En hiver, le froid s’insinue partout, et la chaleur intérieure semble s’échapper comme par magie. Pourtant, derrière cette sensation diffuse de confort perdu se cache une réalité physique bien mesurable : les déperditions thermiques. Alors que les factures d’énergie s’envolent et que les logements anciens peinent à garder une température stable, une solution simple, peu coûteuse et souvent négligée s’impose : les volets. Non, ils ne servent pas seulement à protéger des regards indiscrets ou à sécuriser une maison. Utilisés intelligemment, ils deviennent un allié majeur dans la lutte contre les pertes de chaleur. Mais pourquoi ce geste anodin peut-il faire une réelle différence ? Et comment l’intégrer dans une stratégie d’isolation efficace ? À travers des témoignages concrets et des données précises, découvrez comment un simple claquement de volet peut transformer votre hiver.
Pourquoi la chaleur s’échappe-t-elle de votre maison ?
Comprendre l’ennemi, c’est déjà le vaincre en partie. La chaleur ne disparaît pas : elle migre. Elle cherche naturellement à s’équilibrer avec l’extérieur, et plus la différence de température est grande, plus elle s’échappe vite. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) a quantifié ces fuites dans les logements mal isolés. Le toit est le premier responsable, avec 30 % des pertes. Les combles, souvent oubliés, deviennent alors une cheminée géante par laquelle la chaleur s’évapore. Viennent ensuite les murs, qui laissent filer 25 % de l’énergie, particulièrement dans les constructions anciennes où l’isolation n’était pas une priorité. Les fenêtres, bien que représentant 15 % des déperditions, sont un point critique. Enfin, 10 % des pertes passent par les planchers bas, et 20 % par des fuites diverses : joints défectueux, portes mal ajustées, cheminées ouvertes. Chaque élément joue son rôle dans cette fuite silencieuse.
Un constat alarmant dans les maisons anciennes
Élodie Berthier, architecte spécialisée en rénovation énergétique à Lyon, raconte : « J’ai visité une maison de 1930 l’année dernière. Les propriétaires se plaignaient de courants d’air constants, malgré un chauffage poussé à fond. Après inspection, les combles étaient totalement nus, les murs non isolés, et les fenêtres à simple vitrage. Mais ce qui m’a frappée, c’est qu’ils laissaient leurs volets ouverts toute la nuit. C’était comme laisser une fenêtre entrouverte. » Ce cas n’est pas isolé. Dans de nombreuses habitations, l’absence de réflexes simples amplifie les défauts structurels.
Les volets, une isolation passive souvent sous-estimée
Alors que les propriétaires investissent dans des systèmes de chauffage performants ou des fenêtres à double vitrage, ils oublient souvent que la protection nocturne des ouvertures est tout aussi cruciale. Un volet, bien fermé, agit comme une barrière thermique. Il crée une poche d’air entre la vitre et l’extérieur, un espace qui ralentit considérablement les échanges thermiques. Cette couche supplémentaire, même si elle semble mince, peut réduire les pertes par les fenêtres jusqu’à 60 %, selon plusieurs études thermiques. Ce n’est pas l’épaisseur du matériau qui compte le plus, mais la stagnation de l’air qu’il permet.
Comment fonctionne cette isolation naturelle ?
Le principe est simple : l’air emprisonné entre le volet et la vitre devient un isolant. Moins il circule, plus il retient la chaleur. C’est ce qu’on appelle l’effet « cavité fermée ». Les volets pleins, bien ajustés, sont les plus efficaces. Un volet battant en bois massif ou un volet roulant bien installé peut ainsi doubler l’efficacité thermique d’une fenêtre, sans modification structurelle.
Quand et comment fermer ses volets pour une efficacité maximale ?
Le moment où l’on ferme les volets est aussi important que le geste lui-même. Une mauvaise utilisation peut même annuler les bénéfices. L’objectif est de conserver la chaleur accumulée pendant la journée tout en profitant de l’apport solaire en journée.
