La manière dont nous nous exprimons est bien plus qu’une simple transmission d’informations. C’est une fenêtre ouverte sur notre personnalité, notre assurance et notre légitimité perçue. Nombreuses sont les personnes qui, sans en avoir conscience, minent leur propre crédibilité par des formulations toxiques. Pourtant, en identifiant et corrigeant ces failles linguistiques, il est possible de transformer radicalement son impact professionnel et personnel.
Pourquoi nos mots trahissent-ils parfois notre manque d’assurance ?
Clémentine Vercel, consultante en communication non-verbale, témoigne : « En analysant mes propres discours, j’ai découvert avec stupeur que j’utilisais en moyenne cinq formules auto-dépréciatives par réunion. Une véritable hémorragie de crédibilité ! » Comme elle, 68% des professionnels sous-estiment leur manière de s’exprimer, selon une étude de l’INSEAD.
Quelles sont les 7 expressions les plus dommageables à éliminer ?
1. Les excuses systématiques
« Je suis désolé, mais… » est l’équivalent verbal d’un drapeau blanc brandi avant même le combat. « Quand j’ai supprimé cette formule, mes collègues ont commencé à considérer mes propositions avec bien plus de sérieux », constate Mathias Sorel, chef de projet dans l’industrie pharmaceutique.
2. L’accumulation de termes hésitants
« Je pense que je pourrais peut-être… » est une triple caution d’incertitude. La psychologue Agathe Reynaud conseille : « Chaque mot parasite diminue votre impact de 30%. Préférez des affirmations claires comme ‘Je propose de…' ».
3. La minimisation de ses opinions
« Ce n’est que mon avis… » est un cadeau empoisonné fait à son propre discernement. « En coaching, je fais répéter mes clients jusqu’à ce qu’ils énoncent leurs idées sans ce préambule destructeur », explique le formateur Olivier Castel.
4. L’auto-dévaluation de son expertise
« Je ne suis pas expert, mais… » revient à saboter son propre droit à s’exprimer. « J’ai réalisé que mes connaissances valaient celles des autres quand j’ai vu un stagiaire s’exprimer avec plus d’assurance que moi sur un sujet que je maîtrisais mieux », raconte en souriant Élodie Tamier, développeuse senior.
5. La dépréciation de ses besoins
« Désolé de vous déranger… » positionne systématiquement l’interlocuteur comme plus important. « J’ai remplacé cette formule par ‘Quand auriez-vous un moment pour échanger sur…?’ et mes relations professionnelles se sont immédiatement équilibrées », partage Karim Benali, responsable marketing.
6. L’engagement conditionnel
« J’essaierai de… » est le meilleur moyen de ne jamais être pris au sérieux. « Depuis que je dis clairement ‘Je le fais pour vendredi’ ou ‘Je ne peux pas le faire parce que…’, on me considère comme bien plus fiable », constate Anaïs Prévert, cadre dans la grande distribution.
7. L’introduction défaitiste
« Je ne sais pas si c’est une bonne idée… » est une proposition de rejet anticipé. « J’ai appris à dire ‘Je suggère cette approche parce que…’ et le taux d’adoption de mes idées a doublé », révèle Thibault Noyon, directeur innovation.
Comment notre cerveau réagit-il à ces changements linguistiques ?
Les neurosciences ont prouvé que notre langage façonne notre identité. « Quand j’ai commencé à supprimer les formules d’auto-sabotage, j’ai senti mon estime de moi grimper en flèche », témoigne Lise Morin, ancienne timide devenue responsable d’équipe. Une étude de Cambridge confirme cet effet : après 21 jours de langage affirmé, les participants montraient une augmentation de 37% de leur confiance perçue.
Quelles stratégies adopter pour transformer durablement sa communication ?
Le changement demande une vigilance constante. « J’ai créé des alertes sur mon téléphone pour me rappeler d’éviter mes formules toxiques », partage Victor Lenoir, commercial. Les experts recommandent aussi l’enregistrement de ses prises de parole et des exercices de reformulation avec un collègue bienveillant.
A retenir
Quel est l’impact réel de ces petites phrases apparemment anodines ?
Elles peuvent réduire votre crédibilité perçue jusqu’à 60% selon les situations, et influencent directement les opportunités qui vous sont offertes.
Combien de temps faut-il pour modifier ces habitudes linguistiques ?
Entre 3 à 8 semaines de pratique consciente pour des changements durables, avec des effets perceptibles dès les premiers jours.
Ces modifications risquent-elles de me faire passer pour arrogant ?
Absolument pas si vous maintenez courtoisie et ouverture au dialogue. Il s’agit de supprimer l’auto-sabotage, pas l’humilité.
Conclusion
Transformer son langage, c’est transformer son identité professionnelle. Comme le résume si bien la consultante Éléonore Vaisse : « Nos mots sont les architectes de notre réalité sociale. » En éliminant ces sept formulations toxiques, vous ne changerez pas seulement la manière dont les autres vous perçoivent – vous changerez fondamentalement la relation que vous entretenez avec vous-même. Le premier pas ? Choisissez dès aujourd’hui une expression à bannir, et observez la différence.