Ce que les jardiniers doivent faire avant septembre pour sauver leurs fruits en 2025

Alors que l’été s’attarde et que les températures restent élevées bien après le pic estival, les jardiniers, qu’ils soient amateurs passionnés ou professionnels expérimentés, se retrouvent face à un défi crucial : préserver la santé de leurs arbres fruitiers et assurer une récolte de qualité. Septembre n’est pas encore synonyme d’automne doux ; il faut souvent continuer à lutter contre la sécheresse, les coups de chaleur tardifs et les attaques de ravageurs. Dans ce contexte, anticiper et agir avec méthode devient indispensable. Entre techniques ancestrales et innovations durables, plusieurs stratégies permettent de protéger les fruits en cette période charnière, où chaque décision peut faire la différence entre une perte significative et une moisson abondante.

Quels sont les effets de la chaleur persistante sur les arbres fruitiers ?

Les températures élevées en fin d’été peuvent avoir des conséquences multiples sur les arbres fruitiers. L’évapotranspiration s’accélère, ce qui signifie que les arbres perdent plus d’eau par leurs feuilles que ce qu’ils peuvent puiser dans le sol, surtout si celui-ci est sec. Cette déshydratation entraîne un stress hydrique visible : feuilles flétries, fruits qui mûrissent trop vite ou se fendent, voire tombent prématurément. Par ailleurs, une exposition prolongée au soleil peut provoquer des coups de brûlure sur les fruits, notamment sur les pommes, les poires ou les abricots, dont l’écorce devient tachée, durcie, parfois invendable.

C’est ce qu’a observé Thomas Berthier, arboriculteur dans le Gard, qui cultive des pêchers sur une parcelle exposée plein sud. « L’an dernier, j’ai eu des pertes de 30 % sur mes pêches de vigne à cause de l’insolation. Les fruits exposés directement au soleil de midi ont développé des zones nécrosées. C’était dramatique, surtout après un hiver difficile », raconte-t-il. Il a depuis mis en place un système de voiles d’ombrage légers, qui filtrent 30 % de la lumière sans entraver la photosynthèse. Ce geste simple a permis de stabiliser la température autour des arbres et de limiter les dégâts.

Comment le paillage peut-il devenir un allié stratégique ?

Le paillage est l’une des pratiques les plus efficaces pour contrer les effets de la sécheresse. En recouvrant le sol autour du tronc d’un matériau organique – paille, écorces broyées, tontes de gazon – on réduit l’évaporation, on maintient une température plus fraîche et on favorise la rétention d’eau. Mais au-delà de ces bienfaits immédiats, le paillage joue un rôle crucial dans la préservation de la biodiversité du sol.

Claire Dubreuil, maraîchère en Ardèche, en est convaincue. « Depuis que je paille systématiquement mes pruniers et mes cerisiers dès la mi-août, je vois une nette amélioration. Les racines ne surchauffent plus, l’humidité reste stable, et même la qualité des fruits s’est améliorée. Moins de stress, plus de sucre », explique-t-elle. Elle utilise principalement de la paille de blé, qu’elle laisse en place toute l’année, en l’épaississant à chaque saison sèche. « Ce qui est bien, c’est que le paillage se décompose lentement. Il nourrit le sol, attire les vers de terre, et devient un véritable bouclier vivant. »

Il est toutefois essentiel de bien appliquer le paillage : il doit être épais (8 à 10 cm minimum), ne pas toucher directement le tronc (risque de pourriture) et être renouvelé régulièrement. En zone méditerranéenne, certains jardiniers optent pour des paillis minéraux comme la pierre ponce, plus durables mais moins enrichissants pour le sol.

Pourquoi la taille en fin d’été est-elle une pratique indispensable ?

