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À Washington, le vent politique a tourné. Depuis quelques jours, la capitale des États-Unis vit sous une nouvelle donne sécuritaire, marquée par un retour en force du pouvoir fédéral. Sous l’impulsion de Donald Trump, une série de mesures exceptionnelles a été mise en œuvre, bousculant les équilibres locaux et relançant un débat national sur l’ordre, la liberté et les limites du pouvoir exécutif. Entre opérations de terrain, tensions institutionnelles et réactions citoyennes, la ville devient le théâtre d’un vaste test de gouvernance. Les rues s’agitent, les chiffres s’affichent, les voix s’élèvent. Et chacun, du policier au sans-abri, du sénateur au commerçant, tente d’y voir clair dans cette nouvelle donne.
Le 12 août au soir, des véhicules de la Garde nationale ont commencé à rouler dans les rues de Washington, sous commandement direct du gouvernement fédéral. Un déploiement inédit, qui concerne environ 850 agents mobilisés sur ordre du président. L’objectif, selon la porte-parole Karoline Leavitt, est clair : « restaurer l’ordre là où il a disparu ». Elle affirme que les premières opérations ont déjà conduit à 23 arrestations, un chiffre qu’elle qualifie de « prometteur ». « Ce n’est que le début », insiste-t-elle, laissant entendre que les actions se multiplieront dans les semaines à venir.
L’opération s’inscrit dans une stratégie plus large baptisée « nettoyage », visant à démanteler les gangs violents et à éradiquer les zones d’insécurité. Donald Trump a justifié cette initiative par une montée de l’anarchie, qu’il décrit comme une menace directe contre la vie quotidienne des citoyens. Dans son discours, il évoque des « territoires perdus », des « poches de désordre » qu’il faut reprendre. Une rhétorique forte, qui contraste avec les données officielles locales : selon les rapports de la police municipale, la criminalité aurait baissé de 8 % au cours des six derniers mois.
À la tête de l’opération, Terry Cole, le directeur de la DEA, a été chargé par le président de coordonner les efforts entre les forces fédérales et les services locaux. Un choix stratégique, qui montre la volonté de centraliser l’action sous une autorité unique. « Cole a l’habitude des opérations complexes », explique un ancien conseiller du Pentagone, qui a travaillé avec lui sur des missions antidrogue en Amérique centrale. « Mais ici, il ne s’agit pas seulement de sécurité, c’est aussi une opération de communication politique. »
Washington, D.C., n’est pas un État. Cette particularité constitutionnelle est au cœur du débat. La ville a été créée en 1790 comme capitale fédérale, placée directement sous l’autorité du Congrès. Bien que dotée d’un conseil municipal depuis la loi de 1783, ses pouvoirs sont limités et peuvent être suspendus par le président. Ce cadre juridique permet, en cas de « troubles internes », une prise de contrôle temporaire des forces de l’ordre par l’exécutif.
Donald Trump a invoqué cet article pour décréter l’état d’urgence, une décision qui lui permet de déployer la Garde nationale sans l’accord des autorités locales. La durée légale maximale de cette intervention est de trente jours. Passé ce délai, une prolongation exigerait une validation du Congrès. Une perspective qui inquiète plusieurs élus, dont la sénatrice Lisa Torelli, qui a dénoncé « une atteinte grave à l’autonomie démocratique de la capitale ».
« Le président utilise une faille constitutionnelle, mais cela ne veut pas dire qu’elle est légitime », ajoute le professeur Elias Rombaut, spécialiste du droit constitutionnel à l’université de Georgetown. « La loi permet l’intervention, mais pas l’occupation. Il y a une nuance que beaucoup ignorent. »
Malgré la baisse des statistiques criminelles, la perception du danger reste forte chez certains habitants. C’est ce décalage entre réalité et ressenti que le président exploite. « Je ne sors plus après 20 heures », confie Alan Prescott, 62 ans, propriétaire d’un café dans le quartier de Anacostia. « Pas à cause des chiffres, mais à cause de ce que je vois. Des groupes, des tags, des déchets partout. Ça donne l’impression que la ville est abandonnée. »
En revanche, pour Maria Kandji, travailleuse sociale dans un centre d’hébergement, cette intervention est une catastrophe annoncée. « On parle de “nettoyage”, mais qui nettoie-t-on ? Les rues ? Ou les gens ? Les sans-abri sont chassés, menacés, expulsés. On les pousse “loin de la ville”, comme si on pouvait effacer la pauvreté d’un revers de main. »
Le modèle utilisé à Washington n’est pas nouveau. En juin dernier, Donald Trump a déployé la Garde nationale à Los Angeles, contre l’avis du gouverneur de Californie, Gavin Newsom. L’opération, censée réprimer des violences liées à des manifestations anti-migratoires, avait déjà suscité une vive polémique. À l’époque, 700 marines avaient été envoyés sur place, renforçant un dispositif controversé par les associations de défense des droits civiques.
