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Un serpent coloré inquiète les experts en France : les régions déjà touchées en 2025

Un matin d’automne, dans les contreforts vosgiens près de Colmar, un groupe de randonneurs fait une découverte insolite : un serpent aux écailles flamboyantes, long d’un mètre, enroulé autour du tronc d’un érable. Calme, presque insolent, il ne cherche ni à fuir ni à attaquer. Son apparence, d’un orange vif zébré de noir, ne correspond à aucune espèce indigène. Ce n’est pas une vipère, ni un couleuvre. C’est un invité d’Amérique, un serpent des blés – ou Pantherophis guttatus – qui, sans crier gare, s’est installé dans la campagne alsacienne. Ce genre de scène, autrefois rarissime, devient de plus en plus fréquent. Et derrière cette apparition colorée se cache une réalité complexe, à la croisée de l’écologie, de l’éthique et des comportements humains.

Qu’est-ce que le serpent des blés fait en Alsace ?

Le Pantherophis guttatus, originaire des États-Unis, est un constricteur non venimeux qui vit naturellement dans les prairies, les bois clairs et les zones agricoles du sud-est du continent nord-américain. En France, il n’a pas sa place dans l’écosystème local. Pourtant, depuis quelques années, il apparaît régulièrement dans des régions comme l’Alsace, où les signalements s’accumulent. Maurice Babillon, herpétologue reconnu et membre d’un réseau de surveillance des espèces exotiques, a observé une nette augmentation des observations : « En 2022, nous avons recensé neuf individus. En 2023, treize. Et déjà, en 2024, une douzaine d’observations confirmées », explique-t-il. Ces chiffres ne reflètent probablement qu’une partie de la réalité, car de nombreux témoins ne signalent pas les rencontres ou les prennent pour des espèces locales.

L’explication principale ? L’animal est largement vendu dans le commerce des reptiles domestiques. Facile à élever, docile, au comportement prévisible, il est souvent présenté comme l’idéal pour les débutants en terrariophilie. Mais cette popularité a un revers : trop d’acquéreurs sous-estiment la durée de vie d’un serpent des blés – qui peut vivre jusqu’à vingt ans – ou se lassent de son entretien. Plutôt que de le confier à une structure spécialisée, certains choisissent de l’abandonner en pleine nature. D’autres, par imprudence, laissent leur terrarium ouvert, et l’animal s’échappe, profitant des hivers de plus en plus cléments pour survivre.

Pourquoi ce serpent s’adapte-t-il à notre environnement ?

Le climat alsacien, autrefois trop rigoureux pour un reptile originaire de zones tempérées à subtropicales, devient progressivement plus accueillant. Les hivers doux, les étés chauds et les zones agricoles ou semi-forestières offrent des conditions favorables à la survie de ces serpents exotiques. « Le réchauffement climatique joue un rôle clé », confirme Élodie Renard, biologiste spécialisée dans les espèces invasives. « Un hiver sans gel prolongé permet à un serpent des blés de trouver des refuges thermiques – talus, murs de pierres sèches, bâtiments abandonnés – et de passer l’hiver en vie. »

Un témoignage récent illustre cette adaptation. En avril 2024, Thomas Lefebvre, agriculteur à Rouffach, découvre un serpent des blés dans son grenier. « Je l’ai trouvé en train de s’abriter derrière une pile de bottes. Il ne semblait pas affolé, comme s’il était chez lui. Je l’ai filmé et envoyé la vidéo à un spécialiste. Il m’a dit qu’il avait probablement passé l’hiver là, à l’abri du froid. » Cette observation, isolée il y a encore quelques années, devient de plus en plus fréquente, ce qui inquiète les écologues.

Le serpent des blés est-il une menace pour les humains ?

Non. Le Pantherophis guttatus ne présente aucun danger pour les personnes. Non venimeux, il ne serre que ses proies, de petite taille, et n’attaque jamais l’humain. « Même lorsqu’il se sent menacé, il préfère fuir », précise Maurice Babillon. « S’il mord, c’est par réflexe de défense, et la morsure est bénigne, comparable à une piqûre d’insecte. »

Les craintes populaires, souvent alimentées par une peur irrationnelle des serpents, sont donc infondées. Léa Vasseur, enseignante et mère de deux enfants, a croisé un serpent des blés lors d’une promenade avec sa famille. « Au début, on a eu peur, surtout les enfants. Mais on a observé de loin, sans approcher. Il est parti tranquillement. Depuis, j’ai parlé de l’incident en classe. C’était une occasion de sensibiliser mes élèves à la biodiversité et aux responsabilités liées aux animaux domestiques. »

Alors, quel est le vrai danger ?

Le risque ne vient pas de l’animal lui-même, mais de son potentiel d’installation durable dans l’environnement français. Si plusieurs individus survivent, s’acclimatent et parviennent à se reproduire, ils pourraient devenir une espèce invasive. Et dans ce cas, les conséquences pourraient être graves.

