Quand le rideau tombe après plus de cent soixante-dix victoires, ce n’est pas seulement un fauteuil rouge qui change de mains, mais une ère qui s’achève. Joël Lacroix, ancien conducteur de train devenu figure emblématique de *Tout le monde veut prendre sa place*, quitte l’émission avec la dignité de ceux qui savent reconnaître le moment où il faut lâcher prise. Son départ, marqué par une défaite face à Aurélie le 12 août 2025, n’est pas une chute, mais une transition. Avec 159 800 euros accumulés et un parcours historique, il laisse derrière lui bien plus qu’un score : une leçon de sérénité, d’humilité, et de fidélité à soi-même. Ce n’est pas l’argent qui l’a porté, mais une passion tranquille, une rigueur mentale, et un amour du jeu qui transcende les chiffres. Aujourd’hui, il parle de projets concrets, de sa famille, et de cette liberté retrouvée après une aventure longue et intense. Son récit, loin des effets spectaculaires, sonne juste.
Quel a été le parcours exceptionnel de Joël Lacroix dans l’émission ?
Joël Lacroix a marqué l’histoire de *Tout le monde veut prendre sa place* par une régularité presque inhumaine. 173 victoires consécutives, un chiffre qui défie les lois de la fatigue et de l’aléatoire. Pendant des mois, il a occupé le fauteuil rouge de France 2, devenant une présence rassurante pour les téléspectateurs fidèles. Son style, sobre et précis, contrastait avec les tempéraments flamboyants parfois attendus à la télévision. Il ne criait pas, ne gesticulait pas, mais répondait avec une clarté qui impressionnait autant qu’elle intimidait ses adversaires.
La fin de son règne, le 12 août 2025, a été vécue comme un événement collectif. Dans le studio, l’atmosphère était tendue. Aurélie, nouvelle venue, avait refusé son offre de 100 euros, signe qu’elle visait le fauteuil. Ce refus, rarement payant, a cette fois porté chance. La salle a retenu son souffle lorsque l’ordinateur a annoncé le vainqueur. Joël, impassible, a souri. Pas de geste dramatique, pas de regard noir. Juste une poignée de main, un merci murmuré à Cyril Féraud, et un pas de côté. “Je sentais que c’était le moment”, confie-t-il plus tard. “Je n’avais plus la même envie. Mon jeu commençait à se gripper, comme un moteur qui tourne à vide.”
Il évoque ces deux jours d’enregistrement fatidiques, où il a perdu autant de fois qu’en 160 parties précédentes. Une anomalie statistique, mais aussi un signal. “C’est comme si mon corps m’avait dit : ça suffit.” Il reste néanmoins le deuxième plus grand champion de l’émission, derrière le record absolu, mais devant des dizaines d’autres qui n’ont jamais dépassé la dizaine de victoires. Son endurance, dans un jeu où la pression mentale est constante, est un exploit en soi.
Comment a-t-il vécu la fin de son aventure ?
La fin d’un cycle, surtout quand il dure des mois, laisse un vide. Pour Joël, ce vide n’est pas douloureux, mais libérateur. “Je n’ai aucune amertume”, assure-t-il. “J’ai donné ce que j’avais à donner. Je suis parti debout.” Il remercie chaleureusement le public, l’équipe de production, et Cyril Féraud, qu’il décrit comme “un pilote calme au milieu du chaos”.
Il reconnaît avoir été usé par le rythme des enregistrements. “Quand tu joues tous les deux jours, que tu dois rester concentré, que tu sens les regards sur toi… la lucidité s’émousse. Tu réponds par automatisme, tu perds un peu de ton essence.” C’est cette perte de spontanéité qui l’a alerté. “Je ne jouais plus pour le plaisir. Je jouais pour tenir. Et ça, c’est dangereux.”
Le lendemain de sa défaite, il s’est réveillé sans alarme, sans stress. “J’ai regardé le ciel par la fenêtre, et j’ai pensé : je suis libre.” Ce mot, “libre”, revient souvent dans ses propos. Libre de ne plus calculer les points, de ne plus penser à la cagnotte, de ne plus sentir le poids du fauteuil. Pour lui, cette liberté vaut tous les gains.
Quels sont ses projets concrets après la victoire ?
Contrairement à ce que certains imaginent, Joël ne compte pas s’envoler vers une île déserte ou s’acheter une voiture de luxe. Son plan est simple, presque domestique. “L’argent, c’est d’abord pour régler des problèmes”, dit-il sans détour. Le couple qu’il forme avec Laurence, sa femme, porte encore des emprunts liés à leur maison, une ancienne ferme restaurée près de Pau. “On a fait des travaux, mais il reste des choses à finir. Le toit, l’isolation… des trucs qui coûtent cher mais qui ne font pas rêver.”
Il compte utiliser une partie de la cagnotte pour alléger ce poids financier. “Quand tu n’as plus de crédit au cou, tu respires mieux. C’est con, mais c’est vrai.” Il insiste sur cette idée de stabilité. “Le bonheur, ce n’est pas dans les billets, c’est dans la tranquillité.”
Il veut aussi gâter ses enfants, Inès et Adrien, respectivement 29 et 27 ans. Inès, professeure de lettres dans un lycée de Bordeaux, a toujours soutenu discrètement son père. “Elle ne regardait pas les émissions en direct. Elle disait : ‘Je préfère t’appeler après, quand c’est fini.’” Adrien, ingénieur en énergie renouvelable, a fait le déplacement plusieurs fois sur le tournage. “Il venait avec ses potes du club de quiz. Ils criaient mon nom comme si j’étais un joueur de rugby.”
