Natacha Polony au cœur d’une polémique après les critiques virulentes de son mari contre Lactalis en 2025

Le nom de Natacha Polony résonne depuis des années dans le paysage médiatique français, porté par une voix à la fois posée et incisive, qui traverse les ondes de France Inter. Mais aujourd’hui, ce nom ne suffit plus à définir une carrière : il s’impose comme un point de convergence dans un conflit aux ramifications multiples, où s’entremêlent éthique journalistique, liberté d’expression et puissance industrielle. Derrière les micros et les colonnes, un couple médiatique, Natacha Polony et Périco Légasse, se retrouve au cœur d’un feuilleton judiciaire qui dépasse la simple affaire de goût. Il touche à la manière dont la presse peut critiquer, provoquer, et jusqu’où elle peut aller sans franchir la ligne du dénigrement. Entre satire acerbe, enjeux agricoles et responsabilité publique, le débat s’installe, silencieux mais pesant, dans les couloirs du pouvoir, des rédactions, et bientôt, des tribunaux.

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Qui sont Natacha Polony et Périco Légasse, ce couple au croisement des médias ?

Un binôme médiatique aux trajectoires parallèles

Natacha Polony, ancienne directrice de la rédaction du magazine Marianne, a su s’imposer comme une figure incontournable du débat public. Depuis des années, ses interventions sur France Inter allient rigueur intellectuelle et engagement civique. Son départ de BFMTV, récemment confirmé, et son arrivée prochaine sur LCI marquent une nouvelle étape dans une carrière marquée par des prises de position claires. Son époux, Périco Légasse, partage avec elle cette passion pour l’écriture et la critique. Chroniqueur gastronomique et journaliste, il collabore régulièrement à Marianne, RMC et RMC Story, notamment dans l’émission Estelle Midi. Leur couple, uni depuis 2007, est aussi un tandem professionnel, dont les voix résonnent dans des espaces souvent distincts, mais jamais indifférents l’un à l’autre.

Une vie publique, une vie privée entrelacées

Leur foyer, établi en région parisienne, s’est agrandi avec trois enfants nés en 2007, 2011 et 2013. Cette stabilité familiale contraste avec les tempêtes médiatiques qui les entourent. Si Natacha Polony incarne la sobriété et la pondération, Périco Légasse se distingue par un style plus incisif, voire provocateur. « Il n’écrit pas pour plaire, mais pour dire ce qu’il pense », confie un ancien collègue, qui préfère rester anonyme. « Quand il sent une injustice, il la nomme, même si le ton dérange. » C’est précisément ce ton qui, aujourd’hui, met le couple en lumière — ou plutôt, sous pression.

Qu’est-ce que le « camembert Président » et pourquoi fait-il polémique ?

Un article au vitriol dans Marianne

En mars 2024, Périco Légasse publie dans Marianne un article au titre percutant : « Le camembert Président, ce fromage d’infamie qui salit la Normandie ». Le texte ne se contente pas de critiquer un produit laitier : il dénonce un système industriel qu’il juge opaque, destructeur pour l’environnement et trahissant l’identité normande. Il décrit le lait utilisé comme issu de vaches confinées, nourries au maïs fermenté sous bâches plastiques, et au tourteau de soja importé du Brésil, lié à la déforestation. Pour Légasse, le « Président », symbole d’un certain savoir-faire français, est devenu un « plâtre industriel » dénué d’âme.

Un symbole attaqué, une région mise en cause

La Normandie, terre d’élevage et de tradition fromagère, devient le fer de lance de la critique. Légasse y voit une instrumentalisation de l’image régionale au profit d’un géant industriel. « Ce n’est pas seulement un fromage qu’on fabrique, c’est une identité qu’on vend », explique-t-il dans un entretien non publié, rapporté par un proche. « Et quand on vend une identité truquée, on ment aux consommateurs. » Ce plaidoyer, teinté de colère, vise autant le produit que le groupe derrière : Lactalis, géant mondial du lait, dirigé par Emmanuel Besnier.

Comment Lactalis a-t-il réagi à cette critique ?

