La naissance de quintuplés est un événement rare, marqué à la fois par l’émerveillement et les défis. Pour Betsy et Dan Santiso, un couple originaire de l’Ohio, cette aventure a commencé dans l’intensité, entre espoir, soins médicaux et profonde réflexion sur ce que signifie offrir une identité à cinq nouveaux êtres. Plutôt que de céder à la mode ou à l’exotisme, ils ont choisi une voie singulière mais empreinte de sens : des prénoms d’arbres. Ces noms, à la fois simples et chargés de symbolisme, ne sont pas une lubie, mais une intention clairement pensée, nourrie par leur foi, leur histoire et leur désir de donner à chacun de leurs enfants un ancrage solide dès les premiers instants de la vie.
Pourquoi avoir choisi des prénoms d’arbres pour cinq enfants ?
Quand Betsy, enseignante dans une école primaire de Columbus, apprend qu’elle porte cinq bébés, son premier réflexe n’est pas de chercher des prénoms extravagants ou tendance. Au contraire, elle pense à ce qu’elle a vu dans sa classe : des enfants portant des prénoms inventés, parfois difficiles à prononcer, qui devenaient sources de moqueries ou de malentendus. « J’ai vu des enfants hésiter à lever la main parce qu’ils avaient peur que le maître ne sache pas dire leur nom », raconte-t-elle, assise dans la petite chambre d’hôpital où elle passe désormais la majorité de ses journées. Dan, ingénieur en environnement, partage cette vision : « On voulait quelque chose de vrai, de simple, mais de profond. Pas un nom choisi pour briller, mais pour durer. »
Leur inspiration est venue de leur fils aîné, Rowan, né deux ans plus tôt. Son prénom, tiré du sorbier, avait été choisi pour sa sonorité douce et son symbolisme ancien — arbre de protection, de clairvoyance. « Rowan, c’est comme un petit phare », explique Dan. « Il a grandi avec ce nom, et on a vu combien il lui allait bien. Il est calme, observateur, solide. » Ce constat les a amenés à imaginer une fratrie unie non seulement par le sang, mais par une même racine symbolique : celle des arbres.
« On ne voulait pas des noms de mode, ni des noms trop compliqués », précise Betsy. « On voulait que chaque enfant puisse s’approprier son prénom facilement, qu’il puisse se l’entendre dire sans honte, sans effort. Et qu’il y ait un sens, quelque chose de vivant derrière. » C’est ainsi que l’idée d’une fratrie d’arbres a pris racine — littéralement.
Quel sens portent ces prénoms d’arbres ?
Les quintuplés — une fille et quatre garçons — portent désormais des prénoms qui résonnent comme des promesses. Juniper, la seule fille, porte le nom du genévrier, un arbre résistant, souvent associé à la purification et à la vitalité. « Juniper, c’est la force discrète », décrit Betsy. « C’est une plante qui pousse même dans les endroits rocailleux, qui ne demande pas grand-chose pour s’épanouir. On espère qu’elle portera cette lumière-là en elle. »
Les quatre garçons, eux, ont reçu des prénoms tirés d’essences forestières aux vertus distinctes. Cedar, le cèdre, évoque la longévité, la sagesse, la stabilité. « C’est un arbre qui dure des siècles, qui résiste aux intempéries », souligne Dan. « On l’a choisi pour l’un des plus grands, parce qu’il a cette présence, même dans son incubateur. » Linden, le tilleul, est associé à l’amour, à la guérison, à la douceur. « C’est un arbre aux fleurs parfumées, aux feuilles en forme de cœur », ajoute Betsy, émue. « On l’a choisi pour celui qui semblait le plus fragile à la naissance, mais qui respire avec une régularité incroyable. »
Torrey, nom rare, fait référence au pin de Torrey, une espèce menacée mais résiliente, poussant sur les falaises californiennes. « C’est un arbre qui pousse là où rien ne devrait pousser », dit Dan. « On l’a choisi pour l’un des plus petits, celui qui a le plus de mal à prendre du poids. On voit en lui cette beauté fragile, mais tenace. » Enfin, Alder, l’aulne, pousse souvent au bord des rivières, là où l’eau est mouvante. « Il symbolise la régénération, la flexibilité », explique Betsy. « Il pousse vite, il s’adapte. C’est un arbre qui sait vivre entre deux mondes. On l’a donné à celui qui a le rythme le plus imprévisible, mais aussi le plus joyeux. »
Chaque prénom est ainsi un talisman, une boussole douce. « On ne leur impose pas un destin », précise Dan. « Mais on leur donne un mot qui parle de nature, de croissance, de résistance. On espère qu’ils pourront s’y accrocher, un jour, quand ils auront besoin de savoir qui ils sont. »
Quelle est la réalité de la naissance prématurée à 29 semaines ?
Les quintuplés sont nés à 29 semaines d’aménorrhée, après une grossesse surveillée de près. « On savait que ce serait tôt », confie Betsy. « Mais quand les médecins ont dit “préparons-nous pour une naissance à 28-30 semaines”, on a senti le sol se dérober. » Les bébés, tous entre 1,3 et 1,5 kg, ont été immédiatement transférés en unité de soins intensifs néonatals. « Le plus dur, c’est de ne pas pouvoir les prendre dans ses bras », raconte Dan. « Tu vois ton enfant, tu veux le toucher, le sentir, mais il est dans une couveuse, relié à des tubes. »
Pourtant, jour après jour, les signes sont encourageants. Les bébés respirent mieux, téteront bientôt, prennent du poids lentement mais sûrement. « On suit chaque gramme comme un trésor », sourit Betsy. « Hier, Juniper a tenu la main de Dan pendant trente secondes. C’était comme un miracle. » Les parents ont appris à lire les moniteurs, à reconnaître les rythmes de leurs enfants, à leur parler même quand ils ne peuvent pas répondre.
