Thé en sachet : des pesticides et plastiques découverts en 2025, méfiez-vous de votre marque

Boire une tasse de thé, c’est un geste simple, presque sacré pour certains. Un moment de pause, une respiration dans la journée, une habitude transmise de génération en génération. Pourtant, derrière cette apparente innocence se cache un enjeu de santé publique que peu soupçonnent. Une récente enquête de 60 Millions de consommateurs vient de secouer le monde du thé en sachet, révélant des pratiques industrielles inquiétantes. Ce n’est plus seulement une question de goût, mais de sécurité alimentaire. Car ce que l’on croit être une infusion saine pourrait bien contenir des substances indésirables, voire interdites.

Les sachets de thé sont-ils vraiment sûrs ?

Qu’a découvert 60 Millions de consommateurs ?

L’organisation, réputée pour son exigence, a analysé près de cinquante références de thés et tisanes en sachets, provenant aussi bien de grandes marques nationales que de distributeurs. Les résultats sont sans appel : plusieurs produits contiennent des résidus de pesticides bien au-dessus des seuils autorisés. Pire encore, certains sachets renferment des substances totalement interdites à la consommation humaine.

Les analyses ont révélé la présence de fragments de plastique, de poils de rongeurs, ou même de petits cailloux. Des éléments qui n’ont rien à faire dans une tasse d’infusion, surtout lorsqu’on la choisit pour ses vertus relaxantes ou digestives. « Quand j’ai lu le rapport, j’ai jeté tous mes sachets », confie Camille Rostand, enseignante à Lyon et consommatrice quotidienne de tisane à la camomille. « Je me disais que boire une infusion, c’était sain. Mais là, c’est comme si on me disait que mon aliment de confort était contaminé. »

Ces contaminations ne sont pas le fait du hasard, mais révèlent des failles dans les chaînes de production et de contrôle qualité. Les matières premières, souvent importées de pays où les réglementations phytosanitaires sont moins strictes, ne seraient pas suffisamment triées ou contrôlées avant conditionnement.

Quelles marques sont concernées ?

Pourquoi des grandes enseignes sont-elles pointées du doigt ?

Le rapport n’épargne pas les marques emblématiques. Lipton, Twinings, mais aussi des marques de distributeurs comme Auchan, Lidl ou Super U, figurent parmi les produits les plus critiqués. Le thé vert détox de Lipton, vendu comme un allié minceur et purifiant, a été particulièrement mis en cause : il contient un pesticide classé comme interdit en Europe. Un paradoxe pour un produit commercialisé comme « bien-être ».

Le thé à la menthe de Leclerc, quant à lui, présente des niveaux élevés de résidus de pesticides, notamment des néonicotinoïdes, des substances suspectées d’être néfastes pour la santé humaine à long terme. « On achète ces produits parce qu’ils sont accessibles, pratiques, et portent des noms rassurants », analyse Élodie Ferrier, pharmacienne à Toulouse. « Mais la commodité ne doit pas se faire au détriment de la santé. »

Et les infusions, sont-elles plus sûres ?

On pourrait croire que les infusions, souvent perçues comme plus naturelles, échappent à ces problèmes. Erreur. Certaines tisanes à base de verveine, vendues comme des produits apaisants, contiennent elles aussi des micro-fragments de plastique ou des impuretés minérales. « La verveine est censée aider à dormir, à se détendre. Mais si elle contient des débris industriels, on perd tout le bénéfice », s’insurge Julien Moreau, éleveur bio dans le Gard, qui a lui-même fait analyser les infusions qu’il consommait.

Le paradoxe est criant : des produits vendus comme « naturels » ou « bio » (certains ne le sont pas, d’ailleurs) contiennent des éléments totalement artificiels. Et la certification bio, bien que rassurante, n’est pas une garantie absolue, surtout lorsque les contrôles post-importation sont insuffisants.

Comment choisir un thé sain et responsable ?

Pourquoi privilégier le thé en vrac ?

La première recommandation des experts est claire : passez au thé en vrac. Ce format, bien que moins pratique pour certains, offre une qualité supérieure. Moins de manipulation, moins de conditionnement, et surtout, une traçabilité souvent plus transparente. « Le vrac, c’est comme acheter du pain chez un boulanger artisanal plutôt qu’en barquette », compare Léa Bompard, fondatrice d’une petite boutique de thés à Bordeaux. « On voit ce qu’on achète, on sent les arômes, on choisit la quantité. Et surtout, on évite les sachets en plastique ou les agrégats de poussières de thé. »

Les sachets industriels contiennent souvent des « poussières de thé » ou des « fannings », des résidus de feuilles broyées qui libèrent plus rapidement les pesticides. Le vrac, lui, utilise généralement des feuilles entières, moins traitées.

Comment repérer les marques fiables ?

