Huiles d’olive à éviter selon 60 Millions de Consommateurs en 2025

Alors que l’huile d’olive est souvent perçue comme un pilier de l’alimentation saine, une enquête récente bouscule nos certitudes. Sur les 22 huiles analysées dans les grandes surfaces, aucune n’a été épargnée par la présence de substances indésirables. Ces résultats, inquiétants, interrogent non seulement la qualité des produits que nous mettons dans nos assiettes, mais aussi les pratiques de l’industrie agroalimentaire. Derrière l’étiquette « vierge extra », se cachent parfois des réalités peu ragoûtantes : hydrocarbures pétroliers, plastifiants hormono-dérangeants, et saveurs altérées. Pour mieux comprendre ce que nous consommons, plongeons dans les arcanes de cette enquête et donnons la parole à ceux qui ont vécu ces découvertes de près.

Qu’est-ce que la contamination par les hydrocarbures minéraux ?

Les hydrocarbures minéraux, classés en deux catégories — MOSH (hydrocarbures saturés) et MOAH (hydrocarbures aromatiques) — proviennent principalement de la chaîne de production, notamment des lubrifiants industriels ou des encres d’impression utilisées sur les emballages. Leur présence dans l’huile d’olive est particulièrement préoccupante. Les MOSH ont la fâcheuse tendance à s’accumuler dans les organes comme le foie et les ganglions lymphatiques, tandis que les MOAH sont suspectés d’être cancérogènes. L’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) recommande une vigilance stricte sur leur taux, sans toutefois imposer de limites légales contraignantes.

L’huile Eco+ se détache malheureusement du peloton, avec un taux de MOAH cinq fois supérieur à la limite conseillée. Cette découverte a profondément choqué Camille, une enseignante lyonnaise passionnée de cuisine : « J’achetais cette huile depuis des années, convaincue de faire un choix écologique. Je me sens trahie. Le mot “éco” dans le nom, c’est du greenwashing pur et simple. »

D’autres marques, comme Carapelli et Monini, sont également pointées du doigt pour leurs teneurs élevées en MOSH. Ces résultats mettent en lumière une faille majeure : même des marques reconnues internationalement ne garantissent pas une pureté totale.

Pourquoi les huiles bio ne sont-elles pas épargnées ?

On pourrait penser que les huiles certifiées bio échappent à ces contaminations. Or, l’enquête démontre que ce n’est pas le cas. Les phtalates, des plastifiants utilisés dans les tuyaux, les cuves ou les joints de machines, sont présents dans toutes les huiles analysées, y compris les bio. Ces substances sont des perturbateurs endocriniens avérés, capables d’interférer avec le système hormonal, notamment chez les enfants et les femmes enceintes.

Terra Delyssa, pourtant souvent plébiscitée pour son origine tunisienne et son packaging rassurant, figure parmi les huiles les plus contaminées. « J’ai choisi cette marque pour ma famille parce qu’elle était bio et vendue en grande surface, raconte Julien, père de deux enfants à Bordeaux. Apprendre qu’elle contient des phtalates, c’est un électrochoc. On croit faire attention, mais en réalité, on est impuissants. »

Carapelli est de nouveau citée, illustrant un problème de fond : la contamination semble liée aux méthodes industrielles plutôt qu’au type d’agriculture. En revanche, Puget se distingue par une seule trace de phtalate, à dose très faible, ce qui lui vaut une mention honorable dans un contexte globalement inquiétant.

Comment détecter une huile de mauvaise qualité gustative ?

La dégustation reste un outil essentiel pour évaluer la qualité d’une huile d’olive. Une huile « vierge extra » doit présenter un goût frais, fruité, parfois légèrement amer ou piquant — des signes de fraîcheur et d’antioxydants. Pourtant, sept des huiles testées affichaient des défauts sensoriels flagrants : odeur de moisi, goût rance ou vinaigré. Ces altérations indiquent un stockage inadéquat — exposition à la chaleur, à la lumière, ou une durée de conservation trop longue — ou une récolte tardive des olives.

Élodie, caviste à Marseille, explique : « Quand un client m’achète une huile à 5 euros le litre, je le préviens : ce prix ne permet pas une production artisanale de qualité. Derrière, il y a souvent des olives fermentées, mal pressées, ou stockées dans des cuves en plastique mal nettoyées. » Ces défauts gustatifs ne sont pas seulement désagréables : ils reflètent une dégradation des composés bénéfiques, comme les polyphénols, qui perdent leur efficacité antioxydante.

Quelles huiles faut-il éviter selon l’enquête ?

L’huile Eco+ est clairement à bannir en priorité. Son taux de MOAH extrêmement élevé en fait un risque potentiel pour la santé à long terme. Carapelli, bien que très présente en grande distribution, cumule deux fléaux : hydrocarbures minéraux et phtalates. Monini, réputée pour ses huiles italiennes, est contaminée par des MOSH préoccupants. Enfin, Terra Delyssa, malgré son image bio, s’avère l’une des plus touchées par les plastifiants.

Il est crucial de préciser que ces huiles ne sont pas dangereuses à consommer ponctuellement. Le danger réside dans une exposition régulière, quotidienne, sur des années. « C’est comme fumer un seul jour : pas de risque immédiat, mais sur dix ans, les effets s’additionnent », compare le docteur Antoine Lefebvre, toxicologue à l’université de Montpellier. « Ces substances s’accumulent. Elles ne disparaissent pas. »

Quelles huiles méritent notre confiance ?

