Livret A et LEP : alerte sur la baisse de 0,70 point dès août 2025

Le 1er août 2025 marquera un tournant crucial pour des millions de Français : le taux du Livret A chute de 2,40 % à 1,70 %, une baisse de 0,70 point non vue depuis 2009. Le Livret d’épargne populaire (LEP), réservé aux ménages aux revenus modestes, subit une chute encore plus dramatique, passant de 3,50 % à 2,20 %. Cette décision, prise par la Banque de France en concertation avec le gouvernement, révèle une économie en transition. Derrière ces chiffres se cachent des familles, des épargnants, et des stratégies financières bouleversées. Entretien avec des acteurs confrontés à cette révolution silencieuse.

Quelles sont les causes de cette baisse historique ?

La chute des taux du Livret A et du LEP résulte d’un cocktail complexe. L’inflation, qui avait culminé à 2,1 % en décembre 2024, est retombée à 0,9 % en juin 2025 selon l’Insee. Parallèlement, l’indice €ster, référence pour le calcul des taux d’épargne réglementée, a plongé de 3,44 % à 2,46 % en six mois. « C’est un signal clair de la Banque centrale européenne (BCE) », explique Sophie Renard, économiste à l’Observatoire des finances publiques. « La pause dans les baisses de taux décidée en mai 2025 vise à stabiliser le marché, mais elle n’empêche pas cette cascade sur les livrets. »

Camille Moreau, enseignante retraitée à Lyon, constate les effets concrets : « J’ai 12 000 € sur mon Livret A. Avant, cela me rapportait 288 € par an. Maintenant, je n’aurai plus que 204 €. C’est un manque à gagner de 84 €, soit presque un mois de repas pour moi. »

Le taux plancher : une protection limitée

Le Livret A dispose d’un taux plancher à 0,50 %, déjà atteint entre 2020 et 2022. Le LEP, quant à lui, bénéficie d’un plancher à 1 % pour garantir un rendement supérieur de 0,5 point à celui du Livret A. Cependant, ces seuils ne sont pas immuables. « Si l’inflation repartait à la baisse et que le €ster tombait sous 1 %, le Livret A pourrait atteindre son plancher », prévient Thomas Lefèvre, conseiller financier à Bordeaux. « Dans ce cas, le LEP suivrait mécaniquement, perdant son avantage comparatif. »

Les ménages les plus modestes, souvent dépendants de ces produits, sont les plus touchés. « Mon LEP représente 40 % de mon épargne », témoigne Amina Dufresne, assistante sociale à Marseille. « Avec trois enfants à charge, je ne peux pas prendre de risques. Cette baisse va me forcer à revoir mon budget éducation. »

Quelles alternatives pour les épargnants ?

Face à cette dévalorisation, les épargnants cherchent des solutions. Les comptes à terme en banque, proposant des taux entre 2,50 % et 3,20 %, connaissent un regain d’intérêt. Les SCPI (sociétés civiles de placement immobilier), avec des rendements autour de 4,50 %, attirent aussi les fonds. « Mais ces options impliquent des risques », rappelle Sophie Renard. « Le Livret A reste une valeur refuge, même si son rendement diminue. »

La famille Dubois, habitant Toulouse, illustre cette adaptation : « Nous avons transféré 30 % de notre épargne sur un compte à terme de 18 mois. Les 70 % restants sont en LEP, mais nous surveillons les actions en dividende. »

Une stabilisation à court terme ?

La Banque de France anticipe une stabilisation des taux jusqu’en 2026. Le €ster devrait continuer à baisser, mais modérément, autour de 2,20 % d’ici la fin de l’année. « La BCE veut éviter un choc trop brutal », analyse Thomas Lefèvre. « Cependant, si l’inflation tombe sous 0,5 %, une nouvelle baisse du Livret A deviendra inévitable. »

Les épargnants doivent donc anticiper. « Il faut diversifier », conseille Camille Moreau. « J’ai ouvert un compte-titres ordinaire avec des obligations d’État à 3 %. Ce n’est pas risqué, et cela compense la perte sur mon Livret. »

Comment adapter sa stratégie d’épargne ?

Les experts recommandent de maintenir une partie de son épargne sur les livrets réglementés pour leur sécurité et leur fiscalité avantageuse, tout en explorant des alternatives. « 20 à 30 % de l’épargne peut être allouée à des produits plus rémunérateurs », propose Thomas Lefèvre. « Les jeunes peuvent envisager des PEA (plans d’épargne en actions) avec des fonds éthiques, tandis que les seniors privilégieront les assurances-vie en euros. »

Amina Dufresne a choisi une solution hybride : « J’ai gardé mon LEP pour les urgences, mais j’ai investi dans un livret d’épargne solidaire à 1,90 %. C’est moins risqué que les actions, et cela finance des projets sociaux. »

Conclusion : Un changement de paradigme

La baisse des taux du Livret A et du LEP marque un tournant. Les épargnants doivent désormais concilier sécurité et rendement, dans un contexte de taux bas prolongé. Comme le souligne Sophie Renard : « Cette situation oblige à une éducation financière renforcée. Savoir s’adapter devient aussi important que savoir épargner. »

A retenir

Pourquoi les taux du Livret A et du LEP baissent-ils ?

La chute s’explique par la baisse de l’inflation (0,9 % en juin 2025) et celle de l’indice €ster (2,46 % en juin 2025). Ces deux facteurs influencent mécaniquement la rémunération des livrets réglementés.

Est-il possible que les taux atteignent le plancher ?

Cela reste peu probable à court terme. Le €ster devrait se stabiliser autour de 2,20 %, et l’inflation ne devrait pas chuter sous 0,5 %. Toutefois, une nouvelle baisse du Livret A pourrait intervenir si ces tendances s’accentuent.

Quels produits d’épargne privilégier ?

Les comptes à terme (2,50 % à 3,20 %), les SCPI (4,50 %), et les assurances-vie en euros (2,80 % à 3,50 %) offrent des alternatives. Les jeunes peuvent envisager des PEA avec des fonds éthiques, tandis que les ménages modestes peuvent opter pour des livrets solidaires (1,90 %).