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Sally Rooney soutient Palestine Action et affole le débat en 2025

Dans un monde où les voix publiques hésitent souvent à prendre position, une déclaration signée par l’écrivaine Sally Rooney, auteure adulée de la génération millennial, a fait l’effet d’un tremblement de terre médiatique. En annonçant qu’elle consacrerait une partie de ses revenus, notamment ceux issus des adaptations télévisées de ses romans, au financement de Palestine Action, Rooney ne se contente pas de s’engager : elle trace une ligne de fracture nette entre silence complice et action assumée. Ce choix, loin d’être anodin, plonge au cœur des tensions entre liberté d’expression, responsabilité morale et encadrement juridique. À travers cette décision, c’est toute la place de l’artiste dans la sphère politique qui est remise sur le tapis, avec ses ambiguïtés, ses risques, et ses possibles.

Pourquoi ce geste d’une écrivaine suscite-t-il un tel écho ?

Lorsque Sally Rooney affirme dans The Irish Times qu’elle entend utiliser ses royalties pour soutenir Palestine Action, elle ne livre pas seulement une opinion. Elle transforme sa notoriété en levier concret, en acte de solidarité financière. Ce n’est pas une simple déclaration de principe, mais une décision pratique, tangible, qui implique un transfert réel de ressources. Et c’est précisément cette matérialité du geste qui frappe : l’écrivaine ne se contente pas de dire, elle fait. Pour elle, l’écriture n’est pas une sphère isolée du monde, mais un espace de responsabilité. « Je vis en Irlande, écrit-elle, mais mes revenus proviennent en grande partie du Royaume-Uni. Et si ces revenus sont générés par des œuvres diffusées à l’échelle mondiale, alors j’ai le devoir d’en user selon mes convictions. »

Le succès de ses séries télévisées, notamment Normal People (2020) et Conversations entre amis (2022), a propulsé Rooney sur la scène culturelle internationale. Des millions de téléspectateurs ont suivi les émotions complexes de ses personnages, souvent marqués par l’isolement, la vulnérabilité et la quête de sens. Aujourd’hui, elle semble vouloir prolonger cette quête dans le réel. Pour Élodie Vasseur, critique littéraire et enseignante à l’université de Lille, « Rooney incarne une figure rare : celle de l’artiste qui refuse la séparation entre création et engagement. Elle ne croit pas à l’art pour l’art, mais à l’art comme outil de transformation ».

Ce choix n’est pas sans conséquences symboliques. En associant son nom à Palestine Action, Rooney donne une visibilité inédite à ce collectif, souvent méconnu du grand public. Son geste devient un repère, une boussole pour ceux qui cherchent à comprendre où se situe la ligne entre solidarité et radicalité.

Quelles sont les implications juridiques de son soutien ?

Le contexte britannique rend cette décision particulièrement explosive. En juillet, le gouvernement du Royaume-Uni a classé Palestine Action comme organisation terroriste, suite à des actions de sabotage contre une base de l’armée de l’air impliquée dans le transport d’armes vers Israël. Depuis, plus de 700 personnes ont été interpellées, et une soixantaine font l’objet de poursuites pour des actes jugés illégaux, y compris la simple possession de pancartes lors de manifestations.

Rooney le sait : en affirmant publiquement son soutien financier, elle expose sa personne à des risques juridiques. « Selon la loi britannique, reconnaît-elle, mon geste pourrait être interprété comme un soutien au terrorisme. » Un expert en droit pénal cité par The Guardian confirme que le Terrorism Act de 2000 permet de poursuivre toute personne qui « encourage ou soutient » une organisation interdite, même sans participation directe à des actes violents. La simple déclaration publique de financement peut suffire à ouvrir une enquête.

La romancière souligne d’ailleurs qu’elle n’aurait pas pu publier sa tribune dans un journal britannique sans enfreindre la loi. C’est un aveu puissant : la liberté d’expression, censée être un pilier démocratique, se heurte ici à des limites strictes. Pour le philosophe Julien Mercier, « nous entrons dans une zone grise où la critique politique est confondue avec la complicité. Ce n’est pas seulement Palestine Action qui est visé, mais la possibilité même de contester certaines politiques étrangères ».