Fermer à la tombée de la nuit : une règle d’or
Dès que le soleil disparaît, la température chute. C’est le moment idéal pour fermer les volets. Julien Moreau, ingénieur en thermique à Grenoble, explique : « J’ai mesuré la température de surface d’une vitre avec et sans volet fermé. La différence était de près de 4 degrés Celsius. Sur une nuit de 10 heures, cela change tout au niveau du confort et de la consommation. »
Laisser entrer le soleil en journée
En revanche, laisser les volets ouverts en journée, surtout sur les façades sud, permet de capter la chaleur naturelle du soleil. C’est une stratégie passive efficace. « Je vis dans une maison orientée plein sud, témoigne Camille Lenoir, habitante de Toulouse. En hiver, je laisse les volets ouverts de 10h à 16h. La pièce se réchauffe toute seule. Ensuite, je les ferme, et la chaleur reste piégée. »
Un ajustement parfait, clé de l’efficacité
Un volet mal installé ou abîmé laisse passer l’air froid. Les courants d’air réduisent fortement son efficacité. Des joints de volets, faciles à installer, peuvent combler ces espaces. Pour les volets roulants, des lames mal alignées ou des caissons non isolés sont des failles thermiques fréquentes. « J’ai vu des propriétaires investir dans du triple vitrage, mais avec des volets roulants en PVC non calfeutrés, constate Élodie Berthier. C’est comme mettre un pull en cachemire avec un manteau ouvert. »
Associer volets et rideaux thermiques : l’effet cumulé
Pour une isolation optimale, combiner volets et rideaux épais est une stratégie gagnante. Les rideaux thermiques, doublés d’une couche réfléchissante ou isolante, ajoutent une barrière supplémentaire. « Depuis que j’ai mis des rideaux en velours doublés et que je ferme mes volets, dit Camille, je baisse le chauffage d’un degré sans sentir la différence. »
Les volets roulants : une solution moderne et performante
Les volets roulants, souvent perçus comme une question de style ou de sécurité, ont un potentiel thermique sous-estimé. Conçus en PVC, aluminium ou bois, certains modèles intègrent des matériaux isolants directement dans les lames. Leur positionnement en caisson, au-dessus de la fenêtre, permet de couvrir non seulement la vitre, mais aussi le dormant, zone souvent négligée.
Des modèles intelligents pour une gestion automatique
Les volets roulants motorisés, programmables, offrent un avantage supplémentaire : la régularité. « Je programme mes volets pour qu’ils se ferment à 18h30, même si je ne suis pas là, explique Julien. Cela évite d’oublier, et surtout, cela garantit une routine. » Ces systèmes peuvent même s’adapter aux conditions météorologiques via des capteurs, ou se synchroniser avec des thermostats intelligents.
Combien économise-t-on vraiment sur la facture de chauffage ?
Le chiffre souvent cité est une économie de 5 à 10 % sur la consommation de chauffage. Cela dépend de plusieurs facteurs : l’isolation globale du logement, le type de volets, l’exposition, et la rigueur dans leur utilisation. Pour une maison consommant 12 000 kWh par an, une économie de 7 % représente près de 840 kWh, soit environ 120 euros sur une facture annuelle de 1 200 euros.
Un geste simple, mais amplifié par d’autres
Cette économie n’est pas à considérer isolément. Elle s’inscrit dans une démarche globale. Baisser le thermostat d’un degré, calfeutrer les portes, isoler les combles ou programmer le chauffage sont des actions complémentaires. « Le plus gros gain vient de la combinaison, affirme Julien Moreau. Fermer les volets, c’est comme fermer un robinet qui fuit. Ce n’est pas la solution complète, mais c’est indispensable. »
Quels sont les autres bénéfices de fermer les volets en hiver ?
Au-delà de l’isolation thermique, fermer les volets en hiver apporte plusieurs avantages concrets, souvent oubliés.
