Cumul emploi-retraite : la nouvelle règle en 2025 pour toucher une seconde pension facilement

Chaque année, des milliers de Français franchissent le cap de la retraite, non pas pour raccrocher définitivement leur blouse, leur marteau ou leur stylo, mais pour entamer une nouvelle phase de leur vie professionnelle. Depuis la réforme des retraites de septembre 2023, une porte s’est ouverte sur une possibilité concrète : continuer à travailler tout en percevant sa pension, et même en accumulant des droits pour une seconde retraite. Ce dispositif, connu sous le nom de cumul emploi-retraite intégral, séduit de plus en plus de seniors désireux de rester actifs, socialement impliqués, et financièrement sereins. Grâce à un nouveau service en ligne, les démarches administratives, autrefois redoutées, sont désormais fluides, accessibles et simplifiées. Mais au-delà des mécanismes réglementaires, que signifie ce changement dans la vie quotidienne des retraités ? Quels bénéfices réels offre-t-il, et quelles précautions faut-il garder à l’esprit ? À travers témoignages, analyses et explications, plongeons dans cette nouvelle ère de la retraite active.

Le cumul emploi-retraite, qu’est-ce que c’est exactement ?

Le cumul emploi-retraite permet à une personne ayant liquidé l’ensemble de ses droits à pension de reprendre une activité professionnelle, salariée ou indépendante, sans que cela n’entraîne la suspension de sa retraite. Autrement dit, on peut être retraité et salarié en même temps. Ce dispositif n’est pas nouveau, mais il a longtemps été entouré de contraintes, notamment des plafonds de revenus ou des interdictions selon les régimes. Depuis la réforme de 2023, les règles ont été assouplies, notamment pour le cumul dit « intégral », qui permet non seulement de travailler en touchant sa pension, mais aussi de continuer à cotiser pour une nouvelle retraite.

Prenez l’exemple de Camille Vasseur, 67 ans, ancienne professeure de lettres dans un lycée de Lyon. Après avoir pris sa retraite en 2021, elle a ressenti un vide. « J’avais l’impression de ne plus servir à grand-chose, confie-t-elle. J’ai commencé à donner des cours particuliers, puis j’ai été sollicitée par une association qui accompagnait des élèves en décrochage scolaire. » En 2023, elle a franchi le pas : elle a repris un mi-temps dans un collège privé. Grâce au cumul emploi-retraite intégral, elle perçoit sa pension tout en accumulant de nouveaux droits. « C’est gratifiant, humainement et financièrement. Et je sais que cette nouvelle période de cotisation me permettra, plus tard, d’avoir une meilleure retraite complémentaire. »

Comment fonctionne la demande de seconde pension en ligne ?

Jusqu’en 2023, demander à cumuler emploi et retraite relevait souvent du parcours du combattant. Il fallait contacter plusieurs caisses de retraite (générale, Agirc-Arrco, parfois des régimes spéciaux), remplir des formulaires papier, joindre des justificatifs, et attendre des semaines. Aujourd’hui, un service numérique unique centralise toutes les démarches. Depuis la mise en ligne de la plateforme dédiée, accessible via l’espace personnel de chaque retraité sur le site de l’Assurance retraite, il suffit de quelques clics pour déclarer son intention de cumuler emploi et retraite.

Le système est conçu pour être intuitif : il identifie automatiquement les régimes auxquels le retraité a cotisé, calcule les droits ouverts, et permet de déposer la demande en un seul envoi. Une confirmation est transmise sous 72 heures, et le suivi du dossier est entièrement traçable. « Je n’ai jamais été très à l’aise avec l’informatique, mais j’ai réussi à tout faire en moins d’une heure, raconte Étienne Lambert, 64 ans, ancien ingénieur en bâtiment. J’ai repris un poste de consultant pour une petite entreprise de rénovation. Le fait que tout soit en ligne, sans courrier ni attente, c’est un vrai progrès. »

Quelles sont les étapes clés de la demande ?