Joël prévoit d’inviter toute la famille, ainsi que les amis du club, dans un restaurant traditionnel du Béarn. “Pas un truc chic, non. Un endroit où on mange bien, où on parle fort, où on rit.” Pour lui, ce moment de partage est aussi important que les travaux de la maison. “J’ai joué seul, mais je gagne pour nous.”
Comment sa famille a-t-elle vécu cette aventure ?
Laurence, sa femme, a été le pilier silencieux de cette aventure. “Elle n’a jamais voulu venir sur le plateau. Elle disait : ‘Je te regarde à la télé, c’est déjà assez.’” Elle a continué sa routine : ses parties de golf, ses rendez-vous avec les voisines, ses soirées devant les séries policières. “Elle m’a rappelé tous les jours que je n’étais pas une star, juste un homme qui joue au quiz. Et c’est ce qui m’a gardé les pieds sur terre.”
Joël promet qu’elle pourra désormais profiter pleinement de ses passions. “Elle a mis de côté certaines dépenses pendant que je jouais. Maintenant, elle peut reprendre ses abonnements, s’inscrire à des tournois, voyager si elle veut.” Il sourit : “Et puis, elle pourra enfin regarder *Tout le monde veut prendre sa place* sans stress. Elle pourra même faire des pronostics !”
Leur appartenance à l’Aviron Bayonnais, club de rugby local, est aussi un fil rouge dans leur vie. “On va au stade tous les mois. Même quand on perd, on rentre contents.” Joël pense offrir des places VIP à sa famille pour la prochaine saison. “On ne sera pas dans la loge du président, mais on sera bien placés. Et on criera fort.”
Quel a été son véritable moteur pendant le jeu ?
“L’argent ne m’a jamais guidé”, affirme Joël. “Je savais très bien à quoi correspondait la somme, mais je ne la regardais pas. Les gens parlaient de chiffres, moi je parlais de jeu.” Pour lui, la clé de sa longévité réside dans cette absence de calcul. “Dès que tu penses à ce que tu vas gagner, tu perds. Tu te tends, tu réfléchis trop. Le jeu, c’est de l’instinct, de la concentration, de la régularité.”
Il adresse un conseil clair aux futurs champions : “Ne calculez pas. La durée vient avec l’élan, pas avec les comptes. Ne dites pas : ‘J’ai donné tant, ça va rapporter tant.’ Honnêtement, c’est secondaire.”
Il reconnaît que le cadre de l’émission, orchestré par Cyril Féraud, ajoute une pression réelle. “Le rythme, les lumières, les caméras… tout est conçu pour te déstabiliser. Mais si tu restes simple, si tu écoutes, si tu agis avec constance, tu tiens.” C’est cette philosophie, presque stoïque, qui l’a porté. “Même quand le fauteuil semblait vaciller, je me disais : respire, écoute, réponds. Un mot après l’autre.”
Quelle trace laisse-t-il dans l’histoire de l’émission ?
Joël Lacroix quitte *Tout le monde veut prendre sa place* sans renier l’effort, sans dramatiser la défaite, et sans chercher à s’inscrire dans la légende. Pourtant, sa trace est indéniable. Il incarne une certaine idée du champion : pas celui qui hurle sa victoire, mais celui qui la vit avec calme. Son parcours dit que le jeu peut être une passion pure, dégagée de la course à l’argent ou à la notoriété.
Il a prouvé que la constance, plus que le génie, peut mener loin. Il a montré que la clarté mentale protège mieux que l’ambition. Et surtout, il a rappelé que derrière chaque victoire, il y a une vie, une famille, des priorités qui ne changent pas.
“La boussole, elle n’a jamais bougé”, dit-il. “Elle pointait vers la maison, vers les miens. Le fauteuil, c’était une aventure. Mais l’essentiel, c’était ailleurs.”
A retenir
Quel est le montant de la cagnotte remportée par Joël Lacroix ?
Joël Lacroix a accumulé un total de 159 800 euros au cours de ses 173 victoires dans *Tout le monde veut prendre sa place*. Ce montant, bien qu’impressionnant, n’a jamais été son objectif principal, selon ses propres déclarations.
Pourquoi a-t-il décidé d’arrêter l’émission ?
Il a senti une lassitude s’installer, une perte d’envie qui affectait son jeu. Après avoir perdu plusieurs fois en deux jours d’enregistrement — un phénomène rare dans son parcours —, il a compris que son cycle était terminé. Il a choisi de partir avec sérénité, sans forcer la chance.
Comment compte-t-il utiliser l’argent gagné ?
Il prévoit d’abord de régler les derniers travaux de sa maison et d’alléger les emprunts en cours. Ensuite, il souhaite offrir des moments de partage à sa famille et à ses amis proches, notamment en organisant un repas convivial et en soutenant les loisirs de sa femme, Laurence.
Quel message adresse-t-il aux futurs candidats ?
Il leur conseille de ne pas calculer leurs gains, de jouer pour le plaisir du jeu et non pour l’argent. Selon lui, la durée dans l’émission vient de l’élan intérieur, pas des stratégies financières. La constance, l’écoute et la simplicité sont les véritables clés de la réussite.