Virements bancaires bloqués deux jours en 2025 : comment anticiper la coupure européenne

En pleine période des fêtes, alors que les familles s’apprêtent à échanger cadeaux et repas, une autre forme d’échange risque de connaître un sérieux ralentissement : les virements bancaires. Une coupure planifiée du réseau européen de paiement interbancaire, programmée les 25 et 26 décembre, va figer pendant deux jours l’ensemble des transferts SEPA. Ce n’est pas une panne, mais une maintenance nécessaire, coordonnée à l’échelle du continent. Pourtant, l’impact sur les particuliers, les entreprises et les institutions peut être réel. Entre salaires bloqués, loyers retardés et factures impayées, la préparation devient essentielle. À travers témoignages, explications techniques et conseils pratiques, voici ce qu’il faut savoir pour traverser cette pause sans encombre.

Pourquoi le réseau européen de paiement s’arrête-t-il pendant deux jours ?

Le système bancaire européen repose sur une infrastructure invisible mais vitale : TARGET2. Ce réseau, géré par la Banque centrale européenne, permet d’assurer les virements entre banques dans l’Union. Chaque transaction SEPA – qu’elle soit d’un particulier vers un proche ou d’une entreprise vers un fournisseur – passe par ce système central. Or, comme tout outil technique, il nécessite des arrêts réguliers pour maintenance, mise à jour et coordination entre les États membres.

Ces pauses sont planifiées à l’avance, souvent en lien avec les jours fériés européens. Cette année, la coupure tombe précisément les 25 et 26 décembre, deux jours non ouvrés. Pendant cette période, aucune transaction interbancaire ne sera traitée. Les ordres passés avant ou durant la fermeture seront mis en attente et exécutés dès la reprise du système.

« C’est comme un tunnel routier fermé pour travaux », explique Lucien Roche, ingénieur financier à Lyon. « On ne peut pas dire que le trafic est coupé, mais il est suspendu temporairement. Ceux qui ont prévu leur trajet à l’avance passent avant ; les autres attendent. »

Ce type d’arrêt n’est pas nouveau. En avril dernier, une pause similaire avait déjà eu lieu du 18 au 21, suivie d’un arrêt le 1er mai. Chaque fois, les conséquences ont été mesurées, mais réelles : des retards dans les paiements, des tensions sur les trésoreries, et parfois, des incompréhensions chez les usagers.

Comment TARGET2 influence-t-il les virements quotidiens ?

Chaque virement SEPA, qu’il soit ponctuel ou programmé, dépend de la bonne marche de TARGET2. Ce système assure la compensation entre banques, même si les deux institutions sont situées dans des pays différents. Sans lui, les transferts ne peuvent pas être validés. Les banques françaises, allemandes, espagnoles ou italiennes sont toutes interconnectées via cette infrastructure.

Le 25 décembre, un virement initié depuis une banque française vers un compte belge ne sera ni enregistré ni exécuté. Il sera placé en file d’attente et traité à partir du 27, dès que le réseau sera réactivé.

Quels impacts concrets sur les paiements et la gestion quotidienne ?

La suspension du réseau ne concerne pas seulement les transferts internationaux. Elle touche aussi les virements nationaux, les paiements de salaires, les loyers, les aides sociales ou encore les remboursements entre particuliers.

Les entreprises, en particulier les PME, doivent faire preuve de vigilance. « On a cru que c’était automatique », témoigne Chloé Vernet, dirigeante d’une petite entreprise de communication à Bordeaux. « On a programmé la paie pour le 24 décembre, pensant qu’elle serait versée le 25. Mais nos employés ont vu l’argent arriver seulement le 27. Cela a créé de la frustration, surtout pendant les fêtes. »

Depuis cet épisode, elle a revu toute sa procédure : désormais, les salaires sont programmés au plus tard le 22, avec un message clair envoyé à chaque collaborateur. « On ne prend plus de risque. La trésorerie, c’est comme la météo : il faut regarder les prévisions. »

Les particuliers ne sont pas épargnés. Ceux qui règlent leur loyer par virement programmé doivent s’assurer que l’ordre soit lancé suffisamment en amont. Un paiement initié le 25 sera traité avec un retard pouvant aller jusqu’à trois jours. Idem pour les aides familiales, les pensions alimentaires ou les dons réguliers à des associations.

Et les retraites et prestations sociales ?

Les pensions de retraite et autres prestations versées par des organismes publics suivent un calendrier précis, souvent indépendant des jours ouvrés bancaires. Toutefois, en cas de changement de date de versement – comme la revalorisation des prestations CARSAT annoncée prochainement –, il est crucial de vérifier si le décalage coïncide avec la coupure.

« J’ai reçu un message de ma banque m’informant que ma retraite serait versée le 23 décembre, au lieu du 26 », raconte Henri Marchand, 72 ans, retraité à Clermont-Ferrand. « C’était une bonne nouvelle, car j’avais peur de manquer d’argent pendant les fêtes. Mais je me suis demandé pourquoi ils ne l’avaient pas fait plus tôt. En réalité, c’était pour éviter la coupure. »

Ces ajustements, souvent discrets, montrent que les institutions bancaires et publiques anticipent. Mais elles ne communiquent pas toujours assez clairement avec les usagers.

Comment limiter l’impact sur vos finances et votre trésorerie ?

La clé pour traverser cette période sans stress réside dans l’anticipation. Quelques jours suffisent pour éviter les mauvaises surprises.

