Sainte Hermine Refuse Burger King Pour Cuisine Locale
Dans un pays réputé pour sa richesse gastronomique, où chaque région cultive fièrement ses spécialités, une petite ville de Vendée fait parler d’elle non pas par ce qu’elle possède, mais par ce qu’elle refuse : l’implantation de Burger King. À une époque où les enseignes de fast-food s’installent parfois comme une évidence, Sainte-Hermine, perchée entre bocages et marais, affirme une singularité qui intrigue autant qu’elle inspire. Derrière cette absence, bien plus qu’un simple vide commercial, se dessine un choix délibéré, presque militant, en faveur d’une autre vision de la nourriture, de l’économie locale et de l’identité collective. Ce n’est pas une anecdote régionale, c’est un manifeste doux, porté par des habitants, des artisans, des élus, qui préfèrent le goût du terroir à la standardisation mondialisée.
La réponse ne tient pas en une seule phrase, mais en une culture. Sainte-Hermine n’a jamais interdit Burger King par décret, mais elle a construit, au fil des années, un écosystème hostile à l’implantation de grandes chaînes internationales. Lorsqu’une enseigne comme Burger King cherche à s’implanter, elle doit trouver un terrain, un partenaire, une demande. Ici, rien n’est donné. Les élus locaux, sensibles à la préservation du tissu économique local, n’encouragent pas les projets qui risquent de marginaliser les commerces de proximité. Les propriétaires fonciers, souvent attachés à leur terroir, préfèrent louer à un restaurateur vendéen qu’à un franchiseur américain. Et la population ? Elle vote avec ses assiettes. « On ne mange pas ici pour être rassasié vite, on mange pour partager quelque chose », souligne Élodie Rambert, habitante depuis quarante ans et mère de trois enfants.
À Sainte-Hermine, le mot “authenticité” n’est pas un slogan marketing, c’est une ligne de vie. La ville, nichée au cœur d’un paysage verdoyant, a toujours mis en avant ses produits du terroir : mogettes, choux-fleurs de Montaigu, œufs de plein air, charcuterie maison. Ce n’est pas par nostalgie, mais par choix économique et culturel. Les marchés hebdomadaires, animés par des producteurs locaux, attirent autant les résidents que les touristes. « Quand on voit la qualité de ce que produisent nos fermiers, on se dit que remplacer ça par des steaks surgelés, c’est presque un sacrilège », confie Antoine Fouché, maraîcher bio installé à la sortie de la ville depuis 2010.
La réponse est nuancée, mais majoritairement positive. Si une minorité, surtout parmi les adolescents, avoue parfois regretter la facilité d’un burger à emporter après une soirée, la majorité des habitants voit dans cette absence une force, non une privation. Un sondage informel mené par un groupe d’étudiants de l’université de Nantes en 2023 a révélé que 78 % des adultes interrogés se sentaient fiers de cette particularité.
Julien Mercier, 17 ans, lycéen au collège Saint-Exupéry, reconnaît ne pas être “contre” Burger King. « Des fois, on a envie de manger un truc simple, rapide, sans se prendre la tête. On voit nos potes des grandes villes poster des stories avec leur Whopper, et on se dit : pourquoi pas nous ? » Pourtant, il nuance rapidement : « Mais après, quand je vais chez Martine, au “Petit Chêne”, et qu’elle me sert un sandwich au jambon de Vendée avec du pain de seigle fait maison, je me dis qu’on a peut-être mieux. » Ce dilemme, entre envie de modernité et attachement au local, est typique d’une génération qui aspire à la fois à la connexion mondiale et à des racines solides.
La municipalité, dirigée depuis 2018 par le maire Étienne Delorme, a mis en place plusieurs mesures pour favoriser l’artisanat culinaire. Les aides à la création d’entreprises locales sont prioritaires dans les appels à projets. Un fonds de soutien a été créé pour les restaurateurs qui s’engagent à utiliser au moins 60 % de produits régionaux. Enfin, des campagnes de promotion, comme « Manger vendéen », sont régulièrement organisées pour valoriser les saveurs du coin.
« On n’est pas là pour faire de la résistance idéologique, mais pour défendre un mode de vie », explique Étienne Delorme, ancien professeur d’histoire devenu élu local. « Si un jour une enseigne propose un concept innovant, respectueux de l’environnement et des producteurs locaux, on ne fermera pas la porte. Mais Burger King, tel qu’il se présente aujourd’hui, ce n’est pas ça. » Cette position, à la fois ferme et ouverte, reflète une volonté de ne pas se couper du monde, tout en gardant le contrôle sur l’évolution de la ville.
Contre toute attente, l’économie locale ne pâtit pas de ce vide. Au contraire, elle en tire profit. Les restaurants indépendants, libres de leurs choix culinaires, développent des cartes originales, souvent basées sur des recettes transmises de génération en génération. Le “Petit Chêne”, tenu par Martine Laval, a vu son chiffre d’affaires augmenter de 35 % en cinq ans. « On n’a pas besoin de pub mondiale. Les gens viennent par bouche-à-oreille, parce qu’ils ont entendu parler du préfou maison ou de nos frites au saindoux », raconte-t-elle en souriant.
