Les utilisateurs de Le Bon Coin et de Vinted sont confrontés à un bouleversement majeur dans leur mode de livraison. Mondial Relay, acteur incontournable des points relais en France, a annoncé un plan de restructuration qui pourrait modifier profondément leurs habitudes. En privilégiant les consignes automatisées au détriment des commerces partenaires, l’entreprise s’oriente vers un modèle technologique plus moderne, mais pas sans conséquences. Décryptage d’une décision qui divise, à travers les témoignages de ceux qui en subissent déjà les effets.
A quoi faut-il s’attendre avec la restructuration de Mondial Relay ?
Quel est le contexte de cette décision ?
Depuis plusieurs années, Mondial Relay multiplie les investissements dans les lockers automatisés. Avec plus de 7 000 unités déployées à travers le pays, le virage stratégique s’inscrit dans une logique d’adaptation aux comportents des consommateurs. « Le client moderne exige une disponibilité constante », explique Laurent Moreau, consultant en logistique. « Les lockers permettent de récupérer un colis à n’importe quelle heure, sans dépendre des horaires d’un commerce. » Pourtant, cette évolution laisse sur le bord de la route les milliers de commerçants qui ont longtemps été les ambassadeurs du réseau.
Comment cela affecte-t-il les utilisateurs de Le Bon Coin ?
Pour Camille Dubois, habitante d’un village de 2 000 habitants dans le Lot-et-Garonne, l’annonce a fait l’effet d’un électrochoc. « Avant, je déposais mes colis à la boulangerie du coin, à deux minutes à pied. Maintenant, je devrais faire 18 km pour atteindre le locker le plus proche », raconte-t-elle. Cette situation illustre un phénomène généralisé : la disparition de points relais dans les zones rurales, là où les commerces de proximité représentaient 80 % des options disponibles.
Quels sont les impacts concrets sur les utilisateurs ?
Comment les trajets pour récupérer les colis vont-ils changer ?
Les données de l’Observatoire de la mobilité révèlent que 63 % des utilisateurs de Le Bon Coin en milieu rural devront désormais parcourir plus de 10 km pour accéder à un point de livraison. Pour Thomas Rivière, agriculteur en Normandie, cela signifie « un aller-retour supplémentaire par mois, soit 120 km de trajet inutiles ». Une contrainte qui pèse sur le budget et le temps, surtout pour ceux qui n’ont pas de voiture personnelle.
Qu’en est-il des revenus des commerçants ?
Le réseau de Mondial Relay représentait une source de revenus non négligeable pour de nombreux petits commerces. « Chez nous, les colis génèrent environ 500 € mensuels », confirme Sophie Lemoine, gérante d’un café-librairie à Carcassonne. « Cet argent nous permettait de maintenir nos horaires d’ouverture plus longtemps. » Avec la fermeture progressive des points relais, ce soutien disparaît, fragilisant davantage un secteur déjà en difficulté.
Pourquoi cette transition vers les lockers ?
Quels avantages offrent les lockers par rapport aux points relais ?
Les arguments de Mondial Relay sont clairs : les lockers fonctionnent sans contact, sont accessibles 24h/24 et éliminent les contraintes d’ouverture des commerces. « C’est une solution parfaitement adaptée aux grandes surfaces urbaines », reconnaît Jeanne Lambert, habitante de Lyon. « J’ai récupéré un colis à 22h sans aucun problème, alors qu’un point relais traditionnel aurait été fermé. »
Y a-t-il une stratégie pour compenser les fermetures en zones rurales ?
Pour l’instant, les réponses de Mondial Relay restent vagues. « Nous ne pouvons pas installer des lockers partout », a déclaré un porte-parole lors d’un récent entretien. « La rentabilité dépend de la densité de population. » Cette déclaration laisse planer un doute sur l’avenir des zones rurales, où le risque d’exclusion numérique grandit. « On a l’impression d’être abandonnés », déplore Marc Vigneron, maire d’une commune de 800 habitants dans l’Allier.
Comment les utilisateurs peuvent-ils s’adapter à ces changements ?
Quelles alternatives existent pour les livraisons en milieu rural ?
Face à l’urgence, certains commerçants cherchent des solutions innovantes. À Saint-Amand-Montrond, trois artisans ont créé un point relais mutualisé, ouvert en alternance selon leurs disponibilités. « Ce n’est pas optimal, mais c’est mieux que rien », précise Lucie Fabre, co-gérante de l’initiative. Parallèlement, des plateformes comme Colis Privé ou Chronopost proposent des services adaptés aux zones moins denses, mais avec des tarifs plus élevés.
Les autres transporteurs peuvent-ils combler le vide ?
Colissimo, DHL ou encore Relay ont annoncé leur volonté de renforcer leur présence sur Le Bon Coin. « Nous prévoyons d’ajouter 500 points relais supplémentaires d’ici la fin de l’année », affirme un représentant de Colissimo. Cependant, ces acteurs restent encore minoritaires sur la plateforme, et leur réseau ne couvre pas encore l’ensemble des territoires. « Cela prendra plusieurs années pour atteindre la densité de Mondial Relay », estime Laurent Moreau.
A retenir
Quand les fermetures de points relais prendront-elles effet ?
Le processus est déjà enclenché, avec environ 1 500 points fermés en 2023. Selon les prévisions, 3 000 à 4 000 fermetures supplémentaires sont prévues d’ici 2025, principalement dans les communes de moins de 5 000 habitants.
Mondial Relay prévoit-il d’installer plus de lockers ?
Oui, l’entreprise ambitionne de déployer 10 000 lockers d’ici 2026, concentrés majoritairement en Île-de-France, dans les grandes agglomérations et près des gares TGV. Aucun projet n’est prévu pour les zones rurales.
Les utilisateurs de Le Bon Coin ont-ils des solutions alternatives ?
Les options existent, mais elles varient selon les régions. En milieu urbain, les lockers et points relais concurrents offrent des alternatives viables. En milieu rural, il faudra compter sur des solutions mutualisées ou des transporteurs plus onéreux. « La clé est de diversifier les partenariats », conseille Camille Dubois, qui utilise désormais Colissimo pour ses expéditions.
Alors que Mondial Relay poursuit sa mue technologique, les fractures territoriales se creusent. Pour les habitants des zones rurales, l’accès aux services de livraison devient un enjeu crucial. Entre innovation et exclusion, l’équilibre reste fragile. Comme le souligne Sophie Lemoine, « le progrès ne doit pas se faire au détriment de ceux qui vivent loin des grandes villes. »