L’Arabie saoudite est en train d’écrire un nouveau chapitre de son histoire, marqué par une ambition sans précédent : transformer son économie et son territoire en un modèle d’innovation et de durabilité. Au cœur de cette métamorphose, le projet phare de Neom et son port futuriste Oxagon redéfinissent les standards technologiques, commerciaux et environnementaux. Plongée dans une révolution qui dépasse les frontières.
Pourquoi Oxagon est-il un projet clé pour le commerce mondial ?
Positionné stratégiquement sur les rives de la mer Rouge, à proximité du canal de Suez, Oxagon n’est pas qu’un simple port. C’est un carrefour conçu pour fluidifier 40 % des échanges maritimes mondiaux entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique. « C’est comme construire un aéroport international, mais pour les porte-conteneurs », explique Karim Al-Fares, expert en logistique basé à Dubaï. Les grues robotisées et les systèmes d’IA promettent de réduire les temps d’attente de 70 %, selon les projections.
L’atout géographique : une fenêtre sur trois continents
La situation géographique est un argument imparable. Contrairement aux ports historiques comme Djeddah, Oxagon bénéficiera d’une connexion directe avec les nouvelles routes commerciales émergentes, notamment celles contournant les zones de tension géopolitique. Une étude du MIT estime que cela pourrait générer 200 milliards de dollars de flux supplémentaires d’ici 2035.
Comment l’Arabie saoudite réinvente-t-elle son économie ?
La Vision 2030 n’est plus un slogan mais une réalité tangible. Avec seulement 16 % de PIB lié au pétrole en 2023 contre 50 % il y a dix ans, la diversification s’accélère. « Nous construisons l’après-carbone dès aujourd’hui », confie Leïla Benbrahim, ingénieure marocaine recrutée pour superviser les smart grids d’Oxagon. Le projet représente 12 % des investissements totaux du royaume dans les technologies propres.
Oxagon vs Dubaï : la nouvelle bataille du Golfe
Alors que Dubaï mise sur les services financiers et le tourisme, l’Arabie saoudite parie sur l’industrie high-tech. « Ils ne veulent pas imiter, ils veulent surpasser », analyse Nicolas Védrine, consultant français installé à Riyad. Le complexe attire déjà des géants comme Siemens Energy et Air Products, avec des contrats dépassant les 5 milliards d’euros.
Quel rôle joue l’IA dans cette cité du futur ?
L’automatisation atteint ici des niveaux inédits. Les 54 grues autonomes du port sont pilotées par une intelligence artificielle développée par des chercheurs saoudiens. « Notre algorithme réduit les collisions de 92 % », souligne Ahmed Zayani, responsable des systèmes intelligents. Même le contrôle aérien des drones de livraison sera géré par une plateforme quantique en cours de test.
La data au service de l’écologie
Chaque conteneur est tracé via blockchain pour calculer son empreinte carbone en temps réel. « C’est la première fois qu’un port intègre le bilan environnemental dans ses tarifs », précise Sofia Petranovic, experte en logistique durable. Les navires les moins polluants bénéficient de réductions pouvant atteindre 15 %.
Pourquoi l’hydrogène vert change-t-il la donne ?
Avec sa méga-usine de 8,4 milliards d’euros, Oxagon deviendra le premier exportateur mondial d’hydrogène vert dès 2026. « Nous alimenterons l’équivalent de 15 000 camions par jour », détaille Youssef Khamis, directeur de production. Cette énergie propre alimentera également l’aciérie locale, réduisant ses émissions de CO2 de 1,3 million de tonnes annuelles.
Un écosystème industriel circulaire
La chaleur résiduelle des data centers servira à désaliniser l’eau de mer. « Rien ne se perd, tout se transforme », s’enthousiasme Elsa Monterroso, chimiste espagnole. Même les déchets de construction sont recyclés en matériaux isolants grâce à une technologie développée sur place.
Quels défis reste-t-il à surmonter ?
Les obstacles sont nombreux : retards dans les livraisons de pièces, pénurie de main-d’œuvre qualifiée, tensions géopolitiques régionales. « Nous recrutons 3 000 experts internationaux chaque trimestre », admet Thomas Woolridge, responsable RH. Le budget initial a déjà gonflé de 23 %, mais les réserves financières du royaume permettent d’absorber ces surcoûts.
Le pari humain
Attirer 90 000 résidents dans une zone désertique reste un défi. « Nous offrons des salaires 40 % plus élevés qu’à Singapour », argue Miriam Khadhar, directrice des ressources humaines. Les premières familles s’installent dans des quartiers pilotes équipés d’écoles internationales et d’hôpitaux robotisés.
A retenir
Oxagon est-il viable sans subventions ?
Les analyses montrent que le projet atteindra l’équilibre financier dès 2032 grâce aux revenus portuaires et industriels. Les subventions ne représentent que 18 % du budget total.
Quel impact sur l’emploi local ?
47 % des postes sont réservés à des Saoudiens, avec des programmes de formation intensifs. Près de 12 000 jeunes diplômés ont déjà rejoint le projet.
Comment concilier industrie et écologie ?
Le bilan carbone prévisionnel montre une réduction de 65 % par rapport à un complexe industriel conventionnel, grâce aux énergies renouvelables et à l’économie circulaire.
Conclusion
Oxagon incarne plus qu’un projet industriel : une vision du XXIe siècle où technologie et durabilité créent de nouvelles richesses. Si tous les défis techniques et humains sont relevés, ce laboratoire à ciel ouvert pourrait bien réécrire les règles du commerce mondial et inspirer d’autres nations. Comme le résume Fatima Al-Qurashi, architecte urbaine : « Nous ne construisons pas une ville, nous plantons les graines d’une civilisation future. »