Seniors Trois Fois Plus Exposes A La Noyade Que Les Enfants
Alors que l’été 2025 s’achève dans une triste postface, la France pleure 268 vies perdues à la mi-août à cause de noyades. Un bilan encore provisoire, mais déjà alarmant, qui reflète une réalité trop souvent sous-estimée : le risque zéro n’existe pas, même pour les meilleurs nageurs. Alors que les enquêtes nationales Noyades de 2018 et 2021 avaient permis une analyse fine des circonstances de ces drames, la saison 2025 ne bénéficiera pas d’une telle investigation approfondie. Pourtant, les données publiées le 30 septembre 2025 par Santé Publique France, basées sur 3 129 cas recensés, offrent une radiographie inquiétante des noyades accidentelles. Parmi elles, 1 047 ont entraîné un arrêt cardio-respiratoire, et 800 se sont soldées par un décès. Ces chiffres ne sont pas seulement des statistiques : derrière chacun d’eux, il y a une famille, un souvenir, un vide. Cet article explore les causes, les profils à risque et les témoignages de ceux qui ont frôlé la mort ou perdu un proche, pour mieux comprendre comment prévenir ces tragédies.
Contrairement aux idées reçues, les enfants ne sont pas les plus exposés aux noyades mortelles. L’étude révèle que les adultes, et plus particulièrement les seniors, constituent la grande majorité des victimes. Les personnes âgées de plus de 65 ans ont trois fois plus de risques de subir une noyade grave que les enfants de 0 à 5 ans. Ce constat interpelle. Pourquoi cette tranche d’âge est-elle si vulnérable ?
Élodie Vasseur, médecin au sein de Santé Publique France, explique : À cet âge, on observe une diminution des capacités physiques, une moindre vigilance, parfois des troubles cognitifs ou des maladies chroniques. Un simple malaise dans l’eau peut devenir fatal en quelques secondes.
Le témoignage de Marc Léger, 71 ans, habitant de Dax, illustre ce risque. En juillet 2025, alors qu’il se baignait dans une retenue d’eau près de chez lui, il a été pris de vertiges. Je n’ai pas vu venir le malaise. Un instant, je flottais, l’instant d’après, je me suis senti aspiré. Heureusement, un pêcheur m’a vu couler et m’a sorti de là. Marc, qui souffre d’hypertension, reconnaît aujourd’hui avoir minimisé le danger : Je me croyais en forme. Je n’imaginais pas que l’eau pouvait me tuer.
L’étude pointe plusieurs facteurs qui augmentent significativement le risque de noyade grave. Le genre en est un : les hommes sont surreprésentés parmi les victimes. Ils représentent près de 70 % des cas recensés. Les comportements à risque sont plus fréquents chez les hommes, notamment en matière de consommation d’alcool ou de surestimation de leurs capacités , analyse Élodie Vasseur.
La localisation géographique joue également un rôle. Le Sud-Ouest et le Nord-Ouest de la France connaissent davantage de noyades que le Sud-Est. Une particularité que l’on retrouve aussi dans les lieux de baignade : les plans d’eau naturels et les piscines privées sont des zones à haut risque, bien plus que la mer surveillée.
Camille Reynaud, sauveteur à Arcachon depuis douze ans, confirme : En bord de mer, on a des postes de secours, des drapeaux, des règles. Dans les lacs ou les rivières, c’est souvent la loi du chacun pour soi. Et quand un accident arrive, personne n’est là pour intervenir.
Un exemple frappant est celui de Thomas Belin, 48 ans, décédé en juillet 2025 dans un étang du Lot-et-Garonne. Il s’était baigné seul après un barbecue. Son épouse, Sophie Belin, raconte : Il avait bu deux verres de vin. Il a dit qu’il allait juste se rafraîchir. On l’a retrouvé une heure plus tard, au fond de l’eau.
Une autre découverte surprenante de l’étude : les noyades graves surviennent plus fréquemment le matin que l’après-midi. Ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, la population des baigneurs du matin est souvent plus âgée, et donc plus vulnérable. Ensuite, les lieux sont moins fréquentés, ce qui retarde la détection des accidents. Enfin, l’absence de surveillance ou de personnel qualifié limite les chances d’intervention rapide.
Le matin, les gens pensent que c’est plus calme, donc plus sûr , note Camille Reynaud. Mais c’est justement ce calme qui devient dangereux. Moins de monde, c’est moins de témoins, moins de secours potentiels.
Le cas de Nadia Chevalier, 68 ans, est édifiant. En août 2025, elle s’est baignée à 8h30 dans une piscine privée à Royan. Sa fille, Léa Chevalier, explique : Elle adorait nager tôt, quand il faisait frais. Ce jour-là, elle a eu une crise cardiaque dans l’eau. Personne ne l’a vue tomber. On l’a découverte dix minutes plus tard.