La certification bio est un bon indicateur, mais elle ne suffit pas. Il faut aussi regarder l’origine des plantes. Les thés venant d’Inde, du Sri Lanka ou de Chine doivent être accompagnés d’analyses de traçabilité. Certaines marques, comme Kusmi Tea ou Palais des Thés, ont renforcé leurs contrôles internes et publient régulièrement leurs rapports d’analyse.

« Depuis que j’ai découvert le rapport, je n’achète plus qu’en boutique spécialisée », raconte Thomas Lefebvre, retraité à Nantes. « J’ai pris le temps de discuter avec le vendeur, de comprendre d’où venait chaque thé. Je paie un peu plus cher, mais je sais que je ne bois pas du plastique. »

Les herboristeries, une alternative sérieuse ?

Les herboristeries, souvent perçues comme des lieux un peu ésotériques, deviennent des relais de confiance. « Nous travaillons avec des producteurs français ou européens, qui cultivent sans pesticides », explique Aminata Diop, herboriste à Montpellier. « Nos tisanes sont séchées à basse température, conditionnées sans additifs, et nous refusons les lots dont les analyses ne sont pas parfaites. »

Pour les consommateurs soucieux de leur santé, ces lieux offrent une transparence que les grandes surfaces peinent à égaler. Et contrairement aux idées reçues, les prix ne sont pas toujours exorbitants.

Le système est-il en train de changer ?

Quelles régulations sont en jeu ?

Les révélations de 60 Millions de consommateurs ont eu un effet de levier. Des discussions sont désormais engagées au sein du ministère de la Santé et de la Commission européenne pour renforcer les normes sur les résidus de pesticides dans les infusions. Une proposition vise à instaurer des seuils spécifiques pour les thés et tisanes, actuellement classés dans la catégorie « autres végétaux », ce qui rend les contrôles trop laxistes.

« Il est anormal que des produits destinés à être infusés dans de l’eau chaude, donc directement absorbés par l’organisme, ne fassent pas l’objet d’une réglementation stricte », affirme le docteur Nicolas Aubry, toxicologue à l’Inserm. « Nous parlons de molécules qui peuvent s’accumuler dans le corps, avec des effets à long terme sur le système endocrinien ou neurologique. »

Les industriels réagissent-ils ?

Quelques marques ont réagi publiquement. Lipton a annoncé un audit de ses fournisseurs et une révision de ses processus de contrôle. Twinings a promis de publier davantage d’informations sur l’origine de ses matières premières. Mais pour certains, ces mesures tardent à se concrétiser. « C’est bien de communiquer, mais il faut des actes », tempère Camille Rostand. « Je veux des analyses indépendantes, pas des communiqués rassurants. »

Le consommateur, de plus en plus informé, devient un acteur du changement. En choisissant des produits responsables, il pousse l’industrie à s’adapter. « La pression du marché est parfois plus efficace que la réglementation », note Élodie Ferrier.

Conclusion : une tasse de thé, un acte de vigilance

Boire une infusion ne devrait pas être un pari sur sa santé. Pourtant, les analyses récentes montrent que ce geste quotidien peut cacher des risques insoupçonnés. Les sachets de thé, pratiques mais souvent peu contrôlés, peuvent contenir des pesticides interdits, des fragments de plastique ou des impuretés animales. Des grandes marques aux distributeurs, personne n’est épargné.

La solution ? Passer au vrac, privilégier les certifications bio fiables, s’approvisionner en boutique spécialisée ou en herboristerie. Et surtout, rester vigilant. Le thé, cette boisson millénaire, mérite mieux que des compromis sur sa qualité. Chaque tasse devrait être une promesse de bien-être, pas une source d’inquiétude.

A retenir

Quels sont les principaux risques des thés en sachets ?

Les sachets peuvent contenir des résidus de pesticides, parfois interdits, ainsi que des impuretés comme des fragments de plastique, des poils de rongeurs ou des cailloux. Ces contaminants proviennent souvent de matières premières mal triées ou de processus industriels insuffisamment contrôlés.

Les infusions sont-elles plus sûres que les thés ?

Non. Certaines infusions, comme celles à base de verveine, ont également été trouvées contaminées. Leur image de « pureté » ne garantit pas une absence de risques, surtout si elles proviennent de filières non contrôlées.

Le thé en vrac est-il vraiment meilleur ?

Oui. Il utilise généralement des feuilles entières, moins traitées, et implique moins de conditionnement. Il permet aussi une meilleure traçabilité et une réduction significative des contaminants.

Les marques bio sont-elles fiables ?

La certification bio est un bon indicateur, mais elle ne doit pas être la seule référence. Il est essentiel de vérifier l’origine des plantes et la transparence des marques sur leurs contrôles qualité.

Que faire si on a consommé ces produits ?

Il n’y a pas d’urgence à court terme, mais il est conseillé de changer ses habitudes d’achat. Les effets des pesticides sont souvent cumulatifs. Privilégier des alternatives plus sûres permet de réduire l’exposition à long terme.