Somme en liquide à avoir chez soi en cas de crise selon la BCE en 2025

Alors que le monde avance à grands pas vers une économie entièrement dématérialisée, une voix inattendue s’élève pour rappeler l’importance de l’argent liquide : la Banque centrale européenne (BCE). En septembre 2025, cette institution, symbole de la modernité financière, a surpris en recommandant officiellement à chaque Européen de conserver entre 70 et 100 euros en espèces à domicile. Une préconisation qui, loin d’être anecdotique, s’inscrit dans une stratégie de résilience face aux menaces croissantes pesant sur les systèmes numériques. Ce retour au cash, loin d’un simple retour en arrière, s’impose comme une assurance vitale dans un monde de plus en plus vulnérable aux pannes, cyberattaques et catastrophes naturelles.

Pourquoi la BCE recommande-t-elle de garder du liquide à la maison ?

La recommandation de la BCE n’est pas le fruit d’une intuition, mais d’une analyse rigoureuse des risques pesant sur les infrastructures critiques. Dans un monde hyperconnecté, les systèmes de paiement électronique, bien que performants, restent fragiles face à des événements imprévus : coupures de courant généralisées, cyberattaques ciblant les réseaux bancaires, ou encore défaillances techniques massives. L’exemple récent de l’Espagne, en avril 2025, illustre parfaitement ce scénario : une panne électrique a paralysé les terminaux de paiement dans plusieurs régions, plongeant commerçants et consommateurs dans l’impuissance. Sans accès aux espèces, des milliers de personnes ont été privées de la possibilité d’acheter nourriture, médicaments ou carburant pendant plusieurs heures.

C’est pour anticiper de tels épisodes que la BCE a intégré la détention de liquidités dans sa stratégie de prévention civile. Comme on stocke de l’eau, de la nourriture ou des médicaments pour trois jours, l’argent liquide devient un élément clé de la préparation aux crises. La logique est simple : en cas de rupture des systèmes numériques, le cash permet de maintenir un minimum de fonctionnement économique au niveau individuel et local. Il s’agit d’une mesure de bon sens, comparable aux trousses de secours que l’on garde dans sa voiture ou à la maison.

Le cash, un refuge psychologique en période d’incertitude

Au-delà de son utilité pratique, l’argent liquide joue un rôle symbolique essentiel. Alors que les paiements sans contact, les virements instantanés et les portefeuilles numériques dominent de plus en plus les échanges, les espèces restent un repère rassurant. Pendant la pandémie de Covid-19, par exemple, la demande de billets a grimpé en flèche. Entre janvier et décembre 2020, la zone euro a vu l’émission nette de billets augmenter de 140 milliards d’euros, contre 55 milliards lors d’une année classique. Ce phénomène, analysé par la BCE, témoigne d’un besoin profond de sécurité en période de crise.

C’est le cas d’Élodie Ravel, enseignante à Clermont-Ferrand, qui se souvient de cette période : « Pendant le premier confinement, j’ai retiré 300 euros au guichet automatique. Je ne savais pas combien de temps ça allait durer, ni si les distributeurs allaient continuer à fonctionner. Juste savoir que j’avais des billets dans un tiroir me rassurait. » Ce sentiment est partagé par de nombreux ménages, qui perçoivent le cash comme une forme d’autonomie face à l’imprévisible.

Le paradoxe du cash : moins utilisé, mais plus nécessaire que jamais

Le paradoxe est frappant : alors que les espèces représentent seulement 18 % des transactions en France en 2023, selon la Banque de France, leur rôle de « roue de secours » n’a jamais été aussi crucial. La BCE insiste sur ce concept de redondance : tout système complexe doit avoir une alternative en cas de défaillance. En matière de paiement, le cash est cette alternative. Il ne dépend ni d’une connexion internet, ni d’un serveur bancaire, ni d’une batterie de téléphone. Il fonctionne même sans électricité.

« C’est comme un extincteur dans un immeuble, explique Julien Mercier, économiste à l’Institut européen de prospective financière. On espère ne jamais en avoir besoin, mais on serait fou de s’en passer. » Cette analogie résume bien la position de la BCE : le cash n’est pas destiné à être utilisé tous les jours, mais à être disponible quand tout le reste échoue.

Pourquoi 70 à 100 euros ? Un calcul basé sur les besoins réels

Le montant recommandé — 70 à 100 euros par personne — n’a rien d’arbitraire. Il correspond à une estimation réaliste des dépenses essentielles sur une période de 72 heures : quelques repas, un trajet en transport en commun, l’achat de médicaments ou de produits d’hygiène. Ce n’est pas une somme destinée à assurer une autonomie longue, mais à traverser un épisode critique jusqu’à la remise en route des systèmes numériques.

Le choix de ce seuil répond aussi à des considérations de sécurité. Une centaine d’euros en liquide chez soi ne représente pas un enjeu suffisant pour attirer les voleurs, tout en offrant une marge de manœuvre concrète. « J’ai mis 80 euros dans une enveloppe, cachée dans un livre, confie Thomas Léger, ingénieur en télécommunications à Strasbourg. C’est discret, facile à récupérer, et ça me donne l’impression d’être prêt. »

Les risques numériques sont-ils réellement sous-estimés ?