Contrairement à une idée reçue, la taille n’est pas réservée au printemps ou à l’hiver. En fin d’été, une taille légère, dite de « retouche », permet de redonner de l’aération au feuillage, d’éliminer les branches mortes ou malades, et de réduire la densité des fruits. Cette dernière opération, appelée éclaircissage, est particulièrement utile pour éviter que l’arbre ne s’épuise en tentant de mûrir trop de fruits simultanément.

« J’ai appris à tailler mes figuiers en septembre après avoir perdu une récolte entière à cause d’un excès de vigueur », confie Lina Moretti, jardinière à Perpignan. « Quand il y a trop de feuilles serrées, l’air ne circule pas. Et avec l’humidité résiduelle du matin, les champignons s’installent vite. Le mildiou, surtout sur les figues, peut tout ravager en quelques jours. » Depuis qu’elle pratique une taille d’aération, en supprimant les branches intérieures et en espaçant le feuillage, elle observe moins de maladies et des fruits plus gros, mieux exposés au soleil.

Il est recommandé d’utiliser des outils désinfectés et de ne pas tailler par temps humide, afin d’éviter la propagation de maladies. Les coupes doivent être nettes, et les branches supprimées retirées du verger pour ne pas servir de refuge aux parasites.

Quels traitements écologiques contre les ravageurs de fin d’été ?

La chaleur favorise la prolifération de certains insectes nuisibles : pucerons, cochenilles, tétranyques rouges ou encore carpocapses. Plutôt que d’avoir recours à des produits chimiques, de plus en plus de jardiniers adoptent des solutions naturelles, souvent inspirées de la permaculture ou de la phytothérapie.

Claire Dubreuil, par exemple, prépare une infusion de lavande qu’elle pulvérise sur ses pruniers chaque semaine. « Les pucerons détestent l’odeur, et la lavande attire les auxiliaires comme les coccinelles. C’est un cercle vertueux. » Elle ajoute parfois quelques gouttes d’huile essentielle de citronnelle, connue pour son pouvoir répulsif, mais toujours en très faible dose pour ne pas brûler les feuilles.

Thomas Berthier, quant à lui, utilise des pièges à phéromones pour surveiller la présence du carpocapse de la pêche. « Dès que je détecte une activité, je lance des pulvérisations de bacillus thuringiensis, un micro-organisme naturel qui touche uniquement les chenilles. C’est ciblé, efficace, et sans impact sur les abeilles. » Il insiste aussi sur l’importance de la diversité végétale : « J’ai planté des bandes fleuries autour de mes pêchers : phacélie, bourrache, souci. Elles attirent les insectes utiles, et ça change tout. »

Comment renforcer la résilience du verger face au changement climatique ?

Protéger les fruits en fin d’été ne se limite pas à des gestes ponctuels. Il s’agit de repenser la gestion globale du verger pour le rendre plus résistant aux aléas climatiques. L’association de plantes, par exemple, permet de créer des microclimats plus stables. Planter des légumes ou des aromatiques sous les arbres fruitiers (comme la menthe, le persil ou la laitue) peut limiter l’évaporation et enrichir le sol.

La rotation des cultures, bien qu’elle soit plus courante en maraîchage, peut aussi être adaptée aux vergers. En alternant les espèces végétales sur des parcelles non arborées, on évite l’appauvrissement du sol et la prolifération de maladies spécifiques. Lina Moretti a ainsi intégré des légumineuses (haricots, luzerne) entre ses rangs de figuiers. « Ces plantes fixent l’azote, améliorent la structure du sol, et quand je les enfouis, elles deviennent un engrais naturel. »

Un autre levier puissant est l’observation fine des cycles. En notant chaque année les dates de floraison, de maturité, les attaques de parasites ou les pics de température, les jardiniers peuvent anticiper les problèmes. « J’ai un carnet de suivi depuis cinq ans », raconte Thomas Berthier. « Grâce à lui, je sais que le carpocapse arrive systématiquement entre le 10 et le 15 août. Donc je prépare mes traitements en amont. C’est de la prévention intelligente. »

Comment anticiper les impacts futurs du climat sur la production fruitière ?

