Alsace Retraite Gisement Interdit
Dans les paysages verdoyants de l’Alsace, une histoire digne d’un roman s’est jouée. Un homme, une passion et une découverte accidentelle qui pourrait changer le destin de toute une région. Voici l’étonnante aventure de Marcel Lefevre, retraité géologue, et du trésor caché sous ses pieds.
À 74 ans, Marcel Lefevre n’a jamais vraiment pris sa retraite. Cet ancien géologue arpente depuis des décennies les sols alsaciens, son marteau de prospection toujours à portée de main. « Les cailloux, c’est ma vie », confie-t-il avec un sourire malicieux. Après quarante ans de carrière dans un bureau d’études, il continue d’explorer par pur plaisir les environs de son village de Riquewiller.
Ce mardi de printemps ressemblait à tous les autres. Marcel effectuait sa randonnée hebdomadaire vers les collines environnantes lorsqu’il a remarqué une altération de couleur dans un affleurement rocheux. « Quelque chose clochait dans la formation schisteuse », raconte-t-il. Ce qui devait être une simple curiosité géologique allait se révéler bien plus important.
Les analyses commandées par Marcel ont révélé la présence de néodyme, de dysprosium et de terbium – des terres rares essentielles aux technologies vertes et aux appareils électroniques. Le Dr Amélie Vautrin, minéralogiste à l’université de Strasbourg, explique : « Ces éléments permettent de fabriquer des aimants performants pour éoliennes ou véhicules électriques. Leur exploitation est stratégique au niveau national. »
Le gisement, d’une superficie de 3 hectares, contiendrait suffisamment de minerais pour justifier une exploitation industrielle. Les experts estiment sa valeur à 62 millions d’euros sur vingt ans de production. « Nous parlons de la plus importante découverte de terres rares en France depuis trente ans », souligne Pierre-Yves Courtois, directeur de l’Observatoire des ressources minérales.
L’article L111-1 du code minier est formel : « Les substances minérales contenues dans le sous-sol appartiennent à l’État. » Cette règle, héritée du Moyen Âge, prévoit que seul l’exploitant agréé – généralement une entreprise – peut tirer profit de la ressource. Maître Éloïse Rambourg, avocate en droit minier, précise : « Le découvreur peut éventuellement être indemnisé pour les travaux de prospection, mais pas pour la valeur du gisement lui-même. »
Cette situation soulève d’importantes questions. « Comment motiver les prospecteurs amateurs si leurs découvertes ne bénéficient qu’à l’État et aux industriels ? », s’interroge Simon Keller, président de la Fédération française des géologues amateurs. Certains pays comme l’Australie prévoient des royalties pour les découvreurs, un système que la France pourrait étudier.
Riquewiller, commune de 800 habitants, pourrait voir sa démographie bouleversée. « Nous anticipons la création d’une centaine d’emplois directs », explique le maire Fabien Ostermann. Une usine de traitement est déjà envisagée sur une friche industrielle locale. Parmi les premiers bénéficiaires : Lucas Meyer, 24 ans, mécanicien au chômage. « C’est une chance inespérée de travailler près de chez moi », confie-t-il.
Le lycée professionnel de Sélestat envisage d’ouvrir une filière « Technicien en extraction minière » dès la rentrée prochaine. « Dix-huit élèves se sont déjà pré-inscrits », se réjouit la proviseure Nathalie Kieffer. L’université de Strasbourg a quant à elle lancé un programme de recherche sur l’extraction durable des terres rares.
Le député Jérôme Wolff a déposé une proposition de loi visant à créer un « droit de découvreur ». « Il s’agirait d’instaurer une prime équivalente à 5% de la valeur du gisement », explique-t-il. Le texte, soutenu par plusieurs associations de prospecteurs, sera examiné cet automne à l’Assemblée nationale.
En 1983, un agriculteur corse avait découvert un gisement de cuivre qui porte aujourd’hui son nom. Son petit-fils, Antoine Paoli, aujourd’hui conseiller municipal : « Mon grand-père n’a touché que 15 000 francs de l’époque. Cette injustice doit servir de leçon. »
Marcel Lefevre, retraité géologue de 74 ans, lors d’une promenade près de Riquewiller en Alsace.
Environ 62 millions d’euros sur vingt ans d’exploitation, selon les experts miniers.
Le code minier français attribue la propriété des ressources souterraines à l’État, sans rémunération significative pour le découvreur.
Création d’emplois, développement de formations spécialisées et attractivité économique renforcée pour l’Alsace.
Une proposition de loi visant à instaurer une rémunération pour les découvreurs est à l’étude au Parlement.
L’histoire de Marcel Lefevre dépasse le simple fait divers. Elle interroge notre rapport aux ressources naturelles et à ceux qui les révèlent. Entre tradition minière et modernité économique, entre intérêt collectif et reconnaissance individuelle, ce petit village alsacien est devenu le symbole d’un débat national. La suite dépendra autant des géologues que des juristes, des politiques que des citoyens. Une certitude cependant : le nom de Marcel restera gravé dans l’histoire locale, bien au-delà de la valeur des minerais qu’il a découverts.
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