Une erreur de calcul en 2025 prive des retraités de 300 € par mois — leur vie bouleversée

Chaque année, des milliers de Français font face à des difficultés croissantes pour honorer leurs dettes, qu’elles soient liées à des crédits à la consommation, des prêts immobiliers, des factures impayées ou encore des arriérés fiscaux. Dans ce contexte tendu, la surendettement devient une réalité pour des ménages aux revenus parfois modestes, mais aussi pour des classes moyennes touchées par des événements inattendus : perte d’emploi, maladie, divorce. Face à cette situation, un dispositif méconnu mais essentiel existe depuis 1990 : la commission de surendettement. Cet outil, mis en place par la loi, permet d’obtenir une réelle prise en charge des dettes, voire leur effacement partiel. Pourtant, nombre de personnes hésitent à franchir le pas, par peur, par ignorance ou par sentiment de honte. À travers des témoignages, des explications claires et des cas concrets, cet article explore le fonctionnement de la commission de surendettement, ses bénéfices, ses limites, et surtout, son impact humain.

Qu’est-ce que la commission de surendettement ?

La commission de surendettement, officiellement appelée Commission de traitement des situations de surendettement (CTSS), est une structure administrative rattachée à la Banque de France. Elle a pour mission d’aider les particuliers en situation de difficultés financières à retrouver une stabilité économique. Créée par la loi du 31 décembre 1990, elle intervient lorsque les dettes d’un ménage dépassent durablement ses capacités de remboursement. Son objectif n’est pas de punir, mais de proposer des solutions durables, adaptées au profil du demandeur.

Contrairement à une idée reçue, la commission ne s’adresse pas uniquement aux personnes au chômage ou aux bénéficiaires de minima sociaux. Elle peut être saisie par tout débiteur, quelle que soit sa situation professionnelle, à condition qu’il soit résident en France. Le processus débute par une demande écrite, accompagnée de justificatifs de revenus, de charges et de dettes. Une fois le dossier complet déposé, une commission composée de représentants de l’État, de banques, d’associations de consommateurs et de services sociaux examine la situation.

Comment fonctionne la procédure de traitement du surendettement ?

Le parcours d’un ménage devant la commission suit plusieurs étapes. D’abord, l’instruction du dossier. Un médiateur de la Banque de France est désigné pour analyser les documents fournis. Il peut demander des compléments ou rencontrer le demandeur. Ensuite, la commission se réunit pour décider d’une solution. Plusieurs scénarios sont possibles : un plan de remboursement échelonné, une suspension temporaire des paiements, ou même une effacement total ou partiel des dettes.

Le cas d’Élodie Mercier, enseignante dans le sud de la France, illustre bien cette procédure. Après le décès de son mari, elle a dû reprendre seule les mensualités d’un prêt immobilier et d’un crédit auto contractés en commun. Malgré un emploi stable, ses revenus ne suffisaient plus à couvrir l’ensemble des charges. « J’ai mis six mois à me décider à contacter la commission, raconte-t-elle. J’avais honte. Je pensais que c’était un échec personnel. » Son dossier a été accepté après une évaluation rigoureuse. La commission a négocié avec ses créanciers un allongement du prêt immobilier et la suppression de l’intégralité du crédit auto, jugé non prioritaire. Aujourd’hui, elle vit sans pression financière excessive. « Ce n’était pas une échappatoire, mais une boussole. Je sais où j’en suis. »

Quelles dettes peuvent être prises en charge ?

La commission examine l’ensemble des dettes du ménage, qu’elles soient bancaires, commerciales, fiscales ou sociales. Cela inclut les crédits à la consommation, les prêts immobiliers, les factures d’eau ou d’électricité, les arriérés de loyer, les amendes, mais aussi les dettes liées aux impôts ou aux cotisations sociales. En revanche, certaines dettes ne peuvent être effacées, notamment celles liées à des infractions pénales, des pensions alimentaires ou des accidents causés par négligence.

