Suisse Sanctionne Conducteurs Lents 2025
La Suisse, terre d’ordre, de ponctualité et de paysages sereins, pourrait bien voir son image de nation tranquille ébranlée par un débat inattendu : celui de la lenteur au volant. Alors qu’on associe souvent les tensions routières aux mégapoles ou aux embouteillages parisiens, un élu suisse remet en cause un comportement pourtant anodin en apparence : rouler trop lentement. Ce projet de loi, visant à sanctionner les conducteurs jugés « trop prudents », ouvre la porte à une réflexion bien plus large sur la sécurité routière, la fluidité du trafic, et la frontière ténue entre prudence et entrave. Derrière cette proposition, des enjeux concrets, des tensions humaines, et une question essentielle : peut-on être dangereux en conduisant lentement ?
Walter Gartmann, conseiller communal du canton de Saint-Gall, a surpris l’opinion publique en déposant une proposition visant à sanctionner les automobilistes roulant à une vitesse jugée excessivement lente sans raison valable. Son argument ? La lenteur peut, dans certaines conditions, devenir une menace. « Ce n’est pas seulement une question d’impatience, explique-t-il lors d’un entretien avec un journal local. Quand un conducteur roule à 60 km/h sur une route limitée à 100, sans problème mécanique ni condition météo justifiant cette vitesse, il crée un risque d’accident par frustration. »
Le terme « escargots de la route », qu’il utilise volontiers, a fait polémique. Pour certains, il caricature une conduite responsable. Pour d’autres, il pointe du doigt un comportement réellement nuisible. Élise Fournier, professeure de psychologie cognitive à l’Université de Zurich, observe que « la frustration au volant est un facteur sous-estimé d’agressivité routière. Un véhicule lent peut devenir un catalyseur d’impatience, poussant d’autres conducteurs à doubler de manière risquée, surtout en montagne ou sur des routes à deux voies ».
Le cas de Bernadette Scherrer, une retraitée de 78 ans verbalisée pour avoir roulé à 20 km/h sur une route de montagne, a illustré cette tension. Elle explique : « Je venais de changer de voiture, je ne connaissais pas encore la puissance du moteur. J’avais peur de patiner. » Le résultat ? Un embouteillage de 175 véhicules, une amende de 2 650 euros, et un débat national. « On m’a traitée d’irresponsable, mais je n’ai jamais voulu gêner personne », confie-t-elle, encore ébranlée.
Oui, mais de manière implicite. Le Code de la route suisse, dans son article 22, impose à tout conducteur de rouler à une vitesse « adaptée aux conditions de circulation, à la charge de la route et à ses capacités personnelles ». Il précise également qu’il est interdit de « gêner inutilement la circulation ». En théorie, donc, un automobiliste roulant à 50 km/h sur une autoroute à 120 km/h, sans raison technique ou météorologique, peut être verbalisé.
La nuance réside dans l’interprétation. « La loi suisse ne fixe pas de seuil minimal de vitesse, explique Marc Lüthi, juriste spécialisé en droit de la circulation. Elle s’appuie sur la notion de comportement raisonnable. C’est aux forces de l’ordre d’apprécier, au cas par cas, si la lenteur est justifiée ou non. »
Le député souhaite aller plus loin. Il propose d’introduire des amendes spécifiques pour « entrave injustifiée à la circulation », assorties de stages de sensibilisation. « Aujourd’hui, on sanctionne les excès de vitesse, mais on ferme les yeux sur les excès de lenteur, argue-t-il. Pourtant, les deux peuvent être mortels. »
Il cite notamment un accident survenu en 2022 dans le canton de Schwytz, où un conducteur âgé a ralenti brusquement en croyant avoir vu un animal sur la route. Le véhicule derrière, roulant à vive allure, n’a pas pu freiner à temps. « Personne n’a été tué, mais c’était une catastrophe évitée de justesse », souligne Gartmann.
Ses propositions incluent aussi une campagne d’information ciblant les seniors, souvent perçus comme plus prudents — parfois trop. « Nous ne voulons pas criminaliser la prudence, précise-t-il. Mais il faut former les conducteurs à évaluer correctement les situations. Rouler lentement par peur, ce n’est pas de la prudence, c’est de l’incertitude. »
Oui, la France dispose d’un cadre clair. L’article R413-19 du Code de la route interdit « toute vitesse anormalement réduite sans nécessité ». En clair, ralentir sans raison valable — panne, conditions météorologiques, travaux — peut entraîner une amende de 35 euros, voire 90 euros en cas de récidive.
Les gendarmes et policiers ont la possibilité d’intervenir, surtout sur les routes rapides. « Sur une départementale à deux voies, un véhicule lent peut provoquer une chaîne de dépassements dangereux », confie Thomas Mercier, brigadier-chef à la brigade routière de Grenoble. Il raconte avoir été appelé plusieurs fois pour des files de voitures bloquées derrière un automobiliste roulant à 40 km/h sur une route limitée à 80.
