Un SMS anodin qui trompe des milliers de personnes en 2025 — voici comment l’éviter

Un simple message arrive sur l’écran d’un téléphone. « Bonjour, vous êtes chez vous ? » Rien de bien inquiétant à première vue. Pourtant, cette phrase anodine, souvent suivie d’un lien ou d’une demande d’action immédiate, peut être le début d’un piège sophistiqué. Depuis l’été 2025, des milliers de Français ont reçu ce type de SMS, croyant interagir avec un livreur pressé, alors qu’ils étaient en réalité pris dans une arnaque bien rodée. Ce phénomène, connu sous le nom de smishing, exploite notre confiance, notre routine, et notre peur de manquer quelque chose. Comprendre cette mécanique, c’est déjà la désamorcer.

Comment un simple message peut-il tromper autant de monde ?

Le piège commence par une question qui semble banale, presque polie. « Bonjour, vous êtes chez vous ? » Ce ton familier, presque humain, crée un sentiment de proximité. Ce n’est pas un robot froid, mais une personne qui cherche à vous joindre. Pour beaucoup, ce genre de message évoque immédiatement une livraison en cours. Et dans un monde où les colis arrivent tous les jours, cette hypothèse paraît naturelle.

Le timing joue aussi un rôle crucial. Selon des témoignages recueillis par TF1, plusieurs personnes ont reçu ces messages à des moments où elles attendaient effectivement un colis. C’est ce qu’on appelle l’effet de contexte : plus la situation semble plausible, moins on doute. Léa Chavanne, une enseignante de 34 ans habitant à Nantes, raconte : « J’attendais un colis de livres pour mes élèves. Quand j’ai vu ce SMS, j’ai cru que le livreur était en bas de chez moi. J’ai cliqué sans réfléchir. »

La répétition du scénario renforce aussi son efficacité. De plus en plus de personnes reçoivent des messages similaires, parfois plusieurs fois par mois. Cette banalisation des alertes SMS finit par créer une routine. On ne lit plus vraiment, on agit. C’est précisément ce que recherchent les fraudeurs : un comportement automatique, déconnecté de la vigilance.

Quel est le mécanisme exact de cette arnaque par SMS ?

L’arnaque se déroule en trois actes, comme une pièce bien écrite. Le premier message arrive : « Un colis est en cours d’acheminement. Êtes-vous chez vous ? » Il installe la situation. Le second suit peu après : « Livraison impossible. Veuillez confirmer votre adresse. » Là, l’urgence monte. Le destinataire sent qu’il risque de rater quelque chose. Enfin, le troisième message propose un lien : « Cliquez ici pour réorganiser la livraison. »

Le lien mène à un site web qui imite parfaitement ceux des grands transporteurs. Logo, couleurs, interface : tout semble authentique. Benoît Grünemwald, expert en cybersécurité, explique : « Ce qu’ils font, c’est du mimétisme numérique. Ils recopient les codes visuels des vrais services pour créer une illusion de légitimité. »

Une fois sur la page, l’utilisateur est invité à remplir un formulaire. Nom, prénom, adresse, numéro de téléphone, parfois même les coordonnées bancaires. Le tout sous le prétexte d’une « vérification d’identité » ou d’un « réacheminement express ». Le langage utilisé est poli, sans fautes, et les boutons d’action sont bien visibles. Rien ne semble suspect. Pourtant, chaque donnée saisie est directement envoyée aux fraudeurs.

Julien Mercier, un informaticien de Bordeaux, a été victime de cette arnaque en juin 2025. « J’ai rempli le formulaire, pensant régler un simple problème de livraison. Une heure plus tard, j’ai reçu un mail de ma banque : une transaction de 800 euros venait d’être effectuée. » Il a heureusement pu faire opposition à temps, mais le choc émotionnel est resté. « Je me suis senti stupide. Et pourtant, tout semblait si vrai. »

Quels sont les bons réflexes face à un SMS suspect ?

Face à cette vague d’arnaques, le ministère de l’Intérieur a rappelé les bons gestes. En 2024, plus de 417 000 escroqueries ont été recensées en France, dont une part croissante via le smishing. La première règle ? Ralentir. Un vrai livreur ne vous enverra jamais un SMS avec un lien pour confirmer votre présence. Il sonnera à l’interphone, ou laissera un avis de passage.

La deuxième règle : ne jamais cliquer sur un lien reçu par SMS, surtout s’il émane d’un numéro inconnu. Même si le message semble personnalisé, même s’il contient votre prénom, ce n’est pas une preuve d’authenticité. Les fraudeurs récupèrent souvent ces données via des fuites de bases ou des campagnes précédentes.

