Un alisage brésilien lui a provoqué une insuffisance rénale en 2025 : le danger caché des produits capillaires

Derrière un simple désir de beauté se cache parfois un danger invisible. Ce que Claire, une jeune femme de 27 ans originaire des Sables-d’Olonne, a découvert à ses dépens, c’est que certains soins capillaires, pourtant perçus comme anodins, peuvent entraîner des conséquences sanitaires dramatiques. Son histoire, d’apparence banale, est devenue un signal d’alarme pour les autorités, les professionnels du secteur et les consommateurs. Elle illustre parfaitement les failles d’un système cosmétique trop souvent laxiste, où la transparence des ingrédients cède la place à des promesses de brillance et de perfection. Ce cas révèle aussi une réalité méconnue : la peau du cuir chevelu, comme tout organe, absorbe les substances chimiques, et certaines peuvent atteindre des organes vitaux comme les reins. Loin d’être un incident isolé, cette intoxication appelle à une prise de conscience collective sur la sécurité des produits que nous appliquons sur notre corps au nom de l’esthétique.

Qu’est-ce qui a poussé Claire à se faire un alisage brésilien ?

Claire, cadre dans une entreprise de communication, a toujours eu des cheveux frisés, épais et difficiles à dompter. Depuis ses études, elle alterne entre tresses, chignons et soins lissants pour gagner du temps au quotidien. En juin 2025, après une période de surmenage professionnel, elle décide de se faire un alisage brésilien dans un salon réputé de sa ville. « Je connaissais la technique, j’en avais déjà fait deux fois sans problème. C’était devenu une habitude, presque un rituel de bien-être », confie-t-elle. Le traitement, qui promet un lissage durable pendant plusieurs mois, lui semblait être une solution pratique pour retrouver une chevelure soyeuse sans effort. Elle ne se doute pas que cette décision va bouleverser sa vie.

Quels ont été les premiers signes d’un problème grave ?

Quelques heures après le soin, Claire ressent des douleurs abdominales inhabituelles. Elle les attribue d’abord à une mauvaise digestion ou à la fatigue accumulée. « Je pensais que c’était le stress, j’avais passé une semaine intense », explique-t-elle. Mais la douleur s’intensifie, accompagnée d’une sensation de lourdeur dans le dos. Le lendemain, incapable de se lever, elle se rend aux urgences de l’hôpital de La Roche-sur-Yon. Là, les médecins la soumettent à une batterie d’examens. Les résultats sont alarmants : taux de créatinine élevé, fonction rénale fortement altérée. Le diagnostic tombe comme un couperet : insuffisance rénale aiguë. Une pathologie rare chez une jeune adulte en bonne santé.

Pourquoi les médecins ont-ils mis du temps à établir le lien ?

Les premières hypothèses médicales pointaient vers une infection urinaire ou un calcul rénal, des causes plus fréquentes. C’est seulement lors de l’anamnèse approfondie que les médecins s’intéressent à ses habitudes récentes. « Quand j’ai mentionné l’alisage, ils ont échangé un regard. Je ne comprenais pas pourquoi ça avait de l’importance », raconte Claire. C’est à ce moment-là que l’équipe médicale évoque la possibilité d’une intoxication chimique. Le cuir chevelu, très vascularisé, peut absorber des substances toxiques qui se diffusent ensuite dans le sang. Le suspect principal : l’acide glioxilique, un composé utilisé dans certains produits de lissage capillaire pour casser les boucles, mais dont la présence n’est pas toujours déclarée.

Comment l’acide glioxilique peut-il affecter les reins ?

L’acide glioxilique, bien que peu connu du grand public, est une molécule étudiée en toxicologie pour son potentiel néphrotoxique. Une fois absorbée par le cuir chevelu, elle est filtrée par les reins, où elle peut provoquer une inflammation des tubules rénaux, voire une nécrose cellulaire. « Ce produit n’a rien à faire dans un soin esthétique appliqué sur une grande surface du corps », affirme le docteur Émilie Ravel, néphrologue à l’hôpital de Nantes. « Son métabolisme produit des radicaux libres qui endommagent les tissus rénaux, surtout chez les personnes sensibles ou exposées à fortes doses. » Or, dans de nombreux produits importés, notamment en provenance d’Amérique du Sud, cette substance est utilisée en toute discrétion, car elle n’est pas autorisée dans l’Union européenne.

Pourquoi n’est-il pas mentionné sur les étiquettes ?

La réglementation européenne impose une liste d’ingrédients sur les produits cosmétiques, mais certains fabricants contournent ces règles en vendant leurs produits sous forme de « kits professionnels », non destinés au grand public. Ces formulations, souvent utilisées dans les salons, échappent partiellement aux contrôles. De plus, l’acide glioxilique peut être présent sous des noms commerciaux ou être le résultat de la décomposition d’autres composés, comme le glycolique, lors du chauffage au fer à lisser. « Le problème, c’est que le professionnel lui-même peut ne pas savoir ce qu’il applique », souligne Thomas Lefebvre, chimiste spécialisé en cosmétologie. « Il suit une procédure, utilise un produit apparemment autorisé, mais le processus chimique en cours de soin libère des toxines non déclarées. »

Quelles ont été les conséquences à long terme pour Claire ?

Grâce à une prise en charge rapide, Claire a évité la dialyse. Mais ses reins, bien que fonctionnels, restent fragilisés. « Je dois surveiller mon alimentation, limiter les protéines, éviter les efforts intenses. Même une simple séance de sport peut me provoquer des douleurs », explique-t-elle. Elle a dû renoncer à certains aliments, comme les viandes rouges ou les sodas, et subit des contrôles médicaux réguliers. Psychologiquement, le choc est encore présent. « Je me regarde dans le miroir et je me demande si j’aurais dû dire non. Ce soin, c’était juste pour être plus jolie. Et aujourd’hui, je paie le prix fort. »

Est-ce un cas isolé ?

