À quelques années de la retraite, de nombreux salariés envisagent de ralentir leur rythme professionnel. Pourtant, certains prennent le contre-pied de cette tendance, à l’image de Claire Éthier, 62 ans, qui a fait le choix surprenant de revenir à un emploi à temps plein. Une stratégie réfléchie pour optimiser ses droits à la retraite et aborder cette nouvelle étape de vie en toute sérénité.
Pourquoi revenir à temps plein avant la retraite ?
Claire Éthier a passé les cinq dernières années en temps partiel pour s’occuper de son père dépendant. « Quand il est décédé, j’ai réalisé que mon dossier retraite comportait des trous dans mes cotisations », confie-t-elle. Loin de vouloir ralentir, elle a négocié avec son employeur un retour à 100% de son activité. « C’était un calcul mathématique : une dernière année complète me permettait de valider quatre trimestres entiers et d’augmenter ma pension de près de 8%. »
Le témoignage de Yoann Lavigne, conseiller en retraite
« En 2023, j’ai accompagné cinq clients dans cette démarche », explique Yoann Lavigne, expert-comptable spécialisé en préretraite. « Généralement, ce sont des femmes ayant interrompu leur carrière pour des raisons familiales. Une seule année supplémentaire à taux plein peut parfois combler plusieurs années de décotes. »
Comment calculer l’impact sur sa pension ?
Le système français de retraite repose sur un mécanisme complexe de validation de trimestres. Valentine Pons, économiste à l’IRDES, précise : « Pour les personnes nées après 1955, il faut 172 trimestres pour le taux plein. Chaque trimestre manquant entraîne une décote de 1,25%. » Un simulateur en ligne sur le site de l’Assurance Retraite permet d’évaluer précisément les gains potentiels.
Cas pratique chiffré
Prenons l’exemple de :
- Salaire moyen : 2 500€ brut mensuels
- Année incomplète : validation de 2 trimestres
- Retour à temps plein : validation de 4 trimestres
Sur 25 ans de retraite, cette différence représente près de 15 000€ de pension supplémentaire.
Quels sont les impacts psychologiques et physiques ?
Le cardiologue Thibault Sabatier met en garde : « À 60 ans passés, la reprise d’un rythme soutenu demande une préparation. J’ai vu des patients développer des troubles du sommeil ou de l’anxiété. » Claire Éthier reconnaît avoir eu trois mois d’adaptation difficile : « J’ai dû réapprendre à gérer mon énergie et imposer des pauses systématiques. »
Témoignage contrasté d’Élodie Maréchal
Contrairement à Claire, Élodie Maréchal, 61 ans, a abandonné son projet après deux mois. « Mon corps n’a pas suivi. J’ai préféré accepter une petite décote plutôt que de mettre ma santé en danger », témoigne cette ancienne commerciale.
Quelles alternatives au temps plein classique ?
Des solutions hybrides existent pour ceux qui ne souhaitent pas s’engager à 100% :
- Le cumul emploi-retraite : percevoir sa pension tout en travaillant
- Les CDD seniors : contrats adaptés avec protection sociale maintenue
- Le portage salarial : activité indépendante avec statut salarié
Marc-Antoine Roux, directeur d’une agence d’intérim spécialisée, observe : « Nous plaçons de plus en plus de quinquagénaires dans des missions courtes mais intensives qui permettent de boucler leur carrière sans s’épuiser. »
A retenir
Cette stratégie convient-elle à tout le monde ?
Non, chaque situation doit être analysée au cas par cas, en tenant compte de la santé, du métier exercé et du parcours professionnel antérieur.
Quand commencer les démarches ?
Idéalement 18 à 24 mois avant la date prévue de départ, pour bien préparer la transition avec son employeur.
Existe-t-il des aides spécifiques ?
Oui, certains départements proposent des bilans de compétences gratuits pour les seniors via les missions locales.
Conclusion
Le cas de Claire Éthier illustre une tendance méconnue mais significative dans la gestion des fins de carrière. Si l’option du retour au temps plein comporte des avantages financiers indéniables, elle requiert une évaluation globale intégrant santé, projet de vie et contraintes professionnelles. Comme le souligne Yoann Lavigne : « La meilleure retraite est celle qu’on prépare sans compromettre son bien-être présent. » Une réflexion qui mérite souvent l’accompagnement de professionnels pour naviguer dans les méandres du système français.