La procédure en ligne se déroule en quatre étapes principales. D’abord, l’identification du retraité via FranceConnect ou ses identifiants personnels. Ensuite, la déclaration de l’activité reprise, avec le type de contrat (CDI, CDD, indépendant, etc.) et le niveau de revenu escompté. Puis, le choix du type de cumul : partiel (sous plafond) ou intégral (sans restriction, sous conditions). Enfin, la validation du dossier, avec possibilité d’ajouter des pièces justificatives si nécessaire (attestation d’embauche, déclaration d’activité indépendante, etc.).

Le système alerte automatiquement l’utilisateur si certaines conditions ne sont pas remplies, par exemple si le revenu d’activité excède le plafond autorisé pour le cumul partiel. Une assistance en ligne est disponible en temps réel, avec des chatbots et des conseillers joignables par visio ou téléphone. Résultat : les délais de traitement ont été divisés par trois par rapport à l’ancien système.

Quels sont les effets concrets de la réforme de 2023 ?

La réforme des retraites de septembre 2023 a profondément transformé la donne. En plus de l’allongement progressif de l’âge pivot, elle a introduit des mesures incitatives pour encourager le maintien dans l’emploi des seniors expérimentés. Le cumul emploi-retraite intégral en est l’un des piliers. Désormais, tout retraité qui reprend une activité peut continuer à cotiser, et ces nouvelles cotisations ouvrent droit à une seconde pension, liquidée plus tard, souvent à 70 ans ou au-delà.

« C’est une révolution douce, analyse Sophie Renard, conseillère en orientation professionnelle pour seniors. Avant, beaucoup de retraités hésitaient à reprendre une activité, de peur de perdre des droits ou de se retrouver face à une paperasse insurmontable. Aujourd’hui, on voit des gens repartir à 65, 68, voire 70 ans, avec un projet clair : gagner un complément de revenu, mais aussi construire une retraite plus confortable pour la suite. »

Les bénéfices ne sont pas uniquement financiers. Pour de nombreux seniors, rester actif, c’est rester en lien avec le monde, éviter l’isolement, maintenir un rythme de vie structuré. « Je me suis sentie rajeunie », sourit Camille Vasseur. « Retrouver mes élèves, même quelques heures par semaine, m’a redonné un sens. Et le fait que mes nouvelles cotisations comptent vraiment, c’est une forme de reconnaissance. »

Quels régimes sont concernés ?

Le dispositif s’applique à l’ensemble des régimes de base et complémentaires : Assurance retraite (régime général), CNRACL (fonction publique), MSA (agriculture), Agirc-Arrco (salariés du privé), ainsi que certains régimes spéciaux. La plateforme en ligne synchronise automatiquement les informations avec chaque caisse, ce qui évite les doublons ou les erreurs de déclaration. Un retraité qui a cotisé à plusieurs régimes dans sa carrière n’a donc pas à faire plusieurs demandes : une seule suffit.

Quels sont les avantages réels du cumul emploi-retraite ?

Les avantages sont multiples. D’abord, un gain financier immédiat : le salaire perçu en plus de la pension permet d’améliorer son niveau de vie. Ensuite, un bénéfice à long terme : chaque euro cotisé ouvre de nouveaux droits à la retraite. Enfin, un bénéfice psychologique et social : rester en activité, c’est souvent rester en forme, en contact, en mouvement.

Prenez le cas de Malik Benhima, 66 ans, ancien chauffeur de bus à Marseille. Après sa retraite, il a ouvert une micro-entreprise de transport de personnes à mobilité réduite. « Je ne voulais pas rester inactif, explique-t-il. J’avais l’expérience, les contacts, et surtout, le besoin de continuer à aider les autres. » Grâce au cumul intégral, il perçoit sa pension tout en cotisant sur ses nouveaux revenus. « Dans dix ans, j’aurai une seconde pension. C’est rassurant. Et puis, je me sens utile. »

Y a-t-il des inconvénients ou des pièges à éviter ?

