choisi une troisième voie : renforcer son épargne retraite. Depuis six mois, elle verse 150 euros supplémentaires chaque mois sur un PER (Plan d’Épargne Retraite), qu’elle complète avec des investissements dans des SCPI. « Je ne veux pas dépendre uniquement du système collectif. Si les pensions baissent ou stagneront, j’aurai au moins une marge de sécurité. »

Les cotisations plus élevées freinent-elles l’épargne individuelle ?

La hausse des cotisations Agirc-Arrco pèse directement sur le salaire net des actifs. Pour certains, cela réduit la capacité à épargner en parallèle. C’est le cas de Yannis Kaboré, 45 ans, cadre dans une entreprise de services informatiques. « Chaque euro supplémentaire que je cotise à Agirc-Arrco est un euro que je ne peux pas mettre de côté pour mes enfants ou pour ma retraite privée. »

Pourtant, les experts insistent : la hausse des cotisations, bien que contraignante, renforce la solidité du système collectif. « Il faut voir cela comme une assurance sur l’avenir », explique Lucie Vasseur, consultante en prévoyance retraite. « Sans ces ajustements, le régime risquerait un effondrement partiel dans les années 2030. »

Quelles alternatives les retraités et futurs retraités explorent-ils ?

De nombreux Français cherchent à compenser les incertitudes du système par des solutions complémentaires. L’investissement immobilier reste une stratégie privilégiée. Louer un bien, même à temps partiel, peut générer un revenu régulier qui vient s’ajouter à la pension.

Michel Dupont, par exemple, a transformé son ancienne chambre d’amis en studio meublé, qu’il loue à un étudiant. « Cela me rapporte 600 euros par mois. Ce n’est pas énorme, mais ça couvre mes charges fixes et me laisse un peu de marge pour voyager. »

D’autres, comme Élodie Marchand, envisagent de continuer à travailler après 65 ans, mais à temps partiel ou en freelance. « J’ai commencé à monter un cabinet de conseil indépendant. Je ne veux pas arrêter du jour au lendemain. Et puis, gagner un revenu, même modeste, ça change tout. »

Les activités de service à la personne, la formation en ligne, ou encore la location de véhicules ou d’objets personnels font aussi partie des pistes explorées. Ces revenus d’appoint, bien que non réguliers, offrent une soupape précieuse dans un contexte de baisse relative des pensions.

Quelles leçons tirer de ces évolutions ?

Les nouvelles conventions Agirc-Arrco illustrent une réalité de plus en plus évidente : la retraite ne peut plus être envisagée comme un simple transfert de revenus après l’arrêt du travail. Elle devient un projet global, qui exige anticipation, diversification et vigilance.

Les témoignages de Michel, Élodie, Yannis ou encore Sophie montrent que les impacts ne sont pas uniquement financiers. Ils touchent à la sérénité, à la confiance dans les institutions, et à la perception du travail accompli. « On a l’impression que nos efforts passés ne sont plus valorisés », résume Michel, non sans amertume.

Pourtant, ces changements ouvrent aussi des opportunités. Ils poussent les individus à s’emparer de leur avenir, à mieux comprendre les mécanismes de retraite, et à construire des modèles de vie plus flexibles après 60 ans. La retraite n’est plus seulement une fin, mais une transition à organiser.

A retenir

Les nouvelles conventions Agirc-Arrco concernent-elles tous les salariés ?

Oui, les conventions s’appliquent à l’ensemble des salariés du secteur privé, cadres et non-cadres, affiliés au régime Agirc-Arrco. Ce régime couvre près de 17 millions de personnes, ce qui en fait le plus important régime de retraite complémentaire en France.

Les cotisations augmentent-elles pour tous ?

Les taux de cotisation sont progressivement relevés pour les salariés et les employeurs. L’augmentation dépend du niveau de salaire et de la catégorie professionnelle, mais touche l’ensemble des affiliés. Cette hausse est étalée sur plusieurs années pour limiter l’impact immédiat sur le pouvoir d’achat.

La retraite complémentaire sera-t-elle moins bien revalorisée ?

La revalorisation des pensions complémentaires n’est plus automatiquement alignée sur l’évolution des salaires. Elle dépend désormais d’un mécanisme combinant inflation, performance du régime et équilibre financier. En période de forte inflation, la revalorisation peut être inférieure, ce qui entraîne une perte de pouvoir d’achat pour les retraités.

Faut-il anticiper son départ à la retraite ?

Oui, il est fortement recommandé de simuler sa future pension en tenant compte des nouvelles règles. Les outils en ligne permettent d’ajuster son projet : prolonger la carrière, augmenter l’épargne, ou diversifier ses sources de revenus. La prise de décision éclairée est essentielle pour éviter les mauvaises surprises.

Les retraites complémentaires sont-elles en danger ?

Les nouvelles conventions visent justement à éviter un déraillement financier. Elles renforcent la pérennité du régime à moyen terme, mais exigent des efforts partagés entre actifs et retraités. Le système n’est pas en danger immédiat, mais il évolue vers un modèle plus contraint, où la solidarité intergénérationnelle est réévaluée.

Anita

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