La génération Z réinvente l’âge adulte en 2025 : ce que cela change pour le monde du travail

La génération Z, née à partir de 1997, entre dans l’âge adulte avec une boussole intérieure qui diffère profondément de celle de ses aînés. Dans un monde marqué par la crise climatique, les bouleversements géopolitiques, la digitalisation accélérée et l’instabilité économique, ces jeunes adultes ne se contentent pas de s’adapter : ils redéfinissent les contours mêmes de la vie adulte. Une étude internationale menée auprès de 10 000 jeunes dans dix pays révèle que leur vision du succès, du travail et des relations humaines est en train de transformer en profondeur les attentes sociétales. Derrière les chiffres se cachent des parcours singuliers, des choix de vie audacieux et une volonté collective de vivre autrement. Voici comment cette génération, à la fois réaliste et idéaliste, façonne un nouveau modèle de l’âge adulte.

Qu’est-ce qui distingue la génération Z dans sa vision de l’âge adulte ?

À l’aube de leurs trente ans, les membres de la génération Z naviguent dans un monde qu’ils n’ont pas choisi mais qu’ils s’efforcent de comprendre et de transformer. Ce qui les caractérise, c’est moins un rejet systématique des normes passées qu’une réinterprétation pragmatique de celles-ci. Leur enfance a été bercée par Internet, les réseaux sociaux et l’accès instantané à l’information. Cette exposition précoce au global leur a donné une conscience aiguë des inégalités, des crises environnementales et des failles des systèmes économiques.

Élise Tchakarov, sociologue spécialisée dans les mutations intergénérationnelles, observe : « Ces jeunes n’ont pas connu un monde stable. Ils ont grandi pendant la crise des subprimes, ont vu leurs parents lutter pour garder leur emploi, puis ont vécu une pandémie mondiale. Leur rapport à la sécurité est donc fondamentalement différent. » Ce contexte explique pourquoi, contrairement aux générations X ou Y, ils ne croient plus automatiquement en la promesse d’un parcours linéaire : études, emploi stable, maison, enfants.

Leur vision de l’âge adulte est moins liée aux étapes traditionnelles qu’à un sentiment d’autonomie, de bien-être et de cohérence. Pour eux, devenir adulte, ce n’est pas forcément acheter une maison ou gravir les échelons dans une entreprise, mais pouvoir vivre en accord avec leurs valeurs, tout en assurant leur indépendance financière.

Pourquoi la famille et la santé mentale prennent-elles le pas sur la carrière ?

Les données sont claires : 87 % des jeunes de cette génération jugent essentielle la liberté financière, mais seulement 42 % associent richesse et réussite. Ce paradoxe révèle une profonde transformation des priorités. L’argent n’est plus un symbole de statut, mais un outil permettant de vivre pleinement.

Prenez le cas de Samir Bensaid, 28 ans, développeur web à Lyon. Après trois ans dans une grande entreprise tech, il a choisi de quitter son poste bien rémunéré pour créer une micro-entreprise de formation en programmation pour les jeunes en difficulté. « Je gagne moins, mais je dors mieux », sourit-il. Pour Samir, la réussite, c’est « pouvoir choisir ses horaires, passer du temps avec sa sœur qui a des troubles anxieux, et sentir que son travail a du sens ».

La santé mentale est devenue un pilier central de leur conception de la vie adulte. Les réseaux sociaux, souvent pointés du doigt pour leurs effets négatifs, ont aussi permis de briser les tabous autour de la souffrance psychique. Des figures publiques, des influenceurs ou des amis partagent leurs expériences, normalisant la thérapie, le burn-out ou les troubles de l’anxiété.

Camille Fournel, 25 ans, étudiante en psychologie à Montréal, raconte : « Chez mes parents, on ne parlait jamais de dépression. Moi, j’ai commencé la thérapie à 19 ans, et c’est devenu une priorité. Je ne postule plus à des stages où je sens que l’environnement serait toxique. » Cette vigilance n’est pas de la fragilité, mais une forme d’intelligence émotionnelle qui guide leurs choix.

Comment la génération Z redéfinit-elle le rapport au travail ?

Le modèle du « job à vie » est obsolète pour la plupart des jeunes de cette génération. Ils ne rejettent pas le travail, mais ils le repensent. La fidélité à une entreprise n’est plus une vertu, mais une option parmi d’autres. Ce n’est pas par manque de sérieux, mais par volonté de s’adapter à un marché du travail en mutation et à des aspirations évolutives.

Les entreprises doivent désormais faire face à une nouvelle donne : attirer des talents qui ne se laissent pas impressionner par les titres ronflants ou les bureaux design. Ce que cherche la génération Z, c’est de l’authenticité. 70 % des jeunes interrogés dans l’étude affirment vouloir transparence sur les valeurs de l’entreprise, la rémunération équitable, et les conditions de travail réelles.

« Quand j’ai rejoint une start-up qui se disait “engagée pour la planète”, j’ai vite découvert qu’ils faisaient du greenwashing total », raconte Lina Kaboré, 30 ans, chargée de communication à Berlin. « J’ai posté un message sur LinkedIn, en détaillant les écarts entre leurs discours et leurs pratiques. J’ai été licenciée deux semaines plus tard. Mais je n’ai aucun regret. »

Cette quête d’alignement entre valeurs personnelles et professionnelles oblige les entreprises à repenser leur culture interne. Les jeunes ne veulent pas seulement un bon salaire, mais un cadre de travail où ils peuvent s’exprimer, où leurs idées sont écoutées, et où l’équilibre vie pro/vie perso n’est pas un slogan vide.