Le cas de Samir Benhima, artisan plombier à Lyon, montre les limites et les possibilités du système. En 2020, une chute de chiffre d’affaires liée au confinement a mis son entreprise en difficulté. Il a accumulé des dettes auprès de fournisseurs, de la Sécurité sociale et de sa banque. « Je payais mes clients avant mes propres factures, dit-il. Je pensais que ça allait repartir. » Mais rien n’y faisait. Après dépôt de son dossier, la commission a restructuré ses dettes professionnelles, mais a exclu les cotisations URSSAF en attente, considérées comme prioritaires. En revanche, elle a obtenu un report sur ses crédits bancaires et une annulation partielle des factures d’énergie. « C’est ce report qui m’a permis de relancer mon activité. Sans ça, j’aurais tout lâché. »

Quels sont les effets d’un plan de surendettement sur la vie quotidienne ?

Le plan de surendettement, une fois validé, impose des règles strictes au débiteur. Il doit respecter un budget de gestion, souvent encadré, et peut être interdit d’ouvrir de nouveaux crédits pendant une durée déterminée. En contrepartie, il bénéficie d’une protection contre les poursuites judiciaires et les saisies. Les créanciers ne peuvent plus exiger de remboursements en dehors du plan validé.

C’est ce qui a changé la vie de Camille Dubreuil, mère célibataire à Nantes. Après un divorce difficile, elle s’est retrouvée avec deux enfants à charge, un loyer élevé et des dettes accumulées sur cartes de crédit. « Je vivais dans l’angoisse permanente, dit-elle. Les appels des huissiers, les lettres en recommandé… Je ne dormais plus. » Son plan de surendettement a duré trois ans, avec des mensualités réduites à 80 euros par mois. Pendant cette période, elle a bénéficié d’un accompagnement social pour trouver un logement plus abordable. « C’était dur, mais c’était clair. Je savais exactement ce que j’avais à faire chaque mois. » Aujourd’hui, elle a reconstruit son budget et a même ouvert un livret d’épargne pour ses enfants.

Peut-on sortir du surendettement sans y laisser sa dignité ?

Derrière les chiffres et les procédures, il y a des vies, des parcours souvent marqués par la solitude et la culpabilité. La commission de surendettement, bien que technique, agit aussi comme un relais humain. De nombreux dossiers sont accompagnés par des travailleurs sociaux, des associations d’aide aux consommateurs ou des médiateurs spécialisés. Ce soutien psychologique et administratif est souvent décisif.

Le témoignage de Léa Kowalski, ancienne cadre dans une entreprise de communication, est éloquent. Après une longue maladie, elle a perdu son emploi et ses revenus. « Je me suis retrouvée à vivre chez mes parents à 45 ans, dit-elle, la voix tremblante. J’avais l’impression d’avoir tout raté. » Son dossier a été traité en six mois, avec une annulation de 70 % de ses dettes. Mais ce qui l’a marquée, c’est le traitement humain qu’elle a reçu. « Le médiateur m’a écoutée, sans jugement. Il m’a dit : ‘Vous n’êtes pas seule. On va trouver une solution.’ C’était la première fois que je respirais depuis des mois. »

Quelles sont les limites du dispositif ?

Malgré son utilité, le système présente des failles. Le traitement des dossiers peut être long – parfois plus de dix-huit mois –, ce qui aggrave la détresse des demandeurs. En outre, certaines banques ou organismes de crédit peuvent être réticents à négocier, freinant l’efficacité du plan. Enfin, l’effacement des dettes, s’il est possible, n’est jamais automatique. Il dépend de la situation, de la bonne foi du débiteur, et de la capacité de remboursement à long terme.

