Chauve-souris dans votre maison : le protocole officiel à suivre en 2025 pour la faire sortir en toute sécurité

Une chauve-souris dans le salon, c’est souvent le scénario d’un film d’horreur qui devient réalité, du moins en apparence. Pourtant, loin des clichés véhiculés par la culture populaire, ce petit mammifère volant n’est ni agressif, ni contaminant par défaut, et encore moins une menace fantasmée. Chaque année, des dizaines de Français, surpris de découvrir un de ces animaux dans leur intérieur, entrent dans une panique souvent disproportionnée. Pourtant, les autorités sanitaires et les associations de protection de la faune insistent : la réponse doit être calme, raisonnée et respectueuse des règles de sécurité. Entre prévention, protocole d’évacuation et respect de la biodiversité, cet article décrypte les bons réflexes à adopter face à une chauve-souris égarée, sans céder à la peur.

Pourquoi une chauve-souris entre-t-elle dans une maison ?

Les chauves-souris ne pénètrent pas dans les habitations par hasard. Leur intrusion est souvent accidentelle, provoquée par une recherche de refuge ou un passage désorienté. En période de migration ou de reproduction, certaines espèces peuvent être attirées par la chaleur des bâtiments, les courants d’air ou de simples ouvertures non détectées. Émilie Rambert, biologiste spécialisée dans les mammifères cavernicoles, explique : « Une pipistrelle peut entrer par un interstice de seulement 7 millimètres. Elle ne cherche pas à s’installer, mais à se protéger. Une fois à l’intérieur, elle est désorientée par la lumière et le bruit. »

Ce phénomène est d’autant plus fréquent dans les zones rurales ou péri-urbaines, où les habitats naturels se raréfient. Les combles, toitures mal isolées ou cheminées ouvertes deviennent des passages accessibles. Contrairement aux idées reçues, les chauves-souris ne construisent pas de nids ni ne laissent de dégâts matériels. Leur présence est éphémère, mais elle peut suffire à déclencher une alerte sanitaire si un contact physique survient.

Quel danger représente une chauve-souris ?

Le principal risque lié aux chauves-souris en France est la rage. Bien que rarissime, cette maladie virale est mortelle à quasi 100 % une fois les symptômes apparus. L’Institut Pasteur précise que, sur le territoire métropolitain, la seule source de rage résidente est liée à ces mammifères. Entre 1989 et 2024, douze cas ont été détectés. Le décès d’un homme à Limoges en 2019, suite à une morsure non prise en charge à temps, a rappelé l’importance de la vigilance.

Il est crucial de nuancer : la majorité des chauves-souris en France ne sont pas porteuses du virus. Mais toute morsure ou griffure, même minime, doit être considérée comme une exposition potentielle. « On a vu des cas où une personne pensait avoir simplement effleuré l’animal, se souvient le Dr Laurent Fournier, médecin coordinateur en centre antirabique à Lyon. En réalité, la chauve-souris l’avait légèrement mordue sans qu’elle s’en rende compte. »

En 2024, plus de 1 200 personnes ont été prises en charge après une exposition suspecte. La prophylaxie post-exposition, qui inclut une série de vaccins et parfois des immunoglobulines, est efficace si elle est administrée rapidement. « Le délai est critique, souligne le Dr Fournier. Plus on attend, plus le risque augmente. »

Que faire si une chauve-souris est dans la pièce ?

Comment isoler l’animal sans danger ?

Le premier geste consiste à limiter les déplacements de l’animal. Fermer les portes des pièces adjacentes permet de confiner la chauve-souris dans un seul espace. Il ne s’agit pas de la piéger, mais de l’empêcher de se faufiler dans des zones plus difficiles d’accès, comme les chambres ou les escaliers. « L’isoler, c’est aussi se protéger soi-même », rappelle Émilie Rambert.

Pourquoi éteindre les lumières ?

Les chauves-souris utilisent l’écholocation pour se déplacer. En plongeant la pièce dans le noir, on réduit les perturbations lumineuses qui les désorientent. Cela les aide à repérer naturellement la sortie. « Elles ne sont pas attirées par la lumière comme les papillons, précise la biologiste. Elles la fuient. »

Faut-il ouvrir les fenêtres ?

Oui, et largement. Une fenêtre ouverte vers l’extérieur, sans rideaux ni obstacles, donne à l’animal une chance de s’orienter et de s’envoler. Il est recommandé d’attendre patiemment, sans bruit ni geste brusque. « Dans 90 % des cas, l’animal sort seul », confirme la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM).

Que faire si la chauve-souris ne bouge pas ?

Si l’animal reste immobile, au sol ou coincé dans un coin, il est probable qu’il soit blessé, malade ou désorienté. Dans ce cas, il ne faut surtout pas le toucher. « Une chauve-souris au sol n’est pas forcément agressive, mais elle peut réagir par instinct de défense », met en garde Émilie Rambert. Le geste à adopter est de contacter un centre de sauvegarde de la faune sauvage ou une association agréée, comme la SFEPM ou la LPO. Ces structures disposent du matériel et de l’expertise pour intervenir en toute sécurité.

Thomas Lévisse, bénévole dans un centre de récupération en Dordogne, raconte : « On reçoit plusieurs appels par mois, surtout en été. Souvent, les gens ont essayé de l’attraper avec un torchon. C’est inutile et dangereux. Notre rôle, c’est de récupérer l’animal, le soigner si besoin, puis le relâcher. »

Pourquoi ne pas attraper la chauve-souris à mains nues ?

