Face à la montée constante des prix à la caisse et à la pression croissante sur nos assiettes, une méthode simple, presque ludique, commence à s’imposer dans les foyers français. Inspirée par les recommandations nutritionnelles et les bonnes pratiques de gestion ménagère, la méthode 6-1 réinvente notre rapport aux courses. Elle allie rigueur et souplesse, économie et plaisir, tout en s’appuyant sur une logique claire et accessible à tous. Ce n’est ni un régime, ni un plan militaire, mais une boussole pour naviguer sereinement dans les allées du supermarché. À l’heure où chaque euro compte et chaque gramme de nourriture gaspillé pèse sur la conscience, cette approche offre une réponse concrète, humaine et durable.
Qu’est-ce que la méthode 6-1, et pourquoi elle fonctionne ?
Un cadre clair pour des choix plus sereins
La méthode 6-1 repose sur une structure hebdomadaire simple : chaque semaine, le caddie doit contenir 6 légumes, 5 fruits, 4 sources de protéines, 3 féculents, 2 sauces ou condiments, et 1 petit plaisir. Ce cadre, imaginé par le chef Will Coleman, n’a rien d’arbitraire. Il répond à des objectifs précis : couvrir les besoins nutritionnels, éviter les excès, et limiter les oublis. En se fixant des limites, on gagne en clarté. Plus de liste interminable, plus d’achats impulsifs. Juste un plan, équilibré, réfléchi.
Prenez l’exemple de Clémentine Laroche, enseignante en école primaire à Lyon, qui a adopté la méthode il y a trois mois. « Avant, je faisais mes courses sans liste, ou alors avec une note vague sur mon téléphone. Je revenais souvent avec des aliments que je ne cuisinais jamais. Aujourd’hui, je planifie mes repas en fonction des 6 légumes et des 4 protéines que j’achète. C’est plus simple, et surtout, je ne jette presque plus rien. »
Une réponse aux recommandations officielles
Santé publique France recommande de consommer au moins cinq fruits et légumes par jour. La méthode 6-1 permet de s’en rapprocher naturellement, sans calculs ni stress. En intégrant 6 légumes et 5 fruits par semaine, on couvre une grande partie de ces besoins. De plus, en imposant 4 sources de protéines – qu’elles soient animales ou végétales –, elle encourage la diversité, notamment la consommation de légumineuses, encore sous-utilisées dans les assiettes françaises.
Élodie Besson, diététicienne à Bordeaux, explique : « Beaucoup de mes patients veulent manger mieux, mais ils ne savent pas par où commencer. La méthode 6-1 leur donne une structure. Elle est suffisamment souple pour s’adapter à chaque famille, mais assez précise pour éviter les dérives. »
Comment la méthode 6-1 fait-elle baisser la facture ?
Le poids de l’inflation sur les courses
En 2023, l’inflation alimentaire a grimpé de 11 % selon l’Insee. Pour un ménage moyen, cela représente des dizaines d’euros supplémentaires chaque mois. Face à ce constat, la méthode 6-1 devient une arme discrète mais efficace. En ciblant des produits bruts – légumes frais, fruits de saison, légumineuses sèches, pâtes, riz –, elle écarte les aliments ultra-transformés, souvent plus chers et moins nourrissants.
« J’ai fait un test pendant deux mois », raconte Thomas Méline, informaticien à Nantes. « Avant, je dépensais environ 65 euros par semaine pour deux personnes. Depuis que j’applique le 6-1, je suis à 48 euros en moyenne. Et on mange mieux. »
Économies directes et indirectes
La réduction du gaspillage alimentaire est l’un des principaux leviers d’économie. En France, chaque habitant jette 30 kg de nourriture par an, selon l’Ademe. Ces pertes représentent non seulement un gâchis écologique, mais aussi un coût financier. L’agence estime qu’un ménage peut économiser entre 300 et 400 euros par an en réduisant ses pertes.
Le 6-1 agit sur plusieurs fronts : en limitant le volume d’achats, on achète moins de surplus ; en planifiant les repas, on utilise mieux ce qu’on a ; en conservant les restes, on évite les doublons. « Avant, je jetais souvent un demi-oignon ou une poignée de riz parce que je n’avais pas prévu de les réutiliser », confie Clémentine. « Maintenant, je congèle les restes ou je les réintègre dans un autre plat. C’est devenu un jeu, presque. »
Santé et portefeuille : un double bénéfice
En privilégiant les aliments frais, surgelés ou en conserve, la méthode 6-1 améliore la qualité nutritionnelle des repas. Moins de plats préparés, moins de conservateurs, plus de fibres, de vitamines, de minéraux. Le résultat ? Une alimentation plus saine, qui rassasie mieux et coûte moins cher à long terme.
Élodie Besson insiste : « Les produits surgelés, par exemple, sont souvent stigmatisés. Pourtant, ils conservent une grande partie de leurs nutriments, surtout s’ils sont cuits rapidement. Et ils permettent de toujours avoir un repas d’appoint. »
Comment garder du plaisir dans une méthode structurée ?
Un cadre rassurant, pas une prison alimentaire
La méthode 6-1 ne se veut pas rigide. Elle propose un cadre, pas une liste immuable. Chaque semaine, on peut varier les légumes, changer de protéines, expérimenter de nouvelles associations. « C’est comme un jeu de construction », sourit Thomas. « Tu as tes pièces de base, mais tu peux créer ce que tu veux. »
Le secret réside dans l’anticipation. En planifiant les menus en amont, on évite la fatigue du « qu’est-ce qu’on mange ce soir ? ». On peut même intégrer les restes dans les repas suivants, ou congeler des portions pour les jours chargés.