La menace d’une panne généralisée des paiements électroniques n’a rien de fictif. Les cyberattaques contre les infrastructures financières se multiplient. En 2024, un incident majeur a paralysé plusieurs banques en Allemagne pendant près de 48 heures, bloquant accès aux comptes et paiements en ligne. Les conséquences ont été limitées, mais auraient pu être dramatiques en cas de crise plus large.

Par ailleurs, l’essor de l’euro numérique, actuellement en phase de test, soulève de nouvelles interrogations. Si ce projet vise à moderniser les échanges et renforcer la souveraineté monétaire européenne, il pourrait aussi accroître la dépendance aux systèmes digitaux. Or, un système entièrement dématérialisé, sans alternative physique, serait extrêmement vulnérable à une attaque coordonnée ou à une panne systémique.

« Un monde sans espèces, c’est un monde sans filet », prévient Amina Kessaci, spécialiste de la cybersécurité à l’Agence européenne des systèmes d’information. « Même les systèmes les mieux protégés peuvent être compromis. Il faut toujours une solution hors ligne. »

La disparition des distributeurs : un risque aggravant

Le problème s’aggrave avec la fermeture progressive des agences bancaires et la suppression de distributeurs automatiques, notamment en zone rurale. En France, près de 30 % des villages ont perdu leur distributeur depuis 2015. Dans certains territoires, il faut désormais parcourir des dizaines de kilomètres pour retirer de l’argent. Cette désertification financière rend les populations encore plus dépendantes des paiements digitaux — et donc plus vulnérables en cas de panne.

C’est le cas de Corinne Baudin, habitante d’un petit hameau dans les Cévennes. « Ici, le distributeur le plus proche est à 27 km. Quand la connexion internet a été coupée pendant la tempête de mars 2025, je n’ai pas pu payer mon plein d’essence. Heureusement, le pompiste m’a fait confiance, mais ce n’est pas toujours le cas. » Son expérience illustre la nécessité de disposer d’un stock d’espèces, surtout dans les zones mal desservies.

Une tendance déjà adoptée par plusieurs pays européens

La recommandation de la BCE s’inspire en partie des politiques menées par certains États membres. Les Pays-Bas, l’Autriche et la Finlande ont déjà intégré le stockage de liquidités dans leurs guides de préparation aux crises. En Finlande, par exemple, le ministère de l’Intérieur distribue des brochures conseillant aux citoyens de garder au moins 100 euros en billets, en plus d’un stock de nourriture et d’eau.

« C’est une culture de la prévention », souligne Mikael Virtanen, fonctionnaire à Helsinki. « Nous vivons dans un pays où les hivers sont rudes et les pannes d’électricité fréquentes. Le cash fait partie du kit de base, comme la lampe torche ou la batterie de secours. » La BCE souhaite désormais généraliser cette approche à l’ensemble de l’Union européenne, en harmonisant les messages de sécurité civile.

Comment intégrer cette recommandation dans son quotidien ?

La mise en œuvre de cette recommandation est simple. Il suffit de retirer régulièrement une petite somme d’espèces — par exemple lors d’un retrait bancaire — et de la conserver dans un endroit sûr et discret à la maison. Certains choisissent un coffre, d’autres une boîte métallique dissimulée, d’autres encore une enveloppe dans un livre ou un tiroir. L’essentiel est que l’argent soit accessible en cas d’urgence, mais protégé des regards indiscrets.

Il est également conseillé de renouveler les billets de temps en temps, pour éviter qu’ils ne deviennent trop abîmés ou obsolètes. Enfin, cette réserve ne doit pas remplacer une bonne gestion financière, mais s’ajouter à d’autres mesures de précaution : avoir un contact d’urgence, connaître les services locaux de secours, ou encore disposer de moyens de communication alternatifs.

Le cash, une assurance de stabilité dans un monde incertain

En somme, la recommandation de la BCE n’est pas un retour au passé, mais une adaptation au présent. Elle reconnaît que la modernité ne dispense pas de la prudence, et que la résilience d’un système ne se mesure pas seulement à sa performance, mais à sa capacité à résister à l’effondrement. Le liquide, souvent perçu comme dépassé, devient ainsi un outil de sécurité civile, au même titre que l’eau potable ou les médicaments.

Comme le dit sobrement le rapport de la BCE : « Aucun système n’est infaillible. » Et tant que cette réalité persistera, le billet de 20 euros caché dans un tiroir aura plus de valeur qu’on ne le pense.

A retenir

Pourquoi la BCE recommande-t-elle de garder du liquide ?

La BCE recommande de conserver 70 à 100 euros en espèces par personne pour faire face à une panne des systèmes de paiement électronique, qu’elle soit causée par une cyberattaque, une coupure de courant ou une défaillance technique. Cette mesure vise à assurer une autonomie minimale pendant 72 heures en cas de crise.

Le cash est-il encore pertinent dans une économie numérique ?

Oui. Bien que son usage quotidien diminue, le cash reste un outil de résilience indispensable. Il fonctionne indépendamment des réseaux, des serveurs ou de l’électricité, ce qui en fait une solution fiable en cas de rupture du système numérique.

Quels pays européens ont déjà adopté cette mesure ?

Les Pays-Bas, l’Autriche et la Finlande recommandent déjà officiellement à leurs citoyens de garder une réserve d’espèces à domicile. La BCE souhaite étendre cette pratique à l’ensemble de l’Union européenne dans le cadre d’une stratégie de prévention civile harmonisée.