Le durcissement du cadre légal pose une question cruciale : jusqu’où peut-on aller dans l’expression de ses convictions avant de devenir illégal ? Rooney, en choisissant de parler depuis l’Irlande — pays neutre et non soumis aux mêmes lois —, joue avec cette frontière. Mais son geste interroge : si une écrivaine reconnue doit quitter le territoire légal pour s’exprimer, qu’en est-il des voix moins protégées ?

Quel parcours a mené Sally Rooney à ce point de non-retour ?

Ce n’est pas la première fois que Rooney bouscule les attentes. Dès 2021, elle refuse que son premier roman, Où es-tu, monde admirable ?, soit traduit en hébreu par une maison d’édition israélienne qu’elle juge trop proche du pouvoir politique. La décision provoque une polémique internationale. Des membres de la communauté juive, notamment en France et aux États-Unis, dénoncent un boycott culturel, voire une forme d’antisémitisme. Rooney répond fermement : « Je ne boycotte pas le peuple juif, je boycotte les institutions qui soutiennent une politique d’occupation. »

Depuis, sa trajectoire s’inscrit dans une logique de cohérence. Elle se revendique marxiste, critique les inégalités structurelles, et refuse les royalties de maisons d’édition situées dans des paradis fiscaux. Pour elle, chaque choix économique est politique. « La littérature ne flotte pas dans un vide », dit-elle dans une interview rare. « Elle circule, elle rapporte, elle influence. Et si elle influence, elle doit en assumer les effets. »

À Dublin, où elle vit discrètement, ses voisins la décrivent comme une femme réservée, mais d’une fermeté tranquille. « Elle fait ses courses au marché, lit beaucoup, mais ne cherche pas à se montrer », raconte Clémentine Rey, libraire dans le quartier de Ranelagh. « Pourtant, quand elle parle, c’est toujours avec une intention claire. Elle ne dit jamais rien par hasard. »

Ce parcours explique pourquoi son soutien à Palestine Action ne surprend pas ceux qui la suivent de près. Ce n’est pas un caprice médiatique, mais l’aboutissement d’une pensée longuement mûrie. Et pour beaucoup, c’est précisément cette cohérence qui donne à son geste une force particulière.

Que dit ce cas sur la responsabilité des artistes dans les crises politiques ?

Le cas Rooney met en lumière une tension ancienne : celle entre la neutralité supposée de l’artiste et son devoir de témoin. Dans un contexte marqué par la guerre, les violations des droits humains et les polarisations médiatiques, peut-on rester silencieux ?

Des voix s’élèvent pour saluer son courage. « Enfin une artiste qui ne se cache pas derrière l’excuse du “je ne suis pas politique” », s’enthousiasme Malik Benhaddou, réalisateur franco-marocain, dans un post partagé des milliers de fois. « Rooney montre que la neutralité, dans certains cas, c’est déjà prendre parti. »

D’autres, en revanche, s’inquiètent. « On ne peut pas soutenir une organisation interdite sans en assumer les conséquences », estime la journaliste Léa Fournier, spécialiste des mouvements sociaux. « Même si la cause est juste, il faut se demander si les moyens employés sont légitimes. »

Le débat dépasse Rooney. Il touche à la place de la culture dans le débat public. Faut-il que les artistes se taisent pour ne pas nuire à leur carrière ? Ou ont-ils, au contraire, une responsabilité accrue du fait de leur visibilité ?

Le cas est d’autant plus complexe que plusieurs organisations internationales — les Nations unies, Amnesty International, Greenpeace — ont exprimé leur inquiétude face à l’interdiction de Palestine Action. Elles y voient une menace pour la liberté d’expression et une instrumentalisation de la lutte contre le terrorisme pour réduire à silence les critiques d’Israël. La fondatrice du groupe, Layla Mansour, a déposé un recours en justice, examiné en novembre, arguant que l’objectif est de stopper toute forme de contestation de la complicité britannique dans les violations du droit international.

