La Banque Postale ferme : 700 000 clients en urgence avant 2025

La fermeture de La Banque Postale marque un tournant majeur dans le paysage bancaire français. Créée en 2006 sous l’impulsion du groupe La Poste, cette institution s’était imposée comme un acteur clé de l’inclusion financière, offrant des services accessibles à tous, même aux profils les plus fragiles. Aujourd’hui, plus de 700 000 clients se retrouvent confrontés à l’urgence de migrer vers d’autres établissements, tandis que les raisons de cet échec soulèvent de nombreuses interrogations. Retour sur une décision qui bouleverse des milliers de vies.

Quelle était la mission historique de La Banque Postale ?

Conçue comme un bras financier de La Poste, La Banque Postale s’était fixé un objectif ambitieux : garantir un accès universel aux services bancaires. Contrairement à ses concurrentes, elle n’exigeait aucun minimum de revenus ou de dépôts pour ouvrir un compte. Cette approche a permis à des populations marginalisées — chômeurs, seniors modestes, jeunes sans ressources stables — de bénéficier d’un compte bancaire de base, conformément au droit au compte institué par la loi.

« J’ai ouvert mon compte ici après avoir été refusé par trois autres banques, raconte Léa Moreau, une enseignante retraitée de 68 ans. Ils m’ont même aidée à gérer mes aides sociales. C’était une vraie relation humaine. » Avec ses 17 000 points de contact dans les bureaux de poste, l’établissement avait tissé un maillage territorial unique, particulièrement présent dans les zones rurales et les quartiers prioritaires.

Son engagement environnemental, pionnier en 2021 avec un plan de neutralité carbone certifié par la Science Based Targets initiative, renforçait son image d’acteur responsable. Pourtant, cette ambition sociale n’a pas suffi à compenser ses fragilités économiques.

Pourquoi Ma French Bank n’a-t-elle pas survécu ?

Lancée en 2019, Ma French Bank incarnait la réponse numérique de La Banque Postale à l’essor des néobanques. Avec un compte à 2 € par mois et une cible jeune, elle visait une clientèle urbaine adepte de la mobilité. « Je l’ai adoptée pour ses frais bas et son application intuitive », témoigne Jules Fournier, 29 ans, freelance en Île-de-France. Mais derrière ce positionnement attractif se cachait un modèle économique instable.

Face à des concurrents comme Revolut ou N26, équipés de budgets marketing colossaux et d’algorithmes d’analyse de données sophistiqués, Ma French Bank a rapidement manqué de ressources. « Leur offre était trop limitée, explique Thomas Lemaître, analyste financier. Pas de prêts immobiliers, peu d’options d’épargne, et une expérience utilisateur perfectible. Les clients ont migré vers des services plus complets. »

En 2023, La Banque Postale reconnaissait officiellement l’échec du projet. La suspension des paiements mobiles en décembre 2024 et la désactivation progressive des comptes jusqu’en 2025 marquent la fin d’une aventure qui, malgré ses innovations, n’a pas su s’adapter à un marché ultra-concurrentiel.

Quelles sont les conséquences pratiques pour les 700 000 clients ?

Pour les utilisateurs de Ma French Bank, le compte à rebours est lancé. Dès réception du courrier de préavis, les clients disposent de 60 jours pour transférer leurs fonds, activer la mobilité bancaire (pour conserver leur RIB), et télécharger leurs relevés. « J’ai reçu le courrier hier, confie Jules Fournier. J’ai dû migrer vers une autre néobanque en urgence, mais les frais de transfert de mes abonnements ont pris du temps. »

Les seniors, moins habitués aux démarches en ligne, rencontrent des difficultés supplémentaires. « Ma mère, 72 ans, a dû se rendre à la poste pour qu’on l’aide à ouvrir un nouveau compte », explique Léa Moreau. La Banque Postale propose une prime de 50 € pour inciter les clients à rejoindre son offre classique, mais cette solution n’est pas toujours adaptée aux besoins numériques modernes.

Un autre défi : sécuriser les données personnelles. Les experts recommandent de vérifier les paramètres de confidentialité avant de fermer le compte, notamment pour les paiements récurrents via des plateformes tierces.

Quels enseignements tirer de cette fermeture ?

La disparition de Ma French Bank illustre les risques de la transition numérique dans le secteur bancaire. « Les néobanques ont besoin d’un volume critique de clients pour être rentables, souligne Thomas Lemaître. Sans un écosystème solide — partenariats, produits diversifiés, soutien financier — elles coulent rapidement. »

Pour les consommateurs, cette situation souligne l’importance de la diversification. « Ne dépendez pas d’un seul service, surtout s’il est nouveau, conseille Léa Moreau. J’ai toujours gardé un compte secondaire par précaution. » Enfin, l’événement rappelle que l’innovation sociale ne peut se passer d’une stratégie économique viable.

A retenir

Quand les comptes Ma French Bank seront-ils définitivement fermés ?

La désactivation finale interviendra après deux phases de préavis de 60 jours chacune, soit environ quatre mois au total. Les clients doivent agir rapidement pour éviter la perte de données ou de fonds.

Comment transférer ses abonnements vers un nouveau compte ?

Utilisez le service de mobilité bancaire (disponible sur le site de l’APCE) pour conserver votre RIB et mettre à jour automatiquement vos virements et prélèvements. Ce processus prend généralement 3 à 5 jours ouvrés.

La Banque Postale propose-t-elle des alternatives gratuites ?

Oui : la prime de 50 € pour migrer vers son offre classique, ainsi que la gratuité des paiements internationaux jusqu’à fin 2025. Cependant, ces avantages sont réservés aux clients ayant un historique sans incidents.

Comment récupérer ses relevés bancaires après la fermeture ?

Les documents sont disponibles en ligne jusqu’à la désactivation du compte. Il est conseillé de les télécharger et de les imprimer pour les conserver pendant cinq ans, conformément aux obligations fiscales.