Tickets restaurant : valables le dimanche dès 2027, une aide précieuse

Les tickets restaurant, ces petits rectangles de papier ou cartes digitales qui accompagnent les repas de millions de salariés français, sont en passe de vivre une évolution majeure. En 2027, leur utilisation le dimanche deviendra possible pour tous, une réforme annoncée par la ministre du Commerce Véronique Louwagie. Mais derrière cette mesure symbolique se cache une histoire riche de cinquante ans d’adaptations sociales et économiques, entre soutien au pouvoir d’achat et dynamisation du commerce local.

Comment les tickets restaurant sont-ils devenus un pilier du quotidien ?

Créés en 1967 pour répondre à un besoin simple – permettre aux employés sans cantine d’entreprise de déjeuner dignement –, les titres-restaurant ont progressivement évolué pour devenir un outil multifonction. « Quand j’ai repris la boulangerie familiale en 2003, les tickets servaient uniquement à acheter des viennoiseries ou des sandwiches à emporter, explique Léon Fournier, artisan à Lyon. Aujourd’hui, les clients les utilisent pour acheter des œufs, du lait ou même des produits surgelés. C’est un changement radical. »

Pourquoi un tel succès ?

L’explication tient à leur double fonction : avantage social pour les salariés, levier économique pour les commerçants. Un ticket d’une valeur nominale de 9 euros est généralement financé à 50-60% par l’employeur, sans être soumis aux cotisations sociales dans la limite de 38 euros mensuels. « C’est un complément de revenu concret, souligne Amélie Rousseau, chargée de communication à Paris. Avec 15 tickets par mois, je gagne l’équivalent de 300 euros supplémentaires, ce qui m’a permis de continuer à cuisiner maison malgré l’inflation. »

Quels sont les impacts concrets sur les commerces ?

Les bénéfices ne se limitent pas aux salariés. En 2023, les tickets restaurant ont généré plus de 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, selon l’Observatoire des Restaurants d’Entreprise. « Pour mon traiteur à Marseille, les dimanches de marché sont désormais aussi importants que les déjeuners en semaine, témoigne Samir Benhalima, propriétaire d’une enseigne de plats préparés. La dématérialisation a tout changé : les clients paient via une appli en quelques secondes, sans manipuler des dizaines de tickets papier. »

Comment les acteurs du commerce s’adaptent-ils ?

La transition numérique s’accélère : 75% des transactions se font désormais par carte ou mobile, contre 40% en 2018. « Nous avons vu arriver des clients qui utilisent leurs tickets pour acheter des pâtes ou du riz, ce qui nous a poussé à revoir notre offre, confirme Claire Dubois, responsable d’un supermarché de Rennes. Nos rayons épicerie fine sont désormais mieux achalandés grâce à cette demande croissante. »

Quelles innovations prévoit la réforme de 2027 ?

La généralisation de l’utilisation le dimanche, prévue au 1er janvier 2027, s’inscrit dans un contexte de réflexion sur le lien entre travail et consommation. « Six Français sur dix apportent leur repas au travail, rappelle Véronique Louwagie. Permettre d’acheter des ingrédients le dimanche, c’est favoriser la préparation des repas de la semaine tout en soutenant l’économie locale. »

Y aura-t-il des exceptions ?

Oui : les jours fériés resteront exclus. « Le ticket-restaurant doit conserver son lien avec l’activité professionnelle », justifie la ministre. Une nuance qui rassure les acteurs du secteur. « Cela évite un usage détourné pendant les vacances, explique Thomas Lefèvre, économiste spécialisé dans les politiques sociales. Cette mesure prévoit un juste équilibre entre flexibilité et contrôle. »

Quels défis restent à relever ?

Si la réforme est saluée, des interrogations subsistent. Comment les commerçants géreront-ils l’afflux de clients le dimanche ? Quels contrôles seront mis en place pour éviter les abus ? « Nous prévoyons de renforcer nos équipes et d’ajouter des bornes de paiement supplémentaires », anticipe Samir Benhalima. Léon Fournier, lui, craint des déséquilibres : « Et si certains employeurs profitent de cette mesure pour supprimer d’autres avantages sociaux ? »

Quel accompagnement est prévu ?

Le gouvernement prévoit un cahier des charges strict pour les commerçants acceptant les tickets le dimanche. « Des formations seront proposées aux artisans pour faciliter la transition, indique une source proche du ministère. Des indicateurs de suivi permettront d’évaluer l’impact réel sur le pouvoir d’achat. »

A retenir

À partir de quand pourra-t-on utiliser les tickets restaurant le dimanche ?

La réforme entrera en vigueur le 1er janvier 2027, après un vote au Parlement. Jusqu’alors, seuls les salariés bénéficiant d’une dérogation spéciale pourraient utiliser leurs tickets le dimanche, généralement les travailleurs en poste ce jour-là.

Les tickets restaurant pourront-ils servir à acheter n’importe quel produit ?

Non : l’utilisation restera limitée aux produits alimentaires, conformément aux assouplissements actuels. Les repas sur place, les produits non alimentaires (comme les vêtements ou les livres) et les services (coiffeur, réparations) ne seront pas concernés.

Qu’en est-il des jours fériés ?

Les tickets restaurant ne seront toujours pas utilisables les jours fériés, même après 2027. Cette restriction vise à maintenir le lien entre ce dispositif et l’activité professionnelle.

Les cartes et applications remplaceront-elles entièrement les tickets papier ?

L’État encourage la dématérialisation mais ne supprimera pas le format papier. « Certains préfèrent conserver des tickets physiques pour mieux gérer leur budget », précise Amélie Rousseau, dont le témoignage illustre les préférences variées des utilisateurs.

Comment les employeurs intégreront-ils ces changements ?

Les entreprises devront adapter leurs systèmes de gestion des tickets, mais sans frais supplémentaires. « C’est un avantage social qui renforce la fidélisation des talents », rappelle Claire Dubois, qui voit dans cette réforme une opportunité de valoriser sa politique RH.