Le cas de Thomas Rivière, retraité à Bordeaux, montre les limites dans les situations de fragilité extrême. Atteint d’une maladie chronique, il vit uniquement de sa pension. Des frais médicaux imprévus et une facture d’assurance mal couverte ont fait basculer son budget. « J’ai fait ma demande, mais la commission a dit que je devais payer 120 euros par mois. Impossible, dit-il. Ma pension est de 1 600 euros, dont 900 pour le loyer. » Son dossier a été rejeté pour insuffisance de mesures de redressement. « Je comprends qu’il y ait des règles, mais parfois, elles ne voient pas la réalité derrière les chiffres. »

Comment éviter d’arriver au surendettement ?

Prévenir vaut mieux que guérir. Les experts insistent sur l’importance d’une éducation financière précoce, d’un suivi rigoureux du budget, et d’une vigilance face aux offres de crédit trop alléchantes. Des associations comme l’UFC-Que Choisir ou la Caisse d’Allocations Familiales proposent des ateliers de gestion budgétaire, souvent gratuits. Par ailleurs, en cas de difficultés, il est crucial de ne pas attendre que la situation s’aggrave pour agir. Contacter son banquier, un travailleur social ou une association de consommateurs peut éviter un recours à la commission.

Comme le souligne Élodie Mercier : « J’aurais dû demander de l’aide plus tôt. J’ai perdu deux ans à me débattre seul. » Samir Benhima ajoute : « Aujourd’hui, je tiens mes comptes chaque semaine. Je sais ce que je gagne, ce que je dépense. Ce n’est pas glamour, mais c’est sécurisant. »

La commission de surendettement : une solution, pas une fin de parcours

La commission de surendettement n’est pas un échec, mais une réponse à une crise. Elle permet à des milliers de personnes de retrouver un équilibre, de sortir de l’isolement, et de reconstruire un avenir. Elle incarne une forme de solidarité publique face aux aléas de la vie. Certes, le système peut être perfectible, mais il reste un pilier essentiel de la protection des ménages en difficulté.

Comme le dit Camille Dubreuil : « Ce n’est pas une porte de sortie honteuse. C’est une main tendue. » Et Léa Kowalski d’ajouter : « J’ai appris que demander de l’aide, ce n’est pas faible. C’est courageux. »

A retenir

Qui peut saisir la commission de surendettement ?

Tout particulier résidant en France, qu’il soit salarié, travailleur indépendant, au chômage ou retraité, peut déposer un dossier s’il est en situation de difficultés financières avérées. Il n’y a pas de condition de ressources minimale ou maximale, mais il faut démontrer une incapacité durable à honorer ses dettes.

Les dettes effacées restent-elles visibles sur le FICP ?

Oui, l’inscription au Fichier des incidents de remboursement des crédits aux particuliers (FICP) est automatique lors de l’ouverture d’un dossier de surendettement. Cette inscription dure généralement cinq ans, mais elle n’empêche pas de souscrire à des comptes bancaires ou à des services essentiels. En revanche, l’accès au crédit est restreint pendant cette période.

Peut-on refuser les propositions de la commission ?

Le plan de surendettement est contraignant une fois validé. Le débiteur s’engage à le respecter. Toutefois, il peut faire appel d’une décision s’il estime qu’elle est injuste. Le dossier est alors examiné par une commission de recours, rattachée à la Banque de France.

Le surendettement affecte-t-il les biens immobiliers ?

La commission peut proposer un report ou une restructuration des crédits immobiliers, mais elle ne peut pas ordonner la vente du bien. En revanche, si le débiteur ne respecte pas le plan, la banque peut engager une procédure de saisie. La protection offerte par le plan cesse en cas de défaut de paiement.

Existe-t-il des alternatives à la commission ?

Oui. Avant de saisir la commission, il est possible de négocier directement avec les créanciers, de recourir à un médiateur du crédit, ou de demander un rééchelonnement de dettes. Des aides sociales (RSA, aides au logement, etc.) peuvent aussi alléger la pression. Cependant, si ces solutions échouent, la commission reste la dernière voie de recours pour une prise en charge globale.