Oui. Le cumul emploi-retraite n’est pas automatique. Certaines conditions doivent être remplies : avoir liquidé l’intégralité de ses droits à la retraite, ne pas exercer une activité incompatible avec le statut de retraité (selon les règles propres à chaque régime), et respecter les plafonds de revenus si l’on opte pour le cumul partiel. Le cumul intégral, lui, n’a pas de plafond, mais il exige que l’activité reprise soit réelle et déclarée.

Attention aussi aux implications fiscales. Les revenus d’activité sont imposables, tout comme une partie de la pension. Il est donc essentiel de bien anticiper sa situation globale. « J’ai consulté un conseiller fiscal avant de me lancer », précise Étienne Lambert. « Je ne voulais pas me retrouver avec une mauvaise surprise au moment de la déclaration. »

Enfin, le risque de surcharge. Certains retraités, enthousiastes, reprennent trop d’heures ou des postes trop exigeants. « Il faut garder du recul, insiste Sophie Renard. Ce n’est pas une reconversion à temps plein, mais une activité complémentaire, choisie pour son sens, pas pour son intensité. »

Comment tirer le meilleur parti de cette opportunité ?

Pour que le cumul emploi-retraite soit un succès, plusieurs clés sont à retenir. D’abord, bien connaître son profil : quels régimes a-t-on cotisés ? Quel montant de pension perçoit-on ? Ensuite, évaluer ses envies : souhaite-t-on simplement gagner un complément de revenu, ou chercher un nouveau sens à son activité ? Enfin, anticiper les démarches : la plateforme en ligne est simple, mais mieux vaut s’y prendre tôt, surtout si l’on change d’activité ou de statut (salarié à indépendant, par exemple).

Des associations comme « Seniors en Actif » ou « Réinventer sa Retraite » proposent des ateliers pour accompagner les retraités dans leurs choix. « On les aide à identifier leurs compétences, à construire un projet réaliste, et à bien comprendre les aspects administratifs », explique Sophie Renard.

Conclusion

Le cumul emploi-retraite, tel qu’il est réformé depuis 2023, n’est plus un simple dispositif technique : c’est un levier de liberté. Il permet aux retraités de rester actifs, utiles, et mieux préparés financièrement à la longue durée de leur vie. Avec la mise en place du service en ligne, les barrières administratives s’effondrent, laissant place à une retraite plus fluide, plus humaine, plus personnalisée. Bien sûr, ce n’est pas une solution universelle. Chaque situation est unique. Mais pour ceux qui en ont envie et en ont les moyens, c’est une opportunité à ne pas négliger.

A retenir

Qui peut bénéficier du cumul emploi-retraite intégral ?

Tout retraité ayant liquidé l’ensemble de ses droits à la retraite peut demander le cumul emploi-retraite intégral, à condition d’exercer une activité professionnelle réelle et déclarée. Ce dispositif est ouvert aux salariés, indépendants, et travailleurs non-salariés.

Faut-il déclarer son activité à toutes ses caisses de retraite ?

Non. Depuis la mise en place du service en ligne, une seule demande suffit. La plateforme transmet automatiquement les informations à l’ensemble des régimes concernés par le retraité.

Peut-on cumuler emploi et retraite à temps plein ?

Oui, dans le cadre du cumul intégral. Il n’y a pas de limite de temps ou de revenus. En revanche, pour le cumul partiel, des plafonds s’appliquent, généralement autour de 1,6 fois le SMIC.

Les nouvelles cotisations ouvrent-elles vraiment droit à une seconde pension ?

Oui. Chaque période de travail en cumul emploi-retraite donne lieu à de nouvelles cotisations, qui seront prises en compte pour une future liquidation de retraite, généralement à partir de 70 ans ou après arrêt définitif de toute activité.

Le service en ligne est-il sécurisé ?

Oui. La plateforme utilise les mêmes protocoles de sécurité que les services publics numériques (FranceConnect, certificats électroniques, double authentification). Les données sont protégées et ne sont accessibles qu’au retraité et aux organismes de retraite habilités.