À Fougères, une nouvelle vague culturelle s’installe au rythme des cartes à collectionner, des figurines précieusement alignées sur les étagères et des rires d’enfants surexcités découvrant leur dernier booster. En un mois à peine, Sakuro, la boutique fondée par Maxime Trochon et Enzo Chassaing, est devenue un lieu incontournable pour les amateurs de Pokémon, Lorcana ou encore Dragon Ball. Ce succès fulgurant n’est pas le fruit du hasard, mais celui d’une passion partagée, d’un projet mûrement réfléchi, et d’un engagement total envers une communauté qui, jusqu’alors, manquait d’un espace dédié dans la région. Loin d’un simple commerce, Sakuro incarne une véritable scène culturelle en pleine expansion, où les générations se croisent, les stratégies s’échangent, et les souvenirs d’enfance reviennent à la surface.
Comment deux passionnés ont créé un lieu de rassemblement autour des jeux de cartes ?
Maxime Trochon, 34 ans, ancien responsable logistique dans une entreprise de distribution, et Enzo Chassaing, 29 ans, développeur web de formation, se connaissent depuis le lycée. Leur amitié, forgée autour de parties endiablées de Magic : The Gathering et de collections de cartes Pokémon échangées à la récré, a traversé les années. Alors que beaucoup laissent ces hobbies derrière eux en grandissant, eux ont continué à y croire. « On s’est rendu compte qu’il n’existait pas de boutique spécialisée dans ce type de produits à Fougères, ni même dans les environs immédiats », explique Enzo. « On a vu une opportunité, mais surtout une nécessité. »
Leur démarche n’était pas uniquement commerciale. Ils voulaient créer un espace vivant, où les joueurs puissent se rencontrer, apprendre, jouer, et surtout, partager. « Ce qu’on vend, ce n’est pas seulement des cartes ou des figurines, c’est une expérience sociale », complète Maxime. Le choix du nom, Sakuro, est lui-même un clin d’œil à cette double culture : contraction de « sakura », symbole japonais de renouveau, et de « troc », cœur du commerce des cartes. Installée rue de Paris, en plein centre-ville, la boutique a été pensée comme un lieu accueillant : éclairage doux, présentoirs ergonomiques, espace de jeu dédié, et même un coin lecture pour les plus jeunes.
Quel est l’engouement des clients depuis l’ouverture ?
Dès les premières semaines, l’affluence a dépassé toutes les attentes. Les enfants, accompagnés de leurs parents, poussent la porte dès la sortie de l’école. Les adolescents viennent en bande, discutant stratégie et comparant leurs dernières acquisitions. Mais ce qui surprend, c’est aussi la présence d’adultes, souvent nostalgiques, qui retrouvent avec émotion les cartes de leur enfance. « J’ai acheté mon premier booster Pokémon en 1999 », raconte Julien Leroy, 38 ans, père de deux enfants. « Aujourd’hui, je reviens ici avec mon fils de 9 ans. Il ouvre une carte Charizard, et moi, j’ai les larmes aux yeux. C’est plus qu’un jeu, c’est un pont entre générations. »
Les témoignages affluent. Léa Dubreuil, enseignante en école primaire, amène régulièrement ses élèves pour des ateliers pédagogiques sur la gestion d’argent, le fair-play et le travail d’équipe, tous ancrés dans l’univers des jeux de cartes. « Ce que je vois ici, c’est de l’inclusion. Un enfant timide qui parle pour la première fois en public parce qu’il connaît bien son deck, un autre qui apprend à perdre sans s’énerver… Ce sont des apprentissages précieux. »
L’engouement n’est pas seulement local. Grâce au bouche-à-oreille et à une communication bien pensée sur les réseaux sociaux, des joueurs viennent de Rennes, de Saint-Malo, voire de Nantes pour participer aux tournois mensuels organisés par la boutique. « On a vu arriver des joueurs avec des decks professionnels, des classeurs blindés, des tenues aux couleurs de leurs équipes », sourit Maxime. « On se croirait dans un événement national. »
Pourquoi un partenariat avec l’Arcadia, le bar du Joueur du Grenier ?
Face à cet élan, Maxime et Enzo ont rapidement pensé à l’étape suivante : créer un événement majeur, capable de fédérer encore davantage la communauté. C’est alors qu’ils ont contacté l’Arcadia, le bar emblématique ouvert à Fougères par Antoine Daniel, alias le Joueur du Grenier, figure incontournable de la culture geek en France. « L’Arcadia, c’est plus qu’un bar, c’est un symbole », souligne Enzo. « C’est un lieu qui a déjà prouvé qu’il pouvait rassembler des milliers de personnes autour de la pop culture. »
Le partenariat, en cours de finalisation, devrait aboutir à un événement hybride : une grande compétition de cartes à collectionner, accompagnée d’animations, de stands artisanaux, de démonstrations de cosplay, et de projections de vidéos du Joueur du Grenier. « On imagine quelque chose comme un mini Comic-Con local », précise Maxime. « Mais avec une âme très authentique, très proche des gens. »
Le choix de l’Arcadia n’est pas anodin. Depuis son ouverture, le bar attire une clientèle jeune, geek, curieuse de nouvelles expériences. « Leur public est le nôtre », constate Enzo. « Et inversement. C’est une complémentarité parfaite. »
Le Joueur du Grenier lui-même a salué l’initiative sur les réseaux sociaux, évoquant « une belle dynamique locale qui mérite d’être soutenue ». Une reconnaissance qui, selon Maxime, « donne encore plus de légitimité à ce qu’on fait ».
