Succession sans testament : qui hérite de la voiture du défunt ? Les règles à connaître

Lorsqu’un proche disparaît sans laisser de testament, l’héritage de ses biens peut rapidement virer au parcours du combattant. Parmi les objets convoités, la voiture du défunt cristallise souvent tensions et incompréhensions. Entre règles légales, démarches administratives et enjeux familiaux, comment se déroule cette transmission ? Plongeons dans les méandres des successions automobiles.

Comment est attribuée la voiture sans testament ?

En l’absence de dernières volontés écrites, la loi française prend les rênes. Le Code civil prévoit une répartition automatique des biens entre les héritiers légaux : conjoint, enfants, parents. La voiture, comme tout bien mobilier, est concernée par ce processus appelé « dévolution légale ».

Sophie Lavigne, notaire à Bordeaux, explique : « J’ai vu des frères et sœurs se déchirer pour une simple Citroën C3. Sans testament, le véhicule appartient indivis à tous les héritiers, ce qui complique son utilisation. »

Le casse-tête de l’indivision

L’indivision signifie que chaque héritier détient une quote-part du véhicule, mais aucun ne peut en disposer seul. Prenez l’exemple des frères Théo et Nathan Morel : après le décès de leur mère, ils se sont retrouvés copropriétaires de sa Peugeot 208. Problème : Théo voulait la conserver, Nathan préférait la vendre. Le conflit a duré 8 mois avant qu’un accord ne soit trouvé.

Peut-on utiliser le véhicule pendant la succession ?

Techniquement oui, mais sous conditions strictes. L’assurance doit être maintenue et tous les héritiers doivent donner leur accord pour l’usage du véhicule. Une situation délicate comme l’a vécu Camille Duchêne : « Quand mon père est décédé, ma belle-mère a continué à utiliser sa voiture sans nous consulter. Résultat : un contrôle de police a tourné au cauchemar avec menace de saisie. »

Les pièges à éviter

Trois écueils principaux guettent les héritiers :

• Conduire sans assurance valide (risque de nullité de contrat)
• Vendre le véhicule sans l’accord des autres ayants droit
• Négliger les délais pour régulariser la carte grise

Pourquoi le notaire est-il indispensable ?

Ce professionnel du droit joue un rôle clé dans les successions complexes. Il établit notamment l’attestation de notoriété qui officialise la liste des héritiers. « Sans ce document, impossible de modifier la carte grise ou de vendre le véhicule », précise Maître Lavigne.

Le parcours administratif

Pour transférer la propriété, il faut :

1. Obtenir l’attestation de notoriété
2. Fournir un acte de décès et des pièces d’identité
3. S’acquitter des frais de mutation (environ 100€)
4. Effectuer la démarche auprès de l’ANTS

Romain Vasseur, héritier d’une Renault Twingo, témoigne : « J’ai mis trois mois à comprendre les démarches. Le notaire m’a finalement guidé, mais j’aurais dû le consulter plus tôt. »

Quelles options pour sortir de l’indivision ?

Plusieurs solutions existent pour clore le statut de copropriété :

Le rachat par un héritier

Lucile Bertin a racheté la part de son cousin dans la BMW familiale : « Nous avons fait évaluer le véhicule par un expert, puis j’ai compensé sa part via un virement. Le notaire a formalisé l’acte. »

La vente amiable

Solution la plus courante : vendre le véhicule et partager le produit. Attention aux délais – le marché de l’occasion évolue rapidement.

Le recours au juge

En cas de blocage persistant, seul un tribunal peut ordonner la vente. Long et coûteux, ce processus reste exceptionnel.

A retenir

Qui hérite de la voiture sans testament ?

Tous les héritiers légaux à parts égales (conjoint survivant, enfants, etc.).

Peut-on conduire le véhicule immédiatement ?

Oui, à condition d’avoir l’accord des autres héritiers et une assurance valide.

Quand faut-il modifier la carte grise ?

Dans les 30 jours suivant l’obtention de l’attestation de notoriété.

Comment éviter les conflits familiaux ?

En consultant rapidement un notaire et en établissant un dialogue clair entre héritiers.

Conclusion

L’héritage d’un véhicule sans testament relève souvent du parcours d’obstacles. Entre indivision contraignante et démarches administratives complexes, l’accompagnement par un notaire s’avère précieux. Les récentes évolutions législatives, comme la simplification des formalités prévue pour 2025, devraient alléger ce processus douloureux. Une chose reste certaine : anticiper par un testament clair permet d’épargner bien des soucis à ses proches.