Heureusement, toutes les nouvelles ne sont pas sombres. Certaines marques s’en sortent avec les honneurs. Leos, une marque espagnole peu connue du grand public, obtient les meilleurs résultats : absence de MOAH, niveaux négligeables de MOSH, et goût impeccable. Costa d’Oro, autre marque méditerranéenne, suit de près, avec une production plus contrôlée et des emballages en verre opaque qui préservent mieux l’huile.

Puget, bien que française et souvent plus chère, mérite une mention spéciale. En plus de sa faible contamination par les phtalates, elle provient d’un terroir provençal réputé, et son processus de fabrication est plus transparent. « Je visite régulièrement les oliveraies Puget avec mes élèves, témoigne Léa, professeure de SVT dans le Var. Leur engagement en faveur d’une production durable, c’est tangible. On voit les oliviers, on sent l’huile fraîchement pressée. Ce n’est pas comparable à une usine anonyme en Italie ou en Tunisie. »

Comment faire de meilleurs choix en tant que consommateur ?

Face à cette situation, il est tentant de se résigner. Pourtant, des solutions existent. La première : fuir les huiles premier prix. En dessous de 5 euros le litre, la qualité est souvent sacrifiée. Ces huiles proviennent souvent de mélanges internationaux, pressées à chaud, ou stockées longtemps. « Le prix, c’est le premier indicateur de qualité », affirme Romain, producteur d’olives dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Privilégier les AOP et les petits producteurs

Les huiles bénéficiant d’une Appellation d’Origine Protégée (AOP) sont soumises à des cahiers des charges stricts. Elles garantissent non seulement l’origine géographique, mais aussi des méthodes de production plus respectueuses. Les petits producteurs, quant à eux, offrent une traçabilité totale. « Quand je vends mon huile directement au marché, je connais chaque client, explique Romain. Je leur montre les olives, je leur parle du pressage. Il n’y a pas de place pour les compromis. »

S’appuyer sur des comparatifs indépendants

Les tests réalisés par des organismes comme 60 Millions de consommateurs sont inestimables. Ils révèlent des données que les fabricants ne divulguent pas. « Je ne choisis plus mes huiles au hasard, confie Camille, l’enseignante lyonnaise. Désormais, j’attends leurs publications. C’est devenu mon guide d’achat. »

Observer attentivement l’emballage et la date

Privilégiez les bouteilles en verre foncé, opaques, qui protègent l’huile de la lumière. Vérifiez la date de récolte (pas seulement la date limite de consommation) : une huile récoltée en 2024 est toujours meilleure qu’une huile de 2022, même si elle est encore vendable. Enfin, méfiez-vous des mentions floues comme « origine UE » ou « mélanges d’huiles de différents pays » : elles masquent souvent une qualité incertaine.

Conclusion

Cette enquête est un cri d’alarme. Elle montre que la qualité de l’huile d’olive, même dans les rayons bio, n’est pas garantie. Les contaminations par des hydrocarbures pétroliers et des plastifiants sont réelles, et si elles ne provoquent pas d’effets immédiats, elles posent un risque sanitaire à long terme. Les consommateurs ne peuvent plus se contenter de croire aux labels ou aux prix bas. Il leur faut devenir des enquêteurs, vigilants, exigeants. Choisir une huile, ce n’est plus seulement une question de goût ou de budget : c’est un acte de santé publique. Et dans ce domaine, chaque goutte compte.

A retenir

Quels sont les risques des hydrocarbures minéraux dans l’huile d’olive ?

Les MOSH s’accumulent dans le foie et les tissus lymphatiques, tandis que les MOAH sont suspectés d’être cancérogènes. Leur présence provient souvent de contaminations lors de la production industrielle, via les machines ou les emballages.

Pourquoi les huiles bio contiennent-elles des phtalates ?

Les phtalates proviennent de l’équipement de transformation — tuyaux, joints, cuves en plastique — et peuvent migrer vers l’huile, même lors de productions bio. La certification bio ne couvre pas ces contaminants d’origine industrielle.

Comment reconnaître une huile de mauvaise qualité au goût ?

Une huile rance, moisi ou vinaigrée indique un défaut de stockage ou de transformation. Elle ne devrait pas porter l’appellation « vierge extra ». Une huile de qualité doit avoir un goût frais, fruité, avec une pointe d’amertume ou de piquant.

Quelles marques d’huile d’olive sont à éviter ?

Eco+, Carapelli, Monini et Terra Delyssa sont fortement contaminées par des substances indésirables. Leurs profils chimiques et sensoriels les rendent inadéquates pour une consommation régulière.

Quelles huiles peuvent être considérées comme sûres ?

Leos et Costa d’Oro se distinguent par des résultats impeccables. Puget obtient une mention passable, avec une contamination minimale et une production plus transparente.

Quels conseils pratiques pour choisir une bonne huile d’olive ?

Évitez les huiles très bon marché, privilégiez les AOP et les petits producteurs, consultez les comparatifs indépendants, vérifiez la date de récolte et l’emballage. Une bouteille en verre foncé, opaque, est toujours préférable au plastique.