Alors que le monde entier dépend de réseaux numériques invisibles mais vitaux, une récente avancée technologique chinoise vient de bousculer les équilibres stratégiques : un robot capable d’opérer à plus de 4000 mètres de profondeur, équipé d’un bras articulé et d’un disque diamanté capable de sectionner des câbles sous-marins blindés. Ce dispositif, officiellement conçu pour l’extraction de ressources minérales abyssales, suscite de profondes inquiétudes. Non pas parce qu’il existe, mais parce qu’il incarne une menace nouvelle, silencieuse, et potentiellement dévastatrice pour les fondations de notre civilisation numérique.
Quel est le rôle stratégique des câbles sous-marins dans notre monde connecté ?
Peu de gens réalisent que les échanges numériques qui structurent notre quotidien — vidéos en streaming, transactions bancaires, communications diplomatiques, opérations militaires — ne passent pas par des satellites, mais par un réseau de plus de 500 000 kilomètres de câbles sous-marins. Ces infrastructures, souvent oubliées, relient les continents et transportent 95 % du trafic mondial de données. Enfouis dans les abysses, certains sont protégés par des gaines d’acier et de caoutchouc, mais leur vulnérabilité n’est pas une hypothèse : elle a déjà été démontrée.
En 2022, un câble reliant la Suède à la Lituanie a été endommagé en mer Baltique. L’incident, attribué à un navire suspect, a ralenti les communications dans les pays baltes. Les soupçons se sont portés sur la Russie, qui n’a jamais été formellement inculpée, mais cet épisode a marqué un tournant : les câbles sous-marins ne sont plus seulement menacés par des accidents naturels ou des ancres malencontreuses, ils peuvent devenir des cibles géopolitiques.
Clara Véron, océanographe spécialisée en infrastructures sous-marines à l’Institut de recherche maritime de Brest, l’affirme : « On a longtemps pensé que la profondeur protégeait ces câbles. Aujourd’hui, avec des robots capables d’atteindre 4000 mètres, ce sanctuaire n’existe plus. Ce n’est plus une question de si, mais de quand un acte délibéré se produira. »
Comment fonctionne ce robot chinois et quelle est sa véritable portée ?
Le robot, développé par une équipe de l’Académie des sciences de Chine en collaboration avec des ingénieurs de Shanghaï, est conçu pour opérer dans des conditions extrêmes. À 4000 mètres de profondeur, la pression atteint 400 atmosphères — de quoi broyer un sous-marin classique. L’appareil, fabriqué en alliage de titane, résiste à ces contraintes grâce à une coque sphérique renforcée. Il est propulsé par des moteurs électriques silencieux et stabilisé par des systèmes gyroscopiques de dernière génération.
Son bras articulé, long de 2,3 mètres, peut exercer une force de 300 kilogrammes. Mais c’est son outil de coupe qui inquiète : un disque diamanté de 15 cm, capable de trancher des câbles blindés en acier et polymères en quelques minutes. Selon les spécifications publiées par le laboratoire chinois, l’appareil a été testé sur des câbles d’essai simulant ceux utilisés pour les communications internationales. Les résultats, selon un rapport technique fuité, montrent une efficacité de 98 %.
Le gouvernement chinois affirme que ce robot, nommé « DeepGuard-9 », est destiné à l’extraction de nodules polymétalliques dans les fosses océaniques. « C’est un outil de recherche, pas de guerre », a déclaré lors d’une conférence de presse le professeur Li Wenjun, chef du projet. Pourtant, la dualité de son usage — civil et potentiellement militaire — ne peut être ignorée. Comme le rappelle Julien Roche, expert en cybersécurité à Sciences Po : « Tout comme les drones ou les satellites, les robots sous-marins peuvent être des outils pacifiques… jusqu’au moment où ils ne le sont plus. »
Quels sont les risques géopolitiques d’un sabotage de câbles sous-marins ?
Imaginez un scénario : un robot, lancé depuis un navire non identifié, descend dans les profondeurs, localise un câble stratégique reliant l’Europe à l’Amérique, et le coupe. En quelques heures, les communications ralentissent, les marchés financiers s’affolent, les gouvernements perdent contact. Ce n’est pas de la science-fiction : c’est une vulnérabilité réelle.
La Chine n’a jamais menacé d’utiliser ce robot à des fins offensives. Mais l’existence même de cette technologie modifie la donne. Dans un contexte de tensions croissantes entre grandes puissances — notamment autour de Taïwan ou dans la mer de Chine méridionale —, la menace sous-marine devient un levier d’intimidation silencieux. « Couper un câble, c’est comme frapper une nation au cœur sans tirer un coup de feu », analyse Élise Troadec, géopolitologue à l’IFRI. « C’est un acte difficile à attribuer, difficile à prouver, mais aux conséquences immédiates. »
En 2023, un sous-marin chinois a été repéré près d’un câble reliant Guam à la Papouasie-Nouvelle-Guinée — une zone stratégique pour les communications militaires américaines. L’incident n’a pas été commenté officiellement, mais les services de renseignement australiens ont émis des alertes internes. Depuis, plusieurs pays, dont la France, le Japon et les États-Unis, ont renforcé leurs patrouilles dans les zones sensibles.