La troisième : vérifier par ses propres moyens. Si vous attendez un colis, ouvrez l’application officielle du transporteur. Suivez le suivi de livraison depuis votre compte. Si aucun colis n’est en route, le message est certainement frauduleux. Si vous doutez, contactez directement la société par son site officiel, jamais via un numéro fourni dans le SMS.

Élise Toussaint, une retraitée de Lyon, a reçu le fameux message un dimanche matin. « J’ai vu le lien, j’ai hésité. Puis je me suis dit : “Et si c’était un cadeau de mes petits-enfants ?” Heureusement, j’ai appelé ma fille. Elle m’a dit de ne surtout pas cliquer. » Ce simple échange familial lui a probablement évité un vol d’identité.

Que faire si l’on a déjà cliqué ou saisi ses données ?

Si le mal est fait, il ne faut pas paniquer, mais agir vite. La première étape est de contacter immédiatement sa banque pour faire opposition à sa carte. Même si aucune transaction suspecte n’a encore été constatée, mieux vaut anticiper.

Ensuite, il faut changer tous les mots de passe associés aux comptes sensibles : messagerie, banque en ligne, réseaux sociaux. Utilisez des mots de passe forts et uniques, et activez l’authentification à deux facteurs quand c’est possible.

Enfin, signalez le message au 33700. Ce service, géré par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), permet de centraliser les signalements d’arnaques numériques. Chaque alerte contribue à bloquer les numéros frauduleux et à informer le public. En 2025, des campagnes de phishing ont été stoppées en quelques heures grâce à la masse de signalements reçus.

Thomas Lefebvre, un jeune entrepreneur de Lille, a été victime d’un vol d’identité après avoir saisi ses données sur un faux site de livraison. « J’ai perdu du temps à comprendre ce qui s’était passé. Mais une fois que j’ai signalé le message au 33700, j’ai reçu un mail de confirmation en moins de 24 heures. On m’a guidé pas à pas. »

Comment prévenir ces arnaques au quotidien ?

La prévention passe par de petits gestes simples mais efficaces. D’abord, désactivez l’affichage automatique des SMS dans les notifications. Cela évite de voir des messages frauduleux sans filtre, surtout en public. Ensuite, formez vos proches, en particulier les personnes âgées ou moins à l’aise avec le numérique.

Les arnaqueurs ciblent souvent ceux qui reçoivent peu de messages de ce type, donc qui sont moins méfiants. Une discussion régulière avec ses parents, grands-parents ou voisins peut faire la différence. Comme le souligne Benoît Grünemwald : « La cybersécurité, ce n’est plus seulement une affaire de techniciens. C’est une compétence de vie quotidienne. »

Enfin, soyez attentif aux détails. Un numéro court, une faute d’orthographe, une URL bizarre (comme “livraison-colis.fr” au lieu de “colissimo.fr”) : autant de signaux d’alerte. Même si le message semble bien rédigé, un domaine suspect doit toujours alerter. Une recherche rapide sur Google peut vous montrer que d’autres ont déjà signalé le même numéro.

A retenir

Que signifie “smishing” ?

Le smishing est une forme de hameçonnage (phishing) qui utilise les SMS pour tromper les victimes. Contrairement au phishing par email, il exploite la confiance que l’on accorde aux messages texte, souvent perçus comme plus personnels.

Pourquoi le message “vous êtes chez vous ?” est-il si efficace ?

Ce message fonctionne parce qu’il crée une situation plausible, urgente et personnelle. Il joue sur la routine des livraisons et sur la peur de manquer un colis, ce qui pousse à agir vite, sans réfléchir.

Un site qui imite un transporteur peut-il être légitime ?

Non. Même s’il semble parfaitement imité, un site accessible via un lien SMS non sollicité est presque toujours frauduleux. Les vrais transporteurs utilisent des applications sécurisées ou des liens envoyés depuis des adresses officielles.

Doit-on toujours faire opposition à sa carte après un clic suspect ?

Oui, même si aucune transaction n’a encore eu lieu. Les fraudeurs peuvent attendre plusieurs jours avant d’utiliser les données volées. Faire opposition rapidement limite les risques.

Le 33700, c’est quoi exactement ?

Le 33700 est un service gratuit permettant de signaler les messages frauduleux par SMS. Les signalements sont analysés par les autorités pour identifier et bloquer les campagnes d’arnaques en cours.

Conclusion

L’arnaque du “vous êtes chez vous ?” n’est pas une erreur de vigilance, mais une attaque bien pensée, qui exploite nos comportements, nos émotions et notre routine. Elle ne vise pas les failles techniques, mais les failles humaines. Pour s’en protéger, il ne s’agit pas de devenir paranoïaque, mais de cultiver un réflexe simple : la pause. Prendre cinq secondes pour vérifier, douter, consulter, c’est souvent suffisant pour éviter le pire. Dans un monde où tout va vite, la lenteur devient un acte de résistance. Et parfois, le meilleur moyen de rester libre.