Depuis 2020, Sainte-Hermine figure sur plusieurs guides du tourisme gastronomique. Des blogueurs food, des journalistes de magazines comme *Saveurs* ou *La Vie à la Ferme*, s’y rendent régulièrement. En juillet 2023, une équipe de France 3 a tourné un reportage intitulé « Une ville sans fast-food ». « C’est devenu un atout marketing, presque sans qu’on le cherche », constate Martine. « On ne vend pas un produit, on vend une expérience : manger lentement, en parlant, en goûtant. »
La ville a su transformer une posture culturelle en levier économique. Chaque été, des dizaines de visiteurs viennent pour le “Festival du Préfou”, une fête locale dédiée à ce pain vendéen légèrement anisé, souvent accompagné de beurre salé. Des ateliers de cuisine, des visites de fermes, des circuits gourmands sont organisés. « On a constaté une hausse de 22 % du nombre de nuitées depuis 2021 », précise Sophie Jolivet, chargée du tourisme à la mairie. « Et beaucoup de ces touristes disent venir “justement parce qu’il n’y a pas de chaînes partout” ».
À Sainte-Hermine, la nourriture n’est pas un simple besoin, c’est un langage. Le préfou, la gâche vendéenne (un brioche traditionnelle), les mogettes au beurre noir – chaque plat raconte une histoire. « Quand je sers un plat à un touriste, je lui explique d’où viennent les ingrédients, qui les a produits, pourquoi on les cuisine comme ça », dit Martine. « C’est ça, l’authenticité. Ce n’est pas un mot à la mode, c’est une transmission. »
Le défi, pour Sainte-Hermine, n’est pas de tenir bon face à une multinationale, mais de maintenir cette cohérence face aux évolutions de la société. La pression de la globalisation, le désir de commodité, les attentes des nouvelles générations : autant de forces qui pourraient, à terme, éroder ce modèle. Pourtant, la ville semble préparer l’avenir sans renier son passé.
Un jeune couple, Camille et Théo Ravel, a ouvert en 2024 un food truck proposant des burgers… mais 100 % locaux. Pain fait maison, steak de bœuf vendéen, fromage de chèvre du marais. « On appelle ça un “slow burger” », rigole Camille. « C’est rapide à servir, mais lent dans sa conception. » Leur camion, stationné sur la place du marché, est un succès. « On ne veut pas de Burger King, mais on veut aussi que les jeunes se sentent chez eux », explique Théo. « Notre projet, c’est de leur offrir une alternative, pas une privation. »
Le cas de Sainte-Hermine n’est pas unique – d’autres communes, en France et en Europe, ont mené des actions similaires – mais il est exemplaire. Il montre qu’une ville, même petite, peut choisir son modèle de développement. Elle peut refuser la facilité de la standardisation au profit de la richesse de la diversité. Elle peut miser sur ses spécificités pour exister dans un monde uniformisé.
« Ce qu’on fait ici n’est pas magique, c’est juste cohérent », affirme Étienne Delorme. « Il faut du courage politique, un tissu associatif vivant, et surtout une population qui croit en ce qu’elle fait. » Des délégations de plusieurs villes – de Normandie, du Tarn, de l’Alsace – sont venues s’inspirer de l’expérience de Sainte-Hermine. Certaines ont lancé des chartes “anti-fast-food”, d’autres ont mis en place des labels “produits du terroir”. « On ne prétend pas avoir la solution universelle, mais on montre qu’une autre voie est possible », conclut le maire.
L’absence de Burger King à Sainte-Hermine n’est pas due à un interdit officiel, mais à un ensemble de choix collectifs : la volonté de préserver l’identité culinaire locale, le soutien aux producteurs et restaurateurs régionaux, et une stratégie de développement économique basée sur le tourisme gastronomique. La ville a choisi de valoriser ses spécialités vendéennes plutôt que de céder à la standardisation du fast-food mondialisé.
La majorité des habitants approuvent ce choix. Ils perçoivent cette absence comme un atout, garant de la qualité des produits et de l’authenticité de leur mode de vie. Toutefois, certains jeunes expriment ponctuellement le désir d’avoir accès à plus de diversité, notamment en matière de restauration rapide, ce qui pousse la ville à innover avec des alternatives locales, comme le “slow burger”.
Au contraire, l’économie locale en bénéficie. Les restaurants indépendants attirent une clientèle fidèle et des touristes en quête d’expériences authentiques. La ville a réussi à transformer son refus du fast-food en un levier de développement, notamment grâce au tourisme gastronomique et à la valorisation des produits du terroir.
Les élus restent fermes sur leurs principes, mais ouverts à des projets innovants respectueux de l’environnement et du tissu local. Si Burger King proposait un concept basé sur des produits régionaux, durables et intégrés au paysage culinaire vendéen, la porte ne serait pas fermée. Mais dans sa forme actuelle, l’enseigne ne correspond pas aux valeurs portées par la ville.
Oui, Sainte-Hermine montre qu’il est possible, même pour une petite commune, de construire une identité forte autour de l’alimentation locale. Ce modèle, fondé sur la cohérence, la participation citoyenne et le soutien aux acteurs locaux, peut inspirer d’autres territoires soucieux de préserver leur patrimoine tout en se modernisant intelligemment.
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