**Livret A clôturé sans préavis : un homme perd 50 ans d’épargne à Tours**

L’épargne, souvent perçue comme un refuge absolu, peut parfois réserver des surprises glaçantes. À Tours, un retraité découvre brutalement que ses économies, patiemment accumulées depuis 1975 sur un Livret A, se sont volatilisées sans préavis. Cette affaire met en lumière des angles morts de la réglementation bancaire et interroge la sécurité supposée des placements réglementés. Entre procédures opaques et vigilance insuffisante, comment éviter de tels drames financiers ?

Comment un Livret A peut-il disparaître sans avertissement ?

Le cas de Romain Vasseur, 68 ans, illustre un paradoxe troublant : un produit conçu pour sécuriser l’épargne devient source de précarité. « J’ai cru à une erreur informatique », confie-t-il, les mains tremblantes. Son livret, rempli à hauteur du plafond légal (22 950 €), présentait pourtant une particularité : aucune opération depuis 2006. La banque invoque une clôture automatique en 2016 pour inactivité décennale, mais Romain jure n’avoir reçu aucun courrier. « Ils parlent d’un envoi à la Caisse des Dépôts, mais où sont les preuves ? », s’emporte-t-il.

Quels mécanismes légaux encadrent les comptes inactifs ?

La loi impose aux banques un protocole strict :

  • Recherche du titulaire après 10 ans d’inactivité
  • Transfert obligatoire vers la Caisse des Dépôts au bout de 12 ans
  • Déchéance au profit de l’État après 30 ans

Sophie Lambert, juriste spécialisée, tempère : « Les établissements doivent prouver avoir tenté de joindre le client. Dans 20% des litiges, les notifications partent à d’anciennes adresses. » Une faille béante à l’ère de la mobilité géographique.

Pourquoi les Français sous-estiment-ils ce risque ?

Malgré les 935 milliards d’euros placés sur des produits réglementés en 2023, la méconnaissance persiste. Élodie Charpentier, conseillère en gestion de patrimoine, observe : « Mes clients pensent qu’un Livret A est inviolable. Ils ignorent que l’argent peut ‘s’évaporer’ légalement. » Une étude de l’AMF révèle que 73% des épargnants ne connaissent pas la notion de compte inactif.

Quelles stratégies adopter pour sécuriser son épargne ?

Trois réflexes salvateurs :

  1. Effectuer une opération annuelle symbolique (même un virement de 1€)
  2. Mettre à jour ses coordonnées auprès de la banque
  3. Consulter son espace client trimestriellement

Marc Lefèvre, expert comptable, ajoute : « Un relevé papier demande trop de procédures. L’alerte mail ou SMS est plus fiable. »

La Caisse des Dépôts : solution ou labyrinthe administratif ?

Théoriquement sanctuaire des fonds orphelins, l’institution publique montre des failles. « J’ai mis 14 mois à récupérer 18 000 € », témoigne Nathalie Dujardin, dont le PEL avait été transféré. Les délais moyens de restitution oscillent entre 6 et 18 mois, avec un taux de réclamation de 22% pour erreurs de dossier.

Quels recours en cas de préjudice ?

Le Médiateur Bancaire reçoit 1 200 dossiers annuels similaires. Maître Antoine Roux, avocat en droit bancaire, conseille : « Exigez les preuves de notification. Sans trace écrite, la banque est fautive. » Les indemnisations varient de 500 à 5 000 € selon le préjudice moral.

A retenir

Un Livret A peut-il vraiment disparaître ?

Oui, après 10 ans d’inactivité totale. Les banques doivent théoriquement prévenir le client avant toute clôture.

Comment vérifier l’état de son épargne ?

Contrôler régulièrement son espace bancaire en ligne ou demander un relevé annuel physique. La Caisse des Dépôts propose aussi un formulaire de recherche en ligne.

Existe-t-il des placements plus sûrs que le Livret A ?

Aucun produit ne combine à la fois garantie du capital, liquidité immédiate et exonération fiscale. Le LDDS ou le LEP offrent des protections similaires avec des plafonds différents.

Conclusion

L’affaire de Tours rappelle cruellement qu’aucune épargne n’est protégée contre la négligence. Si les placements réglementés restent les plus sécurisés, ils exigent une vigilance active. À l’heure où 43% des Français n’ont pas d’autre patrimoine que leur Livret A, sensibiliser aux risques d’inactivité devient un impératif civique. Comme le murmure Romain Vasseur : « On m’a volé ma sécurité, mais pas ma détermination à alerter les autres. »