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Le souchet, le légume oublié qui résiste à la sécheresse en 2025

Alors que les épisodes de sécheresse s’intensifient et que les ressources en eau deviennent de plus en plus rares, les jardiniers et agriculteurs français sont contraints de repenser leurs méthodes de culture. Dans ce contexte, un légume oublié depuis des décennies refait surface, non pas par nostalgie, mais par nécessité : le souchet comestible. Ce tubercule ancestral, longtemps relégué aux marges de l’alimentation moderne, s’impose aujourd’hui comme une solution pragmatique, durable et savoureuse face aux défis climatiques. Résistant, peu exigeant, et doté d’un goût subtil, il redéfinit ce que peut être un légume d’avenir.

Pourquoi le souchet refait-il surface aujourd’hui ?

Le souchet, ou Cyperus esculentus, n’est pas une nouveauté botanique. Il a été cultivé depuis l’Antiquité, notamment en Égypte pharaonique, où il servait à la fois d’aliment de base et d’ingrédient pour des boissons fermentées. Pourtant, en France, il a été largement oublié au profit de cultures plus rentables ou plus visibles. Aujourd’hui, sa renaissance s’explique par des conditions agricoles qui ne cessent de se dégrader. Les étés prolongés, les sols appauvris et les restrictions d’eau poussent les producteurs à chercher des alternatives. Et c’est précisément dans ce vide que le souchet excelle.

Contrairement à de nombreuses cultures traditionnelles qui exigent des arrosages réguliers, le souchet prospère avec un minimum d’eau. Son système racinaire profond lui permet de capter l’humidité enfouie, même dans les sols sablonneux ou peu fertiles. Cette capacité d’adaptation en fait un candidat idéal pour les régions du sud-ouest, du Languedoc ou de la Provence, où la pression hydrique est devenue critique.

Qu’est-ce que le souchet, exactement ?

Une plante aux multiples facettes

Le souchet n’est pas un légume au sens strict, mais un tubercule produit par une plante herbacée de la famille des cypéracées. Il pousse sous terre, en grappes de petits nodules ronds, de couleur beige clair, mesurant entre 1 et 2 centimètres. Sa texture est ferme et croquante, son goût légèrement sucré, rappelant parfois la noisette ou le châtaignon frais. Il peut être consommé cru, bouilli, torréfié, ou transformé en lait végétal – une boisson traditionnelle connue sous le nom de “horchata de chufa” en Espagne, notamment à Valence.

En France, cette boisson reste méconnue, mais les amateurs de produits artisanaux et durables commencent à s’y intéresser. Le lait de souchet, naturellement sans gluten et sans lactose, est une alternative douce et nutritive aux laits végétaux industriels.

Des vertus nutritionnelles sous-estimées

Le souchet n’est pas seulement résistant : il est aussi bénéfique pour la santé. Riche en fibres, en acides gras mono-insaturés (notamment de l’acide oléique, présent dans l’huile d’olive), en vitamine E et en minéraux comme le phosphore et le magnésium, il soutient la digestion et contribue à une alimentation équilibrée. Son index glycémique modéré en fait un allié pour les personnes soucieuses de leur taux de sucre dans le sang.

Clara Ribeiro, nutritionniste à Montpellier, souligne : « Dans un contexte où l’on cherche des aliments locaux, peu transformés et riches en nutriments, le souchet est une pépite. Il ne demande pas d’intrants chimiques, il pousse naturellement, et il apporte une densité nutritionnelle intéressante. C’est exactement le type de produit qu’on devrait promouvoir dans les circuits courts. »

Comment cultiver le souchet chez soi ?

Un calendrier simple et accessible

La culture du souchet est à la portée de tous, même des jardiniers débutants. La période idéale pour planter les tubercules est septembre, au moment où les températures baissent légèrement mais où le sol conserve encore de la chaleur. Cette fenêtre permet aux plants de s’établir avant l’hiver, puis de se développer activement au printemps.

Il faut choisir un emplacement ensoleillé, avec un sol léger, sablonneux ou sableux de préférence. Le souchet n’aime pas les terres lourdes ou trop compactes. Une fois planté à une profondeur de 5 à 8 cm, avec un espacement d’environ 20 cm entre chaque tubercule, il demande peu d’entretien. Pas besoin de paillage, ni de fertilisation excessive. L’arrosage reste minimal, surtout si les pluies automnales sont régulières.

Un entretien quasi nul

« Ce qui m’a séduit, c’est qu’une fois planté, je n’ai presque plus à m’en occuper », confie Élodie Charpentier, maraîchère bio dans le Gard. « Je passe plus de temps à surveiller mes salades qu’à m’occuper du souchet. Il pousse, il se multiplie, et à l’automne suivant, je récolte. »

La plante se développe en touffes denses, formant une couverture végétale naturelle qui limite la pousse des adventices. En été, elle produit de petites inflorescences brunes, mais c’est sous terre que se joue la récolte. Celle-ci s’effectue généralement entre octobre et novembre, à l’aide d’une fourche bêche. Les tubercules sont ensuite lavés, séchés, et peuvent être stockés plusieurs mois dans un endroit frais et aéré.

Quels sont les témoignages d’agriculteurs engagés ?

Maxime Lefèvre, du Gard : un pari gagnant

Maxime Lefèvre, installé à Nîmes depuis plus de quinze ans, a fait le choix de diversifier ses cultures face à la raréfaction de l’eau. « En 2020, on a eu une sécheresse terrible. Mes cultures de tomates et de courgettes ont souffert, mais le souchet, lui, a tenu le coup. Même sans arrosage pendant six semaines, il a produit. »

Depuis, il a converti une parcelle de 800 m² à sa culture, qu’il vend sur les marchés locaux et en paniers bio. Il propose aussi des ateliers de découverte autour du lait de souchet, avec des recettes transmises par un ancien producteur valencien qu’il a rencontré lors d’un échange européen.

