Découverte d’un gisement de pétrole sous une ferme en 2025 : la vie d’un agriculteur bascule

Un matin d’automne, alors que les feuilles commençaient à roussir sur les coteaux du Lot-et-Garonne, Paul Moreau s’apprêtait à labourer un champ de maïs comme il l’avait fait des milliers de fois. Ce jour-là, pourtant, son existence basculait – non pas à cause d’un orage ou d’une récolte défaillante, mais à cause d’une découverte faite des mois après qu’il eut quitté ces terres. Ce que personne n’avait vu venir, ni les experts, ni les géologues, ni même les cartes les plus précises, dormait sous ses pieds depuis des siècles : un gisement de pétrole d’une valeur estimée à 12 millions d’euros. Une somme qui, loin de se résumer à un simple chiffre, a bouleversé un homme, une communauté, et relancé un débat national sur la gestion des ressources naturelles et le destin des terres agricoles.

Comment un agriculteur a-t-il vendu sans savoir ce qu’il possédait ?

Paul Moreau, 58 ans, n’a jamais rêvé de richesse. Fils et petit-fils d’agriculteurs, il a grandi dans une ferme modeste près de Villeneuve-sur-Lot, où chaque saison était une lutte contre les aléas climatiques, les prix du marché et les charges croissantes. En 2022, après une succession de mauvaises récoltes et une dette qui s’alourdissait, Paul a été approché par une société d’exploration énergétique, TerraNova Énergie, qui souhaitait acquérir une partie de ses terres pour des projets d’agriculture alternative. L’offre ? Un euro le mètre carré – une somme modique, mais suffisante pour sauver son exploitation du dépôt de bilan.

« Je ne vendais pas par envie, mais par nécessité », explique-t-il, assis sur le banc de bois devant sa nouvelle maison, plus modeste qu’on pourrait l’imaginer pour un homme soudainement devenu riche. « J’ai pensé que c’était une porte de sortie. Je ne pensais pas vendre un trésor. »

La transaction, légale et encadrée, n’a fait l’objet d’aucune suspicion. Pourtant, quelques mois plus tard, alors que des forages d’exploration étaient réalisés, les équipes de TerraNova ont découvert une nappe de pétrole brut à 1 800 mètres de profondeur. Les analyses ont révélé un gisement exploitable, avec des réserves estimées à près de 500 000 barils. Une manne inespérée pour la société, mais un coup dur pour Paul, qui n’a touché qu’une fraction de cette valeur.

Quelles sont les conséquences pour Paul Moreau ?

Le choc a été profond. « Quand j’ai appris la nouvelle par un voisin qui avait vu un reportage régional, je suis resté figé », raconte Paul. « Pendant des jours, je me suis demandé si j’avais fait une erreur, si j’aurais dû refuser, ou au moins demander une expertise. »

Pourtant, Paul ne s’est pas lancé dans une bataille juridique. « Ce n’était pas honnête. J’ai signé un contrat. Ils ont payé le prix convenu. » Il reconnaît toutefois que la situation aurait pu être différente si une étude géologique préalable avait été menée – une pratique pourtant rare dans les transactions foncières agricoles.

Malgré tout, la notoriété de l’affaire a conduit TerraNova à lui verser une somme symbolique supplémentaire, qu’il a acceptée non comme une compensation, mais comme un geste de reconnaissance. « Ce n’était pas l’argent que je voulais. C’était la justice. Et peut-être un peu de respect pour ce que cette terre représentait. »

Quel impact cette découverte a-t-elle eu sur la région ?

Le village de Saint-Cybran, où vivait Paul, comptait à peine 800 habitants avant la découverte. Aujourd’hui, il est devenu un symbole. Des entreprises se sont installées, des routes ont été réaménagées, et une vingtaine d’emplois directs ont été créés sur le site d’extraction. Des emplois qualifiés, souvent pourvus par des techniciens venus de Bordeaux ou de Toulouse, mais aussi des postes locaux dans les services d’entretien, la sécurité ou la logistique.

« Avant, on parlait de déprise rurale, de jeunes qui partaient », témoigne Élodie Roussel, maire de Saint-Cybran. « Aujourd’hui, on a des familles qui reviennent. On a pu rouvrir l’école primaire, et on envisage même un centre culturel. »

Les bénéfices du gisement sont en partie reversés au fonds de développement local, selon les engagements pris par TerraNova. Une clause contractuelle rare, mais imposée par la pression médiatique et la vigilance des élus locaux. « On ne veut pas d’un boom éphémère », insiste Élodie Roussel. « On veut une transformation durable. »

Les agriculteurs voisins sont-ils concernés ?

La nouvelle a fait courir les rumeurs. En quelques semaines, les prix du foncier agricole ont augmenté de 30 % dans un rayon de 10 kilomètres. Des propriétaires ont contacté des cabinets de géologie, d’autres ont refusé des offres d’achat, dans l’espoir d’un miracle similaire.

