Alors que le jardin semble s’assoupir après l’été, septembre marque en réalité un tournant crucial pour les amoureux de verdure. Ce mois de transition, souvent sous-estimé, est en vérité une fenêtre dorée pour repenser, enrichir et préparer le terrain d’un spectacle végétal qui durera toute l’année. Les températures douces, la terre encore tiède et les précipitations régulières créent des conditions idéales pour que les vivaces s’installent tranquillement, loin des stress estivaux. C’est le moment où les jardiniers expérimentés passent à l’action, anticipant non pas la fin de la saison, mais le début d’un renouveau souterrain. Parmi les stars de cette période, une plante s’impose avec éclat : le géranium vivace ‘Rozanne’, véritable phénomène horticole, salué par les plus grands spécialistes. Mais pourquoi ce choix s’impose-t-il comme une évidence ? Et comment en tirer le meilleur parti ?
Pourquoi septembre est-il le mois idéal pour planter les vivaces ?
Le sol, encore chaleureux, favorise l’enracinement
À la mi-septembre, même si les journées raccourcissent, la terre conserve la chaleur accumulée pendant l’été. Cette chaleur résiduelle stimule activement le développement racinaire. Contrairement au printemps, où les températures peuvent être capricieuses, l’automne offre une stabilité thermique bénéfique. Les racines des vivaces plantées en septembre ont ainsi plusieurs semaines pour s’établir avant les premières gelées, ce qui leur confère une longueur d’avance considérable.
Les pluies automnales réduisent l’arrosage
Les précipitations plus fréquentes en automne diminuent la nécessité d’arroser manuellement. Cela signifie moins de travail pour le jardinier et un stress hydrique moindre pour la plante. Selon des données de l’Observatoire des pratiques de jardinage, 65 % des jardiniers passionnés choisissent cette période pour leurs plantations, conscients que l’humidité naturelle du sol optimise la reprise.
Un démarrage plus rapide au printemps
Les vivaces installées en automne ne subissent pas le contrecoup d’un transplant printanier. Elles ont déjà développé un système racinaire solide et peuvent donc consacrer toute leur énergie à la croissance aérienne dès les premières douceurs. Des professionnels du paysage affirment que ces plantes fleurissent en moyenne 2 à 3 semaines plus tôt que celles plantées au printemps. Pour Élodie Vasseur, maraîchère bio dans l’Aube, « planter en septembre, c’est comme mettre de l’argent de côté pour l’année suivante. Le jardin vous rembourse avec des fleurs en prime ».
Pourquoi le géranium ‘Rozanne’ est-il considéré comme une référence en matière de vivaces ?
Un palmarès prestigieux : de la Royal Horticultural Society au Chelsea Flower Show
En 2008, le géranium ‘Rozanne’ est sacré Plante de l’Année par la Royal Horticultural Society. Mais c’est en 2013, lors du célèbre Chelsea Flower Show à Londres, qu’il reçoit une distinction rare : Plante du Siècle. Un titre symbolique, mais qui reflète une reconnaissance internationale. Ce n’est pas un simple effet de mode : derrière ce succès se cache une plante exceptionnellement performante.
Une floraison quasi ininterrompue, de juin aux gelées
Ce qui frappe d’emblée, c’est la longévité de sa floraison. Dès juin, des fleurs bleu-violet éclatantes apparaissent, et elles persistent jusqu’aux premières gelées, couvrant parfois cinq mois sans pause. Chaque fleur, légèrement étoilée, semble flotter au-dessus d’un feuillage dense et sain. Camille Fournier, designer paysagiste dans le Gard, témoigne : « J’ai planté ‘Rozanne’ dans un massif ombragé. En trois ans, il est devenu le cœur du jardin. Même en octobre, quand tout semble mourir, lui continue à briller ».
Robustesse, adaptabilité et faible entretien
Rustique jusqu’à -20 °C, le ‘Rozanne’ supporte aussi bien les sols lourds que les terrains sableux, à condition qu’ils soient bien drainés. Une seule touffe peut s’étendre jusqu’à 60 cm de diamètre, formant un tapis végétal dense qui étouffe les mauvaises herbes. Son entretien est minimal : une taille légère après la floraison suffit. Et selon une étude de la Royal Horticultural Society, plus de 90 % des plants survivent et prospèrent quand ils sont mis en terre à l’automne.
Comment réussir la plantation du géranium ‘Rozanne’ ?
Choisir l’emplacement idéal
Le ‘Rozanne’ aime la lumière, mais tolère la mi-ombre. Un emplacement ensoleillé le matin ou l’après-midi, protégé des vents violents, est idéal. Il s’intègre aussi bien dans un massif structuré que dans une jardinière sur balcon. Léa Bouvier, habitante d’un immeuble haussmannien à Lyon, raconte : « J’ai installé trois plants dans des bacs en zinc. En septembre, ils ont pris racine. L’année suivante, ils ont fleuri dès mai et n’ont jamais cessé. Mes voisins pensaient que j’achetais des fleurs chaque semaine ! ».
Préparer le sol avec soin
Avant de planter, il est essentiel d’ameublir la terre sur une profondeur d’au moins 30 cm. Ajouter une poignée de compost mûr enrichit le sol sans l’alourdir. Le drainage est crucial : si le sol est lourd, mélanger du sable ou du gravier léger peut éviter l’eau stagnante, ennemi mortel des racines.
