À l’heure où les villes cherchent à réduire leur empreinte carbone et à désengorger leurs rues, le vélo électrique s’impose comme une solution de mobilité urbaine incontournable. Mais derrière cet essor spectaculaire se cache un frein persistant : la recharge. Câbles encombrants, prises inaccessibles, temps d’attente… les utilisateurs de VAE (vélos à assistance électrique) sont souvent confrontés à des contraintes qui nuisent à l’expérience d’usage. C’est précisément ce constat que la start-up néerlandaise Tiler entend résoudre avec une innovation disruptive : une béquille intelligente capable de recharger un vélo sans fil, simplement en le stationnant. Ce n’est plus de la science-fiction, mais une réalité en train de s’ancrer dans le quotidien de certains Européens.
Comment fonctionne la béquille connectée de Tiler ?
Un système d’induction au service du cycliste
La technologie développée par Tiler repose sur un principe d’induction électromagnétique, similaire à celui utilisé pour recharger certains smartphones, mais adapté à la puissance nécessaire pour un vélo électrique. Le cœur du système est une béquille spécialement conçue, intégrant un circuit relié directement à la batterie du VAE. Lorsque le cycliste pose son vélo sur cette béquille, celle-ci entre en contact magnétique avec une plaque au sol, activant automatiquement la recharge. Plus besoin de brancher, débrancher ou manipuler des câbles : l’opération devient aussi simple que de garer son vélo.
Performance, robustesse et praticité
Le dispositif affiche une puissance de 150 watts, ce qui permet de recharger complètement une batterie standard en environ 3 heures et demie. Un temps compétitif comparé aux chargeurs classiques, souvent limités par des prises domestiques. Le système est également conçu pour résister aux conditions extérieures : avec un indice de protection IP67, il est étanche à l’eau et à la poussière, ce qui le rend adapté aux environnements urbains, même en cas de pluie ou d’humidité. Pesant seulement 2 kg, la béquille est facile à transporter et à installer, que ce soit à domicile, au bureau ou dans un espace public.
Un témoignage concret : Élise Tremblay, cycliste à Utrecht
Élise Tremblay, urbaniste de 38 ans à Utrecht, est l’une des premières utilisatrices du système Tiler. Depuis six mois, elle utilise la béquille connectée pour recharger son vélo chaque soir après son trajet domicile-travail. « Avant, je devais démonter la batterie, la porter à l’intérieur, la brancher… Un vrai casse-tête, surtout quand il pleut. Là, je pose mon vélo, et c’est tout. Je n’ai plus à y penser. C’est un gain de temps, mais surtout un gain de confort. » Pour elle, cette innovation change radicalement la donne : « C’est comme passer d’un téléphone avec câble à un chargeur sans fil. On ne réalise l’impact que quand on l’a testé. »
Quel est l’état d’avancement de cette technologie en Europe ?
Une diffusion progressive mais réelle
La solution de Tiler n’est plus un prototype : elle est déjà disponible en précommande sur le site de la start-up, avec une livraison prévue pour l’été 2026. Plusieurs villes européennes ont pris le pas d’expérimenter cette technologie. Aux Pays-Bas, où la culture du vélo est profondément ancrée, plus de 150 stations ont été installées dans des zones résidentielles, près de gares et dans des parcs d’entreprise. En Belgique, la ville de Gand a intégré des plaques d’induction dans ses nouveaux aménagements cyclables. En Allemagne, des partenariats ont été signés avec des gestionnaires d’immeubles pour équiper les parkings de vélos en copropriété. Même en Irlande, où l’infrastructure cyclable est encore en développement, des projets pilotes ont vu le jour à Dublin.
Des retours d’expérience encourageants
À ce jour, les utilisateurs de la béquille Tiler ont cumulé plus de 305 000 kilomètres parcourus avec le système en mode recharge. Un chiffre qui témoigne non seulement de l’adoption, mais aussi de la fiabilité du dispositif. Les retours sont majoritairement positifs : simplicité d’usage, fiabilité dans le temps, et intégration fluide dans le quotidien. « Ce n’est pas juste une technologie, c’est un changement de comportement », souligne Julien Moreau, ingénieur en mobilité à Bruxelles. « On ne pense plus à la recharge comme une contrainte, mais comme un processus naturel. »
Des partenariats stratégiques pour accélérer le déploiement
Tiler collabore avec des collectivités locales, des gestionnaires immobiliers et des opérateurs de mobilité pour déployer ses stations de recharge. À Amsterdam, un partenariat avec la municipalité a permis d’installer des plaques dans des parkings publics, accessibles via une application mobile. L’utilisateur scanne un QR code, pose son vélo, et la recharge commence. Ce type d’initiative montre que la technologie peut s’intégrer dans une logique de ville intelligente, où l’infrastructure accompagne l’usager de manière fluide et invisible.
Quelles sont les perspectives de développement à l’échelle mondiale ?
Une intégration possible chez les fabricants de vélos
Le prochain saut en avant pourrait venir des grands fabricants de vélos électriques. Plusieurs d’entre eux, dont Decathlon avec sa marque Vanmove, étudient la possibilité d’intégrer directement la béquille Tiler dans leurs modèles. « Ce serait un véritable tournant », explique Camille Lenoir, analyste du secteur de la mobilité douce. « Si la technologie devient standard, elle cessera d’être un accessoire pour devenir une fonction de base, comme les freins à disque ou le GPS. »
Un défi d’adoption collective
Pour que la recharge sans fil devienne un standard, il faudra franchir plusieurs obstacles. Le premier est l’infrastructure : il faut que les plaques d’induction soient suffisamment répandues pour que l’usage soit pratique. Le second est économique : le coût de déploiement, tant pour les particuliers que pour les collectivités, doit être justifié par un retour sur investissement à long terme. Enfin, il y a la question de l’interopérabilité : pour que tous les vélos puissent en bénéficier, il faudra peut-être établir une norme commune, comme ce fut le cas pour les chargeurs de smartphones.