Moins médiatisés, mais fréquents. En 2023, une retraitée de Haute-Savoie a été verbalisée après avoir roulé à 30 km/h sur une route de montagne, bloquant une colonne de 50 véhicules. « Elle disait avoir peur des virages », raconte un témoin, Laurent Vidal, livreur de fromage local. « On attendait depuis quarante minutes. Certains klaxonnaient, d’autres prenaient des risques pour doubler. »
En France, les forces de l’ordre privilégient souvent l’appréciation du contexte. « Si la personne est âgée, stressée, ou en train d’apprendre à conduire, on peut choisir de la verbaliser ou simplement de l’interpeller pour un rappel à la loi », explique Thomas Mercier.
La question divise. Pour certains, la prudence est une valeur fondamentale. « En ville, en montagne, ou avec des enfants à bord, rouler lentement, c’est sauver des vies », affirme Cécile Rambert, formatrice en conduite accompagnée à Genève. Elle reconnaît toutefois que « la prudence ne doit pas devenir une entrave ».
Le débat touche aussi à la psychologie du conducteur. Selon une étude de l’Institut suisse de prévention des accidents (ISPA), 68 % des conducteurs âgés de plus de 70 ans déclarent rouler plus lentement qu’auparavant, par crainte d’accident. Mais 42 % d’entre eux admettent aussi ne pas savoir comment réagir face à la pression des véhicules derrière eux.
« Il faut distinguer la prudence de l’incertitude », insiste Élise Fournier. « Un conducteur lent mais sûr de lui, qui respecte les règles et adapte sa vitesse, n’est pas un danger. En revanche, un conducteur hésitant, qui freine sans raison ou bloque la circulation, crée un risque systémique. »
Les risques sont multiples. D’abord, la frustration des autres usagers, qui peut mener à des dépassements interdits, surtout sur les routes sinueuses. Ensuite, les embouteillages, qui augmentent la pollution et le stress généralisé. Enfin, les accidents en chaîne, souvent provoqués par des freinages brusques en réaction à un véhicule lent.
Un exemple frappant : en 2021, sur l’autoroute A9 en Suisse, un automobiliste roulant à 70 km/h sur une portion limitée à 120 a provoqué une collision en chaîne impliquant sept véhicules. L’enquête a conclu à une « entrave à la circulation », et le conducteur a été condamné à une amende et à un stage de sécurité routière.
Certains experts suggèrent d’introduire des vitesses minimales sur certaines routes, comme cela existe en Allemagne sur certaines portions d’autoroute. « Sur les axes rapides, une vitesse minimale de 60 ou 70 km/h pourrait être imposée, avec des panneaux clairs », propose Marc Lüthi. « Cela éviterait les comportements extrêmes, tout en protégeant les conducteurs légitimement lents, comme les poids lourds ou les véhicules en panne. »
Plusieurs voix s’élèvent pour une meilleure formation, notamment pour les seniors. « On apprend à conduire à 18 ans, mais on ne réapprend jamais », remarque Cécile Rambert. Elle milite pour des stages de recyclage obligatoires à 65 et 75 ans, incluant des simulations de conduite en conditions réelles.
En France, des expériences pilotes ont été menées dans le Var et en Isère. Résultat : 78 % des participants ont modifié leurs comportements après le stage, notamment en apprenant à mieux anticiper les situations et à utiliser les voies d’urgence pour laisser passer.
Le débat suisse sur la lenteur au volant n’est pas qu’un détail réglementaire. Il touche à l’âme même de la conduite : jusqu’où peut-on aller dans la prudence sans devenir un danger ? La réponse ne réside ni dans la punition systématique des conducteurs lents, ni dans l’acceptation passive des comportements entravants. Elle passe par une approche nuancée : des règles claires, une formation continue, et une culture du respect mutuel sur la route.
Comme le résume Thomas Mercier : « La route, ce n’est pas une piste de course, mais ce n’est pas non plus un salon. Il faut apprendre à cohabiter, à adapter son comportement, et à comprendre que chaque conducteur a ses limites — tant qu’il ne met pas les autres en danger. »
Elle n’est pas illégale en soi, mais tout conducteur qui gêne inutilement la circulation peut être sanctionné. La loi exige une vitesse adaptée aux conditions, et interdit les comportements entravants.
Walter Gartmann propose des amendes et des stages de sécurité routière pour les cas de lenteur injustifiée. Ces mesures ne sont pas encore adoptées, mais elles font l’objet d’un débat parlementaire.
Oui, l’article R413-19 du Code de la route interdit toute vitesse anormalement réduite sans nécessité. Les contrevenants risquent une amende de 35 à 90 euros, selon la gravité et les circonstances.
Elle peut provoquer frustration, dépassements risqués, embouteillages et accidents en chaîne. Elle perturbe la fluidité du trafic et augmente la tension collective sur la route.
Non, mais ils sont souvent au cœur du débat, car plus nombreux à rouler lentement par prudence. Des initiatives de formation continue sont envisagées pour les accompagner, plutôt que de les sanctionner.
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