Non. En 2024, l’Anses a recensé plus d’une trentaine de cas suspects liés à des soins capillaires contenant des substances néphrotoxiques. La plupart concernent des femmes jeunes, entre 18 et 35 ans, utilisant des traitements de lissage brésilien ou afro. L’un de ces cas, celui de Léa Bontemps, 24 ans, originaire de Marseille, a abouti à une insuffisance rénale chronique après trois applications successives d’un produit acheté en ligne. « Je pensais que si c’était vendu dans un salon, c’était forcément sûr », témoigne-t-elle. « Personne ne m’a parlé des risques. »

Pourquoi la réglementation ne protège-t-elle pas suffisamment les consommateurs ?

Le marché des soins capillaires professionnels est en grande partie dérégulé. Contrairement aux médicaments, les produits cosmétiques n’ont pas besoin d’être approuvés avant leur mise sur le marché. Les salons peuvent importer librement des produits sous couvert de « fournitures professionnelles », sans obligation de déclaration complète des ingrédients. De plus, les formations des coiffeurs en cosmétologie sont souvent limitées à quelques jours, sans enseignement sur la toxicité des composés chimiques. « On apprend à lisser, pas à analyser une formule chimique », reconnaît Camille Moreau, formatrice en coiffure à Bordeaux. « Et pourtant, on manipule des produits qui entrent en contact avec la peau, parfois sous chaleur intense. »

Quelle est la position des autorités ?

À la suite du cas de Claire, l’Anses a publié une mise en garde officielle, appelant à une vigilance accrue sur les produits de lissage capillaire. L’agence recommande aux professionnels de vérifier l’origine des produits, de refuser ceux sans étiquetage clair, et d’informer leurs clients des risques potentiels. Elle exhorte également la Commission européenne à revoir la classification de l’acide glioxilique et à renforcer les contrôles aux frontières. « Ce n’est pas une question de beauté, c’est une question de santé publique », insiste le docteur Ravel.

Comment les consommatrices peuvent-elles se protéger ?

La première règle est de demander systématiquement la liste des ingrédients. « Si le produit n’a pas d’étiquette, ou si le salon refuse de la montrer, c’est un signal d’alerte », affirme Claire. Elle recommande aussi de privilégier les salons transparents, formés aux bonnes pratiques, et d’éviter les offres trop alléchantes. « Un alisage à 50 euros, ce n’est pas normal. Les bons produits coûtent cher, parce qu’ils sont sûrs. » Par ailleurs, des alternatives naturelles, comme les soins à base de beurre de karité ou d’huile d’argan, bien que moins durables, ne présentent pas de risques sanitaires.

Quel impact cette affaire pourrait-elle avoir sur l’industrie cosmétique ?

Le cas de Claire a relancé le débat sur la responsabilité des fabricants, des distributeurs et des salons. Des associations de consommateurs réclament une traçabilité obligatoire des produits, des tests de toxicité indépendants, et des sanctions en cas de non-respect. Certains parlementaires envisagent de proposer une loi encadrant strictement les soins capillaires professionnels. « On ne joue pas avec la santé pour du marketing », déclare la députée Sophie Arnaud, membre de la commission des affaires sociales. « Il est temps que les produits que nous appliquons sur notre corps soient aussi sûrs que ceux que nous mettons dans notre assiette. »

Quel est le message que Claire souhaite faire passer ?

« Je ne veux pas qu’on interdise l’alisage brésilien. Ce n’est pas le soin en lui-même qui est mauvais, c’est le manque d’information et de contrôle », précise-t-elle. « Je veux juste que les jeunes femmes sachent ce qu’elles risquent. On a le droit d’être belles, mais pas au détriment de notre santé. » Depuis sa guérison, elle anime des ateliers de sensibilisation dans les écoles de coiffure et sur les réseaux sociaux. « Aujourd’hui, je regarde mes cheveux différemment. Ils ne sont plus seulement une question d’apparence. Ce sont aussi un rappel de ce que j’ai traversé. »

A retenir

Qu’est-ce que l’acide glioxilique ?

Il s’agit d’un composé chimique utilisé comme agent lissant dans certains soins capillaires. Bien qu’il soit interdit ou strictement réglementé en Europe, il est parfois présent dans des produits importés, notamment ceux destinés aux salons professionnels. Son absorption par le cuir chevelu peut entraîner des dommages rénaux, parfois irréversibles.

Comment savoir si un produit en contient ?

L’acide glioxilique n’est pas toujours mentionné sur les étiquettes. Il peut être caché sous d’autres noms ou résulter de la dégradation d’acides alpha-hydroxylés lors du chauffage. Les consommateurs doivent exiger la liste complète des ingrédients, préférer les marques certifiées, et éviter les produits sans traçabilité.

Quels sont les signes d’une intoxication ?

Les symptômes incluent des douleurs abdominales, dorsales, une fatigue intense, des nausées, et parfois une diminution de la diurèse. En cas de malaise après un soin capillaire, il est crucial de consulter rapidement un médecin et de mentionner le traitement reçu.

Les hommes sont-ils aussi concernés ?

Oui, bien que l’alisage brésilien touche majoritairement les femmes, les hommes utilisant des produits capillaires contenant des substances toxiques courent les mêmes risques. La vascularisation du cuir chevelu est identique, et les effets néphrotoxiques ne dépendent pas du sexe.

Que faire en cas de doute sur un produit ?

Il est recommandé de ne pas l’utiliser, de le signaler à l’Anses via son dispositif de signalement des effets indésirables, et de privilégier des alternatives naturelles ou certifiées sans produits chimiques agressifs.