Quels impacts ces nouvelles attentes ont-elles sur les entreprises ?

Le monde du travail est en pleine mutation, poussé par les exigences de la génération Z. Les entreprises qui ignorent ces changements risquent de perdre en attractivité. La flexibilité, le télétravail, les congés pour santé mentale, la diversité et l’inclusion ne sont plus des avantages optionnels, mais des attentes de base.

Les DRH doivent désormais composer avec une génération qui pose des questions directes : « Combien gagne le patron ? », « Quelle est votre empreinte carbone ? », « Avez-vous des femmes ou des personnes racisées dans votre comité de direction ? ».

Thomas Le Guern, directeur des ressources humaines dans une entreprise de logistique en Bretagne, témoigne : « On a dû revoir toute notre communication interne. On a instauré des réunions mensuelles où les employés peuvent interpeller la direction. On a aussi publié un barème de salaires par poste. Ce n’était pas facile, mais ça a renforcé la confiance. »

Le défi est d’autant plus grand que cette génération valorise la mobilité. Selon l’étude, plus de la moitié des jeunes envisagent de changer d’entreprise tous les deux à trois ans. Ce n’est pas de l’instabilité, mais une stratégie pour éviter l’épuisement, explorer de nouveaux domaines, et continuer à apprendre.

Certains chefs d’entreprise voient là une menace. D’autres, comme Nawel Benamara, fondatrice d’une coopérative de services numériques à Toulouse, y voient une opportunité : « Cette génération nous oblige à être meilleurs. Plus justes, plus transparents, plus humains. C’est une chance pour transformer le travail en un lieu d’épanouissement, pas seulement de productivité. »

Comment la génération Z conçoit-elle le succès ?

Le succès, pour la génération Z, n’est plus mesuré à l’aune du statut social ou du montant du salaire. Il s’incarne plutôt dans des moments de liberté, de connexion humaine, de créativité ou de contribution. Le bonheur au quotidien prime sur la reconnaissance extérieure.

C’est ce que vit Raphaël Timsit, 31 ans, photographe indépendant basé à Lisbonne. Après des années dans une agence de publicité, il a tout quitté pour voyager, travailler à mi-temps et se consacrer à un projet documentaire sur les quartiers populaires d’Europe du Sud. « Je ne suis pas riche, mais je me sens libre. Je décide de mes journées, je vois mes amis quand je veux, je fais un travail qui me touche. C’est ça, pour moi, devenir adulte. »

Le succès est devenu un concept fluide, subjectif, et profondément personnel. Il ne s’inscrit plus dans une trajectoire imposée, mais dans une recherche continue d’équilibre. Cette génération ne cherche pas à “réussir” une fois pour toutes, mais à vivre de manière durable, authentique, et alignée.

Quels défis restent à surmonter pour cette génération ?

Malgré leur lucidité et leur volonté de changement, les jeunes de la génération Z font face à des obstacles concrets. Le coût de la vie, particulièrement dans les grandes villes, rend l’indépendance financière difficile. L’accès à la propriété, aux soins de santé ou à une retraite digne reste incertain.

De plus, leur quête d’authenticité peut parfois les exposer à des pressions paradoxales. Sur les réseaux sociaux, certains se sentent obligés de « performer » dans leur bien-être, leur minimalisme ou leur engagement, ce qui crée une nouvelle forme de stress.

Enfin, leur méfiance envers les institutions, bien fondée, peut parfois les amener à rejeter toute forme d’autorité ou de hiérarchie, même légitime, ce qui complique leur intégration dans certains environnements professionnels.

Conclusion : une génération en transition, mais porteuse d’espoir

La génération Z ne se contente pas de grandir dans un monde en crise : elle en imagine un autre. Moins centré sur la performance, plus attentif au collectif, plus respectueux des limites humaines et écologiques. Leur vision de l’âge adulte n’est pas un rejet du passé, mais une réponse lucide à un présent complexe.

Leur pragmatisme, leur sensibilité aux enjeux sociaux et leur exigence d’authenticité forcent les entreprises, les institutions et la société dans son ensemble à évoluer. Ce n’est pas une révolution bruyante, mais une transformation silencieuse, portée par des choix individuels qui, ensemble, redessinent les contours de la vie adulte.

A retenir

Quelles sont les principales valeurs de la génération Z envers l’âge adulte ?

La génération Z valorise l’autonomie, la santé mentale, les relations humaines et la cohérence entre ses valeurs personnelles et professionnelles. Elle privilégie l’épanouissement à la réussite matérielle et cherche à vivre une vie authentique, même si cela implique des compromis financiers.

Pourquoi cette génération change-t-elle de travail plus souvent ?

Elle ne change pas de poste par caprice, mais par recherche de sens, de flexibilité et de bien-être. Face à des environnements de travail jugés toxiques ou incohérents avec leurs valeurs, beaucoup préfèrent partir tôt plutôt que de sacrifier leur santé mentale.

Comment les entreprises peuvent-elles s’adapter à ces nouvelles attentes ?

En adoptant plus de transparence, notamment sur les salaires et les politiques internes, en favorisant la flexibilité, en intégrant des mesures de soutien à la santé mentale, et en permettant une réelle participation des jeunes collaborateurs à la prise de décision.

La génération Z est-elle pessimiste ou réaliste ?

Elle est surtout réaliste. Ayant grandi dans un contexte de crises multiples, elle ne croit plus aux promesses automatiques de progrès ou de stabilité. Mais loin de se résigner, elle cherche à construire des modèles de vie plus résilients, plus humains, et plus durables.