Retraite : une erreur de calcul prive un couple de 300 € par mois depuis 2025 — leur vie bouleversée

Chaque année, des milliers de Français s’interrogent sur les démarches à suivre pour obtenir une reconnaissance de leurs compétences, qu’il s’agisse d’un retour à l’emploi, d’une reconversion professionnelle ou d’une simple validation d’expérience. Parmi les dispositifs les plus sollicités figure la Validation des Acquis de l’Expérience, ou VAE. Moins connue mais tout aussi stratégique, la Validation des Acquis et de l’Expérience Professionnelle (VAEP) s’impose progressivement comme une alternative intéressante, notamment dans les secteurs réglementés ou en forte évolution. Ce dispositif, porté par des organismes publics comme France Compétences et mis en œuvre par des centres habilités, permet de faire certifier des savoir-faire accumulés hors parcours académique classique. À travers le parcours de plusieurs professionnels aux trajectoires atypiques, cet article explore les enjeux, les étapes et les bénéfices concrets de la VAEP, tout en décryptant les conditions d’accès, les pièges à éviter et les leviers de réussite.

Qu’est-ce que la VAEP et en quoi diffère-t-elle de la VAE ?

La Validation des Acquis et de l’Expérience Professionnelle (VAEP) est un dispositif qui permet à une personne d’obtenir une certification professionnelle en se basant sur son expérience concrète, sans avoir suivi la formation classique associée à ce diplôme. Contrairement à la VAE, qui est ouverte à tous les niveaux de qualification et s’inscrit dans le cadre de la loi de 2002 sur l’orientation tout au long de la vie, la VAEP est souvent mobilisée dans des contextes spécifiques, notamment dans les métiers réglementés comme ceux de la santé, de l’éducation ou de la sécurité. Elle est particulièrement adaptée aux professions où l’expérience terrain est un critère essentiel d’exercice.

Alain Ravel, ancien pompier de Paris devenu formateur en sécurité incendie, explique : « J’ai passé plus de vingt ans sur le terrain, à former des équipes, à gérer des situations d’urgence. Quand j’ai voulu devenir formateur certifié, on m’a demandé un diplôme que je n’avais pas. C’est là que j’ai découvert la VAEP. Elle m’a permis de faire reconnaître ce que je vivais chaque jour. »

La principale différence réside dans le public ciblé et les conditions d’accès. Tandis que la VAE peut être initiée par toute personne, quelle que soit son histoire, la VAEP est souvent mise en place dans le cadre de politiques publiques ou de dispositifs sectoriels. Elle est parfois pilotée par des branches professionnelles ou des ministères, comme c’est le cas pour les métiers de l’aide à domicile ou de l’animation socioculturelle.

Qui peut prétendre à la VAEP ?

Les conditions d’éligibilité varient selon les métiers et les certifications visées, mais certains critères reviennent régulièrement. En général, il faut justifier d’une expérience professionnelle significative, d’au moins trois à cinq ans, dans le domaine concerné. Cette expérience peut être salariée, bénévole, ou même issue d’activités non rémunérées, à condition qu’elle soit documentée et structurée.

Élodie Tournier, ancienne assistante maternelle devenue coordinatrice de crèche associative, témoigne : « J’ai gardé des enfants pendant quinze ans, j’ai suivi des formations continues, mais je n’avais pas le diplôme d’État d’éducateur de jeunes enfants. Grâce à la VAEP, j’ai pu faire reconnaître mon expertise. Aujourd’hui, je supervise une équipe de dix professionnels. »

Un autre critère important est la motivation du candidat. La VAEP n’est pas une simple formalité : elle exige un travail de réflexion approfondi sur ses pratiques, la capacité à les analyser et à les relier aux référentiels de compétences. Elle s’adresse donc à des personnes engagées dans une démarche d’évolution de carrière, souvent en lien avec un projet professionnel clair.

Il est également fréquent que la VAEP soit accessible uniquement via un accompagnement par un organisme agréé. Ce dernier joue un rôle central en aidant le candidat à structurer son dossier, à préparer l’entretien devant le jury et à identifier les compétences à valoriser.

Quelles sont les étapes d’une démarche de VAEP ?