Une plainte pour dénigrement déposée en mai 2024

Le groupe Lactalis ne laisse pas passer l’attaque. En mai 2024, il engage une procédure judiciaire contre CMI France, éditeur de Marianne, et contre Périco Légasse en personne. La demande est claire : 45 000 euros de dommages et intérêts, solidairement, ainsi que le retrait définitif de l’article. Le groupe estime que le ton va bien au-delà de la critique autorisée : il parle de « dénigrement », de « propos injurieux », et d’un préjudice à l’image de ses produits et de son dirigeant.

La phrase qui a fait basculer le débat

Le point de rupture, selon Lactalis, se situe dans la conclusion de l’article. Légasse écrit : « Libre à Emmanuel Besnier de produire sa merde pasteurisée, mais qu’il ne salisse pas la Normandie ». Cette formule, volontairement crue, devient le cœur du litige. « Ce n’est pas une critique, c’est une insulte », affirme un cadre du groupe, qui demande à ne pas être nommé. « Quand on traite un produit alimentaire de “merde”, on sort du champ de la liberté d’expression pour entrer dans celui de l’atteinte à la réputation. »

Quel est le précédent juridique qui pèse sur cette affaire ?

La condamnation de 2015, un avertissement oublié ?

L’histoire ne commence pas en 2024. En 2015, Périco Légasse avait déjà été condamné pour dénigrement après des propos tenus sur France Culture en 2013. À l’époque, il affirmait : « Il vaut mieux manger deux fois du camembert au lait cru fermier par semaine que cinq fois du Président en s’empoisonnant ». La justice avait alors jugé que ces mots excédaient le cadre de la critique autorisée, en particulier par l’allusion à une « intoxication » du consommateur. Cette condamnation, bien que passée, pèse aujourd’hui comme un rappel : la frontière entre critique acerbe et diffamation est étroite, et elle a déjà été franchie.

Un journaliste qui assume ses combats

Pour autant, Légasse ne se renie pas. « Je critique des pratiques industrielles, pas des personnes », aurait-il confié à un ami proche. « Mais si le patron d’un groupe qui détruit l’agriculture française ne peut pas être nommé, alors on ne peut plus rien dire. » Ce refus de l’autocensure, partagé par certains journalistes, soulève une question plus large : dans un contexte de concentration médiatique et de pression économique, la critique libre est-elle encore possible ?

Quelles sont les implications pour Natacha Polony ?

Une exposition médiatique indirecte mais réelle

Natacha Polony n’a pas signé l’article. Elle n’a pas non plus commenté publiquement la plainte. Pourtant, son nom circule dans les discussions. « Quand votre conjoint est dans la tourmente, vous ne pouvez pas rester en dehors », glisse une journaliste de radio, qui connaît bien le milieu. « Le public fait le lien. Les chaînes aussi. » Sur France Inter, où Polony continue d’animer des émissions d’analyse, certains auditeurs ont interrogé en coulisses sur ses positions. « Elle reste professionnelle, mais on sent qu’elle est tendue », confie un technicien du studio.

Un dilemme entre loyauté et neutralité

Le défi pour elle est subtil : comment défendre un proche sans compromettre sa propre crédibilité ? Elle incarne une certaine rigueur, une distance face au sensationnel. Or, l’affaire Légasse-Lactalis est précisément ce type de conflit où les émotions s’emballent. « Elle ne peut pas prendre parti publiquement, mais en privé, elle soutient son mari », révèle une source proche du couple. « Elle pense que la critique est légitime, mais elle craint que le ton ne nuise au fond. »

Quelles sont les enjeux plus larges de ce conflit ?

La liberté de la presse face aux géants industriels

Ce n’est pas seulement un journaliste contre une entreprise. C’est un symbole : celui de la capacité de la presse à tenir tête aux puissances économiques. Lactalis, avec un chiffre d’affaires dépassant les 25 milliards d’euros, dispose de moyens juridiques considérables. « Un petit journaliste ne peut pas se battre seul contre une multinationale », affirme un avocat spécialisé en droit de la presse. « Mais si on cède à chaque pression, on perd le droit de critiquer. »

La question du ton dans la critique publique

Le débat touche aussi à la manière de s’exprimer. Faut-il modérer son langage pour être entendu, ou au contraire, faut-il choquer pour réveiller les consciences ? « J’ai lu des articles bien plus violents dans des journaux satiriques, et personne n’a poursuivi », remarque une rédactrice en chef. « Pourquoi cette affaire fait-elle autant de bruit ? Parce qu’elle touche à l’alimentation, à l’identité, et à un nom puissant. »

Où s’arrête la critique et où commence le dénigrement ?