« Ce n’est pas un légume miracle, mais c’est une solution intelligente. Il ne remplace pas tout, mais il complète. Et les gens sont curieux. Ils goûtent, ils aiment, ils reviennent. »

Camille Nguyen, en Ariège : un retour aux racines oubliées

Camille Nguyen, jeune agricultrice installée en montagne, a découvert le souchet par hasard en consultant des archives botaniques locales. « Je cherchais des plantes anciennes adaptées à notre climat de plus en plus imprévisible. Je suis tombée sur des mentions du “souchet des pauvres”, cultivé dans les années 1930 dans les fermes du piémont pyrénéen. »

Intriguée, elle a expérimenté une petite culture sur 20 m². Le résultat a dépassé ses attentes. « Le sol ici est rocailleux, pas très fertile. Pourtant, le souchet a poussé. Et ce qui m’a marquée, c’est qu’il n’a pas attiré les ravageurs. Pas de limaces, pas de doryphores. Rien. »

Elle envisage désormais de l’intégrer à une rotation de cultures pour améliorer la structure du sol et réduire l’usage d’eau.

Quel avenir pour le souchet en France ?

Le souchet ne se contente pas de survivre : il s’inscrit dans une dynamique de transformation agricole. Plusieurs coopératives du sud de la France ont lancé des projets pilotes pour évaluer son potentiel à grande échelle. Des chercheurs de l’INRAE s’intéressent à sa capacité à fixer le carbone dans les sols et à améliorer la biodiversité souterraine.

Sur le plan économique, le souchet pourrait devenir un produit de niche à forte valeur ajoutée. Transformé en farine, en lait, en confiture ou en biscuit, il offre de nombreuses voies de commercialisation. Certains chefs, comme Romain Dubois à Toulouse, l’ont déjà intégré à leurs menus : « J’utilise les tubercules torréfiés en accompagnement de gibier, ou crus râpés dans des salades. C’est subtil, croquant, et ça raconte une histoire. »

Le marché du végétal local et résilient est en plein essor. Le souchet, avec son faible impact environnemental et son caractère ancestral, correspond à une demande croissante de transparence et de durabilité.

Comment intégrer le souchet dans son alimentation ?

Des idées simples et gourmandes

Le souchet peut être consommé de multiples façons. Cru, il apporte une touche croquante aux salades composées. Bouilli, il devient plus doux et se marie bien avec les légumes racines. Torréfié, il peut remplacer les noix dans certaines pâtisseries.

La recette la plus célèbre reste le lait de souchet. Il suffit de faire tremper les tubercules pendant 12 heures, de les mixer avec de l’eau, puis de filtrer le mélange. On peut ajouter un peu de vanille ou de cannelle pour parfumer. Ce lait se conserve 4 à 5 jours au réfrigérateur et peut être utilisé dans les smoothies, les cafés ou les préparations sucrées.

« Au début, mes enfants trouvaient ça bizarre », raconte Sophie Marchand, mère de famille à Perpignan. « Mais après deux ou trois essais, ils ont adoré. Maintenant, c’est eux qui me demandent d’en préparer. Et je sais que c’est local, sans additifs, et sans impact sur la planète. »

A retenir

Le souchet est-il vraiment adapté à la sécheresse ?

Oui, le souchet est l’un des rares tubercules capables de prospérer avec très peu d’eau. Son système racinaire profond lui permet d’accéder à l’humidité stockée en profondeur, ce qui le rend particulièrement adapté aux régions soumises à des périodes sèches prolongées.

Faut-il un sol particulier pour le cultiver ?

Le souchet préfère les sols légers, sablonneux ou bien drainés. Il ne supporte pas les terres lourdes ou trop compactes. Une préparation simple du sol, sans amendements chimiques, suffit dans la plupart des cas.

Peut-on le planter en pot ou en bac ?

Oui, il est tout à fait possible de cultiver le souchet en conteneur, à condition que celui-ci soit suffisamment profond (au moins 30 cm) et bien drainé. Il convient particulièrement aux balcons ou terrasses ensoleillés du sud de la France.

Quelle est la durée de la récolte ?

La récolte intervient généralement entre 8 et 10 mois après la plantation, soit à l’automne suivant. Les tubercules peuvent être conservés plusieurs mois dans un endroit sec et frais, comme une cave ou un cellier.

Le souchet est-il comestible pour tout le monde ?

Oui, le souchet est naturellement sans gluten, sans lactose et hypoallergénique. Il est bien toléré par la majorité des personnes, y compris celles ayant des régimes alimentaires spécifiques. Comme pour tout aliment nouveau, une introduction progressive est conseillée.

Conclusion

Le souchet comestible incarne une réponse concrète aux défis de notre époque : climat déréglé, ressources en eau limitées, recherche d’aliments sains et durables. Sa culture simple, sa résilience naturelle et sa polyvalence culinaire en font bien plus qu’un légume oublié – c’est un symbole de l’agriculture de demain. Porté par des passionnés, des jardiniers éclairés et des consommateurs soucieux de leurs choix, il s’impose progressivement comme une alternative viable, locale et savoureuse. Dans un monde où l’innovation rime souvent avec complexité, le souchet rappelle que parfois, les meilleures solutions viennent du passé.

Anita

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