Scaf Avion Europeen Bloque Par Tensions
La coopération européenne dans le domaine de l’aviation militaire traverse une période de turbulences. Alors que le projet phare SCAF (Système de Combat Aérien du Futur) cristallise les tensions, les critiques d’Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation, soulèvent des questions fondamentales sur l’efficacité des partenariats transnationaux. Entre défis techniques, enjeux de souveraineté et divergences stratégiques, le modèle de collaboration européen est mis à rude épreuve.
Éric Trappier, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, a comparé sans concession le SCAF au projet nEUROn, un drone de combat européen achevé avec succès en 2012. « Sur le nEUROn, chaque partenaire contribuait selon ses compétences, sans calculs politiques. Aujourd’hui, le SCAF ressemble à une partie d’échecs où chaque mouvement déclenche des négociations interminables », explique-t-il. Contrairement au nEUROn, réalisé pour moins de 500 millions d’euros, le SCAF s’enlise dans des discussions sur la répartition des tâches et la propriété intellectuelle.
Clément Vasseur, ingénieur aéronautique ayant travaillé sur les deux programmes, confirme : « Le nEUROn était une partition bien orchestrée. Aujourd’hui, c’est comme si chaque musicien voulait diriger l’orchestre simultanément. La phase 1B du SCAF a pris dix-huit mois de retard rien que pour définir qui ferait quoi. »
La structure même du SCAF, divisé en sept piliers, complique sa réalisation. « Quand Airbus gère les drones et Dassault l’avion de combat principal, les interfaces deviennent des champs de bataille », déplore Trappier. Cette fragmentation entraîne des redondances et des lacunes, comme le souligne Amélie Roussel, consultante en défense : « Certains capteurs sont développés trois fois différemment par chaque pays, alors que d’autres systèmes critiques ne reçoivent pas assez d’attention. »
Trappier plaide pour un maître d’œuvre unique, capable de trancher les débats techniques. « Sans leadership clair, nous gaspillons des années en réunions stériles », affirme-t-il. Cette vision trouve un écho chez certains partenaires allemands. Dieter Braun, expert chez Airbus Defence, reconnaît : « La structure actuelle multiplie les coûts. Un chef de projet unique avec autorité décisionnaire serait plus efficace. »
Cependant, Sofia Mendoza, porte-parole du ministère espagnol de la Défense, nuance : « Un leadership trop centralisé risquerait d’écarter les petites nations. L’équilibre est délicat entre efficacité et équité. »
L’enjeu dépasse les simples considérations techniques. « Si le NGF [nouvelle génération de chasseur, ndlr] dépend de composants américains soumis aux règles ITAR, la dissuasion nucléaire française pourrait être compromise », alerte Trappier. Le cas du Rafale, conçu pour être « ITAR Free », sert de référence. « Nous avions prévu cette autonomie dès les années 2000. Aujourd’hui, cela nous évite des blocages comme ceux subis par d’autres pays », explique Marceline Fabre, ancienne directrice technique chez Thales.
Alors que certains pays européens manifestent leur intérêt pour rejoindre le SCAF, Trappier reste prudent. « Accueillir de nouveaux partenaires sans clarification préalable aggraverait la confusion », estime-t-il. Un avis partagé par Piotr Kowalski, analyste polonais : « La Pologne souhaiterait participer, mais pas à n’importe quel prix. Nous observons comment la France et l’Allemagne gèrent leurs divergences avant de nous engager. »
Le succès du drone de combat européen prouve qu’une coopération focalisée sur les compétences plutôt que sur des quotas géopolitiques fonctionne. Son budget maîtrisé et son calendrier respecté contrastent avec les difficultés actuelles du SCAF.
La majorité des experts s’accordent sur la nécessité d’un maître d’œuvre unique, mais sa nationalité et ses prérogatives exactes divisent encore les partenaires.
La dépendance technologique compromettrait non seulement l’efficacité opérationnelle, mais aussi la crédibilité de la dissuasion nucléaire française, pilier de la défense européenne.
Le débat autour du SCAF dépasse les simples rivalités industrielles. Il interroge la capacité de l’Europe à concilier souveraineté nationale et coopération efficace. Comme le résume Éric Trappier : « Construire l’avion de combat du futur demande autant d’innovation politique que technologique. » Alors que les menaces sécuritaires se multiplient, les partenaires européens n’ont plus le luxe du temps pour leurs querelles intestines. Le véritable enjeu ? Transformer ces tensions en catalyseur d’une défense européenne enfin opérationnelle.
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