Réduction des courants d’air
Les volets limitent l’effet de soufflerie sur les fenêtres, surtout par grand vent. Dans les maisons anciennes, cela se traduit par un confort immédiat. « Avant, je mettais un plaid sur les genoux même à l’intérieur, raconte Camille. Depuis que je ferme les volets tôt, plus de courants. »
Isolation phonique améliorée
Les volets, en particulier les roulants, atténuent les bruits extérieurs. Pour Élodie Berthier, c’est un atout majeur : « Dans les zones urbaines, le bruit est une source de stress. Un volet bien fermé, c’est aussi un silence plus profond, un sommeil de meilleure qualité. »
Sécurité renforcée
En hiver, les nuits sont longues et sombres. Des volets fermés dissuadent les cambrioleurs. « Statistiquement, les cambriolages de jour augmentent, mais les volets fermés en soirée restent un signal fort : la maison est occupée », précise un agent de sécurité à Bordeaux, qui préfère rester anonyme.
Dans les appartements modernes ou en milieu urbain, les volets ne sont pas toujours présents. Mais cela ne signifie pas qu’on doit renoncer à l’isolation nocturne.
Films isolants thermiques
Faciles à poser, ces films transparents se collent sur la vitre et créent une double vitre artificielle. Ils sont particulièrement utiles dans les locations, où les travaux sont interdits. « J’ai mis des films sur les fenêtres de mon studio, témoigne Léa Dubreuil, étudiante à Nantes. C’est discret, et la pièce est nettement moins froide. »
Rideaux thermiques ou doubles rideaux
Plus esthétiques, les rideaux isolants peuvent être une solution durable. Choisis avec une doublure réfléchissante et une trame dense, ils bloquent efficacement les pertes par rayonnement.
Panneaux en polycarbonate
Utilisés temporairement, ces panneaux rigides se fixent à l’intérieur de la fenêtre. Très efficaces, ils sont idéaux pour les nuits les plus froides, mais moins pratiques pour un usage quotidien.
Joints et calfeutrages
Indispensables, surtout sur les fenêtres anciennes. Des bandes adhésives auto-amortissantes ou des profilés en mousse permettent d’éliminer les infiltrations d’air. « J’ai passé une heure à poser des joints sur mes fenêtres, dit Léa. C’était la meilleure heure investie de l’hiver. »
Un petit geste, un grand impact
Fermer les volets en hiver, ce n’est pas un geste révolutionnaire. C’est un réflexe, presque domestique. Pourtant, son impact est réel. Il s’inscrit dans une culture du détail, où chaque élément compte. Dans une ère où l’on cherche des solutions high-tech, parfois coûteuses, il est rassurant de savoir qu’un simple geste, répété chaque soir, peut améliorer le confort, réduire la consommation et protéger l’environnement.
A retenir
Pourquoi fermer les volets en hiver ?
Fermer les volets en hiver permet de réduire les pertes de chaleur par les fenêtres jusqu’à 60 %. Ils créent une poche d’air isolante, limitent les courants d’air, améliorent le confort thermique et peuvent contribuer à une baisse de 5 à 10 % de la consommation de chauffage.
Quelle est l’efficacité des volets roulants par rapport aux volets battants ?
Les volets roulants sont souvent plus performants car ils couvrent entièrement la fenêtre, y compris le dormant, et certains modèles intègrent des matériaux isolants. Ils sont aussi plus faciles à automatiser, ce qui garantit une utilisation régulière.
Faut-il fermer les volets en journée ?
Non, surtout si les fenêtres sont exposées au sud. Laisser entrer la lumière naturelle en journée permet de profiter de l’apport gratuit de chaleur solaire. Il est recommandé de fermer les volets uniquement en soirée et la nuit.
Peut-on remplacer les volets par d’autres solutions ?
Oui, en l’absence de volets, des films isolants, des rideaux thermiques, des panneaux en polycarbonate ou des joints d’étanchéité peuvent offrir une isolation nocturne efficace, surtout combinés entre eux.
Est-ce que ce geste fait vraiment une différence sur la facture ?
Oui, bien que modeste seul, fermer les volets contribue à une économie réelle, particulièrement lorsqu’il est intégré à d’autres mesures d’isolation. Sur une saison, cela peut représenter une centaine d’euros d’économie, sans aucun investissement.