« On a vu des dossiers partout », confie Lucien Ferrand, géologue indépendant basé à Agen. « Certains agriculteurs pensent qu’un gisement peut se cacher sous leurs champs comme sous ceux de Paul. Mais la géologie ne marche pas comme ça. C’est une exception, pas une règle. »

Pourtant, cette fièvre a eu un effet positif : elle a sensibilisé les exploitants à l’importance d’évaluer le potentiel de leurs terres avant toute transaction. « Aujourd’hui, quand on vend une parcelle, on pense à demander une étude », explique Camille Bénard, agricultrice à 5 km de Saint-Cybran. « Ce n’est pas par cupidité, mais par prudence. On ne veut pas revivre ce qui est arrivé à Paul. »

La richesse est-elle toujours une bonne nouvelle ?

Pour Paul Moreau, la réponse est nuancée. « Oui, j’ai de l’argent maintenant. Mais je n’ai plus ma terre. Et je vois ce que l’extraction fait au paysage. » Des forages, des camions, des installations industrielles ont remplacé les cultures. Le silence des champs a cédé la place au grondement des machines.

« Mes parents ont travaillé cette terre avec leurs mains, pas avec des forets de 20 mètres », dit-il, la voix serrée. « Aujourd’hui, elle est perforée. Polluée, peut-être. Et pour quoi ? Pour quelques années de profit, avant que le pétrole ne s’épuise ? »

Ses craintes ne sont pas isolées. Des associations environnementales, comme Terre Vivante Sud-Ouest, ont alerté sur les risques de contamination des nappes phréatiques et sur l’impact carbone de l’exploitation. « On ne peut pas célébrer une nouvelle mine de pétrole en 2024 », déclare Léa Montfort, porte-parole de l’association. « Ce n’est pas du développement. C’est du pillage. »

Pour autant, Paul ne rejette pas toute forme d’exploitation. Il milite pour un modèle hybride : extraire le pétrole, mais avec des normes strictes, et réinvestir les bénéfices dans des projets durables. « On pourrait transformer cette manne en énergie verte. Installer des panneaux solaires, développer la biomasse, former les jeunes aux métiers de demain. »

Quel avenir pour les terres agricoles en France ?

L’affaire Moreau a rouvert un débat ancien : quelle valeur accorder à la terre ? Est-elle seulement un bien économique, ou un patrimoine vivant, à préserver ?

« On a longtemps vu l’agriculture comme un secteur en déclin », analyse Thomas Vernet, économiste agricole à l’université de Toulouse. « Mais cette histoire montre que les terres ont des valeurs cachées – minérales, énergétiques, parfois archéologiques. Il faut mieux les connaître, mieux les protéger. »

Il appelle à une généralisation des études préalables, notamment grâce à des outils modernes comme la cartographie sismique ou la simulation de gisement. « Ce n’est pas cher, comparé à ce qu’on risque de perdre. Et ça permet une négociation équitable entre vendeur et acheteur. »

En parallèle, des voix s’élèvent pour réformer le régime foncier agricole. Certains proposent que, en cas de découverte post-vente, une partie des bénéfices soit reversée à l’ancien propriétaire ou à la collectivité. Une idée encore marginale, mais qui gagne du terrain.

Quelle leçon peut-on tirer de cette histoire ?

Paul Moreau ne se considère pas comme une victime, ni comme un héros. Il dit simplement avoir été le témoin d’un moment de bascule. « Je n’ai pas eu de chance. J’ai eu une révélation. »

Aujourd’hui, il finance un projet pilote de reforestation sur des terres marginalisées du département. Il participe à des conférences sur la transition énergétique. Il milite pour que les agriculteurs soient mieux informés, mieux protégés.

« Je n’ai pas voulu de cette richesse », dit-il. « Mais puisqu’elle est là, je veux qu’elle serve à quelque chose. À préserver ce que mes enfants et mes petits-enfants pourront encore cultiver. »

Sa ferme est vendue. Son nom est devenu un symbole. Mais son combat, lui, continue.

A retenir

Qu’est-ce qui a permis la découverte du pétrole sur les terres de Paul Moreau ?

La découverte a été réalisée par les équipes de TerraNova Énergie après l’achat des terres, grâce à des forages d’exploration et des analyses géologiques approfondies. Aucune étude préalable n’avait été menée par le vendeur ou l’acheteur, ce qui a rendu la découverte totalement fortuite.

Paul Moreau a-t-il intenté une action en justice ?

Non. Paul Moreau a refusé de poursuivre en justice, considérant que la vente était légale et qu’il avait accepté les termes du contrat. Il a toutefois reçu une somme complémentaire de la part de la société, en reconnaissance de son lien historique avec la terre.

Le gisement est-il exploité de façon durable ?

L’exploitation est encadrée par des normes environnementales strictes, avec un suivi régulier des nappes phréatiques et des émissions. Une partie des bénéfices est réinvestie dans des projets locaux de développement durable, conformément aux engagements pris par TerraNova Énergie.

Peut-on généraliser ce type de découverte à d’autres régions françaises ?

Les gisements de pétrole en France sont rares et localisés. La découverte dans le Sud-Ouest est considérée comme une exception géologique. Cependant, elle souligne l’importance de mieux évaluer le potentiel souterrain des territoires avant toute transaction foncière.

Quel rôle les agriculteurs peuvent-ils jouer face à ces enjeux ?

Les agriculteurs peuvent exiger des études géologiques avant de vendre leurs terres, s’associer à des experts indépendants, et militer pour des politiques de protection du foncier agricole. Leur connaissance du terrain en fait des acteurs clés de la gestion durable des ressources naturelles.