En choisissant de s’inscrire dans ce combat, Rooney ne se positionne pas seulement comme une auteure engagée, mais comme un témoin de son temps. Son geste, qu’on l’approuve ou non, force à regarder. Il rappelle que la littérature, loin d’être un refuge, peut aussi être une arme.

Comment cet engagement redéfinit-il la notion de liberté d’expression ?

Le geste de Rooney illustre une réalité croissante : la liberté d’expression n’est plus seulement menacée par la censure directe, mais par l’effroi qu’inspirent les lois. En classant des mouvements militants comme terroristes, les États peuvent dissuader toute forme de soutien, même symbolique ou financier. C’est ce qu’on appelle la « chilling effect » — l’effet dissuasif.

Or, quand la peur de poursuites pénalise la parole, c’est la démocratie elle-même qui vacille. « On assiste à une criminalisation du désaccord », analyse le juriste Thomas Lebrun. « Soutenir une cause devient suspect, simplement parce qu’elle dérange. »

Pour Rooney, cette situation est intolérable. Elle affirme son droit à utiliser son argent comme elle l’entend, et à le faire savoir. Ce n’est pas un appel à la violence, mais une affirmation de principe. « Si je dois être poursuivie pour avoir transféré de l’argent à une organisation que je crois légitime, alors que des entreprises continuent de vendre des armes sans aucune sanction, c’est le système qui est malade », écrit-elle.

En refusant de se taire, elle redonne du sens à un mot trop souvent vidé : la liberté. Pas seulement celle de parler, mais celle d’agir selon ses convictions, même quand cela dérange.

Conclusion

Le geste de Sally Rooney n’est pas une provocation, mais une proposition. Celle d’une artiste qui refuse de séparer sa création de ses actes, et qui assume les conséquences de ses choix. Dans un monde où la notoriété sert souvent à vendre des produits ou des images, elle choisit de la mettre au service d’une cause. Ce faisant, elle interroge chacun : que faisons-nous de notre voix ? De notre argent ? De notre liberté ?

Que l’on soutienne ou non Palestine Action, que l’on partage ou non l’analyse de Rooney, son geste force à sortir de l’indifférence. Il rappelle que dans les moments de crise, le silence n’est jamais neutre. Et que parfois, écrire un roman, c’est aussi commencer à changer le monde.

A retenir

Quel est le geste concret de Sally Rooney ?

Sally Rooney a annoncé qu’elle consacrerait une partie de ses revenus, notamment les royalties perçues de la BBC pour les adaptations télévisées de ses romans, au financement de Palestine Action, un collectif militant contre la politique israélienne et la complicité occidentale.

Pourquoi Palestine Action est-il controversé ?

Le groupe a été classé comme organisation terroriste au Royaume-Uni en juillet, suite à des actions de sabotage contre des installations militaires liées au transport d’armes vers Israël. Ces actes ont conduit à des centaines d’arrestations et à des poursuites judiciaires.

Rooney risque-t-elle des poursuites ?

Oui. Selon le Terrorism Act britannique, toute forme de soutien, y compris financier ou verbal, à une organisation interdite peut être passible de sanctions. Rooney reconnaît ce risque et affirme que publier sa tribune dans un média britannique serait illégal.

Pourquoi cet engagement fait-il débat ?

Il touche à des questions fondamentales : la liberté d’expression, la responsabilité morale des artistes, et la frontière entre militantisme légitime et activité illégale. Son geste met en lumière les tensions entre éthique personnelle et cadre juridique.

Quel est le contexte politique de ce choix ?

Le soutien à la cause palestinienne est de plus en plus visible dans les sphères culturelles, mais il se heurte à des lois de plus en plus restrictives en Europe. Rooney incarne une forme d’engagement radical, où la notoriété devient un outil de résistance.

Anita

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