La Chine a transformé son ambition maritime en réalité, passant de la rénovation d’un ancien navire à la construction de porte-avions de pointe. Cette ascension fulgurante redéfinit les rapports de force dans les eaux internationales. Entre prouesses technologiques et enjeux géopolitiques, plongeons dans les coulisses de cette révolution navale.
Comment un casino flottant est-il devenu un symbole militaire ?
En 2000, la Chine achète une coque rouillée à l’Ukraine, vestige d’un projet abandonné de casino flottant. Douze ans plus tard, le Liaoning entre en service comme premier porte-avions chinois. « C’était un puzzle géant », raconte Lin Yichen, ingénieur naval ayant supervisé les travaux. « Chaque rivet posé était un défi technique et politique. » La rénovation du navire a prouvé au monde que Pékin maîtrisait désormais l’art complexe de la construction aéronavale.
Un laboratoire flottant
Le Liaoning sert aujourd’hui de plateforme d’entraînement. « Nous testons ici nos procédures de décollage et d’appontage », explique Zhang Ruilan, pilote de chasse embarquée. Avec ses tremplins ski-jump plutôt que des catapultes, le navire impose des limites – mais forme une génération de marins prêts à opérer sur des bâtiments plus modernes.
Pourquoi le Fujian fait-il trembler les stratèges occidentaux ?
Avec ses catapultes électromagnétiques, le Fujian lancé en 2022 marque un saut technologique. « C’est notre premier vrai porte-avions conçu pour rivaliser avec les américains », confie l’amiral Wei Zhaohui lors d’une rare interview. La technologie EMALS, identique à celle de l’USS Gerald Ford, permet de projeter des appareils plus lourds, plus fréquemment. Un atout décisif en cas de conflit.
La course aux innovations
Pékin développe parallèlement des destroyers furtifs Type 055 et des sous-marins nucléaires. « Ils comblent leur retard à une vitesse inquiétante », analyse le contre-amiral français Étienne Lavigne. Les chantiers navals de Shanghai travaillent 24h/24, avec une cadence qui dépasse désormais celle des États-Unis en termes de tonnage annuel produit.
Quelles conséquences pour l’équilibre géopolitique ?
La mer de Chine méridionale est devenue un champ de manoeuvres permanent. « Avant, les patrouilles américaines passaient en force. Maintenant, elles négocient leur route », observe Nguyen Van Thao, pêcheur vietnamien. Les incidents se multiplient : en 2023, un destroyer chinois a forcé un navire philippin à changer de trajectoire près du récit de Second Thomas.
Le dilemme taïwanais
Taïwan surveille particulièrement le Fujian, nommé comme la province en face de l’île. « C’est un message », soupire Li Wen-chung, analyste militaire à Taipei. Les exercices navals chinois autour du détroit simulent désormais des blocus complets, intégrant cyberattaques et drones suicides.
Comment réagit la communauté internationale ?
L’Inde accélère son programme de porte-avions nucléaires, tandis que le Japon convertit ses destroyers en porte-hélicoptères. « Nous devons repenser nos alliances », admet le ministre australien de la Défense devant le Parlement. Même la Russie, pourtant alliée de Pékin, surveille avec méfiance cette expansion : « Ils construisent une marine pour dominer le XXIe siècle », murmure un diplomate moscovite sous couvert d’anonymat.
A retenir
Quel est le porte-avions le plus avancé de Chine ?
Le Fujian, avec ses catapultes électromagnétiques, surpasse technologiquement le Liaoning et le Shandong. Ses essais en mer devraient s’achever en 2025.
Pourquoi la marine chinoise inquiète-t-elle ?
Avec 355 navires de combat en 2023 contre 296 pour l’US Navy, Pékin dispose désormais de la plus grande flotte du monde en nombre – même si Washington conserve l’avantage qualitatif.
Quelles zones sont les plus disputées ?
La mer de Chine méridionale et le détroit de Taïwan concentrent 80% des incidents maritimes impliquant la Chine, selon le CSIS de Washington.
Conclusion
Cette révolution silencieuse des océans n’est pas qu’une question de tonnage ou de technologie. Elle redéfinit les règles du jeu diplomatique, où chaque nouveau navire chinois devient à la fois un outil de dissuasion et un symbole de la nouvelle bipolarité mondiale. Comme le résume amèrement un officier de l’OTAN : « Hier, nous leur apprenions à naviguer. Demain, ils dicteront le droit maritime. » Les prochaines décennies verront-elles s’accomplir ce basculement ? L’histoire s’écrit maintenant, quille après quille.