Le figuier, cet arbre généreux aux fruits savoureux et au feuillage généreux, enchante nos jardins depuis des siècles. Mais derrière son apparente tranquillité se cache un écosystème vibrant qui attire une faune insoupçonnée, dont certains visiteurs peuvent surprendre même les jardiniers les plus aguerris. Explorons ensemble les relations complexes entre ces arbres mythiques et leurs hôtes reptiliens, à travers des conseils pratiques et des témoignages de passionnés.
Pourquoi observe-t-on souvent des serpents près des figuiers ?
Contrairement aux apparences, les serpents ne viennent pas directement pour le figuier lui-même. Mathilde Vasseur, horticultrice en Provence depuis 20 ans, explique : « J’ai longtemps cru que c’était l’odeur des fruits qui attirait les couleuvres. En réalité, c’est toute la micro-société qui se crée autour de l’arbre qui les intéresse. »
Un écosystème complet sous les feuilles
Le figuier agit comme un véritable aimant à biodiversité. Ses fruits sucrés attirent insectes et petits rongeurs, qui eux-mêmes deviennent proies pour les reptiles. « Dans mon jardin à Gignac, se souvient Théo Lombard, j’ai observé tout un cycle : figues mûres → mulots → couleuvres. Comme une pyramide alimentaire miniature. »
Un habitat multi-fonctions
Entre leurs racines labyrinthiques et leur dense feuillage, les figuiers offrent aux serpents :
- Des cachettes parfaites contre les prédateurs
- Des zones de thermorégulation idéales
- Des positions stratégiques pour chasser
Quels reptiles peut-on réellement trouver sous nos figuiers ?
Selon les régions, la faune reptilienne varie considérablement. En France métropolitaine, on observe principalement :
- La couleuvre verte et jaune (Harmony, garde forestière dans les Cévennes, en a photographié trois différentes en une saison)
- La coronelle girondine (plus discrète, selon les observations de Sylvain Rocher dans son verger du Lot-et-Garonne)
- Occasionnellement des vipères aspic, surtout dans les zones rocailleuses
Comment détecter la présence de ces hôtes discrets ?
Plusieurs indices trahissent leur passage :
- Des mues abandonnées (Juliette Bernier en a collectionné une dizaine en cinq ans)
- Des traces en « S » caractéristiques dans la poussière
- Un silence anormal des oiseaux quand on approche de l’arbre
Clémence Dumont, propriétaire d’une oliveraie dans le Var, raconte : « Un jour, j’ai vu les mésanges s’agiter étrangement. En regardant mieux, j’ai découvert une magnifique couleuvre de Montpellier en train de se chauffer au soleil sur une grosse branche. »
Quelles solutions existent pour une cohabitation harmonieuse ?
Plusieurs approches permettent de réduire les rencontres indésirables sans nuire à l’écosystème.
Aménagements préventifs
- Maintenir une zone dégagée de 1m autour du tronc
- Installer un paillage minéral (galets, ardoise pilée)
- Tailler régulièrement les branches basses
Antoine Leclerc a testé ces méthodes dans sa propriété de l’Hérault : « En trois saisons, les visites de serpents ont diminué de 70%, sans utiliser aucun produit chimique. »
Gestion des fruits
Ramasser quotidiennement les figues tombées au sol prive les rongeurs de nourriture facile. « Depuis que je fais la tournée chaque matin avec mon panier, j’ai remarqué une vraie différence », confie Élodie Samson, qui cultive six variétés différentes dans les Alpes-Maritimes.
Solutions naturelles
Certaines plantes semblent avoir un effet répulsif :
- La rue officinale (testée avec succès par Damien Voisin en Dordogne)
- L’ail décoratif (planté en bordure par la famille Moreau dans le Gard)
- La lavande (utilisée en haie basse par la pépiniériste Corinne Fabre)
Comment réagir face à un serpent sous son figuier ?
La plupart des rencontres se terminent sans incident si on respecte quelques règles :
- Rester calme et ne pas faire de mouvements brusques
- Reculer lentement pour laisser une issue à l’animal
- Ne jamais essayer de le toucher ou de le déplacer soi-même
Comme le rappelle Olivier Noyer, herpétologue amateur : « Sur 50 signalements que je reçois chaque été, 49 concernent des serpents complètement inoffensifs qui cherchent juste à se mettre à l’abri. »
Les serpents ne sont-ils pas finalement utiles ?
Ces reptiles jouent un rôle écologique essentiel :
- Régulation naturelle des rongeurs
- Indicateur de biodiversité
- Équilibre des chaînes alimentaires
« Depuis qu’une famille de couleuvres s’est installée, je n’ai plus de problème de campagnols », constate avec amusement Sabine Leroi dans son jardin en Corrèze.
A retenir
Les figuiers attirent-ils directement les serpents ?
Non, ce sont les petits animaux attirés par les fruits qui intéressent les reptiles. C’est toute une chaîne alimentaire qui se met en place.
Faut-il abattre son figuier par peur des serpents ?
Absolument pas ! Avec quelques aménagements simples, on peut parfaitement concilier plaisir des figues et tranquillité au jardin.
Quand faut-il vraiment s’inquiéter ?
Seule la présence répétée d’espèces venimeuses (comme certaines vipères) dans des zones très fréquentées peut justifier des mesures plus radicales.
Le figuier reste un trésor de nos jardins méditerranéens. Comme le résume si bien Lucas Beaulieu, paysagiste à Apt : « Plutôt que de craindre nos voisins à écailles, apprenons à les connaître. Après tout, ils étaient là bien avant nous sous ces arbres millénaires. » Entre mesures préventives et tolérance écologique, une cohabitation équilibrée est à la portée de tous les jardiniers.