Quelles sont les tendances actuelles dans le monde des cartes à collectionner ?
Le succès de Sakuro s’inscrit dans un phénomène bien plus large. Depuis quelques années, les jeux de cartes à collectionner (JCC) connaissent un regain d’intérêt mondial. Pokémon reste bien sûr le leader incontesté, mais des licences comme Disney Lorcana, récemment lancée, ou Dragon Ball Super, séduisent une nouvelle génération de joueurs. « Lorcana, c’est un véritable carton », confirme Camille Vasseur, 22 ans, étudiante et joueuse assidue. « C’est beau, c’est stratégique, et surtout, c’est accessible. Beaucoup de filles s’y mettent, ce qui change de l’image un peu masculine qu’avait le milieu avant. »
Les raisons de ce boom sont multiples. D’abord, la qualité des produits : illustrations soignées, mécaniques de jeu équilibrées, éditions limitées qui stimulent la collection. Ensuite, la dimension sociale : les tournois, les groupes Facebook, les chaînes YouTube dédiées, tout contribue à créer une communauté active. Enfin, la valeur marchande. Certaines cartes rares, comme les Pikachu Illustrator ou les Charizard d’origine, se vendent désormais à des milliers d’euros. « On a vu des parents investir dans des cartes comme on investirait dans de l’art ou des timbres », note Maxime. « Et parfois, ils ont raison. »
Mais au-delà de la spéculation, c’est la passion qui guide la majorité des collectionneurs. « J’aime l’idée que chaque booster est une surprise », explique Thomas N’Guyen, 17 ans. « Même si je sais que j’ai peu de chances d’avoir une carte rare, l’excitation est là. Et puis, quand je la trouve… c’est indescriptible. »
Quels défis les entrepreneurs rencontrent-ils dans ce secteur ?
Derrière l’enthousiasme, le quotidien de Maxime et Enzo n’est pas sans obstacles. L’approvisionnement, notamment, reste un défi. Les éditions limitées partent en quelques heures en ligne, et les distributeurs officiels sont souvent saturés. « On passe des nuits à surveiller les sorties, à commander dès qu’on peut », explique Enzo. « Et même comme ça, on n’a pas toujours ce qu’on veut. »
La contrefaçon est aussi une menace constante. « On a vu des gens arriver avec des cartes qui semblaient authentiques, mais qui étaient fausses », raconte Maxime. « On a dû les refuser, même si ça a été difficile. La confiance, c’est tout ce qu’on a. »
Enfin, il y a la pression de la croissance. « On a envie de faire plus, d’organiser plus d’événements, d’embaucher peut-être », dit Enzo. « Mais on ne veut pas perdre l’âme du lieu. On reste une petite boutique, pas une franchise. »
Quel avenir pour Sakuro et la culture des jeux de cartes à Fougères ?
Le projet d’événement avec l’Arcadia pourrait être un tournant. Si le succès est au rendez-vous, Maxime et Enzo envisagent d’en faire une manifestation annuelle, voire bi-annuelle. Ils rêvent aussi d’un espace plus grand, avec une salle dédiée aux tournois, un coin café, et peut-être un atelier de customisation de cartes.
« Ce qu’on veut, c’est que Fougères devienne une ville incontournable pour les fans de JCC », affirme Maxime. « On n’a pas la taille de Paris ou Lyon, mais on a quelque chose de plus fort : une communauté soudée, des partenariats locaux, et une envie folle de faire grandir ce truc. »
Enzo ajoute : « On ne fait pas ça pour devenir riches. On le fait parce qu’on y croit. Parce qu’on voit des enfants sourire, des ados se faire des amis, des adultes retrouver leur insouciance. C’est ça, la vraie richesse. »
A retenir
Quel est le nom de la boutique et qui sont ses fondateurs ?
Sakuro est une boutique de jeux de cartes à collectionner située à Fougères, fondée par Maxime Trochon et Enzo Chassaing, deux amis portés par une passion commune pour les univers de Pokémon, Dragon Ball et autres licences geek.
Quel est le lien entre Sakuro et l’Arcadia ?
Sakuro s’apprête à s’associer à l’Arcadia, le bar créé par le Joueur du Grenier à Fougères, pour organiser un événement culturel autour des jeux de cartes, combinant compétitions, animations et rencontres geek.
Quelles licences sont les plus populaires chez Sakuro ?
Les principales licences vendues et jouées sont Pokémon, Dragon Ball Super et Disney Lorcana, cette dernière attirant une nouvelle vague de joueurs, notamment parmi les jeunes filles.
Quels sont les bénéfices sociaux des jeux de cartes selon les témoignages ?
Les jeux de cartes favorisent le lien intergénérationnel, le développement de compétences sociales (écoute, stratégie, gestion des émotions), et offrent un espace d’inclusion pour les enfants timides ou en difficulté d’interaction.
Quels défis les gérants de Sakuro doivent-ils surmonter ?
Les principaux défis sont l’approvisionnement en produits rares, la lutte contre la contrefaçon, et la préservation de l’authenticité du lieu malgré la pression de la croissance.