Le réchauffement climatique modifie profondément les saisons. Les vagues de chaleur arrivent plus tôt, durent plus longtemps, et les précipitations deviennent imprévisibles. Dans ce contexte, il est essentiel d’adapter les choix variétaux. Certains fruits traditionnels peuvent devenir moins viables, tandis que d’autres, plus résistants à la chaleur ou à la sécheresse, gagnent en intérêt.

« J’ai remplacé deux de mes pommiers Golden par des variétés anciennes de figues résistantes à la sécheresse, comme la ‘Goutte d’or’ ou la ‘Noire de Carcassonne’ », explique Lina Moretti. « Elles demandent moins d’eau, supportent mieux le soleil, et ont un goût exceptionnel. » Elle envisage aussi de planter des arbres plus petits, mieux adaptés à l’irrigation localisée, plutôt que des grands arbres traditionnels.

Thomas Berthier, lui, investit dans des systèmes d’irrigation goutte-à-goutte pilotés par capteurs d’humidité. « Je n’arrose que quand le sol en a vraiment besoin. C’est plus économe, plus précis, et ça évite le stress hydrique. » Il prévoit également d’installer des haies brise-vent pour protéger ses arbres des vents chauds et secs du sud.

A retenir

Comment protéger les fruits du soleil en fin d’été ?

Utilisez des voiles d’ombrage ou favorisez un feuillage suffisant pour créer de l’ombre naturelle. Le paillage du sol et l’arrosage ciblé le soir permettent aussi de réduire l’impact thermique sur les racines et les fruits.

Quand faut-il tailler les arbres fruitiers en été ?

Une taille d’aération peut être effectuée en août ou septembre, surtout sur les arbres à feuillage dense. Elle vise à améliorer la circulation de l’air, réduire les risques de maladies fongiques et équilibrer la charge fruitière.

Quels traitements naturels contre les pucerons ?

Les infusions de plantes comme la lavande, la camomille ou la prêle sont efficaces. L’huile de neem, en dilution, ou les purins d’ortie bien fermentés peuvent aussi jouer un rôle de régulateur naturel.

Le paillage est-il utile pour tous les types de sol ?

Oui, mais il doit être adapté. Sur sols lourds, privilégiez des paillis légers comme la paille. Sur sols sableux, des écorces ou du compost peuvent mieux retenir l’humidité. L’essentiel est de couvrir le sol sans le compacter.

Comment savoir si un arbre fruitier manque d’eau ?

Les signes incluent des feuilles qui jaunissent, se recroquevillent ou tombent prématurément, des fruits qui se fendent ou mûrissent trop vite. Un test simple : enfoncez un doigt dans le sol à 10 cm de profondeur. S’il est sec, arrosez.

Quelle irrigation est la plus efficace en période de canicule ?

L’irrigation goutte-à-goutte est la plus économique et la plus ciblée. Elle permet d’apporter l’eau directement aux racines, sans perte par évaporation. Arrosez de préférence en fin de journée ou tôt le matin.

Faut-il enlever les fruits abîmés par la chaleur ?

Oui, car ils peuvent devenir des points d’entrée pour des champignons ou des insectes. Leur suppression limite la propagation des maladies et permet à l’arbre de concentrer son énergie sur les fruits sains.

En somme, la protection des fruits en fin d’été repose sur une approche globale, à la fois préventive et réactive. En combinant des techniques simples mais bien maîtrisées – paillage, taille, surveillance des ravageurs, choix variétaux –, les jardiniers peuvent non seulement sauver leur récolte, mais aussi construire un verger plus résilient, capable de s’adapter aux nouveaux défis du climat. Comme le dit Claire Dubreuil : « Un bon jardinier, ce n’est pas celui qui combat la nature, c’est celui qui apprend à la comprendre et à marcher avec elle. »