Planter large et arroser abondamment
Le trou de plantation doit être deux fois plus large que la motte, afin de donner de l’espace aux racines. Une fois la plante en place, tasser légèrement la terre et arroser copieusement. Les premières semaines, surveiller l’humidité, surtout si l’automne est sec. Ensuite, la nature prend le relais.
Encourager la floraison et protéger en hiver
Pour prolonger la floraison, il suffit de retirer régulièrement les fleurs fanées. Cela stimule la formation de nouvelles tiges florales. En hiver, dans les régions froides, un paillage léger (feuilles mortes, écorces) protège les racines sans étouffer la plante. Pas besoin de couverture excessive : le ‘Rozanne’ est conçu pour résister.
Quelles autres vivaces associer au ‘Rozanne’ pour un jardin en continu ?
Salvia nemorosa : l’alliée des pollinisateurs
Avec ses épis dressés de fleurs violettes, la sauge des bois attire abeilles, bourdons et papillons. Elle fleurit de juin à octobre et s’associe parfaitement au bleu-violet du ‘Rozanne’. Son parfum discret et sa tenue robuste en font une compagne idéale. Dans un jardin partagé à Montreuil, deux voisins, Julien et Aïcha, ont créé un massif en alternance : ‘Rozanne’ en avant, salvia en arrière-plan. « C’est un ballet de couleurs et d’insectes, commente Julien. Chaque jour apporte quelque chose de nouveau ».
Sédum ‘Autumn Joy’ : la star de l’arrière-saison
Moins flamboyant au printemps, le sédum prend de l’ampleur en automne. Ses inflorescences roses deviennent cuivrées, puis brunes, et persistent tout l’hiver, offrant une structure visuelle même sous la neige. Il aime les sols pauvres et secs, ce qui le rend parfait pour les zones où d’autres plantes peinent.
Les hellébores : les fleurs de l’hiver
Surnommées « roses de Noël », les hellébores fleurissent dès janvier, parfois même sous la neige. Leurs grandes fleurs penchées, en forme d’étoile, apportent une touche de douceur dans un paysage endormi. Elles préfèrent l’ombre légère et un sol humifère. Leur présence prolonge le spectacle floral bien au-delà de ce que l’on croit possible.
Les heucheras : la beauté du feuillage
Si les fleurs se font rares en hiver, le feuillage des heucheras, lui, reste spectaculaire. Tons pourpres, verts acidulés, caramel ou même noir violacé : ces plantes structurent les massifs toute l’année. Elles s’associent à merveille avec les vivaces florifères, formant un tapis décoratif et durable. Dans un jardin en permaculture près de Rennes, Thomas Le Guern les utilise comme « couverture vivante » autour des plantes plus hautes. « Elles cachent les pieds dénudés des autres vivaces, et ajoutent une dimension chromatique que les fleurs seules ne donnent pas », explique-t-il.
Comment créer un jardin en relais, sans temps mort ?
Penser en strates et en saisons
Un jardin dynamique repose sur une succession intelligente. Il ne s’agit pas seulement de planter plusieurs espèces, mais de les organiser selon leurs périodes de floraison, de croissance et de repos. Le ‘Rozanne’ couvre l’été et l’automne, les hellébores prennent le relais en hiver, les heucheras assurent la trame, et la salvia prolonge le spectacle. Chaque plante devient une relaisseuse dans une course végétale sans fin.
L’importance du timing
Comme le montre l’enquête INRAE de 2023, 65 % des jardiniers constatent une floraison plus abondante l’année suivant une plantation d’automne. Cela prouve que la réussite d’un jardin ne dépend pas seulement des plantes choisies, mais du moment où elles sont installées. Le succès réside dans la patience : ce que l’on plante en septembre, on le récolte en beauté l’année suivante.
Conclusion
Septembre n’est pas la fin du jardin, mais son renouveau silencieux. En choisissant des vivaces performantes comme le géranium ‘Rozanne’, et en les associant à des complices de saison, on crée un écosystème florissant, résilient et harmonieux. Ce n’est pas une question de chance, mais de stratégie. Et comme le dit souvent Camille Fournier : « Un bon jardin ne se fait pas en un jour. Il se construit en saisons, avec des choix justes, au bon moment ».
A retenir
Pourquoi planter les vivaces en septembre ?
Parce que la terre est encore chaude, les pluies régulières favorisent l’enracinement, et les plantes gagnent un temps précieux pour démarrer plus tôt au printemps. C’est la période optimale pour assurer une reprise réussie.
Pourquoi le géranium ‘Rozanne’ est-il si apprécié ?
Il offre une floraison exceptionnellement longue, est rustique, facile d’entretien, et s’adapte à de nombreux types de sols. Son titre de « Plante du Siècle » n’est pas un simple hommage, mais une reconnaissance de sa performance horticole.
Comment associer les vivaces pour un jardin sans pause ?
En combinant des plantes à floraison décalée : le ‘Rozanne’ pour l’été, la salvia et le sédum pour l’automne, les hellébores pour l’hiver, et les heucheras pour la structure feuillue. L’objectif est un jardin en relais, toujours en mouvement.