Verneuil Choc Agriculteurs Mine Manganese
Dans le paysage bucolique de Verneuil, une tempête silencieuse couve depuis quelques mois. La découverte fortuite d’un gisement de manganèse sous des terres agricoles ancestrales a jeté une pierre dans la mare de cette communauté rurale, révélant des fractures entre développement économique et préservation des modes de vie traditionnels.
Lorsque les résultats des prospections géologiques tombent en février 2023, c’est tout l’équilibre de la région qui bascule. La société Minéraux Horizon annonce la présence d’un important filon de manganèse sous 45 hectares de champs cultivés. « J’ai d’abord cru à un canular », soupire Antoine Rouverol, apiculteur depuis quinze ans. « Nos ruches sont installées depuis trois générations dans ces bois, comment peut-on imaginer tout raser ? »
Parmi les visages marqués par l’inquiétude, celui de Nathalie Soréal, maraîchère bio, revient souvent dans les réunions de protestation. « Mes légumes nourrissent deux cent familles via les AMAP locales. Si on m’exproprie, ce sont des dizaines d’emplois et toute une filière courte qui disparaissent », explique-t-elle en montrant ses serres baignées de soleil.
Le manganèse, cet oligo-élément méconnu du grand public, se révèle indispensable dans notre quotidien technologique. « Sans lui, pas d’acier résistant pour les éoliennes, ni de batteries performantes pour les véhicules électriques », précise le géologue Marc-Edouard Tassigny, consultant pour la région. Une étude récente estime que le gisement pourrait approvisionner 8% des besoins nationaux pendant douze ans.
Les promoteurs du projet mettent en avant des retombées économiques tangibles : près de 180 emplois directs et une manne fiscale de 3 millions d’euros annuels pour la commune. « Je comprends les agriculteurs, mais on parle aussi d’opportunités pour nos jeunes », nuance le maire, Sébastien Lavigne, devant un conseil municipal divisé.
Dans son bureau de militant aguerri, Luc Béraud de l’association Terre Vive déroule des cartes inquiétantes. « La nappe phréatique alimente sept communes en eau potable. Un seul incident de pollution pourrait contaminer toute la vallée pour des décennies. » Des études indépendantes pointent des risques accrus de poussières toxiques et d’acidification des sols.
Le biologiste Arnaud Vesson a recensé 137 espèces protégées dans le périmètre minier potentiel. « La pie-grièche à poitrine rose niche ici depuis toujours. Sa disparition serait une perte irréparable pour l’écosystème », alerte-t-il en montrant des photos de ce petit oiseau au plumage délicat.
Devant la mairie, un groupe hétéroclite s’agrandit chaque semaine : jeunes parents poussant des landaus, retraités en bérets, néo-ruraux tatoués. « On a créé le Collectif Verneuil Fertile pour mettre en commun nos compétences », explique Élodie Montrésor, ex-juriste revenue cultiver ses roses anciennes. Leur arme ? Un recours devant le tribunal administratif basé sur une faille dans l’étude d’impact.
L’agroéconomiste Clara Duvallon a chiffré un projet d’agriculture durable qui créerait presque autant d’emplois que la mine. « Avec des circuits courts et une filière bio, on peut générer 2,8 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel sans détruire les sols », argumente-t-elle devant un auditoire attentif.
La préfète Marie-Ange Salvan a demandé un moratoire de six mois, suscitant l’ire des investisseurs. « Certains élus régionaux nous traitent d’écolos retardataires, mais la loi impose des consultations sérieuses », rétorque-t-elle dans un entretien téléphonique tendu. Pendant ce temps, Bruxelles surveille le dossier, le site se trouvant en zone Natura 2000.
Maître Simon Kovatchev, spécialiste des contentieux miniers, voit plusieurs scénarios possibles : « Soit on aboutit à une expropriation pure et simple avec compensation financière, soit à un gel du projet si les études environnementales sont jugées insuffisantes. Le troisième scénario, plus innovant, serait une cogestion du territoire entre mineurs et agriculteurs. »
Ce bras de fer local fait écho à douze autres situations similaires en France métropolitaine. « Verneuil devient malgré elle un laboratoire des tensions entre souveraineté minérale et transition écologique », analyse la sociologue Amina Belkacem. Son dernier ouvrage décrypte comment ces micro-conflits redessinent les équilibres politiques territoriaux.
L’économiste Thibaut Roussillon plaide pour une refonte complète du code minier. « L’extraction doit devenir l’exception, pas la règle. La priorité devrait être le recyclage des métaux existants et la sobriété matérielle. » Ses calculs montrent qu’en triplant nos taux de recyclage du manganèse, on réduirait de 40% les besoins en extraction.
Trois groupes se retrouvent en première ligne : les agriculteurs comme Nathalie Soréal qui risquent de perdre leurs terres, les employés potentiels de la future mine, et les habitants inquiets pour leur environnement et leur santé.
Ce métal améliore la résistance des aciers et la performance des batteries lithium-ion. La transition énergétique en a quintuplé la demande depuis 2015, créant une pression extractive inédite.
Plusieurs pistes émergent : exploitation minière écologiquement responsable avec technologies de pointe, compensation agricole sous forme de terres alternatives, ou développement de filières parallèles comme l’agroécologie intensive.
Le collectif Verneuil Fertile publie des bulletins d’information bimensuels, tandis que la préfecture met à jour ses décisions sur un portail dédié. Les prochaines audiences au tribunal sont attendues pour le trimestre prochain.
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