« On a intégré cette date dans notre agenda stratégique », affirme Malik Benhima, responsable financier d’un groupement d’artisans en Île-de-France. « Dès qu’on sait qu’il y a une coupure, on décale tous les paiements fournisseurs au 23. Et on prévient les clients que les factures réglées après le 24 ne seront encaissées qu’en janvier. »

Il recommande également de vérifier les soldes disponibles avant la pause. Une entreprise peut avoir des ordres de paiement en attente, mais si le solde est insuffisant au moment de l’exécution, cela peut entraîner des incidents bancaires.

Quelles solutions alternatives existent ?

Pendant la coupure, les virements interbancaires sont bloqués, mais d’autres moyens de paiement restent actifs. Les cartes bancaires, qu’elles soient physiques ou virtuelles, fonctionnent normalement. Un achat en ligne, un paiement en magasin ou un retrait d’espèces n’est pas impacté.

« J’ai utilisé ma carte pour régler un cadeau urgent le 25 », explique Léa Dupuis, étudiante à Strasbourg. « Je savais que mon virement vers mon compte secondaire serait bloqué, donc j’ai payé directement avec ma carte principale. C’était simple, et sans frais. »

Les chèques, bien que de moins en moins utilisés, restent une option viable pour les paiements ponctuels. Ils ne passent pas par TARGET2, mais leur traitement peut aussi être ralenti si la banque du bénéficiaire est en attente de compensation.

Enfin, certaines fintechs et néobanques proposent des solutions de paiement instantané, indépendantes du système SEPA. Ces services, souvent basés sur des accords privés entre institutions, peuvent permettre de contourner temporairement la coupure – mais attention, ils ne sont pas universels et peuvent impliquer des frais.

Comment intégrer ce calendrier bancaire dans votre organisation ?

La fermeture de TARGET2 n’est pas une exception, mais une réalité structurelle du système bancaire européen. Elle se reproduira chaque année, probablement aux mêmes périodes : autour de Pâques, du 1er mai, et des fêtes de fin d’année.

« C’est comme les grèves du métro à Paris », observe Camille Tissot, consultante en gestion de trésorerie. « On ne peut pas les empêcher, mais on peut s’organiser. Il faut intégrer ces dates dans ses plannings, comme on le fait pour les vacances scolaires ou les jours fériés. »

Pour les particuliers, cela signifie : vérifier les dates de prélèvements automatiques, programmer les virements importants au moins trois jours avant la coupure, et informer les proches concernés par des transferts réguliers.

Pour les entreprises, cela implique : anticiper les paiements de salaires, ajuster les échéances clients et fournisseurs, et communiquer en interne. Un simple message aux collaborateurs peut éviter des inquiétudes inutiles.

Quand faut-il agir ?

Le moment clé, c’est maintenant. Même si la coupure semble lointaine, les banques commencent déjà à envoyer des alertes. Les paramétrages informatiques doivent être ajustés, les équipes informées, les flux de trésorerie analysés.

« On a mis en place un calendrier bancaire annuel », confie Malik Benhima. « Chaque trimestre, on fait un point avec notre comptable. On vérifie les dates critiques, on ajuste les règlements. Cela nous a sauvé plusieurs fois. »

A retenir

Les virements bancaires seront-ils totalement bloqués les 25 et 26 décembre ?

Oui, tous les virements SEPA interbancaires seront suspendus pendant ces deux jours en raison de la maintenance du système TARGET2. Les ordres passés avant ou pendant la coupure seront traités à partir du 27 décembre.

Les paiements par carte sont-ils concernés ?

Non, les paiements par carte bancaire, qu’ils soient en ligne ou en magasin, ne dépendent pas du système TARGET2 et resteront fonctionnels pendant la coupure.

Faut-il s’attendre à des frais supplémentaires ?

En général, non. La coupure est planifiée et ne génère pas de frais automatiques. Toutefois, certaines solutions alternatives, comme les paiements instantanés via fintech, peuvent impliquer des coûts spécifiques.

Les transferts entre mes propres comptes sont-ils impactés ?

Cela dépend de votre banque. Si les comptes sont dans la même institution, le transfert peut être traité en interne et ne pas passer par TARGET2. En revanche, si les comptes sont dans des banques différentes, le transfert sera soumis à la coupure.

Les entreprises doivent-elles décaler la paie ?

Oui, si la paie est versée par virement SEPA, il est fortement conseillé de la programmer au plus tard le 23 décembre pour garantir un crédit le 24 ou 25. Un virement lancé le 24 risque d’être crédité seulement le 27.

Les retraites et aides sociales seront-elles versées à temps ?

Les organismes versant les prestations sociales anticipent généralement ces coupures. Les dates de versement peuvent être ajustées en amont. Il est recommandé de consulter les informations fournies par sa caisse ou sa banque.

Existe-t-il des exceptions pour les urgences ?

Non, le système est fermé pour maintenance. Il n’existe pas de procédure d’urgence pour les virements SEPA pendant cette période. Les solutions alternatives passent par les cartes, les espèces ou les services de paiement instantané, si disponibles.

En somme, cette pause bancaire, bien qu’invisible pour beaucoup, rappelle que derrière chaque virement se cache un système complexe, coordonné à l’échelle européenne. Préparer ses opérations, anticiper les délais et communiquer en amont : voilà les gestes simples qui permettent de traverser la coupure sans accroc. Comme le dit Lucien Roche : « Dans la finance, ce n’est pas la technologie qui manque, c’est souvent la prévoyance. »