Et le petit plaisir, dans tout ça ?
Le « 1 petit plaisir » est sans doute l’élément le plus malin de la méthode. Il permet de garder une place pour le désir, pour la gourmandise. Que ce soit un morceau de fromage affiné, une tablette de chocolat noir, ou un dessert maison, ce plaisir autorisé prévient la frustration et renforce l’adhésion au système.
« J’ai mis du temps à comprendre l’intérêt de ce petit plaisir », avoue Clémentine. « Au début, je pensais que c’était une concession. Mais en réalité, c’est ce qui me permet de tenir sur la durée. Si je sais que j’ai droit à un dessert vendredi soir, je suis plus motivée à cuisiner sainement le reste de la semaine. »
Des produits surgelés, des conserves, et pourquoi pas ?
La méthode 6-1 encourage l’utilisation des produits surgelés et en conserve. Selon l’Anses, ces aliments conservent une grande partie de leurs qualités nutritionnelles, surtout lorsqu’ils sont transformés rapidement après la récolte. De plus, ils offrent une solution pratique pour éviter les pannes de stock et réduire le gaspillage.
Élodie Besson précise : « Les petits pois surgelés, par exemple, sont souvent plus riches en vitamines que ceux vendus frais après plusieurs jours de transport. Et les légumineuses en conserve, c’est une aubaine pour gagner du temps sans sacrifier la qualité. »
Comment intégrer la méthode 6-1 dans sa routine ?
Les trois réflexes à adopter
Passer à la méthode 6-1 ne demande pas de révolution. Trois habitudes suffisent à transformer sa manière de faire les courses :
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Faire une liste précise avant de partir en magasin, et s’y tenir. Cela évite les tentations des rayons stratégiquement conçus pour provoquer des achats impulsifs.
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Privilégier les produits bruts ou peu transformés : légumes frais, fruits de saison, protéines simples (œufs, lentilles, poulet), féculents basiques (pâtes, riz, pommes de terre).
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Cuisiner les restes et congeler les surplus. Un reste de riz devient un risotto le lendemain, une moitié d’aubergine se transforme en ratatouille.
Un exemple de semaine type
Voici comment Clémentine a organisé sa semaine dernière :
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Légumes : courgette, poivron, carotte, épinard, chou-fleur, betterave.
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Fruits : pomme, banane, orange, kiwi, abricot sec.
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Protéines : œufs, lentilles corail, filet de saumon, tofu.
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Féculents : pâtes, riz complet, pain complet.
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Sauces/condiments : huile d’olive, sauce soja.
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Petit plaisir : une tablette de chocolat au lait avec noisettes.
Elle a préparé un curry de légumes avec lentilles, un sauté de tofu aux légumes, et un gratin de courgettes. Le reste de riz a été utilisé pour un bol végétal le lendemain. « J’ai passé moins de temps à décider quoi cuisiner, et j’ai mangé varié », résume-t-elle.
A retenir
Qu’est-ce que la méthode 6-1 ?
Il s’agit d’un plan hebdomadaire d’achats structuré : 6 légumes, 5 fruits, 4 sources de protéines, 3 féculents, 2 sauces ou condiments, et 1 petit plaisir. Elle vise à équilibrer l’alimentation, réduire le gaspillage, et maîtriser le budget courses.
Pourquoi cette méthode fait-elle économiser de l’argent ?
Elle réduit les achats impulsifs, limite le gaspillage alimentaire, et encourage l’achat de produits bruts moins chers que les plats préparés. Selon l’Ademe, un ménage peut économiser entre 300 et 400 euros par an en adoptant ce type de comportement.
Est-ce que cette méthode est restrictive ?
Non. Bien qu’elle impose un cadre, elle laisse une grande liberté dans le choix des aliments et les combinaisons culinaires. Le « petit plaisir » hebdomadaire permet de garder une place pour la gourmandise, ce qui favorise l’adhésion sur le long terme.
Peut-on l’adapter aux familles nombreuses ou aux régimes spécifiques ?
Oui. La méthode peut être ajustée : par exemple, doubler les quantités pour une famille de quatre, ou adapter les protéines selon les besoins (végétarien, sans gluten, etc.). L’essentiel est de garder l’esprit du cadre, pas la lettre.
Les produits surgelés et en conserve sont-ils vraiment bons pour la santé ?
Oui, selon l’Anses, ces produits conservent une grande partie de leurs nutriments, surtout lorsqu’ils sont transformés rapidement après la récolte. Ils sont aussi très pratiques pour éviter le gaspillage et garantir la disponibilité d’ingrédients.
Qui est à l’origine de cette méthode ?
La méthode 6-1 est popularisée par Will Coleman, chef cuisinier et influenceur connu pour ses conseils pratiques et accessibles. Il la présente comme une manière simple de manger sainement sans se ruiner.
Conclusion
La méthode 6-1 n’est pas une révolution, mais une évolution bienvenue. Elle répond aux défis actuels : inflation, gaspillage, fatigue décisionnelle. En offrant un cadre clair, elle libère du temps, de l’argent, et de l’énergie. Elle ne demande pas de tout changer, mais d’organiser autrement. Et comme le dit Will Coleman, « avec le 6-1, on obtient une alimentation saine sans se ruiner ». Pour beaucoup, c’est exactement ce dont on avait besoin : une solution simple, réaliste, et humaine.