Outre le risque de morsure, attraper une chauve-souris à mains nues est interdit par la loi. Depuis 1981, toutes les espèces de chauves-souris sont protégées en France. Les sanctions peuvent aller jusqu’à 150 000 euros d’amende et trois ans de prison. « Ce n’est pas une simple mesure administrative, insiste Émilie Rambert. C’est une reconnaissance de leur rôle écologique vital. »

Leur protection est d’autant plus justifiée que les populations de chauves-souris ont chuté de près de 40 % depuis 2006, selon l’UICN. Cette dégradation est liée à la destruction des habitats, à l’usage des pesticides et à la fermeture des accès naturels aux grottes ou bâtiments anciens.

Les gestes interdits : pourquoi ils sont dangereux ?

Chasser l’animal avec un balai ou un torchon

Ce réflexe, bien compris mais erroné, augmente le risque de morsure. Une chauve-souris stressée peut mordre par défense. « On a vu des cas où des enfants ont été exposés à la rage parce qu’un adulte a voulu “l’expulser” avec une serviette », rapporte le Dr Fournier.

Utiliser des ultrasons ou des produits chimiques

Les émetteurs ultrasonores vendus en commerce sont inefficaces et parfois illégaux. Ils perturbent non seulement les chauves-souris, mais aussi d’autres animaux domestiques comme les chats ou les chiens. Quant aux produits chimiques, ils sont inutiles et nuisibles à l’environnement intérieur.

Tuer l’animal

En plus d’être illégal, tuer une chauve-souris prive l’écosystème d’un allié précieux. Une seule pipistrelle peut consommer jusqu’à 2 000 insectes par nuit, dont des moustiques, des moucherons et des teignes. « Ce sont des insectivores naturels, souligne Thomas Lévisse. On devrait les remercier, pas les craindre. »

Comment prévenir les intrusions futures ?

Où vérifier dans la maison ?

Les points d’entrée sont souvent invisibles. Les combles, les linteaux de fenêtres, les cheminées, les bouches d’aération ou les joints mal scellés peuvent laisser passer une chauve-souris. Un simple trou de 7 mm suffit. Un diagnostic visuel, surtout en fin de journée ou au crépuscule, permet de repérer les passages suspects.

Quand colmater les fissures ?

Il est crucial d’agir hors période de reproduction (généralement avril à juillet) et d’hibernation (octobre à mars). Intervenir pendant ces périodes peut piéger des femelles avec leurs petits ou perturber des colonies entières. « L’idée n’est pas de fermer tous les accès, mais de les gérer intelligemment », précise Émilie Rambert.

Installer un nichoir : une solution durable ?

Oui. Installer un nichoir à chauves-souris dans le jardin ou sur une façade extérieure est une solution plébiscitée par les naturalistes. Cela offre un refuge alternatif, loin des habitations. « On observe que les maisons équipées de nichoirs voient moins d’intrusions », note Thomas Lévisse. Ces abris, souvent en bois, doivent être placés à l’abri du vent et des prédateurs, idéalement orientés sud ou sud-est.

Quel est le rôle des chauves-souris dans l’écosystème ?

Les chauves-souris sont des piliers de la biodiversité. En plus de réguler les populations d’insectes nuisibles, certaines espèces participent à la pollinisation ou à la dispersion des graines. Leur présence est un indicateur de bonne santé écologique. « Elles sont comme les sentinelles de la nuit », résume Émilie Rambert.

Leur déclin alarmant depuis deux décennies souligne la nécessité de les protéger. Les nichoirs, la sensibilisation des particuliers et les politiques de préservation des habitats naturels sont autant de leviers pour inverser la tendance.

Conclusion

La découverte d’une chauve-souris dans son salon ne doit pas déclencher la panique, mais une réaction calme, informée et respectueuse. L’animal n’est pas une menace en soi, mais une présence accidentelle qui demande des gestes précis. En suivant le protocole officiel — isoler, obscurcir, ouvrir, attendre — on évite les risques sanitaires tout en préservant une espèce protégée. Prévenir les intrusions futures passe par des aménagements raisonnés, jamais par la violence ou la peur. Face à ces mammifères discrets et utiles, la meilleure arme reste la connaissance.

A retenir

Que faire en cas de morsure ?

Toute morsure ou griffure, même légère, impose un passage immédiat en centre antirabique. Il ne faut pas attendre l’apparition de symptômes. La prophylaxie post-exposition, composée de vaccins et parfois d’immunoglobulines, est efficace si elle est administrée rapidement.

Les chauves-souris sont-elles dangereuses ?

La majorité des chauves-souris en France ne sont pas porteuses de rage. Cependant, en raison du risque potentiel, toute exposition doit être prise au sérieux. Leur rôle écologique est essentiel, et elles sont protégées par la loi.

Peut-on aider une chauve-souris blessée ?

Non, il ne faut jamais la toucher. En cas d’immobilité ou de blessure apparente, il faut contacter un centre de sauvegarde agréé. Les professionnels interviennent avec des gants spécifiques et un protocole sécurisé.

Pourquoi ne pas utiliser des répulsifs ?

Les répulsifs ultrasonores ou chimiques sont inefficaces et parfois illégaux. Ils nuisent à d’autres animaux et ne résolvent pas le problème à long terme. La meilleure prévention est l’installation de nichoirs et la fermeture raisonnée des accès.

Comment éviter les intrusions sans nuire à l’environnement ?

En colmatant les fissures hors période sensible (reproduction et hibernation) et en installant un nichoir à chauves-souris. Cela permet de rediriger leur présence vers un espace adapté, tout en soutenant la biodiversité locale.