Un potentiel pour les villes du futur
Imaginez une ville où chaque station de vélo, chaque parking, chaque entrée d’immeuble est équipée d’une plaque d’induction. Le cycliste n’a plus à planifier sa recharge : elle se fait naturellement, au fil de ses déplacements. C’est ce futur qu’envisagent les urbanistes comme Élise Tremblay. « On parle souvent de mobilité durable, mais on oublie que la praticité est un facteur clé. Si on rend le vélo plus facile à utiliser, on en augmentera l’adoption. La recharge sans fil, c’est peut-être le petit détail qui fera basculer les comportements. »
Quel est le coût et l’accessibilité du système ?
Un investissement à moyen terme
Le système Tiler est proposé au prix de 250 euros, avec une livraison prévue pour l’été 2026. Une somme non négligeable, mais qui peut être amortie sur plusieurs années d’utilisation. Pour inciter les premiers adoptants, la start-up propose une précommande à 29 euros, symbolique mais engageante. Ce modèle économique, proche de celui des campagnes de financement participatif, permet de sécuriser les commandes tout en finançant la production.
Est-ce un luxe ou une nécessité ?
Le débat est ouvert. Pour certains, comme le journaliste spécialisé en tech Antoine Vasseur, « c’est un gadget pour privilégiés ». Mais pour d’autres, comme la cycliste Sophie Kervella, « c’est une avancée qui simplifie la vie de tous les jours ». Sophie, qui utilise son vélo électrique pour livrer des colis à Lyon, explique : « Mon temps, c’est mon argent. Si je gagne dix minutes par jour en évitant de manipuler des câbles, sur une année, ça fait plus de 60 heures. Ce n’est pas du luxe, c’est de l’efficacité. »
La question du retour sur investissement
Le vrai test sera celui du marché. Si les utilisateurs perçoivent le gain de temps, de confort et de fiabilité comme supérieur au coût, l’adoption s’accélérera. Les collectivités, elles, pourraient intégrer ces stations dans leurs plans de mobilité urbaine, comme elles l’ont fait pour les bornes de recharge électrique pour voitures. Le modèle pourrait même évoluer vers un service : paiement à la recharge, abonnement mensuel, ou gratuité dans les espaces publics.
Quels impacts pour la mobilité urbaine de demain ?
Un changement de paradigme
La recharge sans fil ne change pas seulement la manière de recharger un vélo : elle modifie notre rapport à la technologie. Elle rend l’usage du VAE plus fluide, plus naturel, moins contraint. Elle participe à une vision plus large de la ville intelligente, où les objets du quotidien s’adaptent à nous, plutôt que l’inverse. « On passe d’une logique de maintenance à une logique d’automatisation », résume Camille Lenoir.
Un levier pour la transition écologique
En facilitant l’usage du vélo électrique, cette innovation pourrait contribuer à réduire l’usage de la voiture en ville. Moins de pollution, moins de bruit, moins d’encombrement. Mais aussi une meilleure qualité de vie. Pour les urbanistes, c’est un cercle vertueux : plus le vélo devient pratique, plus les gens l’adoptent, plus les villes investissent dans les infrastructures cyclables.
Et après ? La recharge sans fil pour tous les modes de transport ?
Si le concept fonctionne pour les vélos, pourquoi pas pour les trottinettes électriques, les scooters, voire les petits véhicules urbains ? Tiler envisage déjà des extensions de son système. D’autres start-ups explorent la recharge dynamique — recharger en roulant, via des rails inductionnés dans la chaussée. Cela reste expérimental, mais les fondations sont posées.
A retenir
Qu’est-ce que la recharge sans fil pour vélos électriques ?
Il s’agit d’un système développé par la start-up néerlandaise Tiler, basé sur une béquille connectée qui recharge la batterie d’un VAE par induction lorsqu’elle est posée sur une plaque au sol. Aucun câble n’est nécessaire.
Combien de temps faut-il pour recharger un vélo avec ce système ?
Le système de Tiler, avec une puissance de 150W, permet de recharger complètement une batterie standard en environ 3 heures et demie.
Où est-ce disponible aujourd’hui ?
Le système est en précommande sur le site de Tiler, avec livraison prévue pour l’été 2026. Des installations pilotes existent déjà aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne et en Irlande, notamment dans des espaces publics et des parkings.
Quel est le prix du dispositif ?
Le système coûte 250 euros. Une précommande est possible pour 29 euros.
Quels sont les avantages par rapport à la recharge classique ?
La recharge sans fil élimine les câbles, simplifie l’usage, et s’intègre naturellement dans le quotidien. Le système est robuste (IP67), léger (2 kg), et compatible avec une utilisation en extérieur.
Les fabricants de vélos vont-ils intégrer cette technologie ?
Plusieurs marques, dont Decathlon, étudient son intégration. Si elle devient standard, cela pourrait accélérer sa diffusion à grande échelle.
Est-ce une solution durable et accessible à tous ?
Pour l’instant, le coût et la disponibilité limitent l’accès. Mais avec un déploiement croissant et des partenariats avec les collectivités, cette technologie pourrait devenir un élément clé de la mobilité urbaine inclusive et durable.