La consommation d’alcool est un élément récurrent dans les enquêtes. Elle altère la coordination, le jugement et augmente le risque de malaise. Or, trop de personnes s’immergent peu de temps après avoir bu, sans mesurer les conséquences.
L’alcool donne une fausse impression de sécurité , souligne le docteur Vasseur. Il réduit l’anxiété, mais il ralentit les réflexes. Dans l’eau, une seconde de retard peut être fatale.
Le témoignage de Julien Ménard, rescapé d’une noyade à Biarritz, est parlant. J’avais bu trois bières après le déjeuner. Je me suis dit que je pouvais aller me baigner, juste pour me rafraîchir. Les vagues étaient fortes. En deux minutes, j’ai été déséquilibré, emporté. Je me suis noyé, au sens propre. J’ai perdu connaissance. Heureusement, un surfeur m’a repêché. Aujourd’hui, Julien participe à des campagnes de prévention : Je veux que les gens sachent que l’alcool et l’eau, c’est mortel.
Contrairement aux piscines publiques, les bassins privés échappent souvent aux normes de sécurité. Pas de surveillance, pas de sauveteur, parfois pas de barrière. Et pourtant, ce sont des lieux où les noyades sont fréquentes, surtout chez les seniors et les personnes seules.
Une piscine privée, c’est un piège silencieux , affirme Camille Reynaud. Elle donne l’illusion d’un espace contrôlé, mais sans règles ni vigilance, elle devient dangereuse.
Le drame survenu à Carcassonne en juillet 2025 en est un exemple. Henri Delmas, 73 ans, s’est noyé dans sa propre piscine. Son voisin, Philippe Gauthier, raconte : Il était seul. Sa femme était partie faire les courses. Il a dû glisser en entrant dans l’eau. On l’a trouvé le visage dans l’eau, les bras tendus.
Les personnes nées à l’étranger sont également plus touchées par les noyades graves. Ce facteur, peu connu, s’explique par plusieurs éléments : une moindre familiarité avec les codes de baignade en France, un accès limité à l’apprentissage de la natation, ou encore une méconnaissance des risques liés aux courants, aux fonds inégaux ou aux marées.
Beaucoup de migrants viennent de pays où la baignade n’est pas une pratique courante, ou où l’on n’enseigne pas la natation , précise Élodie Vasseur. Quand ils arrivent ici, ils ne savent pas lire les signaux de danger.
Le cas de Rachid Benali, 34 ans, originaire du Maroc, est tragique. En août 2025, il s’est noyé dans la Garonne, à Toulouse, en voulant rejoindre un groupe d’amis sur un îlot. Il ne savait pas nager , confie son ami Karim Tazi. Il pensait que le courant était faible. Il a été emporté en quelques secondes.
Les recommandations sont claires : limiter la baignade en l’absence de surveillance, éviter l’alcool avant et pendant la baignade, respecter les consignes de sécurité, et surtout, ne jamais sous-estimer l’eau. L’eau n’est pas un ennemi, mais elle ne pardonne pas les imprudences , insiste Camille Reynaud.
Des campagnes de prévention ciblées sont nécessaires, notamment auprès des seniors, des hommes, des migrants et des propriétaires de piscines privées. Des formations aux gestes de premiers secours, notamment la réanimation cardio-pulmonaire, pourraient également sauver des vies.
Il faut repenser notre rapport à l’eau , conclut Élodie Vasseur. Ce n’est pas une question de peur, mais de respect. Chaque baignade devrait être une décision consciente, jamais une impulsion.
Les noyades ne sont pas des accidents inévitables. Elles sont le résultat d’un concours de facteurs : âge, lieu, comportement, environnement. L’été 2025 aura été marqué par la perte de centaines de vies, mais il peut aussi devenir un tournant dans la prévention. En écoutant les témoignages, en comprenant les causes profondes, et en agissant concrètement, on peut espérer que les prochaines saisons soient moins tragiques. L’eau n’a pas de mémoire, mais nous, nous avons la responsabilité de nous souvenir.
Les personnes âgées de plus de 65 ans sont trois fois plus exposées aux noyades graves que les jeunes enfants. Les hommes, les migrants, et les baigneurs dans les plans d’eau ou piscines privées sont également surreprésentés parmi les victimes.
Le matin, les baigneurs sont souvent plus âgés, les lieux moins fréquentés, et la surveillance quasi inexistante. Ces facteurs combinés augmentent le risque de non-détection rapide en cas d’accident.
Oui, la consommation d’alcool est un facteur de risque majeur chez les adultes. Elle altère les réflexes, diminue la coordination et augmente la probabilité de malaise dans l’eau.
Elles manquent souvent de barrières de sécurité, de surveillance et de règles claires. De nombreuses noyades y surviennent en l’absence de témoins, surtout chez les seniors.
Oui, en raison d’une moindre familiarité avec les pratiques de baignade en France, d’un accès limité à l’apprentissage de la natation, et d’une méconnaissance des risques liés aux milieux aquatiques locaux.
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