« C’était un test grandeur nature », analyse Julia Mendez, journaliste à Politico. « Le président a voulu voir si l’opinion publique acceptait un recours accru à l’armée pour des questions de sécurité intérieure. À Los Angeles, cela a fonctionné médiatiquement, même si sur le terrain, les résultats étaient mitigés. »
Le schéma se répète à Washington, mais avec une différence notable : cette fois, les forces militaires sont accompagnées d’unités civiles spécialisées dans la lutte contre les gangs et le trafic de drogue. Le rapprochement entre police fédérale et militaire inquiète certains experts. « On assiste à une militarisation de la police urbaine », prévient le général retraité Marcus Bellweather. « Ce n’est pas seulement une question de moyens, c’est une transformation de la culture du maintien de l’ordre. »
Les expulsions de campements de sans-abri ont commencé dans plusieurs quartiers centraux. Les autorités fédérales ont émis des ordres d’évacuation, accompagnés de menaces de sanctions pénales. « On nous dit de partir, mais on ne nous dit pas où aller », témoigne Robert Haines, 54 ans, sans domicile fixe depuis la crise de 2020. « Il y a des gens malades, des vétérans, des femmes seules. Et on les traite comme des criminels. »
Le maire de Washington, Paul Delacroix, a tenté de négocier un retrait progressif, avec des solutions d’hébergement d’urgence. Mais ses propositions ont été rejetées par l’équipe de Terry Cole, qui affirme que « la priorité est la sécurité publique, pas l’assistance sociale ».
Dans les rues, la présence des forces fédérales est visible. Des check-points ont été installés, des patrouilles renforcées, et des caméras supplémentaires déployées. Certains commerçants se disent rassurés. « Depuis trois jours, je n’ai plus vu de tag sur ma vitrine », note Sophie Lin, propriétaire d’une librairie dans le quartier de Dupont Circle. « Et les clients reviennent. »
Mais d’autres habitants expriment une crainte croissante. « On se croirait dans une ville sous occupation », murmure David O’Keefe, enseignant en histoire. « Les visages sont fermés, les gens parlent moins. Il y a une ambiance de suspicion. »
Les associations de défense des droits civiques ont signalé plusieurs cas d’interpellations arbitraires, notamment dans les quartiers à forte population noire. « On observe une forme de profilage systématique », affirme Lena Bouvier, avocate au sein de l’ACLU locale. « Des jeunes sont arrêtés pour “comportement suspect”, sans mandat ni preuve. C’est inquiétant. »
La question centrale est celle de la durée. Trente jours, c’est le maximum autorisé sans vote du Congrès. Mais Karoline Leavitt a laissé entendre que le président envisageait une prolongation. « Si les résultats sont là, pourquoi s’arrêter ? » a-t-elle déclaré lors d’un point presse.
Le Congrès devra donc se prononcer. Certains sénateurs républicains soutiennent l’initiative, comme James F. Harlow, qui voit dans cette opération « une réponse courageuse à une crise réelle ». Mais d’autres, comme la démocrate Elisa Montoya, mettent en garde contre un précédent dangereux : « Si le président peut occuper une ville chaque fois qu’il le veut, où s’arrête le pouvoir local ? »
Le débat s’annonce tendu. En coulisses, des tractations ont déjà commencé. Un groupe bipartite travaille sur un amendement visant à encadrer plus strictement les interventions fédérales dans les capitales locales. « Il faut des garde-fous », insiste le représentant Theo N’Doye. « Même si on veut de l’ordre, on ne peut pas sacrifier la démocratie. »
Le statut particulier de Washington, D.C., placée sous l’autorité directe du Congrès, permet au président de décréter l’état d’urgence et de déployer des forces fédérales sans accord local. Cette disposition constitutionnelle, renforcée par la loi de 1973, autorise une intervention de trente jours maximum, renouvelable seulement avec l’approbation du Congrès.
Le président invoque une montée de l’anarchie, des gangs violents et des bidonvilles qui menaceraient la sécurité des citoyens. Il affirme vouloir « nettoyer » la capitale pour permettre une vie normale. Cette justification s’appuie sur une perception alarmiste de l’insécurité, bien que les statistiques officielles montrent une baisse récente de la criminalité.
Les sans-abri sont particulièrement affectés, avec des ordres d’évacuation sans solution d’hébergement alternative. Des témoignages dénoncent des expulsions brutales, des menaces et un manque de considération pour les droits fondamentaux. Les associations alertent sur une politique de « nettoyage social » qui cible les plus fragiles.
En juin, un déploiement similaire a eu lieu à Los Angeles, avec des forces de la Garde nationale et des marines, pour réprimer des violences liées à des manifestations. Cette opération, menée contre l’avis du gouverneur, avait déjà soulevé des critiques sur le plan légal et éthique. Elle a servi de modèle à l’action actuelle à Washington.
Le Congrès devra décider si l’intervention fédérale est prolongée au-delà de trente jours. Ce vote s’annonce crucial, car il posera la question du pouvoir exécutif face aux autorités locales. Un amendement est en discussion pour mieux encadrer ces interventions futures, afin d’éviter un précédent autoritaire.
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