Le serpent des blés se nourrit principalement de petits rongeurs – campagnols, souris – mais aussi d’œufs d’oiseaux, de lézards et parfois de jeunes reptiles indigènes. En l’absence de prédateurs naturels en Europe, sa population pourrait croître rapidement, mettant en péril certaines espèces locales déjà fragilisées. « Imaginez un prédateur nouveau, efficace, sans ennemi naturel, qui consomme les mêmes ressources que nos couleuvres ou nos couleuvres d’eau », explique Élodie Renard. « Cela crée une concurrence déloyale. »

Le cas du serpent des blés rappelle d’autres invasions biologiques, comme celle du ragondin ou du frelon asiatique, dont les effets sur les écosystèmes ont été dévastateurs. « On est encore à temps d’agir », insiste Maurice Babillon. « Mais si on laisse faire, dans dix ans, on pourrait avoir des populations établies dans plusieurs régions de l’est de la France. »

Que faire face à ces apparitions ?

La première règle : ne jamais relâcher un animal exotique en milieu naturel. C’est illégal, irresponsable, et potentiellement catastrophique pour l’environnement. « Abandonner un serpent, c’est comme jeter une bouteille en plastique dans la nature : on pense que ça ne fait rien, mais l’accumulation crée des dégâts », compare Thomas Lefebvre, qui a lancé une pétition locale pour interdire la vente libre de reptiles exotiques.

En cas de découverte d’un serpent des blés, la meilleure action est de ne pas le toucher, de le signaler aux autorités compétentes – Office français de la biodiversité (OFB), fédérations départementales de chasse, ou réseaux d’herpétologues locaux – et de fournir une photo si possible. Des associations comme Serpent’Alsace ou Reptiles sans frontières interviennent régulièrement pour capturer et réinsérer ces animaux dans des structures spécialisées.

Un autre levier : la réglementation. Actuellement, en France, il n’est pas nécessaire d’autorisation pour posséder jusqu’à dix serpents des blés. « C’est une faille », estime Élodie Renard. « On devrait exiger une formation minimale, un suivi vétérinaire, et interdire la vente aux mineurs ou aux particuliers sans expérience. »

Et l’avenir ? Vers une cohabitation contrôlée ?

Pour l’instant, aucun nid ou couvée de serpent des blés n’a été confirmé en France. C’est une bonne nouvelle. Mais les conditions sont réunies pour que cela change. Le réchauffement climatique, la multiplication des abandons et le manque de sensibilisation du public créent un terreau favorable à l’invasion.

Des initiatives émergent. À Colmar, un programme scolaire sur les espèces exotiques invasives a été mis en place. Dans les animaleries, certains vendeurs affichent désormais des messages sur les responsabilités liées à l’achat d’un reptile. Et des élus locaux envisagent d’interdire la vente libre de certaines espèces, comme cela existe déjà pour les tortues ou les perroquets.

Le serpent des blés, avec ses écailles orangées et son regard impassible, n’est pas un monstre. C’est un animal magnifique, adapté à un milieu qui n’est pas le sien. Sa présence en France est un miroir tendu à nos comportements : elle révèle notre fascination pour l’exotisme, notre facilité à abandonner ce que nous ne comprenons plus, et notre responsabilité face à la biodiversité.

A retenir

Le serpent des blés est-il dangereux pour l’homme ?

Non, le serpent des blés n’est pas venimeux et ne représente aucun danger pour les humains. Il mord rarement, uniquement en cas de stress intense, et sa morsure est bénigne.

Pourquoi trouve-t-on des serpents des blés en Alsace ?

Leur présence s’explique principalement par des abandons ou des évasions de terrariums. Populaire en terrariophilie, cette espèce est parfois relâchée dans la nature par des propriétaires irresponsables ou imprudents.

Peut-il survivre à nos hivers ?

Oui, grâce aux hivers de plus en plus doux, certains individus parviennent à trouver des refuges thermiques et à passer la saison froide en vie. Cela augmente leur chance de s’installer durablement.

Est-il en train de se reproduire en France ?

À ce jour, aucune reproduction confirmée en milieu naturel n’a été observée. Mais les conditions sont réunies pour que cela se produise, ce qui poserait un risque écologique sérieux.

Que faire si on croise un serpent des blés ?

Il faut ne pas le toucher, le signaler aux autorités (OFB, fédérations de chasse, réseaux d’experts) et, si possible, fournir une photo pour identification. L’intervention de professionnels est nécessaire pour sa capture et son relogement.

Peut-on encore acheter un serpent des blés en France ?

Oui, mais sans autorisation préalable pour moins de dix individus. Ce cadre réglementaire souple est critiqué par les écologues, qui appellent à un renforcement des mesures de contrôle.

Anita

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