Couples handicapés : pourquoi l’AAH leur fait perdre 140€ par mois en vivant ensemble

Pourquoi la vie à deux peut-elle devenir un fardeau financier pour les couples handicapés ?

Dans un pays où la solidarité nationale devrait être un pilier, certains couples vivant avec un handicap subissent une réalité financière paradoxale : leur amour se paie au prix fort. Loin des clichés romantiques, la cohabitation peut entraîner des pertes substantielles d’aides sociales, plongeant des foyers dans une précarité calculée au centime près.

Le cas emblématique de Romain Vallois et Élodie Garnier

Romain, 38 ans, atteint de sclérose en plaques, et Élodie, son assistante de vie de 35 ans, ont vu leur AAH chuter de 18% après leur emménagement commun à Tours. « Notre bonheur conjugal a un coût prohibitif : 163€ mensuels en moins depuis qu’on partage le même toit » déplore Élodie, qui jongle entre trois emplois précaires.

Comment fonctionne le système de calcul de l’AAH pour les couples ?

L’Allocation Adulte Handicapé, conçue comme filet de sécurité, se transforme en véritable casse-tête algorithmique dès qu’elle entre dans l’équation conjugale. Le dispositif actuel opère une fusion des revenus qui dessine une injustice systémique.

Mécanismes de réduction

Le calcul conjoint déclenche un effet de seuil implacable :

  • Au-delà de 1,2 SMIC mensuels (environ 1 500€), l’AAH commence à décroître
  • La décote atteint souvent 30 à 40% du montant initial
  • Certains couples perdent jusqu’à 200€/mois

Quelles sont les conséquences humaines de ce système ?

Derrière les chiffres se cachent des drames intimes qui érodent le tissu social. Le témoignage de Kenza Belhadj et Matthieu Rousseau révèle l’impact dévastateur de ces politiques.

Une vie sous contrainte permanente

« J’ai dû renoncer à mon CDI en pharmacie pour ne pas faire perdre l’AAH à Matthieu » confie Kenza, dont le compagnon est paraplégique. Leur stratagème ? Des emplois discontinus et des horaires fractionnés pour rester sous les radars fiscaux.

Existe-t-il des alternatives au système actuel ?

Des pistes concrètes émergent pour désamorcer cette bombe sociale, portées par des experts et des associations.

Trois leviers de réforme

  1. Individualisation des droits : Calcul sur base personnelle sans prise en compte des revenus du conjoint
  2. Plafond revisité : Rehausse des seuils à 1,8 SMIC avant décote progressive
  3. Complément conjugal : Création d’une aide spécifique pour les couples handicapés

A retenir

Pourquoi certains couples perdent-ils de l’argent en vivant ensemble ?

Le cumul des revenus dans le calcul de l’AAH crée un effet de seuil qui réduit souvent l’allocation lorsqu’un couple cohabite.

Quelles solutions immédiates peuvent aider les concernés ?

Les travailleurs sociaux recommandent de demander une estimation préalable auprès de la CAF et d’explorer les dispositifs locaux d’aide.

Comment se mobiliser pour faire évoluer la loi ?

Plusieurs associations comme l’APF organisent des campagnes de plaidoyer et recueillent des témoignages pour influencer les réformes.

Conclusion

Le parcours de Romain, Élodie, Kenza et Matthieu expose les failles béantes d’un système conçu pour des situations individuelles dans un monde de vies interconnectées. Alors que la France célèbre ses valeurs de solidarité, ces couples vivent un paradoxe cruel où l’amour se monnaie en euros perdus. La véritable inclusion passera par une refonte courageuse des mécanismes d’attribution, permettant enfin aux personnes handicapées d’aimer sans compter.