Une frontière floue, mais que la justice doit trancher

La jurisprudence française distingue la critique autorisée de l’atteinte à la réputation. Mais la ligne est souvent mouvante. « Ce qui est acceptable dans un contexte d’humour ou de satire peut être condamnable dans un article d’investigation », explique un magistrat. « Tout dépend de l’intention, du ton, et du préjudice réel. » Dans cette affaire, la justice devra peser chaque mot, chaque métaphore, pour décider si l’auteur a exercé son droit de critique ou commis un abus.

Un signal pour l’avenir du journalisme d’investigation

Le verdict, attendu dans les mois à venir, pourrait avoir un effet dissuasif. « Si Légasse est condamné, beaucoup de journalistes hésiteront avant de critiquer des grandes marques », prévient un éditorialiste. « On risque de voir plus de communication corporate et moins de vérité. » À l’inverse, une relaxe pourrait renforcer le sentiment que la critique, même violente, est protégée — tant qu’elle s’appuie sur des faits.

Conclusion

L’affaire qui oppose Périco Légasse à Lactalis dépasse largement le cadre d’un article controversé. Elle interroge la place du journaliste dans une société où les géants industriels pèsent de tout leur poids sur l’opinion publique. Elle questionne aussi la responsabilité du ton, dans un contexte où chaque mot peut devenir une arme ou un bouclier. Natacha Polony, bien qu’indirectement impliquée, incarne cette tension entre engagement personnel et neutralité médiatique. Le couple, dans sa vie comme dans sa carrière, avance sur une corde tendue. Le verdict judiciaire tranchera peut-être une affaire, mais il ne refera pas le débat : dans une démocratie, qui a le droit de critiquer, et jusqu’où ?

A retenir

Quelle est l’origine de la polémique entre Périco Légasse et Lactalis ?

La polémique découle d’un article publié en mars 2024 dans Marianne, dans lequel Périco Légasse critique vertement le camembert Président, produit phare de Lactalis. Il dénonce des pratiques industrielles qu’il juge néfastes pour l’environnement et la qualité alimentaire, qualifiant le fromage de « plâtre industriel » et du lait de « merde pasteurisée », une formule qui a provoqué la réaction du groupe.

Pourquoi Natacha Polony est-elle concernée par ce conflit ?

Natacha Polony, bien qu’elle n’ait pas participé à l’article, est indirectement impliquée en raison de son lien familial avec Périco Légasse. En tant que personnalité médiatique publique, elle est exposée à la controverse, et doit naviguer entre soutien privé à son époux et exigence de neutralité dans son propre métier de journaliste.

Quelles sont les suites juridiques de cette affaire ?

Lactalis a déposé plainte en mai 2024 contre Périco Légasse et l’éditeur de Marianne, CMI France, pour dénigrement. Le groupe réclame 45 000 euros de dommages et intérêts et le retrait définitif de l’article. Une décision judiciaire, attendue prochainement, devra déterminer si les propos dépassent le cadre de la critique autorisée.

Y a-t-il un précédent dans cette affaire ?

Oui. En 2015, Périco Légasse avait déjà été condamné pour dénigrement après des propos tenus sur France Culture, où il comparait le camembert Président à une forme d’empoisonnement. Ce précédent renforce la gravité perçue de ses nouvelles déclarations et illustre la récurrence du conflit entre sa plume acerbe et les protections légales des marques.

Quels enjeux plus larges cette affaire soulève-t-elle ?

Cette affaire met en lumière la tension entre liberté d’expression et pouvoir des grandes entreprises. Elle interroge sur la capacité des journalistes à critiquer des acteurs économiques puissants sans craindre des représailles judiciaires. Elle pose aussi la question du ton dans la critique publique : jusqu’où peut-on aller pour alerter, sans basculer dans l’insulte ?