Pour Arnaud Lefebvre, ancien officier de marine et conseiller en sécurité maritime, « le fond des océans devient un nouveau terrain de confrontation. Et ce robot chinois est une preuve que la guerre du futur ne se mènera pas seulement dans les airs ou sur terre, mais aussi dans les ténèbres des abysses. »
Comment protéger les câbles sous-marins face à ces nouvelles menaces ?
Face à cette menace, les réponses sont encore embryonnaires. Les câbles sont dispersés sur des milliers de kilomètres, souvent dans des eaux internationales, ce qui complique toute surveillance efficace. Pourtant, des initiatives émergent.
En Europe, le projet « OceanShield » réunit plusieurs opérateurs télécoms et des agences de défense pour développer un système de détection acoustique capable d’alerter en temps réel en cas d’approche suspecte d’un robot. Des capteurs sont déjà installés le long de câbles clés, comme celui reliant l’Irlande à l’Espagne. « On ne peut pas protéger chaque mètre, mais on peut sécuriser les points critiques », explique Marc Delmas, ingénieur en chef du projet.
Ailleurs, des entreprises testent des câbles auto-réparateurs, dotés de systèmes internes capables de rediriger le trafic en cas de rupture. D’autres envisagent des drones sous-marins de surveillance, capables de suivre les mouvements suspects en fond de mer. Mais ces solutions restent coûteuses et limitées.
La coopération internationale est également en jeu. En 2024, l’OTAN a lancé un groupe de travail sur la sécurité des infrastructures sous-marines. Des exercices conjoints ont été menés entre la marine française et celle du Canada pour simuler des interventions en cas de sabotage. « Il faut créer des normes, comme celles qui régissent les communications aériennes ou satellitaires », plaide Sophie Rambert, négociatrice française à l’Organisation maritime internationale.
Quel avenir pour la sécurité numérique face aux menaces sous-marines ?
Le défi n’est pas seulement technique, il est aussi stratégique. Les câbles sous-marins sont un maillon faible dans une chaîne globale de dépendance. Leur protection exige une vision à long terme, des investissements massifs, et une coordination sans précédent entre États, entreprises et scientifiques.
Le robot chinois n’est peut-être pas une arme, mais il est un révélateur. Il montre que les frontières du conflit moderne se déplacent — vers les océans, vers les profondeurs, vers l’invisible. Comme le résume Clara Véron : « On a construit un monde connecté sans penser à sa fragilité. Aujourd’hui, les abysses nous rappellent que la paix dépend aussi de ce qu’on ne voit pas. »
A retenir
Quelle est la fonction officielle du robot chinois ?
Le robot, nommé DeepGuard-9, est officiellement conçu pour l’extraction de ressources minérales sous-marines, notamment des nodules polymétalliques présents dans les fosses océaniques. Il a été développé par l’Académie des sciences de Chine pour des missions scientifiques et industrielles.
Pourquoi ce robot inquiète-t-il la communauté internationale ?
Malgré son usage civil déclaré, le robot est capable de couper des câbles sous-marins blindés à des profondeurs extrêmes. Cette capacité soulève des inquiétudes quant à un usage potentiellement militaire, notamment dans le cadre de sabotages stratégiques visant à paralyser les communications internationales.
Quels pays sont les plus vulnérables à un sabotage de câbles sous-marins ?
Les pays insulaires ou fortement dépendants des échanges numériques internationaux — comme le Japon, l’Australie, la France d’outre-mer ou les États insulaires du Pacifique — sont particulièrement exposés. De même, les nations reliant leurs communications à un petit nombre de câbles, comme certains pays d’Afrique ou d’Europe de l’Est, sont à risque.
Existe-t-il des précédents de sabotages de câbles sous-marins ?
Oui. En 2022, des câbles en mer Baltique ont été endommagés, et des soupçons ont pesé sur des navires russes. En 2017, un câble reliant l’Égypte à l’Inde a été sectionné, perturbant les communications dans toute la région. Bien que la plupart des incidents soient accidentels, la possibilité d’actes délibérés est désormais prise au sérieux par les services de renseignement.
Quelles solutions sont envisagées pour protéger les câbles ?
Plusieurs pistes sont explorées : le déploiement de capteurs acoustiques pour détecter les approches suspectes, le développement de câbles auto-réparateurs, la mise en place de drones sous-marins de surveillance, et des patrouilles navales renforcées. Par ailleurs, une coopération internationale accrue est jugée essentielle pour établir des normes de protection communes.