1. L’identification du besoin et du diplôme visé

Tout commence par une clarification du projet. Quel diplôme ou certification souhaite-t-on obtenir ? Pourquoi ? Cette étape peut être menée seul, mais elle est souvent facilitée par un conseil en évolution professionnelle (CEP) ou un entretien avec un référent emploi.

Samir Benhima, ancien technicien de maintenance dans l’industrie agroalimentaire, raconte : « Je voulais devenir responsable de maintenance, mais les offres exigeaient un bac+2. J’ai rencontré un conseiller qui m’a parlé de la VAEP. Il m’a aidé à cibler le BTS Maintenance des systèmes, option production. »

2. Le montage du dossier de candidature

Le cœur de la démarche réside dans la rédaction du livret de validation. Ce document, souvent structuré en plusieurs parties, demande au candidat de décrire ses expériences, d’analyser ses actions, de montrer comment elles correspondent aux compétences attendues par le diplôme visé. Il s’agit d’un exercice exigeant, qui nécessite rigueur et capacité de reformulation.

Les accompagnateurs jouent ici un rôle essentiel. Ils aident à sélectionner les situations pertinentes, à les décrire avec précision, et à les relier aux attendus du référentiel. Certains candidats passent plusieurs mois à travailler leur dossier, parfois en parallèle de leur activité professionnelle.

3. L’entretien devant le jury

Une fois le dossier validé, le candidat est convoqué à un entretien, généralement d’une heure à une heure et demie. Le jury, composé de professionnels du secteur et parfois d’un représentant de l’Éducation nationale ou de la branche professionnelle, l’interroge sur son parcours, ses choix, ses réussites et ses difficultés. L’objectif est de vérifier que les compétences revendiquées sont bien maîtrisées et mobilisables.

« C’était intimidant, reconnaît Élodie Tournier. Mais le jury était bienveillant. Ils voulaient comprendre mon parcours, pas me piéger. J’ai parlé de situations concrètes : un enfant en crise, une famille en difficulté, une intervention d’urgence. Et ils ont vu que je savais faire. »

4. La décision du jury

Le jury peut valider la certification en totalité, la valider partiellement (avec des compléments à apporter), ou la refuser. Dans le cas d’une validation partielle, le candidat peut être invité à suivre une courte formation complémentaire ou à repasser l’entretien après avoir consolidé certaines compétences.

Quels sont les avantages concrets de la VAEP ?

Le premier bénéfice est évidemment l’obtention d’une certification officielle, souvent indispensable pour accéder à certains postes, évoluer en responsabilité ou exercer légalement une activité. Mais au-delà du diplôme, la VAEP offre une reconnaissance symbolique puissante.

« Pendant des années, on me disait : “Tu as l’expérience, mais pas le papier”, raconte Alain Ravel. Ce diplôme, c’est une légitimité. Aujourd’hui, quand je forme des jeunes, ils me respectent parce que je suis à la fois praticien et diplômé. »

La VAEP peut aussi ouvrir des droits à la formation, faciliter l’accès à des financements (CPF, Pôle Emploi), ou permettre une revalorisation salariale. Dans certains cas, elle est un tremplin vers des responsabilités managériales ou pédagogiques.

Samir Benhima a vu son salaire augmenter de 25 % après l’obtention de son BTS : « Ce n’était pas seulement une question d’argent. C’était une reconnaissance de mon travail, de mon investissement. Et surtout, j’ai pu postuler à des postes que je n’aurais même pas osé regarder avant. »

Quels sont les pièges à éviter ?

La première erreur est de sous-estimer le temps et l’énergie nécessaires. La VAEP n’est pas une voie de garage. Elle exige une mobilisation importante, tant sur le plan intellectuel que logistique. Beaucoup de candidats commencent le processus avec enthousiasme, puis peinent à le mener à terme faute d’accompagnement ou de soutien.

Un autre piège est la tentation de “raconter une belle histoire” sans lien direct avec le référentiel. Le jury ne cherche pas un récit inspirant, mais des preuves concrètes de compétences. Il est donc crucial de rester ancré dans les faits, les situations vécues, et les résultats obtenus.

Enfin, certains candidats négligent l’importance de l’accompagnement. Travailler seul sur un livret de validation peut mener à des oublis ou des formulations floues. Un bon accompagnateur aide à structurer la pensée, à hiérarchiser les expériences, et à anticiper les questions du jury.