Le choix des prénoms a pris une dimension nouvelle dans ce contexte médical. « Ici, les noms, c’est vital », explique l’infirmière chargée de leur suivi, Sarah Keenan. « Quand on appelle un bébé par son prénom, on le reconnaît comme une personne. Pas comme un numéro d’incubateur. » Pour Betsy et Dan, ces prénoms d’arbres sont devenus des repères, des ancres dans le chaos. « Quand on dit “Cedar respire mieux”, ou “Linden a pris 20 grammes”, on sent qu’on parle d’un être unique, pas d’un cas médical », dit Dan.
Comment la foi influence-t-elle ce choix de prénoms ?
Le couple est profondément croyant, et leur foi chrétienne joue un rôle central dans leur manière d’aborder cette épreuve. « On a lu souvent ce passage du Psaume 1 : “Il sera comme un arbre planté près des cours d’eau, qui donne son fruit en son temps” », raconte Betsy. « Ce verset, on l’a médité pendant des mois. Il parle de racines, de croissance, de persévérance. C’est exactement ce qu’on souhaite pour nos enfants. »
Pour eux, les arbres ne sont pas seulement des symboles naturels, mais des images bibliques puissantes. « Un arbre, c’est vivant, c’est patient, c’est humble », ajoute Dan. « Il ne se compare pas aux autres. Il pousse à son rythme, avec ce qu’il a. C’est ce qu’on veut transmettre : une foi qui ne crie pas, mais qui tient. »
Chaque soir, avant de quitter l’hôpital, Betsy et Dan prient ensemble devant les couveuses. « On ne demande pas qu’ils soient parfaits ou qu’ils réussissent », dit Betsy. « On demande qu’ils soient enracinés. Qu’ils sachent d’où ils viennent. Qu’ils sentent qu’ils sont aimés, même quand c’est dur. »
Quel avenir pour cette fratrie d’arbres ?
L’avenir reste incertain, mais rempli d’espoir. Les quintuplés devront probablement suivre des suivis médicaux réguliers dans les mois et années à venir, mais les médecins sont optimistes. « Leur progression est remarquable », affirme le Dr Elena Marquez, néonatalogiste. « Ils sont fragiles, mais ils luttent. Et cette famille, avec son unité, sa foi, sa cohérence, leur donne une force supplémentaire. »
Betsy et Dan rêvent déjà à la vie à la maison : cinq petits lits, une grande table, des promenades en forêt. « On a acheté un terrain avec des arbres », sourit Dan. « On veut y planter un arbre pour chaque enfant. Un jour, ils pourront voir leur nom pousser avec eux. »
Rowan, leur aîné, commence déjà à comprendre. « Il appelle Juniper “ma sœur genévrier” », rit Betsy. « Et il dit que Cedar, c’est “le grand frère qui protège”. » Cette unité, cette cohérence, est exactement ce qu’ils espéraient.
A retenir
Pourquoi avoir choisi des prénoms d’arbres plutôt que des prénoms classiques ?
Betsy et Dan Santiso souhaitaient des prénoms simples, faciles à porter, mais riches de sens. Inspirés par leur fils Rowan, dont le prénom fait référence au sorbier, ils ont vu dans les arbres une source de symbolisme naturel, accessible et profond. Chaque nom a été choisi pour ses qualités — protection, sagesse, douceur, résilience — et pour créer une fratrie unie par une même racine symbolique.
Est-ce que ces prénoms sont difficiles à porter au quotidien ?
Bien que moins courants, les prénoms ont été sélectionnés pour leur simplicité phonétique et orthographique. Rowan, Juniper, Cedar, Linden, Torrey et Alder sont tous faciles à prononcer en anglais comme en français. Les parents insistent sur le fait qu’ils veulent que leurs enfants puissent s’approprier leur nom sans complexe, et que chaque prénom soit un soutien, pas un fardeau.
Comment les prénoms influencent-ils le développement des enfants, surtout en cas de prématurité ?
Dans un contexte médical, donner un prénom personnelisé aide à humaniser le soin. Cela renforce le lien affectif entre parents et enfants, même en couveuse. Les prénoms deviennent des repères identitaires précoces, favorisant l’attachement et la reconnaissance de chaque bébé comme un individu unique.
La foi joue-t-elle un rôle central dans ce choix ?
Oui. Le couple puise dans sa foi chrétienne l’image biblique de l’arbre enraciné près des eaux, symbole de stabilité, de croissance et de fidélité. Ce verset du Psaume 1 les guide dans leur éducation : ils souhaitent que chacun de leurs enfants grandisse enraciné dans l’amour, la patience et la lumière, peu importe les tempêtes.
Quel message ce choix de prénoms envoie-t-il à la société ?
Ce choix montre qu’il est possible de conjuguer originalité et profondeur sans tomber dans l’excentricité. Il invite à repenser la manière dont on donne un nom — non comme une mode, mais comme un héritage. Il parle aussi d’une éducation ancrée dans la nature, la simplicité, et la transmission de valeurs concrètes à travers des symboles vivants.