L’affaire d’un conducteur flashé à 255 km/h sur l’autoroute italienne A26 a révélé des failles juridiques surprenantes dans le système de contrôle routier. Loin d’être un simple cas d’excès de vitesse, cette histoire met en lumière les complexités techniques et légales qui entourent l’homologation des radars. Plongée dans une affaire où la vitesse n’était finalement pas le vrai problème.
Quels sont les faits marquants de cette affaire ?
En mai 2024, Lorenzo Mancini, un entrepreneur turinois de 32 ans, est intercepté par les forces de l’ordre après avoir été flashé à 255 km/h au volant de son Audi RS6. Un chiffre qui fait froid dans le dos quand on sait que la limite sur autoroute en Italie est de 130 km/h. « Je ne pensais pas atteindre cette vitesse, mais j’étais pressé pour un rendez-vous professionnel », explique-t-il, visiblement gêné. Les conséquences auraient pu être lourdes : amende record et suspension de permis. Pourtant, Mancini s’en est sorti sans une seule sanction.
Une défense basée sur la technique plutôt que sur les faits
Contre toute attente, l’avocat du conducteur, Matteo Rinaldi, a choisi une stratégie inédite. Au lieu de contester la vitesse ou les circonstances, il s’est attaqué à l’outil de mesure lui-même. « Dès que j’ai vu le modèle de radar utilisé, j’ai su qu’il y avait une faille », confie Rinaldi, spécialiste en droit routier depuis quinze ans.
Pourquoi le radar Trucam a-t-il été au cœur du débat ?
Le dispositif Trucam, employé ce jour-là, était certes approuvé par les autorités italiennes, mais n’avait jamais reçu d’homologation officielle. Une nuance capitale en droit. « L’approbation, c’est comme un feu orange. L’homologation, c’est le feu vert définitif », image Sofia Bellini, experte en législation des transports à l’université de Milan.
La différence qui change tout
Les tribunaux italiens se sont appuyés sur un arrêt de la Cour de cassation de 2021 précisant que :
- L’approbation ne vaut pas certification légale
- Seuls les appareils homologués peuvent fonder des sanctions
- La charge de la preuve incombe à l’administration
Quelles conséquences cette décision peut-elle avoir ?
L’acquittement de Mancini fait déjà des vagues dans le milieu juridique. « C’est un coup de semonce pour les autorités », analyse Gianluca Esposito, journaliste spécialisé en affaires judiciaires. Plusieurs effets se dessinent :
Un effet domino sur d’autres dossiers
Déjà, une vingtaine de conducteurs ont engagé des procédures similaires. « Nous examinons chaque dossier impliquant ce modèle de radar », confirme l’avocate Carolina Russo.
Une course contre la montre pour les autorités
Le ministère des Transports italien a annoncé un audit complet des dispositifs en service. « Nous ne pouvons pas nous permettre le moindre doute sur notre matériel », reconnaît un porte-parole sous couvert d’anonymat.
Comment les avocats spécialisés voient-ils cette affaire ?
Pour Matteo Rinaldi, ce succès judiciaire repose sur une préparation méticuleuse : « J’avais étudié un cas similaire en Allemagne en 2019. Quand on maîtrise à la fois la technique et le droit, on peut retourner des situations compromises. »
Un nouveau standard pour les défenses routières
Les cabinets d’avocats ajustent déjà leurs stratégies. « Désormais, notre premier réflexe est de demander le certificat d’homologation », explique Francesca Lombardi, associée dans un grand cabinet milanais.
A retenir
Peut-on contester un excès de vitesse sur la base du radar utilisé ?
Oui, si le dispositif n’est pas correctement homologué. La validité technique ne suffit pas, il faut une certification légale.
Cette stratégie de défense fonctionne-t-elle en France ?
Le droit français est plus strict sur l’homologation des radars. Cependant, des recours sont possibles en cas de défaut de calibration ou d’installation.
Les autorités peuvent-elles récupérer l’amende après coup ?
Non, un non-lieu définitif clôt le dossier. Mais elles peuvent évidemment verbaliser à nouveau le conducteur avec un radar homologué.
Conclusion
Cette affaire extraordinaire souligne l’importance des détails techniques dans la justice routière. Elle rappelle que même face à des preuves accablantes, le respect strict des procédures reste la clé d’un système équitable. Une leçon pour les conducteurs, les avocats, et surtout pour les autorités en charge de notre sécurité routière.