Comment se faire accompagner efficacement ?

Le choix de l’organisme d’accompagnement est déterminant. Il doit être agréé, bien connaître le métier visé, et proposer un suivi personnalisé. Certains organismes se spécialisent dans des secteurs précis : santé, sécurité, éducation, numérique, etc.

Élodie Tournier a été accompagnée par un centre spécialisé dans les métiers de la petite enfance : « Mon référente connaissait parfaitement le référentiel. Elle m’a aidée à reformuler mes expériences avec les bons mots, à montrer que je maîtrisais les protocoles, la pédagogie, la gestion des conflits. Sans elle, je n’aurais pas su par où commencer. »

Le coût de l’accompagnement peut varier, mais il est souvent pris en charge par Pôle Emploi, un OPCO, ou dans le cadre d’un plan de formation. Il est donc important de se renseigner en amont sur les aides disponibles.

Quel avenir pour la VAEP ?

Alors que le monde du travail évolue rapidement, avec des besoins croissants en compétences transversales et en reconversion, la VAEP apparaît comme un levier stratégique. Elle répond à un double enjeu : valoriser les talents cachés et sécuriser les parcours professionnels.

Les pouvoirs publics semblent aller dans ce sens. Depuis quelques années, des expérimentations sont menées dans des secteurs en tension, comme les métiers du numérique ou de la transition écologique. L’objectif est d’ouvrir la VAEP à des certifications plus récentes, mieux alignées sur les besoins du marché.

De plus, la digitalisation des démarches pourrait faciliter l’accès à la VAEP. Des plateformes en ligne sont en cours de développement pour permettre aux candidats de déposer leurs dossiers, suivre leur avancement, ou accéder à des ressources pédagogiques.

Conclusion

La Validation des Acquis et de l’Expérience Professionnelle n’est pas une solution miracle, mais elle représente une opportunité précieuse pour des milliers de professionnels engagés, compétents, mais souvent invisibilisés par le système classique de certification. Elle permet de faire valoir ce que l’on sait faire, au-delà des diplômes. Elle redonne du sens à l’expérience, et du pouvoir aux individus. À l’heure où l’apprentissage tout au long de la vie devient une nécessité, la VAEP s’impose comme un pilier de la justice sociale et de l’efficacité économique. Elle ne remplace pas la formation, mais elle la complète, en reconnaissant que la compétence se construit aussi, et parfois surtout, sur le terrain.

A retenir

La VAEP est-elle accessible à tous ?

La VAEP n’est pas ouverte à tous les métiers ni à toutes les certifications. Elle dépend des dispositifs mis en place par les branches professionnelles, les ministères ou les organismes certificateurs. Il est donc nécessaire de vérifier au préalable si la certification souhaitée est éligible à la VAEP.

Combien de temps dure une démarche de VAEP ?

Le processus varie selon les cas, mais il dure en moyenne entre 6 et 12 mois. Cela inclut le temps de constitution du dossier, les séances d’accompagnement, et la préparation à l’entretien. Certains dossiers peuvent être traités plus rapidement, notamment si l’expérience est très documentée et bien alignée sur le référentiel.

La VAEP coûte-t-elle cher ?

Les frais liés à la VAEP (accompagnement, jury, certification) sont souvent pris en charge par des financeurs publics ou paritaires : Pôle Emploi, OPCO, région, ou employeur. Dans certains cas, le candidat peut bénéficier d’un financement via son Compte Personnel de Formation (CPF), même si la démarche n’est pas encore entièrement intégrée à la plateforme MonCPF.

Peut-on échouer à la VAEP ?

Oui, comme tout processus de validation, la VAEP peut aboutir à un refus ou à une validation partielle. Cependant, un échec n’est pas une fin en soi. Il fournit souvent des retours précieux sur les compétences à renforcer, et ouvre la voie à des formations complémentaires ou à une nouvelle candidature.

La VAEP est-elle reconnue par les employeurs ?

Oui, la certification obtenue par VAEP a la même valeur légale que celle obtenue par la voie de la formation initiale ou continue. Elle est inscrite au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) et fait foi dans les relations de travail, les concours de la fonction publique, ou les appels d’offres dans le privé.